À l’approche de la vague hivernale, les CDC dissimulent les données de variants COVID-19

Vendredi, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont mis à jour leurs graphiques de surveillance des variants pour montrer que les descendants hautement contagieux et immuno-résistants du sous-variant Omicron BA.5, connus sous les noms de BQ.1 et BQ.1.1, représentent désormais un total de 11,4 % de tous les variants séquencés.

Cependant, cette «mise à jour» est intervenue un jour après que l’épidémiologiste Eric Feigl-Ding a tweeté ces mêmes données, qui lui ont été communiquées par une «source interne au CDC» qui l’a informé que le CDC avait gardé ces informations cruciales sur l’état des variants aux États-Unis. Après que le tweet de Feigl-Ding est devenu viral, recueillant plus de 10.000 «j’aime» et plus de 5000 retweets en quelques heures, le CDC a été contraint de rendre ces données publiques.

Il s’agit de l’une des plus importantes dissimulations de la part de la principale agence sanitaire des États-Unis depuis le début de la pandémie. Il est clair que le CDC a délibérément caché cette information vitale au public pendant des semaines, dans le cadre de la campagne de propagande incessante menée par l’administration Biden et les médias bourgeois pour affirmer faussement que «la pandémie est terminée».

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On ne sait toujours pas exactement ce qui s’est passé au sein du CDC pour expliquer cette volte-face. Cependant, le fait que la publication du CDC ait lieu un jour après la fuite anonyme suggère que les hauts responsables du CDC, y compris la directrice, la Dre Rochelle Walensky, tentent de contrôler la nature de ces révélations et de dissimuler le fait que l’état de ces nouveaux variants était connu.

La capture d’écran ci-dessous du graphique de surveillance des variants du CDC, datée du 13 octobre 2022, ne montre aucun variant BQ répertorié.

Capture d’écran du graphique de surveillance des variants du CDC prise le 13 octobre 2022 (Source: Dr. Eric Feigl-Ding)

Le 14 octobre 2022, le graphique mis à jour fait état de la présence de ces variants plus récents dès la mi-août, BQ.1 dépassant un pour cent de tous les variants séquencés le 24 septembre et BQ.1.1. atteignant ce seuil dans la semaine du 1er octobre. Selon les règles du CDC, ces nouvelles souches doivent être séparées de toutes celles qui sont suivies et leur fréquence doit être indiquée.

Capture d’écran du graphique de surveillance des variants du CDC prise le 14 octobre 2022 (Source: Dr. Eric Feigl-Ding)

Il ne s’agit pas d’un simple oubli ou d’un problème d’incompétence de la part du CDC, qui a des décennies d’expérience en matière de surveillance et de contrôle. Les sous-variants BQ.1 et BQ.1.1 sont suivis de près en Europe et contribuent à la vague actuelle d’automne-hiver sur le continent. Des scientifiques du monde entier mettent en garde contre les dangers de ces sous-variants et de nombreux autres variants d’Omicron. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a répertorié BQ.1 et BQ.1.1 comme des sous-variants dangereux et devant être surveillés.

Le Dr Anthony Fauci, principal conseiller médical du président Biden, qui était selon toute vraisemblance au courant de la dissimulation effectuée par le CDC, est apparu vendredi sur CBS News pour expliquer que ces dernières versions d’Omicron inquiètent les responsables de la santé et les scientifiques car elles sont plus efficaces pour échapper aux médicaments actuellement utilisés pour gérer les infections. Plus précisément, les anticorps monoclonaux Evusheld et Bebtelovimab ne fonctionnent pas sur ces derniers variants, ce qui menace des dizaines de millions de personnes immunodéprimées aux États-Unis et dans le monde.

Le Dr Fauci a déclaré que nous devions «rester attentifs» aux variants émergents malgré le nombre apparemment faible de cas et d’hospitalisations. Il a ajouté: «Lorsque vous obtenez des variants de ce type, vous examinez leur taux d’augmentation en tant que proportion relative des variants, et celui-ci a un temps de doublement assez inquiétant. C’est la raison pour laquelle les gens s’inquiètent de BQ.1.1, pour la double raison de son temps de doublement et du fait qu’il semble échapper à d’importants anticorps monoclonaux.»

