Le candidat à la présidence de l’UAW, Will Lehman, soumet une protestation officielle dénonçant la suppression du vote à l’élection syndicale

Voir la protestation complète de Lehman (en anglais) déposée auprès du contrôleur nommé par le tribunal pour superviser l’élection de l’UAW. Nous demandons instamment aux travailleurs de la partager aussi largement que possible et de soumettre leurs déclarations de soutien à la contestation du résultat de l’élection.

Lundi soir, Will Lehman, un travailleur de Mack Trucks et candidat à la présidence du syndicat de l’automobile UAW (United Auto Workers) a déposé une protestation formelle auprès du contrôleur de l’UAW nommé par le tribunal, concernant la conduite et le résultat de cette élection nationale de l’UAW.

La protestation de 122  pages démontre de manière détaillée et exhaustive que, compte tenu de la suppression généralisée du vote par la bureaucratie de l’UAW, l’élection ne peut être considérée comme l’expression légitime de la volonté des membres et que son résultat ne doit pas être certifié.

«Cette élection s’est caractérisée par une suppression délibérée du vote de la base par les dirigeants en place de l’UAW», écrit Lehman dans sa protestation.

«Le syndicat a intentionnellement omis d’informer correctement la base, qui n’a pas l’habitude des élections directes et ne s’attend pas normalement à recevoir des bulletins de vote. Ce fait est confirmé par le taux de participation extrêmement faible de 9 pour cent. Des centaines de milliers de membres ne savaient tout simplement pas qu’une élection avait lieu et n’ont pas voté. Dans certaines sections locales, représentant des dizaines de milliers de jeunes travailleurs universitaires, le taux de participation était inférieur à un pour cent».

Le 5  décembre, le contrôleur de l’UAW a annoncé les résultats non officiels des toutes premières élections directes à la direction nationale de l’UAW. Cette élection fut organisée suite à un scandale de corruption qui dure depuis des années et qui a vu plus d’une douzaine de hauts responsables de l’UAW envoyés en prison.

Selon le contrôleur, on n’a compté que 103.495  bulletins de vote sur un total de 1,1  million de travailleurs actifs et retraités habilités à voter. Le taux de participation est donc inférieur à 10  pour cent, de loin la plus faible participation à une élection syndicale directe. À titre de comparaison, la première élection directe à la direction du syndicat Teamsters, en 1991, avait un taux de participation de 28  pour cent.

La contestation officielle du résultat de l’élection par Lehman documente en détail – notamment à l’aide de nombreuses déclarations soumises par les travailleurs et de données provenant d’autres élections syndicales directes – comment l’appareil de l’UAW a manqué d’informer les travailleurs de la tenue d’une élection.

«En plus de l’absence d’une annonce adéquate», déclare Lehman, «le peu d’avis que le syndicat a donné était inégal et discriminatoire. Il a utilisé un Système d’Information des Syndicats Locaux (“LUIS”) dont un juge de district américain a fait remarquer qu’il « éliminait en quelque sorte les membres ». Cela garantissait que les responsables syndicaux étaient informés alors que les travailleurs de la base eux, les plus susceptibles de voter pour ma campagne, ne l’étaient pas».

Dans le même temps, l’UAW s’est donné beaucoup de mal pour «faire voter» pour le Parti démocrate aux élections américaines de mi-mandat qui se sont tenues presqu’en même temps – autrement dit, l’UAW avait moyens et ressources pour informer les travailleurs de l’élection syndicales, mais elle a choisi de ne pas le faire.

«Il n’y a pas d’explication innocente pour ce contraste: si le syndicat avait consacré à sa propre élection les mêmes ressources qu’il a consacrées à sa campagne pour les élections de mi-mandat, on aurait indiscutablement un taux de participation bien plus élevé», écrit Lehman.

En novembre, Lehman avait intenté une action en justice devant le tribunal de district des États-Unis pour demander que les délais de vote à l’élection de l’UAW soient prolongés de 30  jours et pour qu’on prenne des mesures sérieuses qui garantissent que tous les travailleurs soient informés de cette élection. Le juge chargé de l’affaire a rejeté la plainte pour des raisons techniques limitées, tout en reconnaissant l’existence de graves problèmes dans la procédure électorale.

Dans sa protestation actuelle, Lehman déclare que «les bulletins de vote devraient être renouvelés et une nouvelle élection organisée», afin de remédier à cette dépossession généralisée des travailleurs de leurs droits. «Dans l’alternative, les noms de tous les candidats devraient être ajoutés au “second tour”. Dans un cas comme dans l’autre, des mesures adéquates doivent cette fois être prises pour empêcher la direction du syndicat de supprimer le vote et pour garantir que l’ensemble des membres soient informés de l’élection et puissent voter».

Voir la protestation complète de Lehman (en anglais) déposée auprès du contrôleur nommé par le tribunal pour superviser l’élection de l'UAW. Nous demandons instamment aux travailleurs de la partager aussi largement que possible et de soumettre leurs déclarations soutenant la protestation.

(Article paru d’abord en anglais le 20  décembre 2022)

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