La présidente démocrate de la Chambre des représentants Pelosi aux travailleurs du rail: acceptez un accord pro-patronal ou nous vous y forcerons

Travailleurs du rail: Dites-nous ce que vous pensez de l’accord proposé par la Maison-Blanche. Contactez le Comité de base des cheminots à l’adresse railwrfc@gmail.com. Toutes les soumissions resteront anonymes.

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, est l’une des personnes qui se sont félicitées de l’accord de principe sur les chemins de fer, conclu au milieu de la nuit de mercredi à jeudi. Dans une déclaration publiée jeudi, Pelosi a fait l’éloge du gouvernement Biden et «des représentants des syndicats qui n’ont pas voulu quitter la table des négociations sans avoir obtenu justice pour leurs travailleurs».

Ce que «leurs travailleurs» pensent de la «justice» qui a été obtenue à la table des négociations avec Biden et le ministre du Travail Marty Walsh est évident dans le déferlement de colère contre l’accord conclu dans leur dos.

La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi (Californie), prend la parole lors d’une conférence de presse, le vendredi 29 avril 2022, au Capitole à Washington (AP Photo/Jacquelyn Martin) [AP Photo/Jacquelyn Martin]

Pelosi, avec une valeur nette de 135 millions de dollars, est l’une des personnes les plus riches d’un Congrès composé en grande partie de millionnaires. Lorsque Pelosi déclare que l’accord est «bon pour notre économie», elle veut vraiment dire qu’il est bon pour Wall Street. Lorsqu’elle ajoute qu’il est bon «pour notre sécurité», elle veut dire que le blocage d’une grève des cheminots est une partie nécessaire des préparatifs de guerre américains.

Après avoir parlé de «justice pour les travailleurs», Pelosi a menacé les travailleurs en leur disant que s’ils n’acceptaient pas cette «justice», d’autres mesures seraient nécessaires.

Dans sa déclaration, Pelosi a reconnu que les démocrates se seraient rangés du côté des transporteurs et auraient empêché toute grève:

Dans l’espoir d’un accord, mais préoccupé par les défis que représenterait une grève, le Congrès était prêt à agir. En vertu de la clause sur le commerce de la Constitution, le Congrès a le pouvoir et la responsabilité d’assurer le fonctionnement ininterrompu des services de transport essentiels. Il a, par le passé, adopté des lois à cette fin. Sous la houlette de la commission des transports et de l’infrastructure, la Chambre a préparé et fait examiner une législation afin que nous soyons prêts à agir, conformément à la section 10 de la Loi sur le travail dans les chemins de fer.

Autrement dit, Pelosi et l’ensemble de l’establishment politique (démocrates et républicains confondus) se tenaient prêts à interdire une grève et à imposer un accord que les travailleurs rejetteraient.

Afin que personne ne pense que cette menace ne s’applique qu’au passé, Pelosi a ajouté: «Heureusement, cette action pourrait ne pas être nécessaire. Nous félicitons les syndicats et les chemins de fer d’être parvenus à un accord, car il est dans l’intérêt national que les services de transport essentiels soient maintenus» (c’est nous qui soulignons).

Les implications sont assez claires. Acceptez cette «justice», déclare Pelosi aux travailleurs, ou bien nous vous y forcerons.

Les travailleurs du rail de la base ont eu leur mot à dire la veille des remarques de Pelosi. Lors d’une réunion de masse organisée mercredi soir par le Comité de base des cheminots, les travailleurs ont voté à 98 pour cent en faveur d’une résolution qui stipule que:

1. Nous n’accepterons aucune loi du Congrès qui violerait notre droit démocratique de grève et nous imposerait un contrat que nous n’acceptons pas et qui n’a pas été ratifié par la base.

2. Nous exigeons un contrat qui réponde à nos besoins, y compris une augmentation salariale importante pour compenser des années de baisse des salaires; des ajustements du coût de la vie pour faire face à l’inflation galopante; la fin des politiques d’assiduité brutales; des congés et des jours de maladie garantis; et la fin de la pression en faveur des équipes d’un seul homme.

3. Nous informons les syndicats que toute tentative d’imposer des contrats que nous n’acceptons pas et qu’on n’a pas votés, ou de nous faire travailler sans contrat, sera en violation des instructions claires données par la base.

Les syndicats, le gouvernement Biden et le Congrès ont peut-être empêché une grève de se produire vendredi, mais le conflit entre les travailleurs et l’ensemble de l’establishment patronal, syndical et politique n’en est qu’à ses débuts.

(Article paru en anglais le 16 septembre2022)

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