Le gouvernement sri-lankais déclare un confinement national! Luttez pour un programme socialiste pour mettre fin à la calamité sociale

Seulement quatre jours après que le premier ministre Ranil Wickremesinghe a déclaré que l’économie sri-lankaise s’était «complètement effondrée», le gouvernement a imposé un confinement du pays, demandant aux gens de rester chez eux pendant deux semaines, jusqu’au 10 juillet, car le Sri Lanka est à court de carburant.

Des infirmières manifestent devant l’hôpital Lady Ridgeway à Colombo, au Sri Lanka, en avril 2022 [Photo fournie au WSWS par le personnel infirmier]

Les bureaux publics ont été fermés, sauf pour le personnel essentiel, tandis que le secteur privé est encouragé à utiliser le «travail à domicile» pour ses employés. Des millions de travailleurs journaliers occasionnels et d’indépendants sont laissés à eux-mêmes. Les écoles des grandes villes ont reçu l’ordre de fermer. Les transports publics sont paralysés.

On a imposé ces mesures brutales aux travailleurs qui font déjà face à d’immenses souffrances. Selon les Nations unies, 70 pour cent de la population saute au moins un repas par jour, tandis que beaucoup meurent de faim dans un contexte d’inflation galopante et de grave pénurie de produits de première nécessité. Sans médicaments vitaux, les hôpitaux publics croulent sous la demande en pleine crise de carburant.

La classe capitaliste et son gouvernement du président Gotabhaya Rajapakse et du premier ministre Wickremesinghe n’ont aucune solution à cette immense crise sociale. Le Parti de l’égalité socialiste (PES) insiste sur le fait que seule la classe ouvrière peut résoudre ces énormes problèmes sociaux en mettant en œuvre un programme socialiste.

À l’origine de la tourmente économique et sociale du Sri Lanka est la crise capitaliste mondiale, déclenchée par la pandémie de COVID-19 et considérablement intensifiée par la guerre par procuration des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie en Ukraine.

Après avoir créé une catastrophe sociale pour les masses, quelle est la solution mise en œuvre actuellement par le gouvernement Rajapakse-Wickremesinghe? Un impitoyable programme d’austérité.

La semaine dernière, Wickremesinghe a déclaré au parlement: «La seule option sûre qui s’offre à nous maintenant est de tenir des discussions avec le Fonds monétaire international. En fait, c’est notre seule option».

La délégation du FMI à Colombo propose une réduction massive du secteur public, la privatisation et la commercialisation des entreprises publiques, ainsi qu’une augmentation des impôts.

Les travailleurs des ports, de l’électricité et du pétrole marchent vers le Secrétariat présidentiel le 8 décembre 2021 (WSWS Media)

Déjà, plus de 800.000 emplois risquent d’être supprimés dans le secteur public. Même si le carburant n’est pas disponible, le gouvernement a encore augmenté les prix de tous les types de carburant. Le Cabinet a approuvé une proposition qui vise à confier les centres de distribution de la Ceylon Petroleum Corporation à des multinationales telles que Caltex, Shell et Esso. L’Indian Oil Company exploite déjà son propre réseau. Dans un contexte de longues coupures de courant quotidiennes, le Conseil de l’électricité va augmenter ses tarifs de 87 pour cent.

Tout en sachant qu’il n’y a pas de fin en vue, Wickremesinghe a cyniquement appelé la population à «supporter ces difficultés et ces épreuves pendant une courte période et à contribuer à l’effort de construction de la nation».

Quelles sont les solutions des partis d’opposition?

Au milieu de l’indignation générale suscitée par les conditions insupportables, le principal parti d’opposition, Samagi Jana Balawegaya (SJB), a annoncé cette semaine qu’il allait «commencer les batailles de rue dès cette semaine pour changer le gouvernement».

C’est pour tromper les gens. Ce parti capitaliste demande depuis l’année dernière au régime de Rajapakse de solliciter l’aide du FMI, sachant pertinemment que cela signifierait des atteintes énormes aux conditions de vie. Ses dirigeants étaient dans le parti de droite United National Party de Wickremesinghe qui a mis en œuvre les politiques d’austérité du FMI lorsqu’il était au pouvoir, de 2001 à 2004 et de 2015 à 2019.