Compte tenu de l’omission volontaire de l’état réel des variants aux États-Unis, l’annonce faite la semaine dernière par le CDC de passer d’un rapport quotidien à un rapport hebdomadaire des infections et des décès dus au COVID-19 est hautement significative. De plus, le CDC devrait reprendre la responsabilité de la déclaration des hospitalisations liées au COVID, ce qui aura d’immenses implications étant donné leur comportement fourbe et anti-scientifique.

Depuis le début de la pandémie, le CDC accommode ses directives et ses réponses aux diktats des décideurs politiques qui reçoivent leurs ordres des sociétés et de l’oligarchie financière. C’était vrai avec Robert Redfield sous l’ancien président Trump autant que c’est vrai avec Rochelle Walensky sous le président Biden, qui supervise maintenant une politique homicide de «COVID éternel».

La censure des données sur les variants dangereux BQ.1 et BQ.1.1 a eu lieu dans les semaines précédant les élections américaines de mi-mandat et dans des conditions où la campagne de rappel bivalent a été terriblement anémique, les experts mettant en garde contre un hiver rigoureux de COVID-19 et de vagues de grippe. Les hôpitaux pédiatriques du pays sont déjà débordés par l’apparition précoce du VRS et d’autres virus respiratoires et gastro-intestinaux qui rendent les enfants malades en masse.

Les médias bourgeois sont restés consciencieusement silencieux sur la dissimulation des données sur les variants. Pas un seul média n’a pris à partie le CDC pour qu’il réponde à ses divergences et à son obligation d’informer, et ce reportage est le premier à reconnaître que les données ont été divulguées par le Dr Feigl-Ding la veille de leur publication par le CDC.

Seuls les scientifiques et les experts de la santé ayant des principes et utilisant leurs plateformes de médias sociaux ont courageusement tenu le public au courant de ces développements, souvent sous la menace de la censure et du retour de bâton des sources de droite. Le World Socialist Web Site encourage les scientifiques, les experts de la santé et les travailleurs de base du CDC et d’autres agences de santé publique à nous contacter et à partager les informations vitales nécessaires à la sécurité du public. Votre anonymat sera protégé.

Les données qui émergent sur les taux d’infection du variant BQ.1.1 en particulier indiquent qu’il est hautement transmissible et qu’il est immuno-résistant, car il semble surpasser toutes les autres sous-variants. Au Royaume-Uni, le nombre de cas de BQ.1.1 double chaque semaine, se propageant deux fois plus rapidement que son parent, BA.2.75.2. D’après les projections épidémiologiques, la prochaine vague d’infections provoquée par ces variants devrait atteindre un pic d’accélération au moment des vacances de Thanksgiving, lorsque des millions d’Américains se rendront chez des amis et des parents.

À cet égard, les développements actuels de la pandémie en Europe sont d’une importance immédiate.

Nouveaux cas quotidiens confirmés de COVID-19 par million de personnes

L’Europe a une fois de plus assumé la distinction douteuse d’être l’épicentre de la vague post-BA.5 d’infections au COVID, dans ce que les experts ont appelé une «soupe de variants». Pour la première fois dans la pandémie, la question n’est pas de savoir quel sous-variant Omicron deviendra la prochaine souche dominante, mais plutôt combien de sous-variants seront en circulation à un moment donné et comment cela contribuera à prédire le début et la fin d’une vague avant l’arrivée de la suivante.

La souche BQ.1 a également atteint 10% de toutes les infections séquencées en Bavière, en Allemagne, où les cas de COVID-19 s’accélèrent rapidement après l’immense festival de l’Oktoberfest. Face à une crise sanitaire de plus en plus grave, le ministre allemand de la Santé, Karl Lauterbach, a demandé le rétablissement des masques obligatoires et des «mesures accrues» afin d’atténuer la vague actuelle qui submerge les centres de santé, les hospitalisations liées au COVID-19 atteignant des sommets pandémiques. Le 11 octobre, plus de 15.000 personnes ont été admises dans les hôpitaux allemands, tandis que les admissions dans les unités de soins intensifs ont dépassé les pics de BA.5, atteignant les niveaux observés pour la dernière fois lors des vagues BA.1 et BA.2 de l’hiver dernier.

