«Le coût de la vie nous anéantit»: Le taux d’inflation aux États-Unis atteint 9,1 pour cent

Le taux d’inflation aux États-Unis a atteint 9,1 pour cent en juin, les prix à la consommation augmentant au rythme le plus rapide depuis novembre 1981, selon un rapport du Bureau des statistiques du travail publié mercredi. Les hausses généralisées des prix du carburant, de l’alimentation, du logement, des soins médicaux, de l’habillement et d’autres dépenses courantes mettent une immense pression sur le budget des ménages. Tout augmente, sauf les salaires des travailleurs.

L’augmentation de l’indice des prix à la consommation, qui a atteint en mai 8,6 pour cent, soit le niveau le plus élevé depuis quatre décennies, continue d’être alimenté principalement par la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Les prix de l’énergie ont augmenté de 7,5 pour cent le mois dernier et de 41,6 pour cent au cours des 12 derniers mois. L’essence a augmenté de 11,2 pour cent en juin et de 59,9 pour cent au cours de l’année dernière.

La moyenne nationale actuelle pour un gallon d’essence était de 4,63 dollars mercredi, selon l’American Automobile Association, et les prix en Californie étaient de 6,02 dollars le gallon. Cela signifie que 60 dollars sont nécessaires pour faire le plein d’une voiture moyenne et 120 dollars pour une camionnette ou un VUS. Le salaire moyen dans l’industrie manufacturière étant de 24,95 dollars de l’heure avant impôts, un ouvrier d’usine doit désormais travailler entre trois et six heures pour payer l’essence nécessaire à ses allers et retours au travail. Nombreux sont ceux qui font du covoiturage pour se rendre au travail, tandis que les travailleurs à temps partiel et moins bien payé concluent qu’il est de moins en moins abordable de conduire.

Volaille dans un marché de Pittsburgh, le mardi 12 juillet 2022 (AP Photo/Gene J. Puskar) [AP Photo/Gene J. Puskar]

Les coûts de l’électricité ayant encore augmenté de 1,7 pour cent en juin et de 13,7 pour cent en glissement annuel, les familles de travailleurs et les personnes âgées à revenu fixe éteignent les lumières et les climatiseurs malgré la vague de chaleur estivale. Le gaz naturel a augmenté de 8,2 pour cent le mois dernier et de 38,4 pour cent sur un an, ce qui amène beaucoup de personnes à se demander comment elles pourront chauffer leur maison à l’automne et en hiver.

Le coût des denrées alimentaires a également continué de grimper, les prix ayant augmenté de 1,3 pour cent entre mai et juin et de 10,5 pour cent sur un an, soit la plus forte hausse depuis 1981. De nombreux produits alimentaires courants ont connu une hausse encore plus importante au cours de l’année écoulée. Les œufs et la margarine ont augmenté de 36 pour cent, le poulet a augmenté de 23 pour cent et le lait entier a augmenté de 18,8 pour cent.

Le programme de lutte contre la faim Feeding America a indiqué en mars que 65 pour cent de ses 200 banques alimentaires avaient enregistré une augmentation de la demande par rapport aux mois précédents. L’une de ses filiales, le Killeen Food Care Center, dans le centre du Texas, a indiqué avoir servi un nombre record de 8.830 personnes en juin, dont 1.600 personnes âgées. «Nous avons nourri la plus grande quantité de personnes de nos 35 ans d’histoire», a déclaré Raymond Cockrell, directeur général du centre, au Killeen Daily Herald.

Les coûts du logement ont continué à augmenter le mois dernier également, avec une hausse de 0,6 pour cent en juin et de 5,6 pour cent sur l’année, soit la plus forte hausse depuis 1991. Le prix moyen d’une maison en juin était de 350.000 dollars, contre 318.000 dollars en juin 2019. Les spéculateurs financiers ont exploité et exacerbé la situation, les investisseurs institutionnels ayant acheté un pourcentage record de 18,4 pour cent des maisons vendues aux États-Unis au dernier trimestre de 2021, selon la société de courtage immobilier Redfin.

L’inflation des prix du logement, en plus de la hausse des taux hypothécaires, a non seulement conduit les enfants adultes à reporter leur départ du domicile de leurs parents, elle a également contraint les adultes plus âgés à partager leur logement et les coûts à deux et même à trois.

L’augmentation du prix des logements privés fait également grimper le coût des locations, qui a augmenté de 0,8 pour cent en juin, soit la plus forte hausse mensuelle depuis 1986. La fin des moratoires sur les expulsions et le tarissement des subventions publiques entraînent une explosion des expulsions. Dans la région de Phoenix, les expulsions ont retrouvé leur niveau d’avant la pandémie. Les propriétaires de Phoenix ont enregistré 5.792 expulsions en juin, contre 5.669 en juin 2019, avant le début de la pandémie. Mardi soir, le conseil municipal de Tucson, dirigé par les démocrates, a déclaré qu’il mettrait fin au moratoire sur les expulsions dans les logements appartenant à la ville d’ici le 1er août. Le ministère du Logement et du Développement urbain de Biden fait pression sur les autorités de logement public à travers la nation pour qu’elles perçoivent davantage de loyers afin de conserver les subventions du ministère, ont déclaré les membres du conseil municipal.

Après la publication des chiffres de l’inflation, Biden et d’autres responsables de la Maison-Blanche ont feint de s’inquiéter, mais ont continué d’accuser la Russie d’être responsable de la flambée des prix et ont affirmé que la situation s’améliorait. En route pour rendre visite au roi saoudien meurtrier afin de demander le déblocage de plus de pétrole, Biden a déclaré lors d’une conférence de presse en Israël que le rapport sur l’indice des prix à la consommation était «dépassé», car il ne tenait pas compte de la récente baisse des prix de l’essence.

