Canada: Des éducateurs soutiennent la grève des travailleurs de la construction de l’Ontario pour des augmentations de salaire et une meilleure sécurité au travail

Êtes-vous un travailleur de l’éducation ou un travailleur de la construction en grève en Ontario? Communiquez avec le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPB) à l’adresse cersc.csppb@gmail.com pour que nous vous aidions à mettre sur pied un comité de la base sur votre lieu de travail.

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Le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPB) appuie sans équivoque les travailleurs de la construction résidentielle actuellement en grève en Ontario. Plus de 40.000 constructeurs de maisons, poseurs de planchers, démolisseurs, grutiers et travailleurs d’autres corps de métier mènent une lutte courageuse contre la cupidité des sociétés de construction et d’immobilier qui profitent massivement de leur travail.

Travailleurs de la construction en grève à Toronto (Photo: WSWS)

Alors que toutes les sections de la classe ouvrière sont exploitées, surchargées de travail et sous-payées, les travailleurs de la construction sont confrontés à des environnements de travail particulièrement dangereux. Les accidents peuvent avoir des conséquences mortelles, et on a laissé la COVID-19 se propager librement sur les chantiers de construction au cours des deux dernières années. Le gouvernement conservateur de l’Ontario, dirigé par Doug Ford, a déclaré que les travailleurs de la construction étaient «essentiels», afin de les exclure des confinements et de les obliger à continuer à faire des profits pour les entreprises de construction et les promoteurs immobiliers pendant toute la durée de la pandémie.

La grève, qui a commencé par un débrayage des ouvriers le 1er mai, est la plus grande action syndicale des travailleurs de la construction de l’Ontario en 20 ans. C’est une expression significative de la lutte de classe croissante au Canada et dans le monde. Les travailleurs se lèvent et disent que c’est assez.

Au cours des trois dernières années, deux événements historiques ont intensifié la lutte des classes dans le monde entier. Le premier est la pandémie de COVID-19, qui a officiellement tué plus de 40.000 personnes au Canada et continue de se propager de manière incontrôlée dans le monde entier. La seconde est la guerre provoquée par les États-Unis et l’OTAN en Ukraine, qui menace de dégénérer en une guerre mondiale. La guerre a alimenté une flambée des prix des biens essentiels déjà en cours, faisant passer l’essence au-dessus de 2 $/litre et faisant grimper en flèche le coût de tout le reste, en particulier de l’épicerie.

Si les conditions de travail d’un enseignant, d’un gardien d’école ou d’un administrateur peuvent sembler bien différentes de celles d’un démolisseur, d’un grutier ou d’un tuyauteur, la réalité est que nous sommes confrontés aux mêmes problèmes: l’inflation vertigineuse, aggravée par des décennies de stagnation des salaires, de l’absence de protection contre la pandémie de COVID-19, qui se poursuit et s’aggrave, et des problèmes croissants de santé et de sécurité.

Les travailleurs de la construction construisent les maisons, les condos et les appartements dans lesquels vivent les travailleurs de l’éducation. Ils construisent et réparent les écoles dans lesquelles nous travaillons. Les travailleurs de l’éducation enseignent aux enfants des travailleurs de la construction. Nos intérêts sont les mêmes, il est donc essentiel de nous soutenir mutuellement dans nos luttes.

Les travailleurs de l’éducation et de la construction font aussi face à des syndicats similaires, dirigés par des bureaucrates syndicaux bien nantis qui font tout ce qu’ils peuvent pour étouffer nos luttes. Qu’il s’agisse du SCFP, de LiUNA, d’Unifor ou des syndicats d’enseignants, le caractère de la bureaucratie syndicale est le même. Les syndicats sont incapables de lutter pour ce dont les travailleurs ont besoin parce qu’ils sont pleinement intégrés à l’État capitaliste et agissent comme une police du travail pour discipliner les travailleurs dans l’intérêt des profits capitalistes plutôt que dans l’intérêt de la base.

