Résolution du Congrès 2022 du PES (UK)

Mobilisez la classe ouvrière contre la guerre impérialiste!

Cette résolution a été adoptée au sixième congrès national du Parti de l’égalité socialiste (Royaume-Uni), qui s’est tenu du 22 au 25  octobre 2022.

1. Le Parti de l’égalité socialiste (SEP en anglais) se joint à ses partis frères du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) pour condamner la guerre impérialiste en Ukraine fomentée par les États-Unis et l’OTAN. L’impérialisme américain et son allié impérialiste britannique ne font pas que risquer, mais planifient activement une guerre nucléaire qui pourrait entraîner l’extinction de la vie humaine sur la planète. Leur objectif est la soumission de la Russie et le contrôle de son vaste territoire et de ses ressources – à des fins de pillage et comme préparation essentielle pour un assaut contre la Chine.

2. Dans le dos de la classe ouvrière, les puissances de l’OTAN ont fomenté un conflit qui pousse à une confrontation militaire directe avec la Russie et la Chine – une troisième guerre mondiale qui menace le monde d’annihilation nucléaire. Les États-Unis et leurs alliés ont catégoriquement rejeté toute issue de la guerre qui ne serait pas la réalisation des objectifs militaires de l’Ukraine. Ayant humé le sang après la débâcle militaire de la Russie, ils agissent de plus en plus sans aucune retenue, apportant un soutien matériel et technique à une offensive sur le territoire revendiqué par la Russie. Cela ne peut s’expliquer que par la crise et le désarroi auxquels est confrontée la classe dirigeante. Les gouvernements américain et européens sont assis sur un baril de poudre sociale. Ils gouvernent des classes ouvrières dont le niveau de vie s’effondre depuis des décennies et qui se mobilisent maintenant dans une résurgence internationale de la lutte des classes.

3. Bien que ce soit l’impérialisme américain qui ait déclenché la guerre, le SEP s’oppose sans équivoque à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Tout en rejetant l’affirmation que la Russie est «impérialiste», le SEP ne soutient en aucun cas la politique de «défense nationale» de la réactionnaire classe dirigeante russe. Elle a pris le pouvoir à travers la dissolution de l’Union soviétique en 1990-1991 et le pillage systématique de ses actifs. Comme la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN est une continuation de l’expansion impérialiste, l’invasion de l’Ukraine est la continuation de la politique réactionnaires de l’oligarchie russe et de sa répudiation de tout l’héritage progressiste de la Révolution russe et des principes démocratiques incarnés dans la fondation originale de l’Union des républiques socialistes soviétiques en 1922. L’encerclement de la Russie par l’impérialisme est le résultat désastreux de la trahison finale de l’héritage de la révolution d’Octobre par le régime stalinien. La politique de nationalisme et de chauvinisme russe de Poutine est incapable de s’opposer à l’impérialisme. Elle ne peut faire appel à la grande masse des travailleurs en Russie, et encore moins en Ukraine, en Europe ou aux États-Unis.

4. L’opposition du SEP à l’invasion russe vient de la gauche socialiste, et non de la droite impérialiste. Toutes les raisons que le gouvernement britannique et l’opposition travailliste donnent pour justifier la guerre sont des mensonges. L’OTAN ne mène pas une guerre pour la «démocratie». L’Ukraine ne mène pas une guerre pour «l’autodétermination nationale». Au contraire, l’OTAN utilise le régime ukrainien – porté au pouvoir en février 2014 par un coup d’État soutenu par les États-Unis et l’Europe avec en fer-de-lance des forces d’extrême droite et fascistes – comme force de première ligne dans sa guerre avec la Russie. Ni l’Ukraine, ni la Grande-Bretagne, ni les autres puissances de l’OTAN, ne se soucient en rien des droits démocratiques de leurs citoyens. Kiev traite sa population comme de la chair à canon dans la poursuite des intérêts de la classe dirigeante ukrainienne, en accord avec l’impérialisme américain et européen. On a nommé Liz Truss Première ministre par un vote de seulement 80.000  membres du Parti conservateur ; Rishi Sunak lui, fut nommé par quelques centaines de députés conservateurs. Il dirige un gouvernement qui éviscère le droit de grève et de manifestation. L’impérialisme britannique est conjointement responsable, avec les États-Unis et d’autres puissances impérialistes, de la mort de millions de civils innocents, de la plus grande crise des réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale et du renforcement de dictatures dans le monde entier.