La principale préoccupation de Biden n’est pas l’impact social dévastateur de l’inflation, mais les demandes croissantes des travailleurs pour des augmentations de salaire afin de suivre l’augmentation du coût de la vie. La Maison-Blanche soutient pleinement les mesures prises par la Réserve fédérale américaine qui devrait relever ses taux d’intérêt de trois quarts de point lors de sa prochaine réunion les 26 et 27 juillet afin de faire grimper le chômage, voire de déclencher une récession, pour contrer ce que le chef de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a qualifié de «plus fortes hausses des salaires depuis des décennies». En réalité, le revenu réel des travailleurs, corrigé de l’inflation, a encore diminué de 1 pour cent en juin et est en baisse de 3,6 pour cent par rapport à l’année dernière.

«Le coût de la vie nous anéantit», a déclaré mardi au World Socialist Web Site une jeune travailleuse de Detroit qui travaille pour GM Subsystems, une filiale de General Motors. «L’essence, la nourriture et tout le reste sont élevés, mais nous ne gagnons pas d’argent. Je peux à peine payer mes factures». Le nouveau contrat de deux ans que vient de signer l’UAW fait passer le salaire de départ de 15 dollars de l’heure à 18,50 dollars, mais, à cause de l’inflation, il les laisse gagner la moitié du salaire pour faire le même travail que celui effectué auparavant par les travailleurs de GM.

«Je vais encore ramener à la maison environ 700 dollars par semaine. Je suis mère monoparentale. Il me faut deux semaines pour économiser suffisamment pour payer mon loyer de 700 dollars par mois. Qu’en est-il des personnes qui paient 1.200 dollars par mois ou plus pour leur loyer?» La travailleuse a déclaré que ses grands-parents travaillaient chez GM et Ford et qu’elle gagnait moins en termes réels qu’eux il y a 40 ans. «C’est comme tout le reste, nous n’avançons pas», a-t-elle dit.

«L’inflation nuit à notre budget en permanence», a déclaré un travailleur de l’usine d’assemblage de camions Stellantis (Chrysler) Warren à Detroit. «La nourriture, l’essence et tout le reste sont en hausse. Les compagnies pétrolières augmentent les prix, et je ne comprends pas pourquoi Biden ne les arrête pas. Je suppose que c’est parce que le gouvernement fait ce que les grandes entreprises veulent, pas ce que nous voulons».

Et de poursuivre: «La bourse continue de monter, et les actionnaires font beaucoup de bénéfices. Cela ne fait que creuser l’écart entre nous et le 1 pour cent le plus riche, qui gagne des sommes astronomiques. Il y a un peu plus de 10 ans, le gouvernement a renfloué les banques. Il l’a fait à nouveau lorsque la pandémie a frappé. Où est allé tout cet argent? Il est allé aux gros bonus des dirigeants et des actionnaires. Biden trouve aussi des milliards pour la guerre. Ils auraient pu nous renflouer, mais ils ne l’ont pas fait».

Il y a eu 153 grèves impliquant environ 73.500 travailleurs entre janvier et mai, contre 78 grèves impliquant environ 22.500 travailleurs sur la même période en 2021. Rien qu’au cours des deux dernières semaines, des dizaines de milliers de travailleurs ont voté le débrayage ou ont fait grève principalement pour des revendications salariales. Il s’agit notamment de cheminots, de travailleurs de maisons de retraite du Michigan, de travailleurs des transports en commun de Saint-Louis, de travailleurs de l’industrie de la défense dans une usine de General Dynamics, de travailleurs des télécommunications d’AT&T en Alaska et de travailleurs des concessions du stade des Dodgers avant le match des étoiles de la semaine prochaine à Los Angeles.

Les syndicats collaborent avec les entreprises et le gouvernement Biden pour étouffer ce mouvement, qui s’inscrit dans le cadre d’un soulèvement mondial de la classe ouvrière contre l’inflation, la politique de pandémie «les profits avant les vies» et les efforts visant à forcer les travailleurs à payer le coût massif de la guerre par procuration menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie. Le point culminant de ce mouvement est le bouleversement révolutionnaire au Sri Lanka, où les manifestations de masse des travailleurs et des jeunes ont forcé la démission du président et du premier ministre.

Au cours des dernières semaines, les syndicats de l’AFL-CIO ont bloqué les grèves de 115.000 cheminots, de 24.000 dockers de la côte ouest, de dizaines de milliers d’infirmières et d’autres travailleurs de la santé dans le Michigan, le Minnesota, l’État de New York et la Californie, ainsi que des travailleurs de l’industrie automobile chez Ventra et GM Subsystems.

Mais la colère atteint un point de rupture, et les travailleurs s’efforcent de plus en plus de briser l’étau des syndicats corporatistes et de lutter pour défendre leur niveau de vie. L’Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC) a été créée l’année dernière afin d’unifier les travailleurs au-delà des frontières nationales et de lancer une contre-offensive contre les inégalités, l’austérité et la guerre.

Les travailleurs doivent former des comités de base sur tous les lieux de travail pour exiger des augmentations de salaire contre l’inflation, une protection contre le coût de la vie, des soins de santé et des prestations de retraite entièrement payés, l’interdiction des expulsions et des saisies immobilières et l’annulation immédiate des dettes exorbitantes liées aux cartes de crédit, aux prêts étudiants, aux paiements de voiture et aux dettes ménagères.

(Article paru en anglais le 14 juillet 2022)

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