Luttez contre la suppression des emplois à l'usine d'assemblage de Stellantis Belvidere ! Mobilisez le soutien pour les travailleurs de Stellantis!

Chers collègues

La semaine dernière, Stellantis a annoncé qu'il laisserait indéfiniment son usine d’assemblage de Belvidere (Illinois) sans activité et licencierait plus de 1 350 travailleurs à partir de février 2023. Cette menace du groupe est la dernière attaque en date des emplois des travailleurs en pleine restructuration mondiale de l'industrie automobile, alors qu'il se prépare aux négociations salariales de 2023 pour les Trois Grands [Ford, GM, Stellantis] avec le syndicat UAW.

De telles attaques sont inadmissibles, car tous les constructeurs automobiles ont fait des bénéfices records pendant des années. De quel droit sacrifient-ils nos emplois et nos moyens d’existence à l’autel du profit? Nous ne pouvons plus accepter un tel terrorisme patronal et il est grand temps de riposter, même si l'UAW ne fait rien pour nous défendre. Une attaque contre les travailleurs de Stellantis est une attaque contre tous les travailleurs de l' automobile et d’ailleurs. Nous devons nous unir avec nos frères de Belvidere et construire un mouvement de la base qui se batte pour nos emplois et nos vies.

Dans son communiqué de presse, Stellantis a déclaré qu'il se préparait à la transition vers les voitures électriques et a rendu d'autres facteurs, comme la pandémie de COVID-19 et la pénurie de micro-puces, responsables de cette dernière attaque des emplois à Belvidere. C'est la raison officielle, mais la vraie raison est qu'ils veulent tirer de la main-d'œuvre un maximum de profits.

Des supporters de Lehman discutent avec les travailleurs de l'équipe du matin à l'usine d'assemblage de Stellantis Belvidere [Photo : WSWS]

Un travailleur a dit à mon équipe de campagne: « La dame de la direction de Stellantis est descendue. Elle a dit: ‘Je suis vraiment désolée de vous le dire, mais vous êtes en chômage technique. Tout le monde reçoit un AVIS’. Tout le monde était sombre et les gens étaient choqués. Deux gars ont demandé: 'Y a-t-il une chance que nous puissions avoir une nouvelle voiture?' Elle a dit: ‘Ils explorent toutes les possibilités.’ »

Jusque là, aucun nouveau produit n'a été attribué à Belvidere. Le groupe compte faire chanter les travailleurs pour qu'ils acceptent de nouvelles concessions aux négociations contractuelles de 2023, avec le mensonge qu'ils garderont leurs emplois ou qu’on donnera un nouveau produit à l'usine. Mais ce genre de chantage économique sous forme de concessions des travailleurs ne finit jamais bien pour eux, car immanquablement les sociétés ne tiennent pas leurs promesses.

De plus, la société espère faire de nouvelles économies en dressant l’un contre l’autre les gouvernements d’États et locaux dans une guerre au plus offrant. Le gouverneur milliardaire de l'Illinois, JB Pritzker, travaille en coulisses pour offrir des incitations fiscales à Stellantis et subventionner l'entreprise pour s'assurer que l'usine reste dans l'Illinois. Pritzker prévoit aussi de faire de telles ouvertures à Ford, soi-disant pour empêcher la fermeture de l'usine d'assemblage de Ford à Chicago, à qui on n’a pas non plus attribué de nouveaux modèles électriques jusqu'à présent.

Il y avait près de 5 000 travailleurs faisant trois équipes à l'usine de Belvidere en 2019. Depuis la pandémie, l'entreprise a impitoyablement réduit les effectifs et éliminé deux équipes, détruisant la vie de milliers de travailleurs, avec des répercussions épouvantables pour l'économie régionale dans une zone en difficulté comme Rockford, Illinois. Les travailleurs m'ont dit que Rockford était, il y a des décennies, une ville manufacturière en plein essor. Mais comme de nombreuses villes industrielles du Midwest, l'économie locale a été ravagée par les trusts.

Les anciens travailleurs de Belvidere qui ont perdu leur emploi ont dû accepter des emplois moins bien payés dans leur région ou déraciner leurs familles et déménager à des centaines de kilomètres vers une autre usine, sans aucune garantie de conserver leur travail.

L'attaque des emplois n’est pas limitée aux travailleurs de Stellantis Belvidere. Récemment, la société a menacé de supprimer des milliers d'emplois chez Warren Truck Assembly dans la région de Detroit, calomniant les travailleurs pour un supposé absentéisme excessif et des problèmes de qualité. Les intérimaires de Warren ont vu leurs heures réduites à presque rien et le groupe transfère des travailleurs à temps plein vers d'autres usines, ce qui cause beaucoup d'anxiété chez ceux qui craignent d'être « virés » eux aussi.

