Les travailleurs de Detroit Stellantis (Chrysler) soutiennent la campagne de Will Lehman pour la présidence de l’UAW

Pour plus d'informations sur la campagne de Will Lehman, visitez le site WillForUAWPresident.org.

Les travailleurs de tous les États-Unis et du monde publient des déclarations de soutien à Will Lehman, un ouvrier de Mack Trucks âgé de 34  ans qui se présente à la présidence du syndicat UAW (United Auto Workers). Lehman est un socialiste qui se bat non pas pour réformer, mais pour abolir la bureaucratie de l’UAW. Il appelle à la formation de comités de la base pour mobiliser les travailleurs de l’automobile afin de lutter pour des augmentations de salaire massives; un ajustement du coût de la vie (COLA) pour faire face à l’inflation galopante; l’abolition de tous les échelons; des soins de santé et des pensions complètes pour les travailleurs et les retraités.

Des travailleurs de Stellantis à l’usine Warren Truck Assembly dans la banlieue de Détroit [Photo: WSWS].

Tyrone est un jeune travailleur de l’usine Stellantis Warren Truck dans la banlieue de Détroit. Il a déclaré: «Je suis tout à fait favorable à la campagne de Will Lehman. C’est rafraîchissant d’entendre quelque chose de différent. Beaucoup de travailleurs sont sceptiques parce que nous avons vu tellement de gens passer par le syndicat, des gens solides, qui ont été transformés. Mais Will dit que nous devons nous débarrasser de toute la bureaucratie, et c’est ce qu’il faudra faire».

«J’aime son message, qu’il soit socialiste, mais que vous n’ayez pas besoin d’être socialiste pour soutenir sa campagne. Si vous en avez assez d’être vendus, divisés en niveaux, forcés d’accepter un contrat de concession après l’autre, dit Will, vous devriez rejoindre et construire ce mouvement. Avec un peu de chance, les gens écouteront, et je ferai tout ce que je peux pour faire passer le message».

«Les travailleurs en ont marre. Les derniers contrats ont été négociés de mauvaise foi avec Fiat Chrysler, GM et Ford par des dirigeants syndicaux qu’on a mis en prison pour détournement de fonds et acceptation de pots-de-vin. Nous, les travailleurs, pensons que ces contrats doivent être annulés. Si nous avions un vrai syndicat, ils seraient renégociés, et nous récupérerions tout ce qu’ils nous ont pris. Mais les dirigeants de l’UAW n’ont pas voulu le faire et cela montre qu’ils étaient pour ces accords pourris».

«Je soutiens pleinement les comités de la base pour lesquels Will se bat. Ils ont toujours été le seul moyen pour les travailleurs d’exprimer leur véritable voix et de s’unifier. Si les enseignants sont en grève, nous devons nous unir avec eux. Si les travailleurs de la restauration rapide se battent, nous devons les soutenir. Globalement, tous les travailleurs doivent être sur la même longueur d’onde».

«Pour moi, le socialisme n’est pas un gros mot. J’ai étudié le socialisme et j’ai appris que ce n’était pas la même chose que le stalinisme. Tous les fondateurs de l’UAW dans les années  30 étaient socialistes, comme l’a dit Will. Le socialisme favorise les gens ordinaires, et les seuls qui profitent de la lutte contre le socialisme sont les riches et les hauts placés. C’est parce que le socialisme laissera le capitalisme sur le bord de la route».

S’adressant aux questions soulevées par Will dans son programme, Tyrone a déclaré: «Nous devons absolument rétablir le COLA [Cost of Living Adjustment – Indemnité de vie chère]. L’inflation nous tue. Beaucoup de TPT [employés temporaires à temps partiel] sont passés à temps plein, mais il y en a tellement plus. Ils sont traités trois fois plus mal que lorsque j’étais TPT. Les équipes de douze heures sont obligatoires pour eux, mais facultatifs pour les employés à temps plein. Cet abus doit cesser».

«Nous avons également besoin d’un langage clair et transparent dans le contrat. Pour lire les contrats actuels, il faut être érudit et avoir un avocat avec soi. Ce n’est pas juste. Ils le font exprès. Je veux pouvoir consulter le livre pour savoir quels sont mes droits sans avoir à chercher les mots dans un dictionnaire».

«Par exemple, ils ont “cette courbe de lancement” pour les nouveaux produits. La direction fait ce qu’elle veut et ignore complètement le contrat. Ils imposent des heures supplémentaires obligatoires et des équipes à l’infini. Si vous interrogez votre représentant de l’UAW à ce sujet, il vous répond que la direction peut le faire. Les membres du comité parlent comme des superviseurs».

«Je travaillais à SHAP [Sterling Heights Assembly Plant] lorsque les travailleurs ont débrayé pour se protéger de la COVID. Je suis d’accord avec la famille de Catherine Pace qui a dit que Stellantis et l’UAW devraient être tenus responsables de tous les décès dus à la COVID dans les usines. Ils nous ont fait venir dans les usines, alors que nous n’étions pas indispensables, et ils ne nous ont même pas payé la prime de risque. J’ai attrapé la COVID dans l’usine en novembre 2021, juste au moment de la vague d’Omicron. Je voulais informer toutes les personnes avec lesquelles j’étais en contact, mais l’entreprise ne voulait pas que je le fasse. J’ai été sur Facebook et je les ai quand même prévenus».

