Royaume-Uni: Starmer promet le soutien des travaillistes à la privatisation du Service national de santé

Sir Kier Starmer has publicly committed the Labour Party to the further privatisation of the National Health Service (NHS).

Sir Keir Starmer a publiquement promis le soutien du Parti travailliste à la poursuite de la privatisation du Service national de santé (National Health Service – NHS).

Dans une lettre d’opinion parue au Sunday Telegraph, l’organe non officiel du Parti conservateur au pouvoir, Starmer a déclaré que rien n’était «hors de portée» en ce qui concernait le NHS. On ne devait pas le «traiter comme un sanctuaire», a-t-il déclaré, reprenant une formule employée plus tôt par son ministre ‘fantôme’ de la Santé, Wes Streeting.

Capture d’écran de la tribune de Sir Keir Starmer dans le Sunday Telegraph, intitulée «Le NHS n’est pas un sanctuaire hors de portée. Il a besoin d’une réforme sans états d’âme». [Photo: Sunday Telegraph print edition, January 15, 2003]

Le pays, a insisté Starmer, devait «se confronter aux faits tels qu’ils sont, et non tels que nous les aimerions». Le NHS devait être «réformé», une expression bien comprise dans les cercles dirigeants pour signifier une restructuration radicale au profit du secteur privé et des riches. La réforme «ne signifie pas réarranger les chaises», a-t-il ajouté et ne consistait pas à dépenser plus d’argent, car «les investissements seuls ne suffiront pas».

Il n’avait jamais cru que le rôle des travaillistes était «simplement de défendre les services publics», mais bien plutôt d’«élever la qualité», autre mot-code pour accroître la productivité au détriment de la main-d’œuvre. Il avait «faim de nouvelles façons de travailler, de s’attaquer aux idées reçues, de réformer et de moderniser».

Après avoir critiqué le Premier ministre conservateur Rishi Sunak pour avoir pris «la voie de la moindre résistance», Starmer termine en se vantant de sa propre aptitude à faire «le travail difficile, et à dire les vérités dures».

Les déclarations faites dans le Telegraph ont été suivies d’une série d’interviews télévisées où il s’est étendu sur le nouveau sujet de prédilection des travaillistes, l’utilisation des soins de santé privés comme réponse à la crise du NHS.

Il a déclaré à Sophy Ridge, de Sky News: «L’une des questions que nous avons examinées est de savoir si nous utilisons ou non le secteur privé, effectivement, un certain nombre de gens vont dans le secteur privé en tant que patients du NHS. Nos recherches montrent que ce secteur est sous-utilisé et que nous pourrions l’utiliser davantage».

Il a déclaré à Laura Keunssberg de la BBC qu’il encourageait les gens à contourner les médecins généralistes et à aller directement chez un spécialiste privé par le biais d’une «auto-ordonnance». Cet ignare était tellement pris par sa vision d’éliminer les «absurdités bureaucratiques» qui créaient une «perte de temps ahurissante» qu’il a même suggéré, à la dérision générale, «si vous avez une hémorragie interne et que vous avez juste besoin d’un test, il devrait y avoir un moyen qui n’implique pas d’aller voir un généraliste».

Starmer prend position à la droite des Tories, en tant que partisan plus ferme de la privatisation du NHS. Mais c’est son secrétaire d’État fantôme à la Santé Wes Streeting qui a été encore plus clair à ce sujet et qui a expliqué que cela signifiait un conflit direct avec la classe ouvrière.

Fervent partisan de Blair, Streeting avait déclaré en décembre dernier que le NHS devait «se réformer ou mourir» et a décrit médecins et travailleurs de la santé comme des «intérêts particuliers» qu’il ne laisserait pas «faire obstacle aux réformes».

Pour être absolument clair, il a également déclaré au Telegraph: «Avec le Parti travailliste, nous n’allons pas avoir une culture de la “prestation pour rien” dans le NHS… Je ne suis pas prêt à jeter de l’argent dans un trou noir».

L’interview de Wes Streeting dans le Sunday Telegraph [Photo: screenshot of Sunday Telegraph print edition, December 11, 2022]

Starmer a déjà menacé les députés de son cabinet fantôme de mesures disciplinaires s’ils visitaient un piquet de grève. Il s’est joint à Streeting pour soutenir l’affirmation des conservateurs qu’une hausse de salaire correspondant à l’inflation était «inabordable». Mais cela ne donne qu’un aperçu de l’hostilité du Parti travailliste aux intérêts fondamentaux des travailleurs de la santé et à ceux de toute la classe ouvrière.

Le Parti travailliste, qui a fondé le NHS en 1948, défend maintenant ouvertement une médecine privée comme réponse au sabotage et aux coupes budgétaires imposées des décennies durant et qui l’ont mené au bord de l’effondrement – et il dénonce les travailleurs du NHS pour s’y opposer.

