Un travailleur à une réunion du Comité de base des cheminots: «Il faut redonner le pouvoir à la base!»

Travailleurs du rail: Dites-nous ce que vous pensez de l’accord de la Maison-Blanche. Contactez le Comité de base des cheminots à l’adresse railwrfc@gmail.com. Toutes les soumissions resteront anonymes.

Un cheminot de St-Louis a fait les remarques suivantes lors de la réunion du Comité de base des cheminots mercredi, à laquelle ont participé plus de 500 travailleurs.

Je viens vers vous aujourd’hui en tant que membre du RFC [comité de base] pour appeler tout le monde à rejoindre le comité. Ce comité a été formé par des cheminots de tous les métiers à travers la nation. J’en suis devenu membre parce que je partage le même sentiment de méfiance envers les chemins de fer et l’appareil syndical que vous tous. Nos dirigeants syndicaux voulaient nous faire croire que nous étions plus forts que jamais et que nous avions le scénario parfait pour obtenir le meilleur contrat, parce que nous étions tous restés unifiés à travers 12 syndicats, et parce que le Congrès et le président étaient les plus favorables aux travailleurs que nous ayons vus dans l’histoire moderne.

Ils nous ont dit que si nous demandions à être libérés de la médiation, dans un délai historiquement court, nous serions récompensés par un PEB (Presidential Emergency Board, créé par l’administration Biden) favorable aux travailleurs. Après environ 30 jours, la recommandation a été publiée par le PEB, et il est rapidement devenu évident que leur affirmation ne pouvait pas être plus éloignée de la vérité. L’accord de principe a immédiatement fait le tour des médias sociaux, et la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre avant même que les syndicats n’aient annoncé quoi que ce soit d’officiel. Les représentants syndicaux ont été contactés. Des courriels ont été envoyés au Congrès pour leur expliquer que cette recommandation était un contrat médiocre qui ne s’approchait pas de l’inflation ou d’une part équitable des bénéfices. Pas de congés maladie, pas de primes de poste. Il n’a même pas pris la peine de recommander quoi que ce soit sur les politiques draconiennes d’assiduité. Et pour couronner le tout, une augmentation du coût des primes de santé.

Résolution votée mercredi par le Comité de base des cheminots qui fait les trois points suivants: 1- Nous n’accepterons aucune loi du Congrès qui violerait notre droit démocratique de grève; 2- Nous exigeons un contrat qui répond à nos besoins (une forte augmentation de salaire, un ajustement au coût de la vie pour contrer l’inflation, la fin des horaires brutaux, des jours de congé et de maladie garantis et la fin des pressions pour des équipes d’une seule personne); et 3- Nous informons le syndicat que toute tentative de faire passer un contrat que nous désapprouvons et sur lequel nous n’aurions pas voté sera une violation de nos demandes.

Qu’avons-nous obtenu? Rien. Les représentants syndicaux l’ont quand même accepté sans notre accord. Après avoir été jugé «essentiel» au moment opportun pendant une pandémie mondiale, j’ai perdu des collègues de travail et des amis. Les travailleurs ont perdu des êtres chers. Nous avons été mis dans une situation où nous nous exposions les uns les autres et nos familles à ce virus mortel. On a refusé aux gens d’utiliser leurs jours de vacances s’ils devaient se mettre en quarantaine, une quarantaine qui était exigée par les entreprises. Tout cela alors que des profits records étaient réalisés par les gros PDG. Nous n’avons jamais reçu de prime ou de prime de risque, comme tant de travailleurs d’autres industries.

Aujourd’hui, nous avons appris que le syndicat des machinistes avait voté non à l’accord de principe et oui à la grève. Cependant, le président du district 19 a inclus dans sa notification que «par respect pour les autres syndicats, nous reporterons notre grève au 29 septembre», prenant une fois de plus une décision unilatérale sur laquelle les travailleurs n’avaient pas donné leur accord.

Nous avons voté la grève. Nous avons voté la grève à 0h01 le 16 septembre, à la fin de la période de médiation. Contrat après contrat, nous avons fait des concessions sur les salaires et les avantages. Nous risquons notre santé et nos vies chaque jour. Nos familles doivent faire des sacrifices que la plupart des familles n’endurent pas: reprogrammer les vacances, les anniversaires, les réunions de famille, les funérailles, etc. Ce sont toutes ces raisons qui m’ont poussé à rejoindre le comité de base. Pour s’organiser, pour garantir notre droit démocratique de voter – et pour que ces votes soient respectés, et non déterminés par 60 personnes au Sénat qui s’acharnent à supprimer ces droits – pour abolir la RLA [Railway Labor Act] qui paralyse notre droit de grève, pour se débarrasser de la bureaucratie et de l’appareil syndical, et pour redonner le pouvoir à la base.

Frères et soeurs, je fais appel à chacun d’entre vous: s’il vous plaît, rejoignez-nous dans la solidarité, dans ce front uni, en opposition à la relation corrompue entre le gouvernement, les transporteurs ferroviaires et les hauts responsables des syndicats.

Dans l’histoire, le mouvement ouvrier a été victorieux lorsque les travailleurs ont trouvé en eux-mêmes la force de s’organiser, de mettre leurs différences de côté et de se tenir debout et de lutter ensemble comme un front uni. Le temps est venu pour nous de faire de même. Nous vivons une époque sans précédent qui appelle à l’action. Restez vigilants et ne vous laissez pas impressionner par les demandes du Congrès. Faites tout ce que vous pouvez pour diffuser ce message d’unité et de force. Parce que lorsque nous sommes unis comme un seul homme, il n’y a rien qui puisse se mettre en travers de notre chemin.

Contactez le Comité de base des cheminots à l’adresse railwrfc@gmail.com.

(Article paru en anglais le 15 septembre 2022)

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