Les syndicats d’enseignants et d’éducateurs nous ont forcés à travailler dans des écoles dangereuses pendant la pandémie, afin que les gouvernements puissent obliger les parents à aller travailler dans des usines, des bureaux et des chantiers infestés de COVID, afin de générer des profits pour les grandes entreprises. Chaque fois que nous avons essayé d’agir collectivement pour nous opposer à ces conditions qui mettaient notre vie en danger, les bureaucrates syndicaux, plus soucieux de préserver leurs postes bien rémunérés dans le système de «relations de travail» pro-employeur que de protéger notre santé, nous ont dit que toute lutte serait «illégale». Lors de nos dernières négociations contractuelles en Ontario, ils ont accepté un plafond salarial de 1 % qui nous a fait subir de sévères réductions de salaire alors que l’inflation est galopante.

Nous avons décidé de former le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base pour lutter contre ces trahisons. Notre comité est composé d’enseignants, d’assistants d’éducation, de concierges et de parents qui exigent la fin de la politique de «profits avant la vie» durant la pandémie et luttent pour l’amélioration des conditions de travail de tous les travailleurs de l’éducation. Nous pensons que nos objectifs ne peuvent être atteints que par la mobilisation massive des travailleurs à l’échelle internationale pour mettre fin à la domination de la vie sociale et politique par les super-riches.

Les travailleurs de la construction, comme les travailleurs de l’éducation, sont impatients de mener une lutte unifiée pour obtenir un salaire qui dépasse l’inflation. Ils sont également prêts à se battre pour inverser des décennies de conventions collectives bourrées de reculs, rendues possibles par la LiUNA et d’autres syndicats. Mais les syndicats de la construction font tout ce qu’ils peuvent pour saboter la grève, refusant d’appeler tous les corps de métier à la fois et divisant même les membres d’une même section syndicale en ordonnant à certains d’entre eux de rester au travail. Leur plan consiste à limiter autant que possible l’impact de la grève. S’ils ne parviennent pas à imposer des contrats au rabais avant cette date, ils ont l’intention d’appliquer les lois du travail antiouvrières de l’Ontario, en vertu desquelles les travailleurs perdent le droit légal de grève à partir du 15 juin et toutes les questions contractuelles encore en litige sont automatiquement soumises à un arbitrage exécutoire. Les fonctionnaires nommés par le gouvernement seront alors habilités à dicter les conditions d’emploi des travailleurs. Les travailleurs n’auront même pas la chance de voter sur leur «convention collective».

Si les travailleurs de la construction veulent l’emporter sur les patrons de la construction soutenus par le gouvernement, ils doivent prendre leur lutte en main. Ils peuvent le faire en créant des comités de grève des travailleurs de la base, composés de travailleurs qui en ont assez d’être exploités par les entreprises de construction, aidés et encouragés par les policiers syndicaux. Ces comités permettront aux travailleurs de la construction de surmonter les divisions entre les métiers et les juridictions promues par les syndicats, de formuler leurs propres revendications et de construire une lutte unifiée avec d’autres sections de la classe ouvrière en opposition au partenariat anti-ouvrier entre les entreprises, le gouvernement et les syndicats.

Une fois que des comités de la base seront établis dans de larges sections de la classe ouvrière, nous pourrons unir nos comités dans une lutte commune pour un salaire décent, des emplois sûrs pour tous et des lieux de travail sécuritaires. Ces comités formeront la base pour unifier les luttes des travailleurs au Canada avec celles des États-Unis et du monde entier par le biais de l’Alliance ouvrière internationale des comités de base. Le comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base est solidaire des travailleurs de la construction dans leur lutte et nous sommes enthousiastes à l’idée de travailler avec eux à la construction d’un mouvement authentique et gagnant dela classe ouvrière, pourla classe ouvrière.

(Article paru en anglais le 22 mai 2022)

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