La déclaration suivante a été discutée et adoptée à l'unanimité par le comité de la base de Ford Chicago au cours du week-end. Le comité a été récemment formé par des travailleurs de l'usine CAP d'assemblage de Ford à Chicago, et de l'usine d'emboutissage de Chicago afin de promouvoir la campagne de Will Lehman à la présidence de l'UAW.
Lehman, un travailleur de deuxième palier chez Mack Trucks en Pennsylvanie, a appelé les travailleurs à former un réseau de comités de la base afin de transférer le pouvoir à la base.
Pour nous rejoindre dans le comité de base de Ford Chicago, contactez-nous à chifordrfc@gmail.com ou envoyez un SMS(773) 234-7135 pour plus d’information. Pour en savoir plus sur la campagne de Lehman, visitez le site WillforUAWPresident.org.
Frères et sœurs,
Nous nous sommes réunis pour créer le comité d'élection de la base de Ford à Chicago afin d'élire Will Lehman à la présidence de l'UAW. En tant que travailleur automobile de deuxième palier chez Mack Truck en Pennsylvanie, Will sait ce que nous traversons chaque jour. Plus important encore, il se bat avec nous pour construire un mouvement de masse de la base pour redonner le pouvoir à la base.
Nous appelons tous nos frères et sœurs de CAP, et de l’usine d’emboutissage de Chicago, et d'autres usines où il y a le syndicat UAW, à renvoyer leurs bulletins de vote avec un vote pour Will, qui est un vote pour remettre le pouvoir directement entre les mains des travailleurs.
Notre comité ne fera pas seulement campagne pour élire Will, mais à travers cette campagne, nous nous battrons pour nos besoins et revendications vitales. Nous avons vu la bureaucratie syndicale de l'UAW ignorer nos luttes quotidiennes alors qu'elle est de connivence avec la direction de Ford aux niveaux national et local. En tant que travailleurs des ateliers, nous sommes confrontés à des problèmes de sécurité de vie ou de mort sur les chaînes de production qui sont ignorés et dissimulés par l'entreprise et les responsables syndicaux.
Rien qu’au cours des deux dernières années de pandémie, nous avons vu des travailleurs comme Caleb Dye, 32 ans, mourir du COVID et de nombreux autres infectés et gravement malades. Plus récemment, nous avons vu la mort de Sam Hager, 25 ans, décédé sur la chaîne de l’équipe C après une blessure et l’absence d’un traitement médical à temps. Tout le monde sur la ligne a été traumatisé en le voyant souffrir d'une crise et mourir sous nos yeux. La sécurité n'est pas du tout une priorité pour l'entreprise ou l'appareil syndical. Nous n'avons même pas de véritable équipe médicale dans les ateliers.
On ne nous traite pas comme des êtres humains. La direction nous a crié dessus pendant les incendies et les tornades pour qu’on continue à travailler, et nous a dit qu’on ne pouvait pas pas avoir de pauses toilettes. Elle a maintenu la chaîne en marche lorsque l’éclairage a cessé de fonctionner. L'usine est sale et nous devons utiliser des toilettes insalubres qui sont à peine nettoyées. Nous avons vu des travailleurs assommés par des machines et les superviseurs redémarrer les chaînes et marcher littéralement sur les gens pour qu’elles continuent de tourner afin de garantir que la compagnie fasse des profits.
Si nous avons un problème, les représentants syndicaux vont directement voir les superviseurs, puis reviennent nous dire pourquoi on est réprimandé.
À la dernière réunion locale de la section locale 551 de l'UAW, les délégués syndicaux ont voulu augmenter leurs frais personnels de 50 à 500 dollars dans les statuts du syndicat! Mais quand on a besoin d’eux pour un problème dans l’atelier ils ne sont jamais disponibles.
Nous voyons des frères et sœurs avoir de la peine à joindre les deux bouts, perdre leur maison, réduire les dépenses sur leurs maigres salaires, accumuler des milliers de dollars de dettes et même avoir du mal à obtenir des allocations chômage pendant les licenciements. La plupart d'entre nous ne peuvent même pas se permettre un petit studio dans la région métropolitaine de Chicago où les loyers vont de 1 200 à 1 500 dollar en moyenne pour une chambre. Le coût de la vie est hors de contrôle avec une inflation à 8,2 pour cent. L'essence, la nourriture, le loyer et les autres dépenses nous coûtent aujourd'hui une fortune.
Certains d'entre nous travaillent 60 à 70 heures par semaine. Même si nous travaillons 40 heures par semaine, nous ne pouvons pas payer nos factures pour prendre soin de nous ou de nos familles. De nombreux jeunes travailleurs ne gagnent pas assez pour prendre une maison ou être indépendants. Et les mieux payés ont vu leurs salaires stagner pendant plus d'une décennie.
Le système des paliers est une stratégie du diviser pour régner de l'entreprise et de la bureaucratie syndicale qui nous a mis nous, travailleurs, dans une course l’un contre l’autre vers le bas. Les nouveaux embauchés commencent souvent comme intérimaires et doivent attendre des années avant de devenir permanents, pour attendre ensuite six ans encore, « en progression », pour obtenir le meilleur salaire.