L’autre parti bourgeois, le Janatha Vimukthi Peramuna (JVP), a lancé cette semaine une campagne distincte sur le thème «Mobilisez-vous dans les rues! Chassez le gouvernement!»

Cependant, le chef du JVP, Anura Kumara Dissanayake, a déclaré publiquement qu’il n’y avait «aucune solution immédiate à la crise économique», si ce n’est le recours aux prêts des institutions internationales, la restructuration de la dette et la privatisation des entreprises publiques, «sauf [pour] les secteurs clés». En d’autres termes, la mise en œuvre de l’austérité du FMI est aussi leur solution.

Ni le SJB ni le JVP ne se sont opposés à l’une des exigences sévères du FMI mises en œuvre par le régime Rajapakse. Tous deux appellent à un gouvernement intérimaire multipartite pour une courte période, puis à des élections pour former un nouveau gouvernement.

Méfiez-vous de ces partis! Leur objectif est d’étouffer l’opposition de masse au gouvernement en la détournant vers des canaux parlementaires sûrs afin de maintenir le pouvoir bourgeois en place.

Comme l’a expliqué le PES, il n’existe ni de solution à la crise économique et sociale au sein du système capitaliste pour les travailleurs et les pauvres ni de solution nationale. Aucune pression ne pourra changer la politique du gouvernement et de la classe dirigeante. Cela a été amèrement démontré au cours des deux derniers mois.

Depuis le début du mois d’avril, des protestations et des grèves ont éclaté au Sri Lanka, ébranlant non seulement le régime Rajapakse mais aussi l’ensemble de l’establishment politique. Des millions de personnes ont pris part à des grèves générales le 28 avril et le 6 mai, unissant les travailleurs cinghalais, tamouls et musulmans, et qui ont été soutenues par presque toutes les sections des opprimés.

Les masses ont exigé l’éviction du président Rajapakse et de son gouvernement. Elles ont exigé la fin des augmentations de prix, des pénuries sévères de produits de première nécessité et des coupures de courant prolongées.

Les syndicats ont appelé à ces grèves à contrecœur, pour détourner la colère bouillonnante des travailleurs. Ils ont immédiatement détourné ces grèves derrière un appel à un régime provisoire et des élections générales – les revendications du SJB et du JVP – et ont trahi les véritables intérêts de la classe ouvrière.

Les groupes de la pseudogauche, y compris le Frontline Socialist Party, qui gravitent autour des principaux partis capitalistes, ont soutenu les syndicats dans leur trahison de ces luttes.

Quelle est l’alternative pour les travailleurs? Comment la classe ouvrière peut-elle mettre en œuvre une solution socialiste pour répondre à ses besoins pressants?

Le PES appelle les travailleurs à organiser un réseau de comités d’action démocratiques, indépendants des syndicats et de l’establishment politique, dans les usines, les plantations, les lieux de travail et les quartiers ouvriers, afin de mobiliser son immense pouvoir social contre l’assaut capitaliste. Nous offrirons notre aide dans cette entreprise et travaillerons à relier ces comités à l’Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC), lancée par le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI).

Le PES propose les politiques suivantes autour desquelles les comités d’action peuvent mener une lutte politique. Celles-ci remettent directement en cause le programme d’austérité impitoyable du gouvernement et des partis d’opposition en faisant passer les besoins humains avant les profits du capital financier international et des grandes entreprises.

* Pour le contrôle démocratique par les travailleurs de la production et de la distribution de tous les articles et ressources essentielles à la vie des gens! Nationalisez les banques, les grandes entreprises, les plantations et les autres grands centres névralgiques de l’économie!

* Répudiez toutes les dettes étrangères! Non aux exigences d’austérité du FMI et de la Banque mondiale qui représentent les banquiers et les institutions financières internationales!

* Saisissez les richesses colossales des milliardaires et des grandes sociétés!

