Le PSOE et Podemos envoient des chars espagnols en Ukraine pour la guerre contre la Russie

La semaine dernière, le gouvernement du Parti socialiste espagnol (PSOE)-Podemos a annoncé que Madrid prévoyait d’envoyer ses chars Leopard 2 en Ukraine. Cela survient après que l’Allemagne a accepté d’envoyer les siens et a permis aux alliés de l’OTAN de faire de même, et les États-Unis ont annoncé qu’ils enverraient 31 chars lourds Abrams en Ukraine pour la guerre avec la Russie. Cela montre à nouveau que toutes les puissances de l’OTAN participent à la guerre contre la Russie, risquant une escalade vers un conflit nucléaire mondial entre la Russie et l’OTAN.

Un char Leopard 2 est photographié lors d’un événement de démonstration organisé pour les médias par la Bundeswehr allemande à Munster près de Hanovre, en Allemagne, le mercredi 28 septembre 2011 [AP Photo/Michael Sohn]

La décision du PSOE-Podemos rappelle les traditions les plus sombres de l’alliance de l’impérialisme espagnol avec le nazisme contre la Russie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le régime fasciste du général Francisco Franco a envoyé la division bleue de 47.000 soldats en Russie pour remercier Hitler de son soutien pendant la guerre civile espagnole (1936-1939) pour écraser la classe ouvrière. Quatre-vingts ans après le serment de la division bleue à Hitler en juillet 1941 et son incorporation dans la Wehrmacht en tant que 250e division, les chars espagnols et allemands sont à nouveau prêts à rouler contre la Russie.

Mercredi, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a déclaré: «L’Espagne est disposée, dans le cadre de cette coordination, à travailler avec nos alliés pour faire tout ce qui est nécessaire, y compris l’envoi de Leopards, la formation à l’utilisation de ces Leopards et aussi pour aider à leur entretien et logistique.»

L’été dernier, le gouvernement PSOE-Podemos a été le premier à proposer des chars Leopard à l’Ukraine. Cependant, en août, Robles a reculé, affirmant que les chars étaient dans un état «absolument regrettable» et ne pouvaient pas être utilisés. En réalité, la marche arrière de Madrid était liée à l’éventuel veto de Berlin, alors que les puissances européennes attendaient de voir si Washington fournirait également des chars à l’Ukraine et offrirait un soutien militaire complet si la Russie ciblait les livraisons de Leopards pour des frappes militaires.

Les livraisons sont toutefois en cours. L’Espagne possède l’un des plus grands parcs de Leopards de l’Union européenne (UE), soit 347 chars. Parmi ceux-ci, 108 sont le modèle 2A4 que Madrid a acheté à l’Allemagne dans les années 1990 et qui est le plus ancien actuellement en service. Les 239 restants sont de la version 2E plus moderne, fabriquée en Espagne.

Sur les 108 2A4 opérationnels, 54 font face au Maroc dans les enclaves espagnoles nord-africaines de Ceuta et Melilla. Le reste est entreposé à Saragosse. Selon El País, au moins 20 sont en bon état, tandis que beaucoup d’autres auraient besoin d’un réglage et d’un rééquipement.

Des responsables de la défense ont déclaré à Público qu’il faudrait un mois et demi pour préparer les chars, plus un autre mois pour former l’armée ukrainienne. Ceux-ci seraient ensuite transportés par voie terrestre à travers l’Europe par des camions à plateau dans un voyage qui prendrait environ une semaine.

Il est largement admis que ces chars auront besoin d’entretien et de réparations effectués par des entreprises civiles et militaires, ainsi que la création de chaînes d’approvisionnement pour les composants militaires espagnols, s’étendant sur des centaines de kilomètres du front oriental à l’Espagne. Robles l’a confirmé implicitement lorsqu’elle a déclaré que l’Espagne «aiderait à la maintenance et à l’entretien [des Leopards]».

Comme le WSWS l’a averti, dans ces lignes d’approvisionnement et de réparations, le personnel de l’OTAN deviendra probablement la cible d’attaques russes contre les systèmes d’armement qui affluent vers l’Ukraine. La demande, d’abord soulevée au début de la guerre, d’une zone d’exclusion aérienne sera rapidement réclamée, afin de «sauver la vie» des soldats et des employés des entrepreneurs de l’OTAN déployés en Ukraine.

Cette politique imprudente de guerre démasque une fois de plus le caractère pro-impérialiste et anti-ouvrier de Podemos et de ses partis frères de la pseudo-gauche à travers l’Europe et dans le monde, comme les partis verts et de gauche allemands, La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et les Socialistes démocrates d’Amérique. Tous ces groupes de pseudo-gauche représentent une couche privilégiée de la classe moyenne supérieure qui constitue la base sociale de la guerre impérialiste.

