L’inflation provoque la colère sociale en France et à travers l’Europe

Avec la guerre de l’OTAN contre la Russie en Ukraine, l'inflation flambe en France, les dépenses en énergie étant le principal facteur de la flambée des prix, suivies par les prix des denrées alimentaires. L’inflation a des conséquences catastrophiques pour les travailleurs partout dans le monde. Les tensions sociales sont au point d'explosion partout.

Selon une étude menée par le think tank Destin commun et intitulée « Hiver à haut risque », 57 pour cent des Français déclarent déjà éprouver des difficultés devant la hausse des prix. Plus de trois Français sur quatre (77 pour cent) pensent qu’une explosion sociale peut éclater dans le pays dans les prochains mois selon un sondage Ifop pour Sud Radio en Mai 2022.

Laurence de Nervaux, directrice du think tank, a dit à l’hebdomadaire La Vie, «près de la moitié des Français ont déjà limité leurs sorties et leurs loisirs. Un citoyen sur cinq a également modifié ou annulé ses projets de vacances et un sur dix saute parfois des repas ou repousse des soins médicaux coûteux, selon les données que nous avons recueillies ».

Elle a ajouté, « conséquence directe, une majorité écrasante des Français (85 pour cent) se dit inquiète de l’impact de la hausse des prix sur leur vie quotidienne. Dans des proportions à peu près similaires, les Britanniques et les Allemands sondés sont également inquiets ».

Samedi, des centaines de Gilets jaunes se sont rassemblés en plusieurs endroits à Paris suite à des appels à manifester contre l’inflation. « Le but est d'occuper le plus longtemps les rues de Paris à partir du 10 septembre ! On n’est pas là pour danser et chanter mais pour se révolter », pouvait-on lire sur un tract partagé sur le groupe Facebook « septembre noir ». La préfecture a envoyé les forces de l’ordre contre eux et a annoncé plus de 100 interpellations.

Selon l’Insee, « entre les deuxièmes trimestres 2021 et 2022, en cumulant le renchérissement de l’électricité, du gaz et des produits pétroliers, les prix de l’énergie augmentent ainsi de 28 % pour les ménages ; cette hausse aurait été deux fois plus élevée sans mesure de bouclier (+ 54 %) », c’est-à-dire sans intervention de l’État pour limiter la hausse des prix.

En réalité, la situation sociale à laquelle la masse de travailleurs se confronte est bien pire. Pour essayer d'apaiser la colère sociale contre l’inflation, le gouvernement Macron a plafonné des tarifs du gaz et du carburant, mais ce n’est qu’une goutte d'eau dans l'océan.

Alors que la masse des travailleurs est sous le choc de l’inflation, Total Energies a plus que doublé son bénéfice net au deuxième trimestre, pour atteindre 5,7 milliards d’euros, grâce à la hausse des cours du pétrole et du gaz due à la guerre en Ukraine. En même temps, les entreprises françaises ont versé un niveau record de dividendes : 44,3 milliards d’euros à leurs actionnaires.

C’est la classe ouvrière qui paie le prix de la crise produite par la bourgeoisie en France et en Europe. Après avoir mené une politique d'austérité draconienne depuis le krach de 2008 en faveur de grandes riches qui ont augmenté leurs fortunes de centaines de milliards d’euros, la bourgeoisie européenne fait la guerre à la Russie et fournit des milliards d'euros en armes à l'Ukraine. La guerre par procuration de l'OTAN contre la Russie a joué un rôle majeur dans la crise énergétique et alimentaire qui contribue largement à la hausse de l’inflation.

Alors que l’inflation affecte durement le budget de la majorité des travailleurs et que la crise énergétique reste des préoccupations majeures de nombreux foyers, la classe dirigeante européenne demande à sa population d'accepter d’énormes sacrifices financiers.

Face à la crise énergétique, la classe dirigeante demande à la population d’accepter des restrictions y compris des coupures de gaz et d’électricité dans les mois à venir. Après le propos cynique de Macron sur la « fin de l’abondance », la Première ministre, Élisabeth Borne, a averti sur de « possibles coupures brutales de gaz ».

