Les travailleurs de Chrysler à Detroit demandent aux délégués de l’UAW de nommer Will Lehman

Le WSWS a soutenu la campagne de Lehman pour la présidence de l'UAW. Pour en savoir plus sur la campagne, visitez WillforUAWpresident.org.

Les travailleurs de l’usine d’assemblage de camions Stellantis (Chrysler) Warren ont rencontré le candidat à la présidence de l’UAW Will Lehman et ont parlé avec lui mardi après-midi. Ils ont dénoncé des décennies d’abandons soutenus par l’UAW et appelé les délégués à nommer Lehman lors de la convention constitutionnelle de l’UAW, qui se tenait hier à Detroit.

Le travailleur de Mack Trucks en Pennsylvanie, âgé de 34  ans, et ses partisans ont parlé avec des centaines de travailleurs et distribué des tracts de campagne au changement d’équipe de l’après-midi dans cette usine de la banlieue de Détroit.

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«Nous savons qu’ils ont tout un gang et tout un système derrière eux», a déclaré un travailleur en parlant de la bureaucratie de l’UAW, «et la façon dont ils nous traitent, et surtout les TPT (travailleurs temporaires à temps partiel), est infecte».

«Nous sommes perdants avec chaque contrat. Ce n’est pas ce qui a construit Detroit. Ce ne sont pas les emplois dont la classe ouvrière dépendait et qui ont fait de nous ce que nous étions. Nous avons besoin de nouveaux visages là-dedans, mais vous savez à quel point c’est difficile, il y a tout un plan derrière tout ça».

«Eh bien, la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez m’aider à le faire», a répondu Will. «J’ai besoin d’un délégué pour me proposer comme candidat à la présidence. Je demande aux travailleurs de contacter leurs délégués et de demander aux délégués en vidéo de me proposer». Beaucoup de délégués, a dit Lehman, «soutiennent beaucoup de ce que je dis, mais ils ont peur en somme que la bureaucratie de l’UAW leur fasse du mal».

Le travailleur a pris le micro et a dit: «Nommez Will Lehman. Il va faire des choses et apporter des changements pour nous. C’est le moment de changer, beaucoup d’entre nous le savent, mais ont peur de s’exprimer. Faisons-le».

Will parle avec les travailleurs de Warren Truck (WSWS Media)

Les travailleurs sont tellement éloignés de la bureaucratie de l’UAW que beaucoup ne savaient même pas que la convention constitutionnelle de l’UAW se déroulait à moins de 15  km de là, dans le centre de Detroit.

Le mépris de la bureaucratie de l’UAW à l’égard des travailleurs de la base s’est manifesté mardi lorsque les délégués ont voté contre une résolution appelant à l’abolition du système de salaire à deux niveaux tant détesté. Accepté par l’UAW au début des années  2000, ce système a obligé les travailleurs à trimer l’un à coté de l’autre faisant le même travail, mais l’un gagnant la moitié du salaire de l’autre.

L’UAW a également donné carte blanche à GM, Ford et Stellantis pour créer un nouvel échelon, encore plus exploité, de travailleurs temporaires à temps partiel (TPT) forcés de travailler des années sans aucun droit. Selon les travailleurs, jusqu’à 40  pour cent de la main-d’œuvre de l’usine de Warren Truck sont des TPT.

Lors d’une discussion avec John, un travailleur vétéran proche de la retraite, Will a expliqué qu’il se battait pour unir les travailleurs de l’automobile américains à leurs frères et sœurs du monde entier. Le nationalisme de l’UAW et d’autres syndicats, a-t-il dit, avait permis aux sociétés de forcer les travailleurs à une course vers le bas. «J’ai besoin que les délégués me désignent pour que je puisse porter cette campagne de solidarité ouvrière dans le monde entier».

«Les délégués le mettent sur le bulletin de vote et laissent le peuple choisir», a déclaré John. «Le reste devrait être notre vote».

«C’est vrai, ils ont un homme, une voix, mais ce n’est pas vraiment démocratique s’ils ne me laissent pas figurer sur le bulletin de vote, non?». répondit Will. «Pas vraiment», a répondu l’ouvrier.

Will Lehman, candidat à la présidence de l’UAW, s’adresse à un ouvrier de Warren Truck, le 25  juillet 2022 [Photo: WSWS].