* Annulez toutes les dettes des agriculteurs pauvres et marginaux et des petits entrepreneurs! Rétablissez toutes les subventions, y compris sur les engrais pour les agriculteurs!

* Assurez des emplois pour tous avec des conditions de travail décentes et sûres! Indexez les salaires au coût de la vie!

Une lutte déterminée de la classe ouvrière par le biais de ses comités d’action pour ces politiques ralliera à ses côtés les agriculteurs pauvres et les communautés opprimées privées des droits démocratiques fondamentaux. Elle jettera les bases de la formation d’un gouvernement de travailleurs et de paysans qui mettra en oeuvre des politiques socialistes.

Il est révélateur qu’un gouvernement qui était si réticent à confiner le pays pour protéger la population de la pandémie mortelle de COVID-19 en 2020 et 2021 demande maintenant aux gens de rester à la maison pour sauver le pays de la faillite. La classe capitaliste et son gouvernement ne se soucient pas des vies humaines. Leur seule préoccupation est de protéger les profits des grandes entreprises et des investisseurs internationaux.

Le PES prévient que la classe dirigeante ne reculera devant rien pour imposer les diktats du FMI, y compris la mobilisation de l’armée et les mesures d’État policier pour écraser toute opposition. Nous demandons la fin immédiate de la présidence exécutive, qui est une dictature en devenir, et de tous les pouvoirs d’urgence et lois antidémocratiques qui y sont associés.

Les travailleurs et les jeunes devraient se demander sérieusement pourquoi les États-Unis et l’Inde envoient leurs émissaires au Sri Lanka au milieu de cette énorme crise. Les prétentions de Washington et de New Delhi à s’inquiéter du sort désastreux de la population sri-lankaise sont absurdes. Leur véritable préoccupation est que l’instabilité politique au Sri Lanka a le potentiel de déclencher des bouleversements révolutionnaires plus largement dans la région et au niveau international, dans un contexte de crise profonde du capitalisme mondial. Ils soutiennent le programme d’austérité du FMI et cherchent à utiliser la crise pour faire pression sur Colombo afin que le Sri Lanka se range entièrement derrière leur confrontation avec la Chine.

Le président américain Joe Biden a offert une aide symbolique de 20 millions de dollars supplémentaires au Sri Lanka, tout en fournissant des dizaines de milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine pour combattre la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie. La réunion du G7 et le sommet de l’OTAN en Espagne sont un conseil de guerre pour étendre le conflit avec la Russie et viser également la Chine, ce qui risque de produire un conflit mondial entre des puissances dotées de l’arme nucléaire.

L’alliée de la classe ouvrière sri-lankaise dans sa lutte contre la conspiration du capital international soutenu par les États-Unis et l’Inde est la classe ouvrière internationale qui lutte déjà contre des attaques similaires contre ses conditions de vie.

La lutte des classes s’intensifie non seulement en Asie du Sud, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine, mais aussi dans les principaux centres impérialistes, y compris aux États-Unis et en Europe.

Une courte liste comprend les grèves des travailleurs de Ford en Inde, des mineurs sud-africains, des sidérurgistes vénézuéliens, des enseignants et des chauffeurs de bus israéliens, des cheminots britanniques, des dockers allemands, des infirmières et des enseignants australiens, des travailleurs de la santé en Grèce, des mineurs au Canada, et des travailleurs industriels de CNH aux États-Unis.

L’IWA-RFC est le moyen d’unifier ces luttes des travailleurs du monde entier. La classe ouvrière sri-lankaise doit établir des liens avec l’IWA-RFC pour construire l’unité avec ses frères et sœurs de classe dans le monde entier, dans une lutte commune contre l’assaut sur leurs droits sociaux et démocratiques fondamentaux.

Nous vous exhortons à assister à la réunion en ligne à 16h le 3 juillet, organisées par le PES et l’IYSSE pour discuter de ce programme, et à rejoindre cette lutte politique essentielle.

(Article paru en anglais le 30 juin 2022)

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