La grève des travailleurs de Glenugie Estate à Upcot dans le district de Nuwara Eliya au Sri Lanka, contre l’augmentation de la charge de travail et les réductions de salaire, a atteint un stade critique. La grève, qui a débuté le 27 octobre, impliquant quelque 500 travailleurs des divisions Glenugie et Deeside, entre maintenant dans sa troisième semaine. Alors que la direction du domaine rejette les revendications des travailleurs, le Congrès des travailleurs de Ceylan (CWC) et le Syndicat national des travailleurs (NUW) font pression sur les travailleurs pour qu’ils mettent fin à la grève, qui a été lancée par des travailleurs de la base indépendamment des syndicats.

Nous, le Comité d’action des travailleurs du domaine de Glenugie (GEWAC), rejetons avec véhémence la demande des syndicats pour un retour au travail sans satisfaction d’aucune de nos revendications. Le GEWAC appelle tous les autres travailleurs des plantations à se joindre aux travailleurs de Glenugie Estate et à élargir cette lutte pour défendre nos droits fondamentaux. Nous appelons également au soutien d’autres travailleurs au Sri Lanka et à l’étranger.

Les travailleurs de Glenugie ont déclenché une grève parce que nos maigres salaires n’ont pas suivi le rythme de la montée en flèche du coût de la vie, entraînée par des pénuries de nourriture et d’autres produits de première nécessité. Les conditions de travail sont également insupportables, comme c’est le cas pour tous les travailleurs des plantations et la classe ouvrière dans son ensemble.

Glenugie Estate a augmenté l’objectif de résultat quotidien de cueillette des feuilles de thé de 16 à 18 kilogrammes et a doublé la superficie que chaque travailleur doit couvrir de 75 à 150 mètres carrés. Les travailleurs qui n’atteignent pas ces objectifs s’exposent à des réductions de salaire.

Dès le début, les syndicats CWC et NUW ont refusé de soutenir la grève, l’ont isolée et ont appelé à un retour au travail, cultivant l’illusion que nos revendications pourraient être satisfaites par des discussions avec la direction et le ministère du Travail du gouvernement. Cependant, une réunion tenue le 31 octobre avec des responsables du ministère à Hatton a échoué car la direction a rejeté les revendications des travailleurs.

Le 6 novembre, le secrétaire général du CWC, Jeevan Thondaman, a informé les travailleurs qu’il organiserait une discussion avec la Maskeliya Plantation Company, qui gère le domaine, le 8 novembre à Colombo. Une délégation de travailleurs s’était préparée à assister à cette réunion, mais le 7 novembre, le dirigeant local du CWC Hatton, Pichchamuththu, a informé les travailleurs que la réunion était annulée. Cet épisode était une tentative de duper les travailleurs et de désorganiser notre lutte.

Pichchamuththu et Jayaprakash, le responsable local CWC de la division Glenugie, et Gnanaprahasam, secrétaire de l’union locale du NUW, continuent tous d’insister pour que les travailleurs mettent fin à la grève. Les syndicats craignent que la grève de Glenugie ne s’étende à d’autres domaines où les travailleurs sont confrontés à des problèmes similaires.

Les efforts des syndicats pour isoler les travailleurs ont renforcé la position de la direction, qui prend des mesures punitives. Gnanaraj, un livreur du domaine et journaliste indépendant, a été suspendu après avoir rendu compte de la grève.

Les travailleurs doivent être avertis: l’histoire montre que les syndicats ne fonctionnent pas pour défendre nos droits, mais pour augmenter les profits des entreprises des plantations. Les luttes récentes à Glenugie, Alton, Talawakelle , Katukelle, Hatton Welioya et d’autres domaines contre l’augmentation de la charge de travail, les réductions de salaire et d’autres attaques, ont toutes été trahies par les syndicats, y compris le CWC, le NUW, le Front populaire de l’Up-Country et le Syndicat des travailleurs de Lanka Jathika.