5. La guerre menée contre la Russie est la continuation et l’intensification de la campagne d’hégémonie mondiale des États-Unis, commencée avec la première invasion de l’Irak en 1990-1991 et intensifiée après la dissolution de l’URSS, en décembre 1991. Elle est le résultat d’une stratégie géopolitique poursuivie par les États-Unis et soutenue à outrance par le Royaume-Uni depuis plus de 30  ans. Au cours des trois décennies, les États-Unis ont mené une série de guerres visant à utiliser leur puissance militaire sans rivale pour compenser leur déclin économique prolongé: la guerre du Golfe en 1990-1991; la guerre contre la Serbie en 1999; l’invasion de l’Afghanistan en 2001; la deuxième guerre contre l’Irak en 2003; la guerre contre la Libye en 2011; et la guerre civile en Syrie soutenue par la CIA. En 2016, le Comité international de la quatrième internationale (CIQI) déclarait:

Le dernier quart de siècle de guerres déclenchées par les États-Unis doit être étudié comme une chaîne d’événements interconnectés. La logique stratégique de la campagne américaine d’hégémonie mondiale s’étend au-delà des opérations néocoloniales au Moyen-Orient et en Afrique. Les guerres régionales en cours sont les éléments constitutifs d’une escalade rapide de la confrontation des États-Unis avec la Russie et la Chine. [Préface à «Un quart de siècle de guerre: la volonté américaine d’hégémonie mondiale,  1990-2016, David North, 11  juillet 2016].

6. L’impérialisme britannique a participé en partenaire principal à chacun de ces bains de sang. Le Royaume-Uni a longtemps agi comme le principal allié de Washington en Europe. Mais depuis le Brexit, cette alliance a été un impératif toujours plus essentiel dans les efforts de l’impérialisme britannique pour projeter ses intérêts mondiaux. Opposé par Washington, le Brexit a fait perdre au Royaume-Uni sa place au sein de l’Union européenne en tant que principal défenseur des intérêts américains sur le continent, en s’opposant notamment aux efforts allemands et français pour construire une capacité militaire européenne indépendante de l’OTAN. Cela a nécessité que Londres redouble d’efforts pour prouver son utilité à la Maison-Blanche et au Pentagone. L’impérialisme britannique, au milieu d’un effondrement sans précédent de sa position mondiale, se rapproche autant que possible des États-Unis dans l’espoir d’obtenir une part du butin. Le Royaume-Uni a accordé au régime ukrainien une aide militaire de 2,3  milliards de livres, dont des armes de pointe, et des milliers de soldats ukrainiens sont formés dans les bases militaires britanniques. Avant la guerre, l’opération britannique Orbital a formé 22.000  soldats ukrainiens. Les forces spéciales britanniques sont présentes sur le terrain en Ukraine.

7. La campagne de guerre du Royaume-Uni a ses racines dans une profonde crise politique, sociale et économique qui a été énormément exacerbée par la pandémie de COVID-19. En seulement deux ans et demi, plus de 200.000  personnes sont mortes du COVID au Royaume-Uni, et des centaines de milliers sont affaiblies dû à la décision délibérée de la classe dirigeante de donner la priorité aux profits sur les vies. Son impact catastrophique s’abat sur une société déjà déchirée par des inégalités sociales extrêmes et un dénuement généralisé. Face au mouvement d’opposition croissant de la classe ouvrière, la classe dirigeante britannique se tourne vers la guerre comme moyen d’imposer une fausse «unité nationale», à travers des appels répétés du gouvernement au sacrifice pour justifier les hausses massives des prix du carburant, de la nourriture et d’autres produits essentiels.