Une travailleuse plus jeune s’est également arrêtée et a parlé à Will. «Les TPT veulent se faire embaucher à plein temps après 90  jours. Nous travaillons aussi dur que ceux à plein temps, et probablement un peu plus. Il fait très chaud dans l’usine», a-t-elle dit. Will a répondu: «Les supermarchés ont des climatiseurs, Walmart en a, pour quoi n’en avons-nous pas? C’est parce que nous avons la même bureaucratie de l’UAW». Le président de l’UAW, Ray Curry, et tout le monde au siège de l’UAW à Solidarity House, a fait remarquer Will, «ont l’air conditionné».

Les travailleurs ont besoin d’air conditionné, d’augmentations, d’augmentations à la hauteur du coût de la vie chaque année, de pensions et de renverser toutes les concessions que l’UAW a accordées aux entreprises, a expliqué Will. «Je suis d’accord avec cela», a-t-elle répondu. «C’est comme si nous n’avions pas de syndicat ici. Bonne chance à vous».

«L’usine a besoin de beaucoup de choses, en particulier de leadership, et j’apprécie que vous vous présentiez pour prendre cette place», a déclaré à Will un autre travailleur qui est depuis plus de dix ans dans cette usine. «Que pensez-vous d’un leadership qui soit le pouvoir des travailleurs dans l’usine ?» lui a demandé Will, ajoutant: «Que pensez-vous de ce que chaque travailleur puisse décider de la voie à suivre pour les travailleurs»?

«C’est comme ça que ça devrait être, malheureusement, vu comment notre direction est, j’ai le sentiment que le syndicat ne durera pas et que l’entreprise nous écrasera et fera ce qu’elle veut… L’UAW International n’a rien fait, il nous a juste volé. J’apprécie que vous vous présentiez», a répondu ce travailleur.

«Nous avons été confrontés à des problèmes de santé et de sécurité, en particulier pendant la COVID», a déclaré un autre travailleur à Will. «Nous voulons savoir si quelqu’un l’a autour de nous, pour que nous puissions nous protéger». Il a ajouté que les travailleurs devaient se battre et reconquérir ce que l’UAW avait abandonné, notamment de fortes augmentations de salaire pour se protéger de l’inflation.

Will a demandé à l’ouvrier quelle augmentation il avait obtenue avec le contrat de l’UAW. «Elle n’était que de 3  pour cent cette année et bien souvent ils essaient de vous apaiser avec une prime. Nous devrions revenir à des contrats de trois ans, au lieu de quatre ans, qui nous sortent l’argent des poches».

Le travailleur a ajouté qu’il haïssait le système de salaires à deux niveaux. «Vous avez deux types de niveau dans les ateliers, et vous vous retournez et dites ces gens obtiennent une augmentation à un moment et ceux-ci obtiennent une augmentation à un autre moment. Nous devons revenir à un système où, après 90  jours, tout le monde a le même salaire. Nous devons nous débarrasser des niveaux, il y a trop de divisions. Je ne comprends pas pourquoi ils ont accepté ça en premier lieu».

Will a dit: «C’est parce que l’appareil de l’UAW est pro-entreprise. Les contrats de concession qu’ils acceptent ne leur font pas de mal, assis qu’ils sont à Solidarity House. Ils n’ont aucune solidarité avec les travailleurs. C’est pourquoi je me présente pour abolir l’appareil. Nous n’avons pas besoin d’une bureaucratie qui nous domine et nous dise ce pour quoi nous pouvons ou ne pouvons pas nous battre».

«C’est la même chose avec les indemnités de grève», ajoute Lehman. «Elle était de 275  dollars, maintenant elle est de 400  dollars par semaine, mais elle devrait être à plein salaire». Le travailleur a répondu: «Oui, ça devrait l’être, pour être honnête… Depuis combien de temps n’avons-nous pas fait grève chez Chrysler? Le fonds de grève s’est accumulé pendant des années. Où est passé tout l’argent?»

Un autre ouvrier courant dans l’usine a déclaré à ceux qui faisaient campagne: «Les délégués devraient nommer Will, afin que nous, membres de l’UAW, puissions avoir le choix pour qui voter».

Pour en savoir plus sur la campagne de Lehman, visitez le site WillforUAWpresident.org.

(Article paru d’abord en anglais le 27 juillet 2022)

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