Le gouvernement sri-lankais lance une attaque policière brutale contre une manifestation d’étudiants

Hier, la police sri-lankaise a lancé une attaque sauvage contre des étudiants qui manifestaient à Colombo contre les mesures antidémocratiques du président Ranil Wickremesinghe et ses attaques sociales contre la classe ouvrière et les pauvres.

Environ 2.000 étudiants, mobilisés par la Fédération interuniversitaire des étudiants (IUSF), ont commencé une manifestation à Lipton Circus, dans le centre de Colombo, vers 15 heures, prévoyant de marcher jusqu’au Fort de Colombo, à environ trois kilomètres.

Étudiants universitaires marchant vers Slave Island dans le centre de Colombo, le 18 août 2022 (Image: WSWS Media)

S’adressant aux médias au début de la marche, le responsable de l’IUSF, Wasantha Mudalige, a déclaré qu’aucun mandat n’avait étéémis pour interdire la manifestation qui avait été organisée, a-t-il dit, parce qu’aucun des problèmes auxquels les masses font face n’avait été résolu. Il a mis en garde le président Wickremesinghe contre toute répression à l’encontre des manifestants.

Un haut responsable de la police a toutefois déclaré que la manifestation était «illégale», que la police avait le pouvoir d’arrêter les manifestants et qu’elle pouvait prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à l’événement.

La police et les forces de sécurité sri-lankaises disposent de pouvoirs étendus en vertu des lois d’urgence draconiennes du gouvernement de Colombo. Wickremesinghe a proclamé l’état d’urgence le 17 juillet, trois jours après avoir été nommé président par intérim par l’ancien président Gotabhaya Rajapakse, qui a fui le pays après des mois de manifestations de masse.

Les étudiants manifestants ont scandé hier des slogans tels que «La junte Ranil-Rajapakse doit partir. Arrêtez la répression», «Libérez les militants d’Aragalaya arrêtés» et «Créez des conseils populaires». Parmi les autres chants, citons: «Rouvrez les universités et les écoles», «Aidez le peuple», «Plus de prêts», «Rendez l’argent volé», «Pour une nouvelle constitution qui protège le pouvoir du peuple» et «Abolissez la présidence exécutive».

Une demi-heure après le début de la marche, les étudiants ont été confrontés à un contingent massif de 500 policiers, dont des agents antiémeute, munis de deux canons à eau.

La police a immédiatement assailli les marcheurs avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Les policiers et les membres lourdement armés de l’unité antiémeute ont poursuivi les étudiants sur plus de deux kilomètres en direction de Borella, en tirant à plusieurs reprises le canon à eau et du gaz lacrymogène. La police a frappé les manifestants, entraînant certains d’entre eux dans des jeeps de la police.

La police et les canons à eau à Slave Island pour bloquer la marche des étudiants vers le Fort de Colombo, le 18 août 2022 (Image: WSWS Media)

Lorsque plusieurs centaines d’étudiants se sont rassemblés à Borella Junction, la police les a de nouveau violemment attaqués avec des canons à eau avec l’aide de la police antiémeute. Cette dernière les a poursuivis en direction de Narahenpita, un autre quartier de Colombo. La police a également arrêté des bus de transport public, à la recherche d’étudiants, et a tenté de les arrêter.

Selon les médias, six activistes ont étéarrêtés, dont le responsable de l’IUSF, Mudalige, et le responsable de l’Inter-University Bhikkhu Federation, Gallewé Siridhamma.

Les étudiants des universités de Kelaniya, du Sud-Est et de Rajarata ont manifesté jeudi soir, condamnant les attaques de la police et demandant la libération de tous les étudiants militants arrêtés.

Le Parti de l’égalité socialiste (SEP) et son mouvement de jeunesse (International Youth and Students for Social Equality – IYSSE) condamnent la répression policière brutale, et exigent la libération immédiate de tous les manifestants arrêtés et l’abandon de toutes les accusations.

Cette brutalité policière est un avertissement clair que le gouvernement Wickremesinghe tentera d’utiliser tous ses pouvoirs répressifs, notamment en déchaînant l’armée et la police pour écraser toutes les actions antigouvernementales des travailleurs, des jeunes et des pauvres qui luttent pour leurs droits sociaux et démocratiques.