8. Les généraux britanniques ont clairement indiqué l’ampleur de la guerre prévue par la classe dirigeante. Dans son discours à l’annuelle Land Warfare Conference du Royal United Services Institute (RUSI), le chef de l’armée britannique, le général Sir Patrick Sanders, a exigé des forces armées renforcées capables de mener des guerres offensives. «L’armée britannique doit être prête à s’engager dans la guerre sous sa forme la plus violente» a-t-il insisté. En 2018, le général Sir Nicholas Carter, ancien chef d’état-major de la Défense, avait estimé que l’armée britannique devait «projeter ses capacités terrestres sur des distances pouvant atteindre les 2.000  km», comparant ses tâches à la guerre d’anéantissement menée par les nazis contre l’Union soviétique.

9. La chute du Premier ministre Boris Johnson fut causée par une révolution de palais menée par ses propres députés, car l’élite dirigeante britannique avait perdu confiance en sa capacité à faire la guerre à la classe ouvrière à l’intérieur et à la Russie. Il a été remplacé par l’ex-ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, la provocatrice anti-russe la plus farouche. Durant une assemblée pour la course à la direction du Parti conservateur, elle a déclaré, à propos d’autoriser une frappe nucléaire et d’un anéantissement planétaire, «je pense que c’est un devoir important du Premier ministre et je suis prête à le faire». Johnson avait promis de faire passer les dépenses militaires à 2,5  pour cent du PIB d’ici 2030, Truss, elle, a promis 3  pour cent et n’a pas été contredite depuis. Elle a de plus promis que les dépenses militaires «seraient déterminées selon les besoins de l’armée ukrainienne» et a qualifié de «bidon» l’avertissement de Poutine concernant une guerre nucléaire. Moscou a répondu en désignant le Royaume-Uni comme une cible principale ; le général russe Andrey Gurulyov a déclaré à la télévision d’État qu’une attaque nucléaire contre la Grande-Bretagne signifierait «oublions les îles britanniques».

10. La guerre à l’extérieur signifie la guerre des classes à l’intérieur. Le Royal United Services Institute a salué «la fin des dividendes de la paix» où les dépenses pour «le NHS et les retraites publiques» pouvaient être payées «par des réductions de la part du PIB consacrée à la défense». Une augmentation de 3  pour cent du PIB consacré à la défense d’ici à 2030 entraînerait une hausse de 157  milliards de livres sur les huit prochaines années. Les députés conservateurs et les médias ont dénoncé maintes fois les cheminots en grève comme des «amis de Poutine» et exigé qu’on stoppe les grèves pour que le Royaume-Uni réussisse dans sa guerre contre la Russie. Tout comme la qualification des mineurs comme «l’ennemi intérieur» par Margaret Thatcher annonçait une offensive massive de l’État contre les mineurs, celle des travailleurs du rail comme des laquais de la Russie prépare une mobilisation totale de l’État – cette fois contre toute la classe ouvrière. Le gouvernement s’est déjà engagé à mobiliser les intérimaires comme main d’œuvre briseuse de grève, à introduire des dispositions de service minimum criminalisant les grèves dans tous les services essentiels, et empêchant toute grève jusqu’à épuisement des négociations et des scrutins sur tous les accords proposés.

11. La Grande-Bretagne soutient sans réserve l’agression de la Chine par l’impérialisme américain. Elle a abandonné ses tentatives précédentes de cultiver le commerce et les investissements avec Pékin, qui avaient mené le Royaume-Uni à devenir membre fondateur de sa Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, dans l’espoir de se positionner comme acteur-clé pour l’accès de la Chine aux marchés européens. The Atlantic a décrit ce revirement comme «balayant des décennies de consensus en matière de politique étrangère, le changement le plus radical de ce type dans le monde occidental», ce qui faisait que la politique étrangère britannique «chevauchait presque entièrement celle des États-Unis». Le Royaume-Uni a entrepris de vastes préparatifs pour un conflit avec la Chine, avec des documents politiques clés comme l’‘Examen intégré de la politique étrangère et de défense’ et le ‘Defence in a Competitive Age’. En septembre 2021, les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie ont annoncé la formation du pacte militaire anti-Chine AUKUS, axé sur le déploiement de sous-marins à propulsion nucléaire. Alors ministre des Affaires étrangères, Truss avait appelé à la création d’une «OTAN mondiale» afin de garantir que «les démocraties comme Taïwan puissent se défendre».