Avant que ces suppressions d'emplois brutales ne commencent, le président de l’UAW d’alors, Rory Gamble, s'est vanté en 2019 de l'accord entre l'UAW et Fiat Chrysler (le nom du groupe avant la fusion qui a donné Stellantis): « FCA a été une grande réussite américaine grâce au dur travail de nos membres. Nous avons réalisé des gains substantiels et des dispositifs en matière de sécurité d'emploi pour la société automobile connaissant la plus forte croissance aux États-Unis. »

Voilà ce que valent les fausses promesses de l'UAW! Qui a réussi? Certainement pas les ouvriers. L'entreprise a réalisé des dizaines de milliards de bénéfices dans la dernière décennie grâce à la sueur et au labeur des travailleurs de de Stellantis et avec l'aide des contrats de concessions imposés par l'UAW. Cela inclut l’imposition d'un nouvel accord au rabais en 2015 après que les travailleurs eurent rejeté une offre de contrat, le premier contrat de ce type à être rejeté depuis des décennies. L'actuel président de Stellantis, Carlos Tavares, est le PDG automobile le mieux payé, avec un salaire record de 20,5 millions de dollars, sans compter toutes ses stock options. La société elle, a réalisé un bénéfice record de 8 milliards de dollars pour le seul premier semestre 2022, soit une hausse de 34 pour cent par rapport à l'an dernier.

En réponse aux suppressions d'emplois, la vice-présidente de l’UAW Cindy Estrada a décidé de dresser les travailleurs de Stellantis contre leurs collègues d'autres pays. « Il existe de nombreuses plates-formes de véhicules importées d'autres pays qui pourraient être construites à Belvidere avec compétence et qualité par les membres de l'UAW de Belvidere », a-t-elle déclaré.

Ce nationalisme toxique de l'UAW et d'Estrada doit être combattu, car il oppose les travailleurs de l'automobile d'un même groupe dans différents pays. Alors qu'ils réorganisent toute l'industrie pour l'électrification sur le dos des travailleurs, les constructeurs automobiles ont une stratégie mondiale. Les analystes du secteur prévoient que des millions d'emplois pourraient être supprimés alors que les différentes sociétés cherchent à dominer le marché des voitures électriques.

Plus tôt cette année, Stellantis et les syndicats automobile de l’Italie se sont mis d’accord sur plus de 1820 suppressions d'emplois, mettant en fait 30 pour cent des emplois automobiles en danger dans ce pays. Gianluca Ficco, du syndicat UILM, a déclaré que de telles coupes étaient nécessaires pour permettre la transition de l'entreprise vers l'électrique de manière «socialement acceptable». Au Canada, Stellantis a prévu de supprimer la deuxième équipe de son usine de Windsor d'ici fin décembre, avec l'approbation du syndicat Unifor. Au moins 1800 emplois de cette usine sur les 4 300 travailleurs employés là, risquent d’être perdus.

L'appareil syndical de chaque pays, UAW, Unifor et ceux d'autres pays, n'offre aucune voie vers l’avant aux travailleurs. L'appareil de l’UAW est attaché à sa stratégie nationaliste ratée et banqueroutière qui n'a pas sauvé l'emploi d'un seul travailleur menacé de licenciement. Qu'est-ce que les travailleurs de Stellantis ont obtenu pour toutes les cotisations qu'ils ont payées ? Un programme en faillite qui continue de les faire échouer. L'UAW n'a pas l'intention de s'opposer à l’attaque des emplois ni aux menaces de fermeture d'usines et ne considère ces annonces des sociétés que comme une autre « pilule dure à avaler ».

Mais le nationalisme n'est pas une pilule dure à avaler, c'est une pilule empoisonnée pour nous les travailleurs. Les travailleurs de Stellantis ont besoin d'une stratégie internationale unie pour combattre ces multinationales. Chaque travailleur de l'UAW devrait être en grève concernant la perspective que Stellantis ferme une autre usine. C'est ça la solidarité. Cette grève devrait appeler à l'unité avec les travailleurs de l'UAW actuellement en grève chez [le constructeur de matériel agricole] CNH et avec les étudiants diplômés en grève en Californie [membres de l’UAW] pour augmenter également leur niveau de vie. La seule façon d'avancer est de se battre aux côtés de nos collègues de l'étranger, pas contre eux dans une course vers le bas.

Comme j'avais prévenu lors de mon rassemblement de campagne électorale contre les suppressions d'emplois et les concessions: « Il est grand temps que les travailleurs ripostent. C'est le but de ma campagne : organiser la base pour transférer le pouvoir à la base, abolir l'appareil de l’UAW qui nous empêche de combattre et de lancer une véritable campagne pour défendre nos intérêts. »

Aux travailleurs de Stellantis: je suis à vos côtés et je me battrai avec vous. Pour ce faire, je vous exhorte à créer immédiatement des comités de la base à Stellantis Belvidere, à Windsor et en Italie pour vous opposer à l'assaut de l'entreprise contre vos emplois. Nous pouvons mobiliser le soutien pour vous des travailleurs de l'automobile d'autres entreprises et des travailleurs d'autres pays et industries, comme les cheminots, les enseignants, les travailleurs de la santé et d’autres secteurs.

Associez-vous aux comités de la base nouvellement formés à l'usine de montage Ford de Chicago, à l'usine de montage GM Flint et aux comités de travailleurs pour organiser un combat en défense des emplois. Les entreprises ont réalisé des bénéfices records. Si elles refusent de nous donner le droit à un emploi bien payé avec des conditions de travail sûres, elles ont perdu leur droit d'être gérées de façon privée et doivent être placées sous le contrôle démocratique des travailleurs pour satisfaire leurs besoins et non ceux des milliardaires.

Sincèrement vôtre

William Lehman. 

(Article original en anglais paru le 14 décembre 2022)

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