Sur cette question comme sur toutes les autres questions importantes – soutien à l’austérité, opposition à toute lutte pour enrayer la pandémie et soutien à la guerre menée contre la Russie en Ukraine – le Parti travailliste dit clairement à la classe dirigeante qu’il est prêt à former un gouvernement qui agira implacablement dans l’intérêt de la grande entreprise et qu’il attaquera la classe ouvrière pour le faire.

Starmer dénonce le gouvernement de Sunak pour avoir emprunté la «voie de la moindre résistance» alors que ce dernier prépare une offensive d’État massive contre les soignants, les médecins, les cheminots et les éducateurs, une nouvelle loi devant imposer des «taux de service minimum» pendant les grèves.

Pourtant, même aujourd’hui, la campagne SOS NHS des syndicats présente les travaillistes comme les sauveurs du service public de santé. Et la confédération syndicale TUC (Trades Union Congress) et les dirigeants des syndicats exhortent les travailleurs à croire à la promesse de Starmer d’abroger la nouvelle loi anti-grève quand le Parti travailliste sera au pouvoir, insistant pour dire qu’un gouvernement travailliste est la seule alternative aux conservateurs.

Mick Lynch, du syndicat RMT (Rail, Mer, Transports) exhorte Starmer à «venir se joindre à nous… défendre le socialisme, défendre les travailleurs».

Pendant ce temps, Polly Toynbee écrit dans le Guardian: «Ne paniquez pas lorsque Starmer fait référence à la “réforme” du NHS. Il contrecarre les tentatives des conservateurs pour le détruire».

Les quelques travaillistes «de gauche» restants, groupés autour de l’ancien chef du parti Jeremy Corbyn, prennent une pose outrée face aux commentaires de Starmer en faveur de la privatisation, mais restent de fidèles partisans de son Parti de l’austérité, du militarisme et de la guerre.

Il en va de même des organisations de la pseudo-gauche comme le Socialist Party et Socialist Workers Party. Ceux-ci se plaignent, disant que les dirigeants syndicaux devraient prendre leurs distances d’avec le Parti travailliste, que Corbyn devrait créer son propre parti et que tous les intéressés devraient «en faire plus» pour combattre le Parti conservateur.

Mais il faut regarder les faits politiques en face. Si le NHS doit être défendu, cela ne peut se faire sous la direction d’une bureaucratie travailliste et syndicale qui défendra toujours le système de profit contre tout véritable défi de la classe ouvrière.

NHS FightBack (NHS Riposte), une initiative du Parti de l’égalité socialiste, appelle à la mise en place de comités indépendants de la base sur chaque lieu de travail, afin de retirer des mains de la bureaucratie la lutte pour défendre le NHS, et les salaires et conditions de ceux qui y travaillent. Nous demandons instamment à ces comités de s’affilier à l’IWA-RFC, pour leurs luttes puissent être unifiées avec celles de leurs frères et sœurs dans le monde entier.

Dans sa déclaration «Défendre les vies et protéger le National Health Service», NHS FightBack défend les revendications suivantes:

Halte à la privatisation du NHS – Les installations allouées aux patients privés doivent être utilisées pour traiter les patients du NHS. Les services privatisés doivent être réintégrés au NHS.

Une augmentation substantielle des salaires pour tous les travailleurs de la santé/des soins – La perte de salaire réel doit être restituée et une augmentation substantielle accordée pour fournir un salaire décent.

Pas de victimisation – Aucun travailleur de la santé ne doit être victimisé pour avoir attiré l’attention sur des conditions de travail dangereuses ou pour avoir refusé de travailler à moins qu’on lui fournisse une protection adéquate.

Arrêtez toutes les coupes dans les hôpitaux – tous les patients doivent avoir accès à un traitement approprié, indépendamment de leur âge, de leur fragilité, de leur handicap ou de leur situation de visa.

La mise en œuvre de ces mesures nécessite un programme socialiste prévoyant une injection massive de fonds financée par l’imposition des super riches et la mise sous contrôle des grandes entreprises, notamment l’industrie pharmaceutique. Cela libérera la recherche médicale et la production de médicaments des contraintes du profit privé. Toutes les ressources de la société doivent être placées entre les mains de la classe ouvrière et utilisées pour le bénéfice de tous, et non pour l’enrichissement de quelques-uns. Une telle politique permettrait au NHS de recevoir les milliards qui sont nécessaires et dont on l’a privé.

Nous invitons tous ceux qui partagent ce point de vue à contacter NHS FightBack et à se connecter à notre page Facebook.

(Article paru d’abord en anglais le 23  janvier 2023)

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