12. Le Parti travailliste [Labour] marche du même pas que le gouvernement conservateur. Son leader, Sir Keir Starmer, a réaffirmé la position du Labour en tant que «parti de l’OTAN», proclamant le soutien à cette alliance militaire «racine du Labour Party, centre du Labour Party». Il a menacé d’expulser tout député travailliste qui ne montrerait pas un «soutien inébranlable» à l’OTAN. Il a dénoncé les manifestants anti-guerre, les accusant de «fournir un écran de fumée» pour que le gouvernement Poutine «puisse continuer à tabasser et emprisonner ces gens courageux qui osent s’opposer à son despotisme dans les rues de Russie». Le Labour a joué un rôle clé en permettant aux conservateurs de remplacer Johnson par Truss, puis par Sunak, au milieu d’une crise gouvernementale sans précédent, appelant les députés conservateurs «décents et honorables» à «faire passer leur pays en premier» et à le destituer eux-mêmes.

13. Les syndicats britanniques se sont directement rangés derrière la campagne de guerre de l’OTAN. La conférence de la confédération syndicale TUC (Trades Union Congress) a adopté cette année une résolution proposée par le syndicat GMB, qui exige «une augmentation immédiate des dépenses de défense» et que «les contrats de défense soient alloués au Royaume-Uni dans la mesure du possible et les commandes de construction navale attribuées aux chantiers navals britanniques». En mars, le TUC a annulé sa manifestation annuelle devant la conférence du Parti conservateur en faveur d’une «journée de solidarité avec l’Ukraine». Le GMB, le National Union of Mineworkers, l’ASLEF, la TSSA, l’University and College Union, le Public and Commercial Services Union, le Communication Workers Union et le Bakers, Food and Allied Workers Union se sont joints à une manifestation organisée par Paul Mason, le larbin de l’OTAN, pour demander l’armement de l’Ukraine.

14. Mason est un exemple éloquent du passage direct d’une grande partie des milieux de la pseudo-gauche dans le camp de la réaction impérialiste. Nommé conseiller du ministre des Finances fantôme de Jeremy Corbyn, John McDonnell, en 2016, il a ensuite travaillé pour la campagne électorale de Starmer à la direction du Labour, avant de devenir consultant du secrétaire fantôme à la Défense, John Healey. Mason a organisé une délégation de dirigeants syndicaux et de députés travaillistes pour rencontrer à Kiev des membres de la brigade de défense territoriale, arborant l’insigne de l’Organisation des nationalistes ukrainiens créée par le collaborateur nazi Stepan Bandera. Son appel à un «front populaire» s’adresse à la «gauche» petite-bourgeoise et aux groupes de politique identitaire pour qu’ils reconnaissent que leurs intérêts sont ceux de la City de Londres et de l’OTAN, et demande que l’Occident «isole, paralyse et désintègre la Russie en tant qu’État tout en se réarmant pour une dissuasion tant conventionnelle que nucléaire».

15. La chasse aux sorcières pro-OTAN de Starmer est une condamnation dévastatrice de Corbyn et de la «gauche» croupion du Labour. De tous les reculs de Corbyn par rapport à ses principes déclarés, le plus significatif a été son arrangement avec le militarisme impérialiste. Sur la guerre en Syrie, le renforcement militaire de l’OTAN contre la Russie et le renouvellement du programme d’armes nucléaires de la Grande-Bretagne, Corbyn a cédé à ses critiques de droite. C’est grâce à Corbyn que Starmer, Johnson, Truss et maintenant Sunak ont pu aller aussi loin dans leur mission criminelle. Son refus de combattre les partisans de Tony Blair a conduit à un parti plus ouvertement de droite qu’il ne l’était sous Tony Blair, uni aux conservateurs comme si étant de fait un seul et même «parti de la guerre». John McDonnell a répondu à l’attaque de Corbyn par Starmer pour avoir critiqué l’OTAN: «L’engagement en faveur de l’OTAN a été une politique travailliste démocratiquement déterminée par la conférence du parti, acceptée par chaque leader travailliste et incluse dans chaque manifeste travailliste, y compris par Jeremy Corbyn, depuis la création de l’OTAN».

