Le CDC approuve les vaccins pour enfants de moins de cinq ans: une avancée, mais avec de nombreuses limites

Au cours du week-end, le Comité consultatif sur les pratiques de vaccination (ACIP) a voté à l’unanimité pour approuver les vaccins COVID pour les plus jeunes. Sur la base de ces approbations, les CDC (Centres de contrôle et prévention des maladies) ont recommandé que les enfants âgés de six mois à cinq ans soient vaccinés avec les vaccins COVID-19 de Pfizer ou de Moderna.

Arihana Macias, 7  ans, reçoit une compresse après avoir reçu le vaccin Pfizer COVID-19, pour les enfants de cinq à 12  ans, dans un site de vaccination ‘Santé et services sociaux’ du comté de Dallas, à Mesquite, Texas, jeudi  4  novembre 2021. [AP Photo/LM Otero] [AP Photo/LM Otero]

Il y a 19,3  millions d’enfants de ce groupe d’âge pour lesquels les vaccins COVID restaient inaccessible depuis que les vaccins ont été introduits en décembre 2020.

Si le nombre de jeunes enfants décédés à cause de la COVID est jusqu’à présent resté faible (quelque 442  enfants de moins de cinq ans selon les CDC) ce chiffre est bien supérieur au nombre de décès dus à la grippe dans la même tranche d’âge. Comme l’a fait remarquer la DreYvonne Maldonado, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques à l’université de Stanford, «les enfants ne devraient pas mourir de quoi que ce soit».

Selon l’Académie américaine de pédiatrie (AAP), les enfants représentaient près de 19  pour cent de tous les cas cumulés de COVID aux États-Unis. Cependant, les données de séroprévalence basées sur des échantillons de sang, publiées par les CDC, indiquent qu’environ 75  pour cent de tous les enfants de 18  ans et moins ont été infectés, ce qui est bien supérieur au chiffre de 60 pour cent pour l’ensemble de la population.

Cela signifie que les enfants représentent le groupe le plus infecté, un point qui doit être mis en contraste avec les affirmations incessantes des politiciens capitalistes et des médias selon lesquelles les enfants étaient en quelque sorte immunisés contre les ravages du virus.

Depuis la pandémie, l’AAP a rapporté que plus de 1,3  million d’enfants ont été hospitalisés pour la COVID, un chiffre dont on sait qu’il est largement sous-estimé. Près d’un quart d’un million d’enfants furent hospitalisés au cours des trois mois de la première vague Omicron qui a débuté début décembre 2021 et s’est terminée en février 2022. Selon le décompte provisoire des décès dus à la COVID établi par les CDC, 1.257  enfants sont morts durant la pandémie, dont 20  pour cent pendant la vague Omicron.

Ces chiffres peuvent sembler faibles par rapport au nombre effrayant de décès parmi les personnes âgées et immunodéprimées, mais ils sont bien plus élevés que les chiffres des enfants hospitalisés et décédés à cause de la grippe dans le même groupe d’âge.

Il y a eu 42.386  hospitalisations pédiatriques pendant la saison de grippe  2017-2018, la pire de la dernière décennie, comparé au quart de million d’hospitalisations au cours des trois premiers mois de cette année en raison de la COVID.

On a également enregistré 110  décès parmi les plus jeunes et au total 526  enfants sont décédés au cours de cette saison de grippe, contre plus de 1.200 tués par le SRAS-CoV-2. Au cours de la saison de grippe actuelle, seuls 29  enfants sont morts, en grande partie grâce aux mesures d’atténuation limitées en vigueur, notamment le masquage. Rien qu’au cours du dernier mois, près de 60  enfants sont morts de la COVID.

Une étude publiée dans une pré-impression par l’Imperial College de Londres passe en revue les décès dus à la COVID chez les enfants. Elle révèle que «la COVID a été l’une des principales causes de décès chez les enfants et les jeunes âgés de 0 à 19  ans aux États-Unis entre mars 2020 et avril 2022. Elle se classe au neuvième rang de toutes les causes de décès, mais au cinquième rang des causes de décès liées à la maladie (à l’exclusion des accidents, des agressions et des suicides). Enfin, elle est au premier rang des décès dus à une maladie infectieuse ou respiratoire». Plus précisément, pour les moins de cinq ans, elle se classe parmi les cinq premières.

Tous ces chiffres n’abordent pas même la question plus large de la COVID longue durée et de son impact inconnu à long terme sur la santé des enfants qui ont beaucoup plus de temps à vivre et développer des symptômes que les personnes âgées.

Ces réalités font de l’approbation des vaccins Pfizer et Moderna un progrès bienvenu, même s’il comporte des limites importantes, comme nous allons le voir.

Pfizer et Moderna ont présenté les résultats de leurs essais cliniques au comité consultatif de la FDA (l’Administration des denrées alimentaires et médicaments) le 15  juin. Ils ont souligné que ces vaccins étaient sûrs et produisaient une réponse en anticorps similaire à celle des enfants plus âgés et des adultes. Le panel a recommandé les vaccins à l’unanimité.