La crise est encore aggravée par le manque de personnel, qui entraîne des retards dans les soins et les traitements. Les hôpitaux devront une fois de plus reporter des procédures et des opérations chirurgicales vitales pour accueillir les personnes infectées. Le responsable scientifique du registre des soins intensifs de l’Association interdisciplinaire allemande pour les soins intensifs et la médecine d’urgence (DIVI) a déclaré à Redaktions Netzwerk Deutschland: «Dans certaines régions de Bavière, de Hesse et dans plusieurs villes de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, nous avons déjà des foyers d’épidémie où il n’y a pratiquement plus de lits de soins intensifs libres parce que le personnel est souvent symptomatique [d’une infection]... Nous devrons nous adapter à cette situation dans de nombreuses autres régions d’Allemagne au cours des prochaines semaines.»

Le PDG Gerald Gab a déclaré à un média allemand local: «Nous abordons des semaines extrêmement difficiles dans tout le pays et pas seulement dans le sud de l’Allemagne». Il a noté une «triade dévastatrice de pénurie de personnel, de pression économique due à l’inflation et de bureaucratie. Tous ces éléments réunis vont conduire les hôpitaux à devoir reporter des services et à radier temporairement des départements.»

Le nouveau sous-variant XBB est également inquiétant en Asie, où il s’est installé à Singapour quelques semaines seulement après la fin de la vague de BA.5. La montée fulgurante des nouvelles infections à Singapour est comparable au taux d’infection en Europe, en particulier en Allemagne et en France, où les projections de nouveaux cas quotidiens devraient dépasser les pics atteints avec le BA.5 en juillet, il y a moins de trois mois, malgré l’immunité élevée de la population grâce à des vaccinations/renforcements antérieurs et à des infections précédentes.

Les autorités sanitaires de la ville-État ont levé les dernières mesures d’atténuation et ont commencé à administrer les nouveaux rappels bivalents Moderna. Environ 15 % des nouveaux cas dans le pays sont des réinfections. Le ministre de la Santé, Ong Ye Kung, a déclaré: «Si on commence à voir 50 % des personnes infectées une deuxième fois, il y aura une vague.» Les taux d’hospitalisation ont augmenté au même rythme que le nombre de cas.

Malgré ces développements, presque tous les pays, à l’exception de la Chine, demeurent fermement opposés à réagir à la dernière vague de COVID-19, refusant de suivre et de retracer systématiquement le nombre croissant d’infections. Bien qu’il y ait eu plus de trois millions d’infections officielles au COVID-19 documentées à travers le monde la semaine dernière, comme l’a noté l’OMS lors de sa conférence de presse, ces chiffres sont considérés comme largement sous-estimés en raison du démantèlement systématique de tous les tests et du suivi du COVID-19.

Compte tenu de ces développements, le Dr Satoshi Akima, néphrologue et interniste australien, a récemment tweeté: «Des rangs des nouveaux variants émergeant rapidement surgira une nouvelle vague catastrophique de mort massive à grande échelle. Il ne s’agit pas de savoir “si” mais “quand”. Agissez maintenant pour sauver des vies. Sinon, commencez dès aujourd’hui à rédiger d’autres discours du type “nous n’aurions jamais pu le prévoir”.»

La Dre Maria Van Kerkhove, responsable technique de l’OMS pour le COVID-19, a récemment déclaré que le virus SRAS-CoV-2 se transmet toujours à un «rythme intense», notant que plus de 300 sous-variants Omicron sont désormais suivis. Toutefois, les données de séquençage des nouvelles souches ayant diminué de plus de 90 % au cours des derniers mois, la tâche devient pratiquement impossible.

Lignées convergentes du SRAS-CoV-2 (Source tableau public par Raj Rajnarayanan)

L’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) estime que les projections actuelles du nombre réel de nouvelles infections quotidiennes dans le monde sont en hausse de 14 % par rapport à il y a deux semaines et approchent les 20 millions d’infections par jour, avec des pics de 45 millions d’infections quotidiennes attendus d’ici la fin décembre. La propagation sans entrave du virus, résultat de décisions politiques délibérées prises par presque tous les gouvernements capitalistes, donne à la «soupe de variants» des milliards d’hôtes dans lesquels le virus continuera à évoluer.

En bref, le monde aborde la prochaine tempête hivernale COVID-19 les yeux bandés et fait face à un désastre encore plus grand.

(Article paru en anglais le 17 octobre 2022)

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