16. La capitulation abjecte des députés corbynistes a démoli l’affirmation de la STWC (Coalition Stop the War) et des groupes de la pseudo-gauche britannique qu’une faction «de gauche» de la bureaucratie travailliste et syndicale mènerait une campagne anti-guerre. Le 18  février, la STWC avait publié une déclaration exigeant que l’OTAN «mette un terme à son expansion à l’Est» et cesse de verser «de l’huile sur le feu» en Ukraine. Seuls onze députés travaillistes, en plus de Corbyn, alors suspendu du parti, l’avaient signée. Lorsqu’on les a menacés d’expulsion du groupe parlementaire, ces onze députés ont capitulé dans l’heure. Diane Abbott, proche alliée de Corbyn, a déclaré «je suis un partisan loyal de Keir Starmer» et dit sur le fait qu’elle ait signé la lettre du STWC: «C’était avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine… Tout le monde au sein du parti travailliste soutient une alliance défensive».

17. La perspective politique du STWC n’est pas anti-impérialiste. Elle se fonde sur un appel à l’impérialisme britannique pour qu’il projette une politique étrangère qui s’affranchisse de Washington et aligne le Royaume-Uni sur un bloc politique et militaire européen. En 2003, durant les préparatifs de la guerre contre Irak, il a présenté les gouvernements français et allemand et les Nations unies comme une alternative à l’alliance de Blair et de George Bush Jr. Après avoir pris la tête d’un mouvement anti-guerre de masse, le STWC a suivi un cours qui le fit s’effondrer. Sur l’Ukraine, la déclaration du STWC du 21  janvier affirme: «Nous croyons qu’il doit y avoir une nouvelle architecture globale de sécurité en Europe, qui ne soit pas sous l’hégémonie d’un seul État. Nous exigeons que le gouvernement britannique et le Parti travailliste prennent leurs distances vis-à-vis des politiques et priorités des États-Unis et développent une politique étrangère indépendante». Au milieu d’une polarisation sociale sans précédent, la plupart des couches supérieures de la classe moyenne constituant autrefois la base sociale du STWC se sont réconciliées avec un ordre social qui leur assure un style de vie confortable. Elles ont reconnu les mérites des guerres impérialistes de changement de régime pour la préservation de l’ordre capitaliste mondial au nom de la défense de la «démocratie», contre «l’impérialisme russe».

18. L’Allemagne, la France et toutes les puissances impérialistes d’Europe sont pleinement complices de la campagne de guerre menée par les États-Unis. Dans sa déclaration «Opposez-vous à la volonté de guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie en Ukraine», le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) explique:

La bourgeoisie européenne, ayant tout juste survécu à la catastrophe des deux guerres mondiales, est encline à une plus grande prudence. Mais elle accepte la campagne de guerre de Washington, malgré le fait qu’une guerre contre l’Ukraine pourrait être catastrophique pour ses propres intérêts, car elle dépend de la Russie pour son gaz naturel et d’autres ressources. Elle est confrontée à des crises internes massives qui la projettent sur la même voie désastreuse. Elle sait de plus qu’une contestation directe de l’agenda américain entraînerait des représailles dévastatrices… La bourgeoisie européenne craint également que résister aux États-Unis ne se traduise par son exclusion du butin à partager dans une potentielle réorganisation de la Russie. Dûment disciplinée, elle se joint à la campagne de guerre.

