Alors que le variant XBB.1.5 se répand au Canada, le nombre de décès dus au COVID-19 atteint son plus haut niveau depuis 11 mois

Alors que la pandémie de COVID-19 entre dans sa quatrième année, le virus continue de faire des ravages sur la santé de la population à travers le Canada. Cet état de fait a été rendu possible par la politique homicide de la classe dirigeante capitaliste du «COVID-19 pour toujours», qui a été supervisée par le gouvernement libéral Trudeau et appliquée par tous les gouvernements provinciaux, quelle que soit leur affiliation politique.


Selon les données compilées par l’Université Johns Hopkins et publiées sur le site Web Our World in Data, la moyenne mobile sur sept jours des décès dus au COVID-19 au Canada a atteint 78 par jour le 12 janvier, soit le chiffre le plus élevé depuis le 28 février 2022, lorsque la première vague Omicron était à son apogée.

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, promouvant la fin de toutes les mesures de santé publique anti-COVID restantes, mars 2022 [Photo: SCFP] [Photo: CUPE]

Les chiffres du gouvernement provincial montrent que le sous-variant XBB.1.5 Omicron, qui s’est rapidement répandu dans la région nord-est des États-Unis, en particulier dans la ville de New York, montre désormais des signes de transmission communautaire dans tout le pays. Le 4 janvier, l’Alberta a annoncé qu’elle avait identifié quatre cas du variant, parallèlement à l’augmentation des taux de détection virale dans les eaux usées de la ville de Calgary. Le Québec a annoncé que 2,4 % des infections séquencées au cours de la dernière semaine de décembre étaient positives pour le variant, tandis que la Saskatchewan a trouvé deux cas dans son séquençage au cours de la même période. La Colombie-Britannique a annoncé le 13 janvier que le variant représentait désormais 5,6 % de tous les échantillons séquencés.

Dans le même temps, plus de 5500 Canadiens ont continué d’être hospitalisés chaque jour, un nombre stupéfiant qui est resté relativement constant au cours de l’année écoulée. Les systèmes de soins de santé continuent de céder sous le poids de cette charge accrue, les salles d’urgence étant particulièrement touchées.

Les chiffres publiés par la province de Québec montrent que plus d’un cinquième des salles d’urgence de la province dépassent actuellement 150 % de leur capacité. La durée moyenne d’attente d’un patient sur une civière se situe entre 18 et 20 heures, et plus de 5 heures dans la salle d’attente. Le responsable de la médecine d’urgence de Halifax, capitale de la province atlantique de la Nouvelle-Écosse, a récemment déclaré au Toronto Star que les décès aux urgences de la province avaient augmenté de 10 % en 2022 par rapport à 2021, et que les soins d’urgence étaient «en état de crise».

Ces commentaires ont été faits à la suite du décès d’Allison Holthoff, 37 ans, dans la salle d’urgence du Cumberland Regional Health Care Centre à Amherst le 31 décembre. Selon son mari, Allison Holthoff a attendu sept heures dans d’atroces souffrances avant de recevoir des soins médicaux.

Charlene Snow, 67 ans, est décédée un jour plus tôt après être rentrée chez elle à la suite d’une attente de sept heures aux urgences de l’hôpital régional du Cap-Breton. La mort tragique de Charlene Snow a incité sa belle-fille, Catherine Snow, à créer un site Web intitulé «Nova Scotia Health Care Crisis» afin de recueillir des histoires similaires. «Nous comprenons que le personnel qui travaille au sein du système de soins de santé souffre autant que les patients qui en ont besoin», a-t-elle déclaré à Global News. «Nous ne voulons en aucun cas que la colère ou les mauvaises pensées soient dirigées vers les membres du personnel qui travaillent déjà dans des conditions aussi difficiles.»

En date du 17 janvier, le site Web de Snow avait enregistré 559 décès aux urgences et reçu 1100 histoires sur l’impact de la crise des soins de santé.

Les professionnels de la santé de tout le pays sont de plus en plus préoccupés par le fait que la situation pourrait se détériorer rapidement en cas de recrudescence des cas de COVID produits par XBB.1.5 ou un autre variant. La Dre Melissa Yuan-Innes, médecin urgentiste à l’Hôpital Glengarry Memorial Hospital d’Alexandria, en Ontario, a déclaré qu’il n’y a pas de préparation «significative» à une nouvelle vague de cas, car le système de soins de santé n’a plus la capacité d’y faire face. «Nous n’avons pas la capacité nécessaire. Notre système de soins de santé commence à ressembler à un ensemble de dominos que l’on commence à renverser», a-t-elle commenté à Global News. «La question n’est pas de savoir si nous avons assez d’expérience en la matière, mais si nous avons assez de personnel. Et nous n’en avons pas.

