Les lycéens français organisent un débrayage massif en solidarité avec les travailleurs des raffineries en grève

Des lycéens lors d'une manifestation, le mardi 18 octobre 2022 à Marseille, dans le sud de la France [AP Photo/Daniel Cole] [AP Photo/Daniel Cole]

Mardi, des étudiants ont bloqué plus de 100 lycées à travers la France, selon le syndicat étudiant La Voix lycéenne. En plus de ces blocages, des étudiants ont manifesté devant des centaines d’autres écoles dans tout le pays mardi matin. Les étudiants protestataires ont exprimé leur soutien aux travailleurs des raffineries en grève et leur opposition aux politiques d’austérité du gouvernement Macron.

Les étudiants ont débrayé dans le cadre de la grève interprofessionnelle du 18 octobre, en réponse à la réquisition par le gouvernement Macron des travailleurs en grève des raffineries et des dépôts de carburant.

Cette nouvelle vague de débrayages intervient six mois seulement après l’occupation de nombreux lycées et universités par des étudiants pour protester contre les politiques d’extrême droite de Macron et de la néofasciste Marine Le Pen, à l’approche du second tour des élections françaises.

S’adressant à L’Est Républicain, Dora, une lycéenne, a expliqué: «On est là contre la répression et les bavures policières qui ne font que s’accroître.» Elle a déclaré que les lycées manifestaient également «en soutien à nos profs» et «en soutien aux raffineurs». 

Dora ajoute: «On est là aussi contre la réforme du lycée pro et contre l’outil Parcoursup [admission à l’université]». La réforme des lycées professionnels de Macron et le système de sélection universitaire Parcoursup sont des politiques largement détestées qui visent à restreindre l’accès des étudiants des classes populaires à l’enseignement supérieur.

Dans la ville de Mulhouse (Alsace), 12 lycées ont été bloqués selon L’Alsace. Un étudiant interrogé par la publication mardi matin a déclaré que les étudiants étaient en grève pour «soutenir le mouvement de grève générale» et a ajouté: «J’ai 17 ans mais je suis aussi un futur travailleur. La question de l’augmentation des salaires, elle nous concerne tous».

De nombreux étudiants ont également manifesté pour s’opposer à la législation discriminatoire antimusulmane du gouvernement et aux coupes sombres de plus en plus importantes dans l’éducation nationale. Dans les écoles publiques françaises, les jeunes femmes musulmanes sont soumises à une interdiction strictement appliquée de tout tissu qui couvre leurs cheveux ou leur visage.

Des manifestants lycéens ont également exprimé leur dégoût face aux récents événements survenus au lycée Joliot-Curie de Nanterre, où des élèves ont été violemment agressés puis arrêtés par des policiers lourdement armés à deux reprises au cours de la semaine dernière. Lors du débrayage de mardi, des lycéens de toute la France ont porté des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «soutien à Joliot-Curie».

Le 11 octobre, le lycée Joliot-Curie de Nanterre a été le théâtre d’une provocation policière contre des étudiants. Des étudiants qui protestaient contre la suppression du programme de tutorat après l’école et l’imposition par le gouvernement de son code vestimentaire discriminatoire ont bloqué le lycée. La police a alors attaqué les manifestants avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. À la suite de cette attaque, la police a arrêté 14 étudiants.

Lundi matin, la police a de nouveau attaqué les manifestants dans la même école et a employé des tactiques similaires contre les élèves d’autres écoles. Une fois encore, la police a utilisé des gaz lacrymogènes contre les étudiants de Joliot Curie et la police a arrêté cinq autres mineurs.

Suite à la violence contre les étudiants de Nanterre, pendant les grèves scolaires du mardi matin, la police a utilisé des gaz lacrymogènes contre des centaines d’étudiants du Lycée de la Tourelle à Sarcelles. Plus tard dans la journée, plusieurs personnes ont été blessées après que la police a chargé à plusieurs reprises des manifestants non armés, les attaquant à coups de matraque.

Mardi soir, des reportages ont fait état d’une descente de police effectuée par 30 policiers au lycée Évariste-Galois à Beaumont-Sur-Oise lundi. Là encore, les policiers ont gazé les élèves et ont procédé à l’arrestation de trois d’entre eux.

Ces deux dernières années, la police a violemment réprimé les lycéens qui protestaient contre les conditions de vie dans les écoles et la politique d’extrême droite du gouvernement Macron. En novembre 2020, les étudiants protestaient contre la réouverture des écoles pendant les niveaux massifs d’infection et de décès dus au COVID-19. La police les a violemment réprimés, tout comme les lycéens et les étudiants qui ont occupé les écoles et les universités, y compris la Sorbonne, en avril de cette année.

Lors d’un incident qui reflète le dégoût ressenti par les jeunes à l’égard de l’establishment politique et médiatique, les élèves du lycée Hélène Boucher à Paris ont refusé de parler aux journalistes de BFMTV au sujet de leur blocus de l’école, déclarant: «Nous ne voulons pas d’une télévision qui relaie de fausses informations».

L’élan des lycéens contestataires à se solidariser avec la lutte des ouvriers en grève des raffineries et des autres sections de travailleurs en grève est sain. Les maux sociaux massifs qui préoccupent les jeunes et les étudiants, notamment la crise économique actuelle, le réchauffement climatique, la pandémie de COVID-19, les coupes dans l’éducation et la menace de voir la guerre OTAN-Russie en Ukraine se transformer en un conflit nucléaire, ne peuvent être surmontés que sur la base d’une mobilisation internationale de la classe ouvrière.

Alors que les travailleurs en France entrent en lutte ouverte contre la classe dirigeante, un mouvement simultané des travailleurs contre les politiques d’inflation, d’austérité et de guerre des gouvernements capitalistes a lieu dans le monde entier. Les travailleurs des transports au Royaume-Uni, les enseignants en Europe et les contrôleurs aériens en Afrique sont actuellement en grève.

Les étudiants et les jeunes opposés à l’inflation, à la guerre et aux politiques meurtrières de la classe dirigeante doivent entrer dans la lutte pour construire ce mouvement de la classe ouvrière internationale, la seule force révolutionnaire dans la société capitaliste. La première étape pour les étudiants est de soutenir l’initiative des Étudiants et jeunes internationalistes pour l'égalité sociale (International Youth and Students for Social Equality – IYSSE) qui vise à construire un mouvement socialiste de jeunes contre la guerre impérialiste.

(Article paru en anglais le 19 octobre 2022)

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