Remarquablement, alors que Podemos a reconnu que les chars alimenteront l’escalade militaire et menaceront de déclencher un embrasement nucléaire, il s’engage également à continuer à soutenir l’effort de guerre.

Le ministre des Droits sociaux et secrétaire général de Podemos, Ione Belarra, a déclaré que l’envoi de chars «ne ferait que contribuer à l’escalade de la guerre», ajoutant que «cela pourrait provoquer une réponse imprévisible et très dangereuse de la Russie».

La vice-première ministre et chef de Podemos au sein du gouvernement espagnol, Yolanda Díaz, l’a qualifié de «saut qualitatif dans l’attitude face aux armes qui suscite d’énormes inquiétudes dans la société espagnole et européenne».

Le secrétaire d’État à l’Agenda 2030, porte-parole adjoint de Podemos et secrétaire général du Parti communiste espagnol (PCE), Enrique Santiago, a averti que le conflit se trouvait «actuellement dans une situation d’impasse catastrophique». Il a admis que «l’escalade militaire» porte un «risque élevé de catastrophe atomique».

Les protestations de Podemos sont d’une rhétorique creuse, cherchant à masquer son rôle en tant que membre d’un gouvernement impérialiste à l’avant-garde de la guerre de l’OTAN contre la Russie.

Quand bien même il admet que son escalade pourrait provoquer une guerre nucléaire, Podemos poursuit cette politique criminellement imprudente.

Mardi dernier, le premier ministre Pedro Sánchez a déclaré au Parlement que Madrid avait envoyé «des dizaines de cargaisons» d’équipements offensifs à l’Ukraine, «dont 400 tonnes de munitions, des armes légères, des systèmes antichars, une batterie de missiles Aspide et six systèmes antiaériens Hawk». Il a ajouté que Madrid a envoyé des uniformes et du matériel pour le froid, des équipements sanitaires, des génératrices, des véhicules légers tout-terrain, des ambulances et de l’aide humanitaire. Il offre également des soins médicaux aux soldats ukrainiens blessés, tout en assurant une formation à la défense aérienne sur une base aérienne à Tolède.

Terrifié par la montée de la méfiance populaire à l’égard de la guerre, Podemos fait quelques manoeuvres politiques tout en réaffirmant son engagement envers l’impérialisme espagnol. Hostile à tout débat public sur la guerre, Podemos a refusé de soutenir les revendications de la Gauche républicaine nationaliste catalane pro-OTAN et du parti séparatiste basque Bildu pour un vote parlementaire sur l’envoi de chars. De même, il s’oppose à un vote sur l’accord de juin 2021 entre les États-Unis et l’Espagne pour augmenter le nombre de destroyers américains sur la base navale de Rota de quatre à six.

Avec ses manoeuvres, Podemos vise à endormir le public, à cacher le danger d’une catastrophe nucléaire et à poursuivre la guerre. Ceci est largement reconnu par la classe dirigeante. ElDiario.es écrit: «À Moncloa [bureau du premier ministre], ils apprécient que leur partenaire gouvernemental n’ait pas eu recours, pour le moment, à des attitudes d’affrontements directs et de critiques mordantes» à l’égard des chars. Il cite un haut responsable anonyme du PSOE qui a déclaré: «Ils ont une position légitime et nous respectons cela».

Camouflant le rôle agressif de l’Espagne dans l’OTAN contre la Russie, Podemos promeut maintenant la farce selon laquelle il cherche une solution diplomatique tout en envoyant des chars en Ukraine. Belarra a affirmé: «Il est temps que l’Espagne mène la recherche pour une solution diplomatique et négociée pour la guerre en Ukraine et ce serait le moyen le plus efficace de mettre fin à la guerre […] Il est temps de diriger, de changer la corrélation des forces et d’agir».

Dans la mesure où les agents petits-bourgeois privilégiés de Podemos prétendent qu’ils essaient de mener une politique de paix, leur envoi de chars en Ukraine montre qu’ils mentent effrontément.

Pour arrêter une escalade catastrophique qui pourrait conduire à la destruction de l’Espagne et de l’Europe, il faut mobiliser la classe ouvrière contre Podemos et les partis de pseudo-gauche similaires dans les pays de l’OTAN et au niveau international. Les agents staliniens et pablistes de Podemos et de ses partis frères ont totalement perdu la tête. Terrifiés par-dessus tout par l’opposition croissante de la classe ouvrière à leur politique réactionnaire, ils foncent tête baissée vers l’apocalypse nucléaire.

Construire un mouvement dans la classe ouvrière européenne et internationale implique cependant une lutte pour une rupture politiquement consciente d’avec l’orientation de classe petite-bourgeoise et les traditions antimarxistes de Podemos. Cela signifie entreprendre la lutte pour construire des sections du Comité international de la Quatrième Internationale en Espagne et au niveau international.

(Article paru en anglais le 30 janvier 2023)

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