Travailleurs et étudiants dénoncent l’inégalité aux mobilisations contre Macron

Samedi, des reporters du WSWS ont interviewé des travailleurs et des jeunes à la marche à Paris organisée par La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Selon le Twitter de Mélenchon, 150.000 étaient présents à Paris samedi, après que 400.000 avaient défilé à Paris lors de la grève d’un jour à l’appel des appareils syndicaux jeudi.

Les manifestants se rassemblent sur la Place de la Bastille

Samedi soir, Mélenchon a déclaré que la mobilisation était un élargissement du front de la lutte. Il a ensuite appelé à l’unité syndicale et appelé à un plus grand soutien pour les appareils syndicaux dans la grève et les mobilisations contre la réforme des retraites le 31 janvier. Il tente ainsi d’empêcher les travailleurs et les jeunes de déborder les appareils syndicaux alors que la colère montre contre l’austérité sociale, l’inflation, la crise sanitaire et la guerre OTAN-Russie en Ukraine.

Les partis qui ont organisé la mobilisation – LFI et les partis petit-bourgeois comme le Nouveau Parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot ou Lutte ouvrière de Nathalie Arthaud – ont apporté leur soutien à l’armement de l’Ukraine par Macron et l’abandon de toute mesure contre le Covid. Ils mettent en avant le mensonge politique que le «dialogue social» entre les appareils syndicaux et Macron peuvent stopper les attaques des capitalistes contre les retraites et les salaires.

Les membres du Parti de l’égalité socialiste (PES), la section française du Comité international de la IVe Internationale (CIQI), sont intervenus dans la mobilisation pour distributer un tract et interviewer les manifestants pour le World Socialist Web Site.

Hardy, un jeune, a dit: «On est mobilisé contre la réforme des retraites, c’est un sentiment collectif de toute façon. Les raisons des manifestations et des grèves, c’est quand même tout le temps les mêmes. C’est parce qu’il n’y a pas assez de redistribution des richesses, c’est toujours dans un cadre capitaliste. Nous on n’a pas le moyen de vivre mais d’autres ont un pouvoir économique que la bougeoisie, les patrons et l’État acquièrent à travers l’exploitation de la majorité de la population.»

Il a ajouté que les manifestations sur l’impact de l’inflation sur les niveaux de vie: «des sociétés assez injustement vont faire augmenter les prix de manière démentielle, quand ce n’est pas forcément une nécessité. Les entreprises de quartier sont forcées de répercuter les marges, elles y sont poussées par les grandes entreprises. Il y a l’essence, mais même pour la bouffe aujourd’hui, toutes les petites choses ont tendance à devenis chères, même le pain.»

Le WSWS a interrogé Hardy sur le récent rapport de l’ONG Oxfam sur la montée de l’inégalité économique pendant la pandémie. Sur Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France et du monde, dont le patrimoine est à présent de 213 milliards d’euros, équivalent à celui de 20 millions de Français, Hardy a dit: «Lui-même ne produit rien, il est dans l’exploitation de beaucoup plus de personnes. 20 millions de personnes, ça fait 20 millions de personnes qui font tourner tout un pays, 20 millions de prolétaires qui n’ont pas forcément les moyens de vivre. C’est révoltant.»

Le WSWS a aussi interviewé Dioum, membre d’un collectif de travailleurs sans-papiers qui exigent d’être régularisés. Il a dit: ««On est mobilisé pour les retraites. On est des travailleurs sans papiers, on travaille ici en France et on cotise mais on est volé. On ne va pas retrouver nos retraites. On est des milliers et des milliers qui cotisent pour la France, mais on ne retrouve pas le droit d’être régularisé. On est confronté à deux choses, d’abord au patron et surtout à l’État.»

Dioum

Il a ajouté: «C’est très visible que Macron est plus du côté des patrons, pas de la population. … Il veut nous forcer à travailler tout le temps, créer de plus en plus de personnes précaires.»

Son collectif de sans-papiers organise des piquets de travailleurs dans des banlieues de Paris. Il a expliqué que ce collectif appelle à «la régularisation des travailleurs. Nous sommes des travailleurs, nous travaillons surtout pour la Poste. Qui dit colis, qui dit Chronopost, dit la Poste. On a cotisé pendant des années, mais on ne peut pas se soigner. On ne peut pas déclarer les arrêts maladie. Quand on est blessé au travail, personne ne nous aide.»

Il a ajouté, «C’est de l’esclavage moderne, ce qui se passe dans certaines entreprises. Il y a du travail que personne ne veut faire, alors ce sont les sans-papiers qui le font, par exemple dans le ménage, dans la logistique, à l’intérieur des boîtes, ensuite dans le bâtiment. On n’est pas visible. On est des milliers qui travaillent, il faut qu’ils nous rendent notre dû, c’est la régularisation. On a des métiers qui sont très difficiles, très durs. Et après 50 ans, on est fatigué.»

Dioum a aussi dénoncé la politique migratoire meurtrière de l’Union européenne, qui a laissé plus de 20.000 migrants se noyer en Méditerranée depuis 2015, et la construction de camps de détention à travers l’Europe, la Turquie et l’Afrique du nord. Dioum a dit: «C’est injuste, ce n’est pas normal d’être mis dans des camps de concentration comme dans la Deuxième Guerre mondiale.»

Il a pointé du doigt la différence entre le traitement des réfugiés africains et ceux qui doivent fuir l’Ukraine: «l y a des personnes qui ont voulu escalader les barrières et ils ont été massacrés à Melilla, en Espagne. Ensuite les gens qui viennent d’Ukraine sont bien accueillies, à bras ouverts.»

Il a ajouté, «C’est le capitalisme qui crée ça, quand on fuit nos pays. Quand on fuit, c’est que pendant des années il y a eu l’esclavage, il y a eu la colonisation. C’est plus maintenant, mais on voit qu’on est contrôlé par les Occidentaux.»

Sur le lien entre le rôle de l’OTAN qui dépense de vastes sommes sur la guerre contre la Russie, et l’attaque sur les retraites en France, Dioum a dit: «(L’OTAN a) poussé Poutine. Maintenant ils sont dans la guerre, en fournissant des armes. On peut se retrouver dans une Troisième Guerre mondiale. Il ne faut pas oublier que Poutine a des armes nucléaires. Si on le pousse jusqu’au bout, il peut les utiliser. Donc ce n’est pas seulement pour la France, c’est international.»

Il a continué, «Ils ont créé tout plein de guerres chez nous, en Afrique, on voit ce qui s’est passé en Libye, il y a eu des milliers de personnes déplacées. En Syrie on a vu les guerres qu’ils ont créées là-bas. Là aussi c’est une autre guerre, mais elle est plus dangereuse, celle-là, parce que c’est dans les frontières de l’Europe. Avant c’était à l’extérieur de l’Europe. Mais là c’est à l’intérieur de l’Europe, et à force de le pousser, il peut y avoir une Troisième Guerre mondiale entre des puissances nucléaires. C’est tout le monde qui est concerné.»

«Tout l’argent qu’ils mettent, par exemple dans ces chars, dans ces guerres-là, s’ils les investissaient dans ces pays-là, les gens n’auraient pas besoin de partir. Je suis toutes ces guerres, que ce soit armer les islamistes ou essayer de soutenir l’Ukraine ou des trucs comme ça. Demain, on ne sait pas  où ça va aller. Il faut toujours essayer d’éteindre le feu, donc ce qui se passe n’est pas normal.»

Loading