On prévoit les scénarios y compris des coupures de gaz pour les entreprises, des coupures d’électricité et des perturbations dans les transports. Le 9 septembre, Ouest France écrit que « les entreprises pourraient connaître des coupures de gaz…Les Français pourraient également connaître des coupures d’électricité ».

RTE (Réseau de transport d’électricité) prévoit un processus de délestage et évoque des coupures de courant de deux heures par jour, réparties sur tout le territoire français. “Des quartiers entiers seraient alors privés d’électricité. Les sites prioritaires comme les hôpitaux, les prisons ou les sites de défense ne seraient pas concernés mais ces coupures pourraient toucher autant les logements que les entreprises.” écrit Ouest France.

Le gouvernement exige de réduire de 10 pour cent la consommation d’énergie pour éviter toute coupure dans l’hypothèse, selon Macron, « d’un hiver froid avec une coupure complète du gaz russe ». Il exige que les Français limitent le chauffage de leur logement à 19°C.

La flambée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires déclenche l’explosion sociale et des grèves partout en Europe et dans le monde. 

Ces dernières semaines, les grèves se multiplient au Royaume-Uni : les grèves des cheminots et les grèves sauvages dans les raffineries de pétrole et les centrales électriques. Le 3 septembre, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé à Prague pour protester contre la hausse des prix et exiger la démission du Premier ministre tchèque Petr Fiala. En Allemagne, on s’inquiète de la perspective d’un Wutwinter, un « hiver de colère ».

Les travailleurs veulent lutter contre l'attaque de leur niveau de vie. Cependant, ils sont confrontés à des obstacles importants : les bureaucrates syndicaux et leurs alliés de la pseudo-gauche sur lesquels s’appuie l’État capitaliste pour canaliser et étouffer les luttes ouvrières.

Les syndicats français craignent que l'explosion sociale échappe à leur contrôle et appellent à une journée de protestation symbolique. La CGT a lancé un appel à manifester le 29 septembre prochain.

Quand La Dépêche a demandé à Laurent Berger, le dirigeant de CFDT si le gouvernement est inquiet dans un contexte inédit de flambée des prix, il a répondu « le sentiment d’inquiétude est le sentiment le plus présent. … [N]ous recensons, à la CFDT, un accroissement des conflits salariaux que l’on n’avait pas connu depuis des années. Dans de nombreuses branches professionnelles les choses peuvent s’enflammer».

Au milieu d'une grave dépression économique mondiale dans les années 1930, Trotski a analysé la stratégie du capital financier qui consiste à faire payer la classe ouvrière pour la crise en augmentant les prix. Il a écrit:

«Le capital financier fait retomber le coût des réformes sociales sur le dos des ouvriers eux-mêmes et sur celui de la petite bourgeoisie, à travers les hausses des prix, l’inflation, ouverte ou masquée, les impôts, etc. L’essence de l’actuel ‘étatisme’, de l’intervention de l’État –dans les pays démocratiques comme dans les pays fascistes–, consiste à sauver le capitalisme pourrissant en abaissant le niveau de vie et le niveau culturel du peuple. Il n’existe pas d’autre méthode possible sur la base de la propriété privée. Les programmes des Fronts populaires, en France et en Espagne, et celui de la coalition belge ne constituent qu’un mirage délibérément voulu, une tromperie manifeste, préparent aux masses ouvrières une nouvelle désillusion ».

Aujourd’hui, toutefois, la politique officielle est même plus réactionnaire que celle menée pendant les années 1930. L’État fait peser sur les travailleurs le coût non pas de réformes sociales, mais de la guerre et d’une distribution massive de profits aux riches. La seule façon de stopper ces attaques c’est d’unifier la classe ouvrière internationalement, dans des comités de base indépendants des appareils syndicaux nationaux, dans un mouvement pour le socialisme et contre la guerre impérialiste et l’inflation.

Les travailleurs et les jeunes qui souhaitent lutter contre ces politiques doivent rejoindre et construire le Parti de l'égalité socialiste.

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