«Tout part en vrille, avec la pandémie, les prix élevés, les fusillades de masse, le danger de guerre mondiale. Ils ont arrêté ce tueur de masse dans l’Illinois et l’ont arrêté paisiblement. Quand il s’est agi de Jayland Walker à Akron, ils lui ont tiré 60  fois dessus et l’ont tué comme un animal. J’apprends l’histoire du travail et du socialisme parce que les travailleurs vont devoir se battre comme l’ont fait nos prédécesseurs».

Kathy, une jeune travailleuse qui n’a que quelques années d’ancienneté chez Warren Truck, a déclaré: «Ce que dit Will semble positif, et c’est ce dont nous avons besoin. Nous devons nous battre pour l’indemnité de vie chère car Chrysler ne nous a pas donné de véritable augmentation depuis des années. Les nouveaux travailleurs gagnent ce que mon père gagnait lorsqu’il a été embauché chez Chrysler au début des années  1990. À l’époque, on passait à temps plein dès la fin de la période d’essai de 90  jours».

«Les entreprises ne cessent d’embaucher des travailleurs à temps partiel et de les payer moins pendant des années. Vous pouvez gagner plus chez McDonald’s que moi dans une usine automobile. C’est censé être un travail de carrière. Je me demande tous les jours si je dois manger de la viande au dîner. L’inflation ronge nos salaires pour la nourriture, l’essence, pour tout».

«Je n’étais qu’une des rares personnes, parmi celles embauchées avec moi, qui soit passée à temps plein. Les autres ont reçu des “e-mails de rétractation” disant “Nous repoussons la date de votre transfert à juin”, puis ils en ont reçu un autre repoussant la date à juillet. Puis on leur dit: “Nous vous tiendrons au courant”».

«Lorsque vous êtes embauché pour la première fois et que vous venez pour votre orientation, les représentants syndicaux vous disent: “Le problème, c’est la direction, ne faites rien avant d’avoir parlé à votre représentant de l’UAW”. Ensuite, lorsque l’entreprise manque de personnel, ils vous font faire le travail de deux ouvriers. Vous essayez de trouver un représentant de l’UAW, mais il n’est jamais là. Vous finissez par vous battre pour vous-même. Je paie ces types et la moitié du temps, ils ne sont même pas dans l’usine, et ils ne répondent jamais à vos appels ou à vos SMS».

«S’ils viennent sur votre lieu de travail, ils vous disent: “Je ne peux rien faire. C’est la direction qui peut le faire parce que nous sommes en mode de lancement”. Lorsque vous leur faites remarquer que, selon le calendrier, ce n’est pas encore la période de lancement, ils répondent: “Nous sommes sur le point de passer en mode de lancement”».

«Nous avons eu une panne de machine et la direction et le syndicat sont descendus et nous ont dit qu’on devait charger les tableaux de bord dans les voitures à la main. Ils sont lourds et coupants, ils nous ont dit de le faire sans manches de protection. Les représentants syndicaux étaient là avec les superviseurs, ils ont mis quelques tableaux de bord et nous ont dit: “C’est pas si dur que ça”. Ils chantaient même des chansons de travail pendant qu’ils le faisaient. Puis ils nous ont fait faire une journée de travail obligatoire de 10  heures et il faisait une chaleur infernale».

«On a vu des gars avoir des crises ou s’évanouir sur la chaîne de montage. Les managers et les représentants syndicaux retiraient simplement le gars de la chaîne et la remettaient en marche. Je compatis vraiment avec la famille de Catherine Pace qui est morte de la COVID après l’avoir attrapé à l’atelier de peinture. Chrysler devrait être tenu pour responsable».

«Le syndicat ne nous dit rien. Maintenant, nous apprenons qu’il y a des licenciements pour une durée indéterminée à Sterling Stamping et des rumeurs sur l’élimination d’une équipe à Jefferson North. C’est très effrayant».

«Les milliardaires font plus d’argent que jamais, et les pauvres s’appauvrissent. Les gens perdent leur maison, et beaucoup ont perdu la vie pendant la pandémie. Nous devrions tous être unis».

«Je suis d’accord avec Will, les travailleurs devraient tous être unis aux États-Unis et dans le monde. Nous ne sommes pas les seuls à devoir subvenir aux besoins de nos familles. GM et d’autres entreprises délocalisent leurs usines dans le monde entier pour une main-d’œuvre moins chère. Nous devons défendre nos emplois ici et nous unir aux travailleurs d’autres pays pour défendre tous nos emplois et nos moyens de subsistance».

Pour plus d'informations sur la campagne de Will Lehman, visitez le site WillForUAWPresident.org.

(Article paru d’abord en anglais le 9 juillet 2022)

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