L’année dernière, le CWC et le NUW ont trahi la grève du 21 septembre au 6 octobre de 500 travailleurs des divisions Glenugie et Deeside contre la décision de la direction d’augmenter la quantité de feuilles de thé à cueillir par jour de 16 à 20 kilogrammes. Le GEWAC est intervenu activement dans cette grève, luttant pour unir les travailleurs contre le sabotage des syndicats.

Les syndicats ont également collaboré avec la direction des domaines Alton, Katukelle et Welioya dans des chasses aux sorcières contre les travailleurs, y compris la suspension de dizaines de travailleurs sur la base de fausses accusations. Plus d’un an et demi plus tard, ces affaires truquées traînent toujours en longueur en justice.

Malgré l’opposition généralisée des travailleurs, les syndicats ont soutenu l’introduction d’un modèle de partage des bénéfices basé sur la productivité (RSM), qui permet aux entreprises d’exploiter le travail non seulement des employés directs mais aussi des membres de leur famille, y compris les personnes âgées et les enfants. Roshan Rajadurai, porte-parole de l’Association des planteurs de Ceylan, a déclaré aux médias que les plantations ont augmenté leur productivité grâce au RSM, qui contribue à environ 30 pour cent de la production de thé. Les prestations de retraite des travailleurs, y compris la Caisse de prévoyance des employés, ont également été supprimées.

L’exploitation intensifiée des travailleurs des plantations fait partie de l’attaque plus large contre la classe ouvrière à l’échelle internationale, qui s’est accélérée à la suite de la pandémie de COVID-19 et de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie en Ukraine. Le gouvernement de Ranil Wickremesinghe applique des mesures d’austérité brutales dictées par le Fonds monétaire international (FMI), visant à imposer tout le fardeau de la crise capitaliste mondiale aux travailleurs.

Comme l’explique le Parti de l’égalité socialiste (SEP), qui a pris l’initiative de créer des comités d’action des travailleurs des plantations, les travailleurs ne peuvent pas défendre leurs droits par l’intermédiaire des syndicats, qui sont une police sociale agissant pour le compte des employeurs et de l’État capitaliste.

Par conséquent, le GEWAC lance un appel à tous les travailleurs du domaine de Glenugie pour qu’ils se joignent à nous et à ceux des autres plantations pour qu’ils créent davantage de comités d’action, indépendants des syndicats, comme base d’une lutte unifiée. Ces comités forgeront des liens avec d’autres travailleurs au Sri Lanka et à l’étranger, y compris des travailleurs des plantations dans des pays comme le Kenya, l’Inde, le Bangladesh et la Chine.

Dans cette lutte, le GEWAC avance les revendications suivantes:

* Non au plan d’intéressement

* Un salaire mensuel de 75.000 roupies pour tous, des augmentations de salaire automatiques indexées sur le coût de la vie, des droits à une pension de retraite complète et des congés de maladie entièrement indemnisés

* Des prestations médicales pour tous les travailleurs et des dispensaires de santé de haute qualité sur chaque plantation

* Des logements salubres et décents pour tous

* La réintégration inconditionnelle de tous les travailleurs suspendus dans les domaines d’Alton, Katukelle et Walioya et rétraction des accusations montées de toutes pièces contre eux

Le GEWAC est d’accord avec le Parti de l’égalité socialiste sri lankais (PES) sur le fait que ces revendications sont inséparables de la lutte pour un gouvernement ouvrier et paysan qui mettra en œuvre des politiques socialistes. Celles-ci incluent la nationalisation des grandes plantations, des grandes entreprises et des banques, sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière. Toutes les dettes extérieures et les demandes d’austérité du FMI doivent être répudiées.

Nous appelons tous les travailleurs à soutenir la campagne du PES pour un Congrès démocratique et socialiste des travailleurs et des masses rurales, qui exprimera les intérêts politiques indépendants de la classe ouvrière, dans le cadre de la lutte pour le socialisme au Sri Lanka, en Asie du Sud et à l’international.

(Article paru en anglais le 10 novembre 2022)