Des différences existent entre les deux versions pédiatriques des vaccins à ARNm qu’il est important d’examiner.

Le schéma thérapeutique de Pfizer consiste en trois injections, chacune contenant trois microgrammes, soit un dixième de la dose pour adulte. La deuxième injection est administrée trois semaines après la première et la troisième deux mois plus tard, ce qui fait qu’il faut trois mois au total pour compléter la série.

Les essais pédiatriques étaient de petite taille, avec moins de 1.000  participants. Seuls 10  enfants ont effectivement contracté la COVID, sept dans le groupe placebo et trois dans le groupe vacciné. Le schéma initial à deux doses de Pfizer n’avait pas généré une réponse immunitaire suffisante, ce qui a conduit la société à annoncer en décembre 2021 qu’elle allait ajouter une troisième dose à son schéma.

Comme l’a noté STAT News à propos des données d’efficacité limitée de Pfizer, «cela résultait du fait que la piqûre de Pfizer n’était pas assez efficace en tant que vaccin à deux doses pour justifier une autorisation. La société, en consultation avec la FDA, a décidé de tester une troisième dose, mais il n’y a tout simplement pas eu assez de temps pour que des cas de COVID se produisent. Les responsables de la FDA disent qu’ils sont convaincus que le schéma à trois doses protège aussi bien que deux doses dans d’autres groupes d’âge».

Il convient de mentionner que la confiance de la FDA était basée sur le taux d’anticorps générés après que les participants aient terminé la série de vaccins. Pfizer a noté dans son examen des résultats pour les enfants âgés de 2 à 4  ans et les nourrissons de 6 à 23  mois que «les réponses en anticorps dans les deux groupes d’âge étaient comparables à celles enregistrées chez les personnes âgées de 16 à 25  ans immunisées avec deux doses de 30  µg et répondaient aux critères de succès pré-spécifiés»…

Le vaccin de Moderna est un schéma à deux doses, chacune contenant 25  microgrammes, soit le quart d’une dose pour adulte. Les injections sont administrées à quatre semaines d’intervalle. Bien que les enfants terminent la série de vaccinations plus rapidement avec Moderna, les effets secondaires, bien que transitoires, peuvent être plus sévères. Alors que ceux de Pfizer se sont limités à une douleur au site d’injection et à une certaine fatigue, rapidement résorbées, dans l’essai de Moderna, un enfant a eu une crise d’épilepsie vraisemblablement déclenchée par une forte fièvre après la vaccination.

Un membre du panel de la FDA, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques à la faculté de médecine de la Washington University à Saint Louis, dans le Missouri, a déclaré: «En dehors d’une crise de fièvre, il n’y a rien eu de très inquiétant. Pour moi c’était très rassurant».

L’essai de Moderna était plus important, avec près de 5.000  participants. L’efficacité contre l’infection symptomatique variait d’environ 37 à 51  pour cent, 265  enfants ayant contracté la COVID, ce qui rend les données plus solides et plus applicables. En outre, dans l’essai Moderna, un plus grand nombre de participants ayant reçu le principe actif ont développé une fièvre après la deuxième dose de vaccin, alors que les effets indésirables chez les bénéficiaires de Pfizer et du groupe placebo étaient similaires.

Les autres effets secondaires des vaccins sont la perte d’appétit, les nausées ou les vomissements, l’irritabilité, la fièvre et la douleur au point d’injection. Avec Moderna, les enfants peuvent développer des ganglions lymphatiques enflés dans le bras inoculé. Les essais étaient trop petits pour évaluer l’inflammation cardiaque qui s’est produite peu fréquemment chez les garçons adolescents. On a déjà soulevé des questions sur les rappels, car l’affaiblissement immunitaire est rapide avec les vaccins et les sous-variants de la souche Omicron du SRAS-CoV-2 sont connus pour avoir une capacité d’évasion immunitaire importante.

S’il est crucial de veiller à ce que tous les enfants aient accès aux vaccins qui peuvent leur sauver la vie, les CDC et le gouvernement Biden utiliseront cette avancée pour renforcer leur affirmation qu’une approche exclusivement vaccinale est une réaction viable à la pandémie. Ils cherchent à justifier l'abandon de mesures sanitaires globales assurant le port obligatoire de masques, le suivi de tous les cas de COVID et la fourniture par les services de santé publique de données solides et précises comprenant infections, hospitalisations et décès.

Plus d’un an et demi après l’introduction des vaccins COVID, la stratégie de la seule vaccination s’est avérée être un effroyable échec. Les infections post-vaccinales sont très courantes et les vaccins n’ont pas atténué les risques liés à la COVID longue durée, ni l’impact du virus sur les différents organes. La campagne pour la Zéro-COVID reste la seule solution viable à une pandémie qui continue à faire des ravages dans la population travailleuse du monde entier.

(Article paru d’abord en anglais le 21 juin 2022)

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