19. Les plus tendances les plus importantes de la pseudo-gauche britannique, le Socialist Party et le Socialist Workers Party, n’offrent aucune véritable opposition à la campagne de guerre de la classe dirigeante britannique. Le Socialist Party écrit à peine sur la guerre et n’y présente aucune opposition basée sur la classe ouvrière. Sa seule référence aux travailleurs consiste à exhorter les Ukrainiens à se charger de la guerre menée contre la Russie et à demander aux «socialistes» qu’ils les «aident» dans cet effort. Le rôle du PS est avant tout de désarmer la classe ouvrière quant aux dangers qu’elle encourt. Tony Saunis, du Comité pour une Internationale ouvrière (CWI), déclare que «la profondeur de cette crise a fait craindre le déclenchement d’une “troisième guerre mondiale” et d’un holocauste nucléaire» et rassure en disant que ce « n’est pas dans l’intérêt de l’impérialisme occidental ou de Poutine de permettre que ce conflit aille vers une guerre totale entre forces de l’Otan et Russie et vers le danger d’un échange nucléaire ». Le SWP s’oppose dans la forme à l’expansion de l’OTAN, mais définit la Russie comme un État agresseur impérialiste, son leader idéologique Alex Callinicos déclarant que «l’idée répandue par certains à gauche que la crise ukrainienne serait le résultat d’une campagne des néoconservateurs américains pour une guerre avec la Russie est la plus pure absurdité». L’International Socialist Tendency, à laquelle est affilié le SWP, a publié une déclaration mettant un signe d’égalité entre l’impérialisme américain et européen, et la Russie et la Chine. Elle décrit la Russie comme «une puissance impérialiste plus faible, mais toujours virulente», l’Ukraine n’étant «qu’un simple pion» pour «les deux parties».

20. Dans sa déclaration de 2016, «Le socialisme et la lutte contre la guerre», le CIQI a désigné la Russie et la Chine comme des États capitalistes devant être renversés par la classe ouvrière mais il a rejeté leur désignation par la pseudo-gauche comme «impérialiste». Notant que «ces deux États sont le produit de la trahison des révolutions socialistes du 20e  siècle par le stalinisme et la restauration finale du capitalisme par celui-ci», elle explique que l’ajout du mot «impérialiste» à une détermination de la Chine et de la Russie «remplit des fonctions bien précises. Premièrement, il relativise, et donc minimise, le rôle contre-révolutionnaire mondial central et décisif des impérialismes américain, européens et japonais. Cela facilite la collaboration active de la pseudo-gauche avec les États-Unis dans les opérations de changement de régime, comme en Syrie, où la Russie a soutenu le régime Assad. Deuxièmement, et c’est encore plus significatif, la désignation de la Chine et de la Russie comme impérialistes – et donc, implicitement, comme puissances coloniales supprimant les minorités ethniques, nationales, linguistiques et religieuses – sanctionne le soutien de la pseudo-gauche aux soulèvements de “libération nationale” et aux “révolutions de couleur” soutenus par les impérialistes dans les limites des États existants». Aujourd’hui, la caractérisation de la Russie et de la Chine comme «impérialistes» sert un objectif primordial: justifier et légitimer une politique de «décolonisation» de la Russie et de la Chine ; c’est-à-dire, la fragmentation de ces pays en une série de régimes fantoches, leurs vastes ressources pétrolières, gazières et minérales étant contrôlées par les puissances impérialistes des États-Unis et de l’OTAN.

21. La base sociale de l’opposition à la guerre est la classe ouvrière internationale. Dans sa déclaration initiale d’opposition à l’invasion russe de l’Ukraine, publiée le 24  février 2022, le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) écrit:

Le danger d’une catastrophe ne peut être écarté que par l’action de la classe ouvrière, aux États-Unis et dans le monde entier, sur la base d’un programme socialiste révolutionnaire.

Un principe fondamental de ce programme est le rejet de la défense de «l’État national». Ce dernier est une structure politique historiquement obsolète, dont l’existence est en contradiction avec la domination de l’économie mondiale et l’interdépendance mondiale des forces productives.

Trotsky ajoute: «Ne pas se lier à l’État national en temps de guerre, suivre non pas la carte de la guerre, mais la carte de la lutte des classes n’est possible que pour le parti qui a déjà déclaré une guerre irréconciliable à l’État national en temps de paix». Suivre «la carte de la lutte des classes» signifie ancrer l’opposition à l’impérialisme dans la lutte pour unifier la classe ouvrière internationale en opposition à l’exploitation, à l’inégalité et au système capitaliste.