Quatre mois se sont écoulés depuis le début d’un soulèvement de masse impliquant des millions de travailleurs, de jeunes et de pauvres des zones rurales du Sri Lanka pour exiger la démission du président Rajapakse et de son gouvernement. Les manifestations de masse et les grèves générales – les plus importantes de l’histoire du Sri Lanka – exigeaient la fin de l’inflation galopante, des longues coupures d’électricité et de la pénurie de produits de première nécessité tels que nourriture, médicaments et carburant. Le soulèvement antigouvernemental a contraint Rajapakse et son régime à démissionner, ébranlant l’élite au pouvoir.

Moins de 24 heures après sa nomination antidémocratique à la présidence par le Parlement, Wickremesinghe a ordonné le 22 juillet, avant l’aube, une violente attaque de la police militaire contre les manifestants qui occupaient le secrétariat présidentiel et Galle Face Green. Neuf militants ont été arrêtés et de nombreuses personnes ont été blessées lors de ces attaques. Des dizaines d’autres militants ont été arrêtés depuis les raids de l’aube.

Le régime Wickremesinghe a clairement indiqué qu’il mettrait en œuvre les mesures d’austérité sauvages du Fonds monétaire international (FMI), notamment la destruction de centaines de milliers d’emplois dans le secteur public; la privatisation des entreprises publiques; l’augmentation des impôts et de nouvelles réductions des subventions aux prix.

Wickremesinghe a appelé tous les partis d’opposition à former un gouvernement multipartite dans le but de rallier l’ensemble de l’establishment capitaliste à la mise en œuvre des exigences du FMI. Wickremesinghe et l’élite dirigeante se trouvent toutefois hantés par le soulèvement de masse qui a fait tomber Rajapakse et craignent une nouvelle éruption des luttes contre l’austérité.

Des millions de travailleurs, soutenus par les pauvres des zones rurales et les opprimés, ont déclenché des grèves générales les 28 avril, 6 mai, 10 mai et 11 mai pour exiger la démission de Rajapakse et de son régime. Les syndicats se sont limités à des manifestations d’une journée et ont appelé à un régime parlementaire intérimaire, la même demande faite par les partis d’opposition Samagi Jana Balavegaya (SJB) et Janatha Vimukthi Peramuna (JVP).

Le Frontline Socialist Party de pseudogauche, qui contrôle l’IUSF, a soutenu cette campagne et s’est efforcé de bloquer tout mouvement indépendant de la classe ouvrière basé sur un programme socialiste et internationaliste.

La violente attaque policière d’hier souligne une fois de plus la nécessité urgente de développer un mouvement indépendant de la classe ouvrière pour rallier les pauvres des zones rurales et faire avancer la lutte contre le régime de Wickremesinghe et l’ensemble du système de profit capitaliste, qui a créé cette catastrophe sociale et économique.

Dès le début, le PES et l’IYSSE sont intervenus dans les luttes de masse de la classe ouvrière et des pauvres sur la base d’un programme d’action révolutionnaire. Nous luttons pour la construction de comités d’action de travailleurs sur chaque lieu de travail, dans chaque domaine, dans les grands centres économiques et dans les zones rurales, indépendamment de tous les partis bourgeois et des syndicats.

Le PES se bat pour un congrès démocratique et socialiste des travailleurs et des masses rurales, basé sur ces comités d’action pour vaincre l’austérité capitaliste et les attaques du gouvernement contre les droits démocratiques.

Le PES préconise une lutte pour le contrôle démocratique des travailleurs sur la production et la distribution de tous les produits essentiels; la saisie des richesses des milliardaires et des grandes entreprises; et la répudiation de tous les prêts étrangers afin de s’attaquer aux énormes problèmes sociaux auxquels les travailleurs et les pauvres sont confrontés. La construction de ce congrès fournira les moyens d’établir un gouvernement ouvrier et paysan et de réorganiser la société selon des lignes socialistes pour répondre aux besoins de la majorité, dans le cadre de la lutte pour le socialisme international.

(Article paru d’abord en anglais le 19 août 2022)

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