Ford et les autres constructeurs ont gagné des dizaines de milliards de dollars alors que nous touchions un salaire de misère. Chaque heure, les travailleurs de CAP produisent des millions de dollars de voitures, mais le PDG de la société et les actionnaires touchent tous les bénéfices de notre travail. En 2021, le PDG de Ford, Jim Farley, a touché 22,8 millions de dollars au total. Les autres hauts dirigeants de Ford gagnent entre 10 et 18 millions de dollars par an.
On parle à présent dans la presse d’affaires de Chicago d’un avenir incertain pour l'usine d'assemblage de Chicago et Stellantis prévoit une réduction des équipes dans le Michigan et menace les emplois à l’usine Belvidere Assembly. Récemment, les responsables ont arrêté la chaîne pour nous réprimander en disant que la direction pourrait fermer l'usine d'ici janvier si les problèmes de qualité et d’assiduité n’étaient pas résolus. Nos responsables syndicaux sont restés les bras croisés et n'ont rien dit pour nous défendre. Nous n'accepterons pas de telles menaces pour nos emplois et nos vies alors que nous travaillons dur pour l'entreprise.
Nous en avons assez, nous en avons marre et nous allons nous battre ensemble pour nos intérêts comme membres de la base. Et Will Lehman est le seul candidat en lice qui parle pour nous tous à la base, parce qu'il est comme nous !
Les autres principaux candidats à l’élection de l'UAW, l'actuel président du syndicat Ray Curry et Shawn Fain, sont des bureaucrates qui tirent leurs salaires démesurés de l' argent de nos cotisations. Curry, qui gagne 272 726 dollars, avait des liens étroits avec les deux présidents précédents, Dennis Williams et Gary Jones, tous deux envoyés en prison pour corruption. Ils encaissaient des pots-de-vin auprès des entreprises et détournait l'argent de nos cotisations. Fain, qui prétend qu'il va « réformer » l'UAW au sommet, fait partie de l'appareil national depuis des années et gagne 156 364 dollars. Ces candidats sont à mille lieues de nos luttes.
Quand Curry et Fain se vantent de leur « expérience », c'est celle de riches bureaucrates. Par contre, l'expérience de Will est celle d'un travailleur de la base, confronté aux mêmes choses que nous chaque jour.
Will Lehman appelle à abolir la bureaucratie corrompue, pro-patronat, de l'UAW et à lutter pour un programme basé sur le transfert du pouvoir aux ateliers et un programme pour la classe ouvrière. Nous avons besoin d'un contrôle total de la base sur notre caisse de grève, nos cotisations et nos actifs au sein de l'UAW ; et d'une surveillance de la base sur toutes les négociations.
Nous approuvons donc les revendications de Will, et y joignons les nôtres :
Mettez fin au système des paliers et mettez nous tous au même niveau, avec un salaire égal pour un travail égal. Faites de tous les intérimaires des travailleurs permanents immédiatement.
Nous avons également besoin de salaires nettement plus élevés. Will demande une augmentation de salaire de 50 % et le rétablissement de leur indexation sur l’inflation, surtout après les accords d’abandon des acquis que nous a imposés l'UAW pendant des décennies.
Il faut que les heures supplémentaires après huit heures de travail soient payées le triple du taux horaire ; plus d’heures supplémentaires obligatoires. La journée de huit heures doit être rétablie et l'horaire de travail alternatif aboli. Nous faisons tous des heures supplémentaires parce que nos salaires sont si bas. Nous ne devrions pas avoir à sacrifier nos vies et notre temps avec la famille juste pour survivre.
En ce qui concerne les congés, nous avons besoin de plus de congés payés qui ne soient pas définis par l'horaire de l'entreprise. Nous devrions pouvoir prendre des congés quand cela nous arrange. Si Ford veut arrêter la production, il peut maintenir nos salaires sans que cela impacte notre période de congés.
Les retraites doivent être rétablies à leur juste valeur et intégralement financées. Il faut des soins de santé de haute qualité pour tous les travailleurs actifs et retraités.
Nous n'accepterons pas de licenciements ni menaces de fermeture de CAP ou d'autres usines! Les travailleurs doivent également toucher leur salaire à taux plein pour tout chômage technique.
Nous avons besoin d'un contrôle total par la base des cadences sur les chaînes de production et des questions de sécurité.
Si vous êtes d'accord avec ce pour quoi nous nous battons, rejoignez notre comité! Nous, la base, sommes les seuls à pouvoir défendre nos intérêts, car la bureaucratie de l'UAW ne les défendra pas. Nous devons nous battre pour un programme des travailleurs, pour nos besoins et pour nos vies.
Nous invitons les travailleurs de la base de Tower Automotive, Flex-N-Gate, Dakkota, Lear et d'autres usines de pièces détachées à nous rejoindre et à former dans leurs usines leurs propres comités de la base. Et nous exprimons notre solidarité à nos frères et sœurs dans tout le pays et à l'étranger, notamment au Mexique, en Europe et en Asie. En nous unissant au plan local, national et international, nous pouvons lutter pour nos intérêts et gagner!
(Article paru en anglais le 30 octobre 2022)