Le RMT annonce de nouvelles grèves ferroviaires au Royaume-Uni en juillet après l’échec des négociations

La deuxième de trois grèves nationales d’une journée organisée jeudi par le syndicat RMT (Rail, Maritime, et Transport) a eu lieu après l’échec des négociations avec les employeurs. Le secrétaire général du RMT, Mick Lynch, a déclaré qu’une nouvelle série de grèves sera probablement déclenchée après la dernière grève de la série actuelle, samedi.

Le piquet de grève à Doncaster Marshgate [Photo: WSWS]

Avec un préavis de deux semaines requis par les lois antisyndicales et antigrèves, la date du 9 juillet a été suggérée. Cette date précéderait d’éventuelles grèves du syndicat des conducteurs de train ASLEF, dont les membres voteront jusqu’au 11 juillet pour des grèves salariales dans 11 compagnies ferroviaires, dont Arriva Rail London, Chiltern Railways, Great Western, LNER, Northern Trains, Southeastern, TransPennine Express et West Midlands Trains. Les conducteurs pourraient alors se mettre en grève à partir du 25 juillet. Un scrutin de grève chez Avanti West Coast, CrossCountry et Direct Rail Services se termine le 27 juillet.

Maintenant, les travailleurs des aéroports menacent d’entreprendre des grèves importantes. Environ 350 membres du GMB à l’aéroport d’Heathrow ont voté massivement en faveur d’une action et on s’attend à ce qu’un nombre similaire de leurs collègues représentés par le syndicat Unite obtiennent le même résultat lors de la clôture du scrutin lundi. Le conflit porte sur l’utilisation par British Airways de la procédure de licenciement et de réembauche pour réduire de 10 pour cent les salaires pendant la pandémie. Les travailleurs entrent en lutte aux côtés du personnel des aéroports et des compagnies aériennes en Europe, en Belgique, aux Pays-Bas, en France, en Italie, en Espagne et au Portugal. On n’a pas encore annoncé les dates, mais la grève devrait être programmée pendant les vacances scolaires d’été.

Des échanges amers ont eu lieu jeudi entre Lynch et le secrétaire d’État aux transports, Grant Shapps, que le leader du RMT a accusé d’avoir «fait échouer» les négociations en empêchant Network Rail de retirer une lettre menaçant de licenciement légal jusqu’à 2.900 travailleurs du rail. Il a réitéré son appel au gouvernement pour qu’il «détache» Network Rail et les compagnies ferroviaires afin de faciliter un accord.

Le gouvernement conservateur ne veut pas de négociations, car il veut infliger une défaite massive aux travailleurs du rail pour contrecarrer les menaces de grève venant de conducteurs de train, de travailleurs de la Poste et des télécommunications, d’enseignants, de fonctionnaires, de travailleurs du Service national de santé et de travailleurs des aéroports.

Dans le même ordre d’idées, le Times rapporte que le Trésor «a dit aux ministres que toute augmentation de salaire pour les travailleurs du secteur public doit provenir de leurs budgets existants». Cela signifie que tout financement supplémentaire devra être trouvé par le biais de réductions des dépenses. Cette décision fixe une augmentation maximale des salaires dans l’ensemble du secteur public de seulement 3 pour cent, comme prévu dans le budget. Cela représente de fait une réduction de plus de 10 pour cent à l’automne en raison de l’inflation.

L’objectif de l’affirmation selon laquelle Network Rail et les compagnies ferroviaires sont des victimes innocentes de l’intransigeance des conservateurs est de désarmer les cheminots quant à la nature de la lutte à laquelle ils font face. En réalité, le gouvernement et son entreprise autonome d’infrastructure ferroviaire sont tout aussi déterminés à écraser les grèves.

Shapps a déclaré avec mauvaise foi qu’il n’avait «absolument rien à voir» avec la lettre de Network Rail ou toute demande de retrait de celle-ci. Soulignant sa position commune avec l’entreprise, il a ajouté: «Je comprends que la lettre ne mentionne pas les 2.900 licenciements. Mais je sais qu’elle confirme que Network Rail introduira des réformes désespérément nécessaires pour le secteur après que le syndicat ait choisi la grève au lieu de poursuivre les négociations».

Sur BBC Breakfast ce matin, Lynch a salué l’accord conclu sur Merseyrail comme un exemple de ce qui peut être réalisé lorsque «le Trésor ne tire pas les ficelles».