«Nous voulons que vous restiez en bonne santé et vous voulez rester en bonne santé. Alors ne comptez pas sur le système. Nous ne pouvons pas faire de miracles.»

Le Dr Brian Conway, directeur médical du Centre des maladies infectieuses de Vancouver, qui s’est également adressé à Global News, a expliqué son inquiétude croissante quant au danger d’une recrudescence des cas de COVID long due au XBB.1.5. «Il se peut qu’il se propage plus facilement, qu’il s’attache plus facilement aux cellules, qu’il ne soit pas aussi sensible à la protection par la vaccination que le variant original Omicron ou que certains des autres variants, et nous devons donc garder un œil sur ce point à l’avenir», a-t-il déclaré, ajoutant le point crucial que chaque infection aggrave le risque d’une personne de contracter le COVID longue durée.

Le 6 janvier, le ministre de la Santé de la Colombie-Britannique, Adrian Dix, a annoncé qu’il activait les protocoles des réunions d’opérations d’urgence dans 20 hôpitaux de la province dès le 5 janvier. Cette mesure, qui constitue un aveu tacite que le système de soins de santé était déjà en surcapacité, vise à faire sortir les patients plus tôt.

En Ontario, les hôpitaux d’Ottawa et de Kitchener ont enregistré la semaine dernière le plus grand nombre de patients aux urgences en une seule journée de leur histoire. Yvonne Wilson, vice-présidente des soins aux patients à l’hôpital Queensway Carlton d’Ottawa, a déclaré à la Presse canadienne que les principaux facteurs d’augmentation des admissions étaient la grippe, le COVID, le VRS, les problèmes de santé mentale et les maladies chroniques. En ce qui concerne le nombre de patients par jour, elle a déclaré: «Nous voyons environ 240 à 250 patients passer par nos (urgences), alors qu’avant la pandémie, nous étions en moyenne entre 200 et 220. Cela fait donc une grande différence, d’avoir ce volume supplémentaire».

Malgré ces sombres statistiques, les agences de santé publique provinciales et fédérales du pays ne montrent aucun signe qu’elles envisagent quelque mesure d’atténuation que ce soit pour ralentir la propagation continue de la maladie et de la mort. Toutes les mesures restantes en matière de port du masque, de vaccins et d’autres mesures importantes de santé publique ont été éliminées au printemps dernier lorsque le gouvernement libéral Trudeau et tous les gouvernements provinciaux ont adopté en bloc les demandes du convoi «de la liberté» d’extrême droite. Les résultats ont été désastreux, 2022 devenant l’année la plus meurtrière de la pandémie au Canada à ce jour, avec près de 20.000 décès officiels dus au COVID-19.

L’un des rares indicateurs fiables de l’impact de la pandémie est le suivi des décès excédentaires dans le pays par la Dre Tara Moriarty, de l’Université de Toronto. Le suivi hebdomadaire mis à jour par la Dre Moriarty montre que le nombre de décès en excès à l’échelle nationale a continué à augmenter d’environ 10 % par rapport à la base de référence pré-pandémique, ce qui se traduit par près de 20.000 décès supplémentaires à l’échelle nationale par rapport à ce que nous aurions vu avant la pandémie. Les médias bourgeois et l’establishment politique ont tenté de mettre ces écarts sur le compte d’allégations pseudo-scientifiques absurdes, telles que les effets néfastes supposés des fermetures et de la «dette d’immunité». Mais comme l’a fait remarquer la Dre Moriarty, les coupables les plus probables de l’augmentation de la surmortalité sont un système de santé surchargé et les réinfections répétées par le COVID.

Les agences de santé publique de tout le pays parlent ouvertement le même langage que les revendications du convoi de la liberté. Ce n’est pas un hasard. Le mouvement du convoi a été utilisé comme un bélier par des sections influentes de la classe dirigeante contre la mise en œuvre de toute mesure d’atténuation en matière de santé publique. Les gouvernements provinciaux de toutes tendances politiques, du gouvernement de droite du Parti conservateur uni de Danielle Smith en Alberta au gouvernement de la CAQ Legault au Québec, en passant par le gouvernement social-démocrate du NPD en Colombie-Britannique, tous parlent maintenant le langage du convoi de la liberté, affirmant que la pandémie est terminée, que les mesures d’atténuation des risques pour la santé publique nuisent au public et qu’il n’y a pas de soutien public pour de nouvelles mesures d’atténuation.

La politique capitaliste qui consiste à donner la priorité aux profits des entreprises plutôt qu’à tout autre besoin social a produit des résultats horribles au Canada. Les politiques gouvernementales ont entrainé la mort de 50.000 à 70.000 personnes d’une maladie évitable. Les travailleurs au Canada et à l’étranger doivent s’opposer à ces politiques sur une base de classe en s’engageant dans la lutte pour l’élimination mondiale du virus.

(Article paru en anglais le 18 janvier 2023).

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