22. À son niveau le plus essentiel, la guerre impérialiste découle des contradictions fondamentales du système capitaliste – comme celle entre l’économie mondiale et la division du monde en États-nations rivaux dans lesquels la propriété privée des moyens de production a ses racines. Mais ces mêmes contradictions constituent la base objective de la révolution socialiste mondiale. Déjà, les conséquences de la guerre intensifient énormément les conflits sociaux dans le monde. L’impact de l’inflation galopante alimente la lutte des classes, notamment l’éruption de grèves et de manifestations chez les travailleurs de l’automobile, des compagnies aériennes, de la santé, des services, chez les enseignants et dans d’autres sections de la classe ouvrière.

23. Le SEP exige la fin immédiate de la guerre menée par les États.Unis et l’OTAN contre la Russie. Cette guerre est menée à travers une conspiration contre la population du Royaume-Uni et du monde. Le gouvernement l’a imposée sans aucune discussion sur ses causes ni sur ses conséquences. Toutes les ressources utilisées pour financer la machine militaire seront payées à travers une austérité brutale et des attaques de la classe ouvrière. Le SEP condamne la campagne de propagande internationale contre la culture russe que dirigent les petits bourgeois partisans de la guerre, le gouvernement et l’État. Cette composante importante de la campagne de guerre comporte des mesures discriminatoires contre des musiciens, des réalisateurs, des sportifs et d’autres individus russes, et plus généralement contre la langue, la littérature, la musique, le cinéma et la culture russes. Dans le monde entier, cette campagne sème la confusion et pollue la conscience politique, intimide l’opposition à la guerre et sert à contrer l’aspiration objective de la classe ouvrière à l’unité internationale.

24. Il n’y a de fin possible à cette guerre qu’à travers la mobilisation politique de la classe ouvrière en opposition à l’ensemble de la classe dirigeante et ses deux partis, conservateur et travailliste. Le développement d’un mouvement anti-guerre au Royaume-Uni doit être lié à la lutte pour unir les travailleurs de tous les pays, y compris la Russie et l’Ukraine, contre la guerre et l’impérialisme. Le SEP prend la résolution de construire un puissant mouvement anti-impérialiste au Royaume-Uni comme partie d’un mouvement international de la classe ouvrière contre la guerre. Nous le ferons en étroite collaboration avec nos co-penseurs internationaux, en mobilisant notamment la classe ouvrière européenne contre la résurgence du militarisme impérialiste menée par le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France.

25. Le SEP travaillera en collaboration avec l’International Youth and Students for Social Equality (IYSSE) [Internationale des Jeunes et Étudiants pour l’Égalité sociale] pour construire le mouvement anti-guerre dans la jeunesse ouvrière et chez les étudiants. La question centrale est la mobilisation de la classe ouvrière internationale, basée sur une perspective socialiste. Mais cela ne fait que souligner la nécessité de construire un mouvement de masse, international et socialiste de la jeunesse et des étudiants – englobant la génération des travailleurs à qui l’on refuse un avenir. La construction d’un mouvement anti-guerre parmi les étudiants est vitale car la défense de l’impérialisme et la justification de la guerre impérialiste trouvent leur expression la plus développée et la plus réactionnaire dans les idéologies promues dans les universités, sous forme de nombreux types de pseudo-gauchisme. Notre objectif central sera d’orienter les étudiants vers la lutte pour le socialisme dans la classe ouvrière.

26. Bien qu’il y ait une énorme opposition à la guerre parmi les travailleurs britanniques, cette opposition manque d’un programme, d’une perspective et d’une direction. La tâche du Parti de l’égalité socialiste est de développer dans la classe ouvrière et son avant-garde une compréhension du lien inextricable entre la guerre à l’extérieur et l’exploitation et la répression à l’intérieur et dans ce processus, de construire une direction révolutionnaire dans la classe ouvrière. Celle-ci a comme but la conquête du pouvoir d’État et la réorganisation socialiste de la vie économique comme partie intégrante de la révolution socialiste mondiale.

(Article paru d’abord en anglais le 15 novembre 2022)

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