Les membres du syndicat du personnel salarié des transports (TSSA) ont accepté un accord salarial de 7,1 pour cent mercredi. Selon The Guardian, le RMT a également participé aux négociations et prévoit de soumettre l’accord à ses propres membres.

Lynch a ajouté: «Lorsque [le secrétaire aux transports] Grant Shapps n’a aucune influence sur ce chemin de fer, nous obtenons des accords et des offres qui sont susceptibles d’être plus progressistes que ceux que nous obtenons de Westminster».

Eddie Dempsey, secrétaire général adjoint de la RMT, a déclaré à l’émission Todayde Radio 4: «Partout où nous traitons avec quelqu’un qui n’est pas directement contrôlé par le [ministère des Transports], nous faisons des progrès: London Underground 8.5 pour cent; Docklands Light Railway, nous avons conclu un accord qui casse l’inflation [9 pour cent]; Crossrail, même chose; Transport pour le Pays de Galles, nous sommes en train de négocier quelque chose; Merseyrail, 7,1 pour cent».

Les accords de 7 à 9 pour cent ont en fait déjà pris du retard par rapport à l’inflation, qui est maintenant de 11,7 pour cent et va en augmentant. Le RMT et les autres syndicats ferroviaires ne mènent pas une lutte commune pour une augmentation salariale supérieure à l’inflation, ou même conforme à l’inflation, mais font tout ce qu’ils peuvent pour contrôler l’opposition sociale croissante.

Le secrétaire général de la TSSA, Manuel Cortes, a déclaré à propos de l’accord avec Merseyrail: «Ce que cela montre clairement, c’est que notre syndicat, et les syndicats frères, ne font en aucun cas obstacle à la recherche des solutions nécessaires pour éviter un été de mécontentement dans les chemins de fer».

Les objectifs déclarés du RMT sont une augmentation salariale de 7 pour cent, inférieure à l’inflation, et un engagement à ne pas procéder à des licenciements obligatoires, en échange de l’acceptation de nombreuses demandes des employeurs. Lynch a déclaré à BBC Breakfast: «Nous avons besoin d’une garantie de non-licenciement et lorsque nous l’aurons obtenue, nous pourrons passer de manière positive aux autres points de l’ordre du jour, qui comprennent des changements dans les pratiques de travail et l’adoption de nouvelles technologies».

Les employeurs et le gouvernement considèrent même cet accord pourri comme hors de question. Tim Shoveller, le négociateur en chef de Network Rail, a déclaré à Today qu’un accord autour de 7 pour cent était «très improbable»: «la différence entre les trois pour cent sur la table maintenant et un accord de 7,1 pour cent, c’est ces 65 millions de livres par an… ce sont 65 millions de livres par an qui doivent être trouvées pour financer cette différence».

Steve Montgomery, qui préside le Rail Delivery Group qui représente les opérateurs ferroviaires, a refusé d’exclure les licenciements obligatoires sur BBC Breakfast. Mais il a précisé qu’un plan «volontaire» pourrait être proposé: «Nous devons simplement passer par les processus et voir combien de personnes restent, et j’espère que personne n’aura besoin d’être licencié obligatoirement».

L’hostilité à l’égard des cheminots est entièrement partagée par le parti travailliste. Cette semaine, le chef du parti, Sir Keir Starmer, a menacé de sanctionner les députés qui assisteraient aux piquets de grève auxquels le parti s’oppose.

Après la fin de la grève de samedi, en fonction des excuses publiques exigées, Starmer décidera comment punir les députés Paula Barker, Kate Osborne, Alex Sobel et Navendu Mishra. Il aura également l’occasion de s’occuper de 20 autres députés, dont la plupart de ce qui reste de la «gauche» corbyniste du parti, désormais profondément fracturée, parmi lesquels Diane Abbott, Richard Burgon, John McDonnell, Rebecca Long-Bailey, Belle Ribeiro-Addy et Ian Lavery – une occasion en or de procéder à des expulsions.

Hier, Starmer a clairement indiqué qu’il soutiendrait l’imposition par le gouvernement conservateur de salaires inférieurs à l’inflation. Son porte-parole a déclaré au Times que «nous respectons le travail des organes de révision des salaires du secteur public et c’est leur travail de nous présenter des recommandations».

À la question spécifique de savoir si Starmer soutiendrait des primes inférieures à l’inflation, le porte-parole a ajouté: «Notre point de départ serait de regarder ce que les organes de révision des salaires proposent et nous supposons que c’est ce que nous soutiendrions».

(Article paru d’abord en anglais le 24 juin 2022)

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