Forte mobilisation dans le sud de la France contre la réforme des retraites de Macron

D’importants rassemblements dans le sud de la France soulignent la forte opposition des travailleurs à la réforme des retraites de Macron et plus largement aux politiques d’austérité et à l’inflation. Selon les chiffres de la CGT deuxmillionsde personnes ont manifesté en France dont 400.000 sur Paris. Il faut remonter à la lutte contre la réforme des retraites de 2010 pour voir autant de sections de travailleurs mobilisés.

A Toulouse, quatrième villes de France, les syndicats annoncent 50.000 personnes contre 36.000 selon la préfecture. D’après ActuToulouse, le cortège s’étalait «sur plusieurs kilomètres».

Nice a connu une mobilisation record avec 20.000 manifestants selon l’intersyndicale. Les journalistes de ActuNice ont indiqué que le cortège s’étendait sur deux kilomètres. Les tramways de la ville étaient à l’arrêt, et les lignes de bus fortement perturbées.

A Montpellier, environ 5 000 manifestants se sont réunis place Zeus avant de se diriger vers la gare Saint-Roch. Le cortège étudiant, parti de l'université Paul-Valéry, a ensuite rejoint le rassemblement, tout comme les employés de la TaM qui ont pris le départ du dépôt de Garosud. Selon la préfecture, 15.000 personnes étaient présentes dans le rassemblement

A Béziers dans l'Hérault, la tête de cortège est déjà sur les allées Paul Riquet et la queue de cortège n’a pas encore quitté la place de la bourse. 5.000 manifestants sont mobilisés selon la police, alors que 2000 personnes étaient attendues dans le cortège. 'Je n'ai jamais vu autant de monde à Béziers', conclut un fonctionnaire interrogé par France Télévision.

Les journalistes du WSWS se sont rendus sur Marseille où 145 000 personnes se sont rassemblées. Le double cortège marseillais (un départ aux Réformés, l'autre Porte d'Aix) s'est étiré jusqu'à plus de 2 kilomètres entre la Canebière et l'avenue du Prado. Les enseignants, lycéens étaient fortement mobilisés. Il y avait aussi les travailleurs du port, de l’énergie et de la santé et des travailleurs d’Airbus. Était aussi présent les cheminots, les pompiers etles travailleurs de la métallurgie.

Plus de 140 000 personnes ont défilé à Marseille contre la baisse des retraites décidée par Macron.

Le WSWS a pu discuter avec Mégane, secrétaire dans la fonction publique. Elle a dit: «Je suis là pour défendre mes droits et surtout pour nos enfants et le futur, les retraites, tout augmente sauf les salaires. Le point d’indice a été gelé pendant longtemps. A la fin du mois une fois que l’on a payé nos factures cela devient compliqué on ne peut plus se faire plaisir.»

«Il faudrait que le pays soit à l’arrêt complet parce qu’au plus cela va aller on va nous faire travailler jusqu’à 70 ans, on n’aura pas de retraite et nos enfants encore moins. Il y a de l’argent dans les caisses. Il y avait 142 milliards d’euros, on ne sait pas où ils sont passés, on nous prend pour des idiots et aujourd’hui on en paye les conséquences. J’espère que l’on arrivera à faire reculer le gouvernement.»

Le WSWS a ensuite rencontré Catherine, qui travaille dans un centre social. Elle a dit: «On nous dézingue tous nos droits et acquis, droit chômage, le RSA, l’hôpital qui se casse la gueule, on ne fait rien pour les maintenir et maintenant les retraites. Il va falloir dire stop. Le gouvernement donne des milliards aux très grandes entreprises sans aucune contrepartie. On ne sait pas ce qu’ils en font. Cela n’a pas servi pour les emplois, les salaires ou la transition écologique. Tout ceci s’est accéléré avec Macron et tout cela avec les cabinets McKinsey.»

«Je travaille avec des gens en grandes difficultés, qui vont au resto du cœur, ils ne se chauffent plus, ils vendent ce qui leur restent. Ils sont de plus en plus triste et inquiet de leur avenir et de celui de leur enfants. Ils ont peur de tomber malade. Il n’y a plus de solidarité, tout ce que nos parents ont obtenu est dézingué.»

A propos des appareils syndicaux, Catherine a dit: «Les syndicats ne sont plus représentatifs des travailleurs, ils ont accepté des compromissions … Les syndicats se réveillent, mais on ne peut pas compter que sur les syndicats, ce n’est plus possible. On est attaqué de partout il faut que l’on se révolte tous ensemble.»

Le WSWS a rencontré Séphora, en formation continue pour rentrer dans la fonction publique. Elle a dit qu’elle était présente dans la manifestation car «j’ai 32 ans et je fais partie d’une génération qui a travaillé pendant très longtemps dans la précarité et du coup je me sens concernée par cette réforme des retraites. La durée de cotisation est de 43 ans, et vu que j’ai commencé à travailler vers 30 ans, vous comprenez ce que cela donne. Ma mère va se faire amputer pour sa retraite vu qu’elle a été femme au foyer.»

Séphora poursuit: «Cette réforme touche 90 pour cent des actifs, c’est une réforme pour tout le monde. Il faut une mobilisation qui continue, malgré la crise et l’inflation. Les syndicats ne sont plus représentatifs, il ne représente que 20 pour cent dans la fonction publique. Il leur faut plus de soutien après on connaît leur mode de fonctionnement et de financement. Bien que l’on discrédite les syndicats ils sont important il faut un autre mode d’action.»

Enfin le WSWS a rencontré Florian, étudiant dans la justice: «Je ne veux pas bosser jusqu’à 70 ans, et je ne suis pas le plus touché. Ceux qui vont commencer plus tôt à travailler seront les plus impactés. Il y a beaucoup d’étudiants qui sont impactés par l’inflation, heureusement qu’il y a des organisations de solidarité même si des gens sont mis sur la touche.»

«Les motifs de colère sont important, l’inflation les salaires ne suivent pas, la colère sociale est plus importante qu’en 2020, j’ai bon espoir que la grève et les blocage feront reculer le gouvernement. L’ensemble des aides aux entreprises c’est 157 milliards, je refuse que mon père se casse le dos trois ans de plus pour financer les entreprises qui se gaves verse 80 milliards de dividendes aux actionnaires.»

Interrogé sur le rapport Oxfam, qui relève que 2 pour cent de la fortune des milliardaires en France suffiraient à maintenir le système actuel de retraites, il a dit: «Il y a une poignée de milliardaires qui s’enrichissent, qui possèdentla presse et les médias. Les 10 milliardaires ont vu leur fortune augmenter en particulier sous Macron, qui ponctionnent les richesses produites par les salariés. Il faut revenir à Marx, le vol de la plus value du prolétaire vers le bourgeois c’est encore vrai. … Bien sûr que les entreprises se gavent sur le dos des salariés.»

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