Des études indiquent que les nouveaux sous-variants d’Omicron pourraient provoquer une épidémie dévastatrice de COVID-19 aux États-Unis

Au cours du mois écoulé, les États-Unis ont constaté une augmentation constante de la prévalence de nouveaux et dangereux sous-variants Omicron du SRAS-CoV-2 capables d’échappement immunitaire. Ceux-ci menacent de provoquer une nouvelle flambée d’infections, d’hospitalisations et de décès dus au COVID-19 dans les semaines à venir et de causer potentiellement des millions de cas supplémentaires de COVID de long.

Vendredi, les CDC (Centres de contrôle et prévention des maladies) ont révélé que la prévalence des sous-variants  BQ.1 et BQ.1.1, à forte capacité d’échappement immunitaire, est passée de 11 à plus de 27  pour cent sur les infections quotidiennes de COVID-19 en seulement deux semaines, doublant en 10  jours. À la mi-novembre, ces deux sous-variants seront probablement dominants dans tout le pays.

Ashish Jha, coordinateur de la réponse au COVID-19 à la Maison-Blanche, s’exprime lors du briefing quotidien à la Maison-Blanche à Washington, mardi  11  octobre 2022. [AP Photo/Susan Walsh] [AP Photo/Susan Walsh]

L’augmentation prévue des cas de COVID-19 se fera au milieu d’une vague d’hospitalisations pédiatriques dans tout le pays pour le virus respiratoire syncytial (VRS) et d’un début de saison grippale exceptionnellement difficile. La poussée simultanée de ces trois pathogènes respiratoires aéroportés aura un impact considérable sur les systèmes de soins de santé pendant les mois d’hiver. Cela, dans des conditions où l’industrie est déjà au bord de l’effondrement trois ans après le début de la pandémie de COVID-19.

Si, jusqu’à présent, la crise a été la plus aiguë dans les hôpitaux pour enfants, les personnes âgées sont particulièrement prédisposées aux complications du VRS et de la grippe en raison de la baisse de leur immunité. Chez les personnes âgées de 65  ans et plus, le VRS entraîne chaque année 177.000  hospitalisations et 14.000  décès.

La saison habituelle de la grippe provoque plus de 16.000  décès chez les adultes. Une saison de grippe sévère peut cependant être bien pire. En 2017-2018, les États-Unis ont connu 41  millions de maladies liées à la grippe, 19  millions de visites médicales liées à la grippe, 710.000  hospitalisations liées à la grippe et 52.000  décès. Les données des CDC pour les quatre premières semaines d’octobre montrent que les consultations médicales ambulatoires pour des symptômes grippaux sont deux à trois fois plus élevées que la moyenne de référence sur cinq ans.

L’ampleur exacte de la prochaine poussée de COVID-19 est impossible à prévoir, mais un certain nombre d’études récentes indiquent qu’il pourrait s’agir du troisième hiver catastrophique de la pandémie.

Il y a d’abord une étude préimprimée du Dr Yunlong Richard Cao et de son équipe du Centre d’innovation biomédicale pionnière de l’Université de Pékin. Publiée pour la première fois le mois dernier et régulièrement mise à jour depuis, elle a révélé que les nouveaux sous-variants d’Omicron rendent inefficaces les traitements par anticorps monoclonaux Evusheld et Bebtelovimab. Les 9  millions d’Américains immunodéprimés pouvaient bénéficier de ces médicaments qui leur sauvaient la vie n’auront désormais pratiquement aucune protection supplémentaire contre le COVID-19.

De plus, la même étude démontre que l’immunité induite par les vaccins actuels n’a pratiquement aucune chance de protéger contre une infection par les derniers variants. Les chercheurs ont obtenu des anticorps de personnes précédemment vaccinées à trois reprises avec le vaccin Sinovac, qui ont ensuite été infectées par le sous-variant Omicron  BA.1 l’hiver dernier; ils ont ensuite testé leur sérum contre les nouveaux sous-variants Omicron. Environ 7,5  mois après que les individus aient été infectés par le BA.1, leurs anticorps étaient quasiment incapables de neutraliser les sous-variants  BQ.1.1 et XBB. Même les personnes infectées par le BA.5 cet été ont montré un manque similaire de protection contre les nouveaux sous-variants.

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Le Dr Cao fait remarquer que «les résultats des vaccins à ARNm devraient présenter des titres de neutralisation globalement plus élevés. Mais la tendance à la baisse de l’immunité et le modèle d’échappement immunitaire devraient être très similaires».

L’implication de ces résultats est que les milliards de gens infectés par le BA.1 dans le monde l’hiver dernier, et même beaucoup de ceux infectés par le BA.5 cet été, restent à risque d’être réinfectés par les nouveaux sous-variants Omicron cet hiver, ce qui aggrave leurs risques d’hospitalisation, de décès et de COVID longue durée.

Une autre étude récente des CDC montre que l’efficacité des vaccins pour protéger contre une hospitalisation continue de s’éroder à chaque nouveau variant. L’étude révèle qu’après trois doses des vaccins monovalents anti-COVID-19, l’efficacité vaccinale (VE) contre le COVID-19 est de quelques mois seulement.

Pendant la vague des sous-variants Omicron  BA.1 et BA.2, l’hiver dernier et au début du printemps, des individus vaccinés dans les quatre mois suivants l’infection avaient une VE de 79  pour cent. Pendant la poussée des sous-variants Omicron  BA.4 et BA.5 au cours de l’été, ce même chiffre a chuté de près de 20  points pour atteindre 60  pour cent. Ces deux chiffres sont bien inférieurs à ceux observés avec les variants non Omicron précédents.

Il est significatif que quatre mois après la vaccination, la VE était tombée respectivement à 41 pour cent et 29  pour cent pour les sous-variants BA 1/2 et BA 4/5. Pour ce groupe, qui comprend maintenant la majorité des Américains dont la dernière injection de rappel remonte à bien plus de quatre mois, les auteurs du CDC ont conclu que «parmi les adultes immunocompétents hospitalisés… une dose monovalente de rappel du vaccin à ARNm COVID-19 a eu une efficacité globale limitée contre l’hospitalisation causée par les variants Omicron actuellement en circulation, probablement en raison d’une baisse de l’immunité».

Ils ajoutent: «Ces résultats démontrent l’importance de rester à jour avec les vaccinations COVID-19 par la réception de doses de rappel, qui actuellement consistent en des vaccins bivalents à ARNm pour tous les adultes éligibles».

Il ne fait aucun doute que les vaccins COVID-19 ont été cruciaux pour sauver des vies. Mais continuer à demander à la population de recevoir ses rappels compte tenu du déclin constant de leur efficacité est une pilule difficile à avaler.

Il est certain que la classe ouvrière doit recevoir ces vaccins afin d’éviter une maladie grave ou la mort. Mais sans une initiative sanitaire pour éliminer le virus et stopper l’évolution virale, la politique du «COVID pour toujours» devient de plus en plus désastreuse. Le grand danger reste que de nouveaux variants peuvent évoluer et éroder dramatiquement la capacité des vaccins à prévenir l’hospitalisation, ou provoquer un taux de létalité de l’infection (IFR) plus élevé, qui submergerait rapidement les hôpitaux.

(Article paru d’abord en anglais le 1er novembre 2022)

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