Un comité de la base de l'usine Renault-Nissan en Inde s'oppose à la tentative du syndicat d'imposer un contrat de réduction des salaires

La déclaration suivante a été publiée par le comité de la base Renault-Nissan de Chennai [anciennement Madras] récemment formé pour s'opposer à la tentative du syndicat reconnu par l'État et de la Fédération du travail avec laquelle il est allié d'imposer un accord salarial par une procédure de ratification grossièrement antidémocratique.

L’accord salarial couvrant les 3 000 travailleurs permanents de l'usine d'assemblage de voitures Renault-Nissan a expiré en 2018. Pendant des années, les syndicats se sont soumis à un processus de médiation bidon, soutenu par le gouvernement, et ont tenu à ce que les travailleurs ne fassent pas grève ou n'entreprennent aucune autre action par crainte de représailles de l’entreprise. Face à une opposition croissante de la base, le syndicat RNITS et United Labour Federation (Fédération unie du travail) ont soudainement changé de cap, il y a quelques semaines, pour annoncer qu'ils ne souhaitaient plus participer à la médiation et ont appelé l'entreprise à engager des pourparlers. Cependant, les syndicats ont continué à garder les travailleurs totalement dans l'ignorance des négociations contractuelles.

Puis, le 22 décembre, les syndicats ont annoncé via un compte WhatsApp qu'ils étaient parvenus à un accord de principe avec le constructeur automobile transnational et ont fourni une explication sommaire de quelques-uns de ses termes clés. Le lendemain, en entrant dans l'usine, les travailleurs ont reçu un tract syndical qui décrivait certains détails de l’accord proposé, dont le calendrier des augmentations de salaire. Ils ont été incités par les responsables syndicaux d'indiquer immédiatement s'ils approuvaient ou non l'accord en cochant une case au bas de la feuille.

Au moment où l'usine a commencé une fermeture prévue de plus d'une semaine le 24 décembre, les responsables syndicaux ont affirmé que 75 pour cent des travailleurs avaient «voté». Ils affirment que les 25 pour cent restants seront autorisés à voter lorsque l'usine reprendra ses activités au début de l'année.

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Déjouez le complot entre la direction de Renault-Nissan, le RNITS et la Fédération unie du travail pour imposer un accord au rabais par une procédure illégitime et anti-démocratique !

Le comité de la base de Renault-Nissan à Chennai (RNRFC) appelle ses collègues de Renault-Nissan à le rejoindre pour s'opposer au vote frauduleux que le syndicat Renault-Nissan India Thozhilalar Sangam (RNITS) et la Fédération unie du travail (ULF) ont organisé sur le nouvel accord contractuel qu'ils ont conclu avec la direction.

Ce vote est une fraude anti-démocratique.

Nous, les travailleurs, n'avons pas reçu l’accord complet, seulement quelques faits saillants, sélectionnés par les syndicats pour présenter l'accord sous son meilleur jour.

Le RNITS et l'ULF ont permis à l'entreprise de faire traîner les négociations pendant quatre ans, soit plus longtemps que la durée de vie de trois ans du nouvel accord proposé. Pourtant, les responsables syndicaux ont essayé de nous le faire voter après en avoir pris connaissance depuis seulement 24 heures, et dans la plupart des cas beaucoup moins, un temps insuffisant pour assimiler les quelques détails du contrat qui nous ont été donnés et les évaluer.

Aucune réunion n'a été organisée pour que nous, les travailleurs, puissions poser des questions à nos supposés « représentants » syndicaux sur l’accord proposé et ses implications.

Nous n'avons pas non plus eu le temps de discuter entre nous de l’accord proposé.

L’entrée de l'usine Renault Nissan [Photo : WSWS]

Et par-dessus le marché, le RNITS et l'ULF, travaillant sans aucun doute main dans la main avec Renault-Nissan, ont organisé le vote alors qu'un grand nombre de travailleurs devaient regagner leurs villages d'origine pendant la fermeture de l'usine, rendant encore plus difficile de discuter entre nous de comment y répondre.

Pendant plus de quatre ans, les syndicats nous ont tenus totalement dans l'ignorance de ce qui se passait dans la médiation/négociation avec Renault-Nissan. Maintenant, craignant la colère croissante de la base face à leur inaction, les syndicats sont de connivence avec la direction pour nous tendre une embuscade, nous forçant à voter sur-le-champ sur un accord que nous n'avons pas vu et encore moins étudié ou discuté.

Les bribes d’information que les syndicats ont mis à notre disposition révèlent pourquoi. L’accord proposé brade nos intérêts fondamentaux.

Les augmentations salariales proposées sont inférieures au taux d’inflation officiel de 6,7 pour cent. Autrement dit, le syndicat fait pression pour que nous acceptions une réduction des salaires en termes réels. Dans l’intervalle, ils s’accordent une grosse récompense et à nos dépens. L’accord prévoit que 15 000 roupies seront prélevées sur le salaire de chaque travailleur permanent le mois prochain – en plus des cotisations syndicales régulières – pour un total d’environ 52,8 millions de roupies, pour payer les honoraires « juridiques » des syndicats.

Si le RNITS et l’ULF sont prêts à accepter de telles conditions, il est possible, voire plus que probable, qu’ils aient fait d’autres concessions importantes dans notre dos en ce qui concerne les conditions de travail, y compris les cadences des chaînes de montage et la sécurité.

Nous ne pouvons laisser passer cette procédure de ratification syndicale anti-ouvrière et anti-démocratique, ni cet accord au rabais. Le RNRFC-Chennai appelle tous ses collègues à se mobiliser et à lutter pour les revendications suivantes :

1. Le vote en cours doit être immédiatement interrompu et les bulletins de vote détruits, afin qu'un nouveau vote légitime sur l’accord proposé – un vote qui respecte les principes démocratiques de base – puisse être organisé.

2. L'accord proposé complet doit être mis à la disposition de chaque travailleur avant que la ou les dates de vote ne soient fixées.

3. Après publication de l'accord, les travailleurs doivent disposer d'au moins trois semaines pour pouvoir l'étudier sérieusement et en discuter, avant tout vote de ratification.

4. Une ou plusieurs réunions de tous les travailleurs de Renault-Nissan doivent être tenues afin que les travailleurs puissent discuter de l'accord et interroger les dirigeants syndicaux sur son contenu.

5. Les travailleurs ne peuvent faire confiance aux syndicats pour organiser un processus de vote équitable. Par conséquent, l'ensemble du processus de vote, y compris le dépouillement des bulletins de vote, doit être transparent et soumis au contrôle de représentants démocratiquement élus des travailleurs de la base.

6. Des mesures doivent être prises pour informer tous les travailleurs non permanents de l'état actuel des négociations contractuelles et pour engager une lutte commune avec eux pour éliminer les divisions arbitraires que Renault-Nissan utilise pour nous diviser et ainsi augmenter ses profits.

Comité de la base Renault-Nissan-Chennai

Pour plus d'informations, veuillez nous contacter à rnrfc_chennai@yahoo.com ou sur Facebook à Rnrfc-chennai

(Article paru en anglais le 28 décembre 2022)

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