Rompre avec les appareils syndicaux pour lutter contre la guerre et les réformes de Macron

Aujourd’hui, des masses de travailleurs à travers la France font grève à nouveau contre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron. L’augmentation de l’âge minimum de la retraite à 64 ans comme de la durée de cotisation sont des mesures iniques qui suscitent le rejet d’une écrasante majorité des Français.

La défense des retraites passera nécessairement, cependant, par une nouvelle stratégie et une nouvelle perspective de lutte. Les appareils syndicaux qui négocient depuis six ans avec Macron ne stopperont pas ses attaques sociales. Macron a imposé cette réforme en 2020 après avoir attendu la fin de la grève des cheminots contre la réforme; il ne l’a abandonnée que pour éviter une éruption incontrôlable de la colère sociale contre sa gestion meurtrière de la pandémie de Covid.

Toutes les puissances impérialistes de l’OTAN soutiennent la politique de Macron de dépenser des milliards pour faire la guerre à la Russie, risquant une escalade en une guerre mondiale nucléaire. Pour dépenser 400 milliards d’euros sur les forces armées entre 2024 et 2030, Macron veut amputer les retraites de dizaines de milliards d’euros sur cette même période. Dimanche, la première ministre Elisabeth Borne a déclaré que sa réforme des retraites n’est «plus négociable.»

Comment éviter une réédition en 2023 de l’adoption de cette réforme en 2020? Il faut une révolte généralisée des travailleurs contre la guerre impérialiste et le diktat qu’exercent des confédérations syndicales nationales sur la lutte des classes. C’est ce que Macron craint, comme il l’a dit au son conseil des ministres: «Il faut faire le distinguo entre les syndicats opposés à la réforme, qui appellent à manifester dans un cadre normal, et ceux qui sont dans une démarche délibérée de bloquer le pays».

Ce n’est qu’en luttant pour déborder les appareils syndicaux, et pour rompre avec le cadre national étriqué qu’ils imposent aux luttes de classe, que les travailleurs bâtiront un mouvement à même de stopper la guerre, vaincre Macron et stopper la dégringolade des niveaux de vie.

La lutte des «gilets jaunes» en 2018-2019, montée sur les réseaux sociaux, a rappelé qu’une rupture avec les appareils syndicaux est possible. Mais, isolés par les syndicats et assaillis par les forces de l’ordre, les «gilets jaunes» ont pâti de l’absence d’organisations capables de mobiliser les travailleurs pour les défendre. Seule de pareilles organisations de la base, maillant l’industrie et les lieux de travail à travers l’Europe et au-delà, pourra détruire le pouvoir de l’oligarchie financière qui appuie les réformes de Macron.

Trente-deux ans après la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991, le capitalisme est à nouveau enfoncé dans une crise mortelle. Les guerres de l’OTAN en Irak, en Yougoslavie, en Afghanistan, en Libye, en Syrie qui visent à dominer l’Eurasie ont culminé en un affrontement direct avec la Russie et la Chine. Quant aux classes dirigeantes, gavées par des infusions massives de liquidités publiques suite à des crises financières à répétition, qui déclenchent à présent une spirale inflationniste mondiale, elles imposent des niveaux d’inégalité insoutenables.

L’argument de Macron selon lequel il faudrait sabrer dans les retraites pour assurer la pérennité de leur financement est un mensonge flagrant. Les chiffres sur les inégalités fournis par l’ONG Oxfam dévoilent le caractère brutal et irrationnel de sa réforme.

Depuis 2020, alors que le 1 pour cent les plus riches ont accaparé les deux-tiers des nouvelles richesses, le patrimoine des 10 premiers milliardaires français a augmenté de 189 milliards d’euros. Celui de Bernard Arnault, l’homme le plus riche du monde, est passé de 85,7 à 179 milliards, une fortune équivalente à celle de 20 millions de Français. Ce n’est pas que la société ne peut pas supporter le coût des retraites, mais qu’elle ne peut pas supporter le coût des riches.

Dans cette situation explosive, les organisations petite-bourgeoises que les médias capitalistes font passer pour la « gauche » endorment les travailleurs, en affirmant que les appareils syndicaux, sous la pression des masses, organiseront la riposte. François Ruffin de La France insoumise (LFI) affirme que la mobilisation aujourd’hui est « l’heure de tirer le bilan » et de « montrer qu’il y a une opposition très ferme » à Macron.

Le NPA pabliste d’Olivier Besancenot, comme le site moréniste Révolution permanente, se félicite que les bureaucraties syndicales vont préparer un « plan de bataille » contre la réforme.

En réalité, pour mener une bataille politique durable contre Macron et la classe dirigeante, les travailleurs devront rejeter le mensonge politique qui consiste à dire qu’ils peuvent s’en remettre aux appareils syndicaux pour mener la lutte des classes.

Ces appareils nationaux, face aux crises mondiales que sont la guerre, la pandémie et la spirale d’inflation, adoptent des politiques nationalistes qui les alignent sur Macron. La direction de la CGT a non seulement approuvé le plan de relance européen de 2020 qui a gonflé le patrimoine des classes possédantes ; elle a aussi voté un texte de soutien à la guerre en Ukraine. Entre-temps, les bureaucraties syndicales imposent dans de multiples secteurs des augmentations salariales bien en deçà de l’inflation, minant le pouvoir d’achat.

Mais la montée de l’inégalité, l’inflation, la pandémie et la guerre OTAN-Russie mettent en marche une nouvelle éruption internationale de la lutte des classes, poussant les travailleurs à une rébellion contre le diktat des bureaucraties nationales et de la pseudo-gauche.

Aujourd’hui, alors que les travailleurs se mobilisent en France, leurs frères et sœurs de classe se mobilisent en Europe et à travers le monde. Des grèves de multiples secteurs dont les infirmières, l’éducation et les transports secouent la Grande-Bretagne, malgré l’hostilité du Parti travailliste et de ses structures syndicales. Une grève nationale des enseignants contre les bas salaires secoue le Portugal. Aux États-Unis, centre de l’impérialisme mondial, après des grèves qui ont secoué l’automobile et menacé le rail, les infirmières et les enseignants sont en lutte.

Pour unifier ces forces, le Comité international de l’IVe Internationale (CIQI), le mouvement trotskyste mondial, a lancé l’appel à construire l’Alliance ouvrière internationale des comités de la base et un mouvement international anti-guerre des jeunes et des travailleurs.

Le Parti de l’égalité socialiste (PES), section française du CIQI, fonde sa politique sur un optimisme historiquement justifié dans les capacités révolutionnaires de la classe ouvrière. Les expériences des soviets ouvriers qui ont fait la révolution d’octobre 1917 en Russie et des comités d’usine et des milices ouvrières qui ont résisté au nazisme ont créé de profondes traditions d’auto-organisation dans la classe ouvrière européenne et internationale. Face à la guerre, la crise capitaliste et la faillite de la pseudo-gauche, de nouvelles éruptions révolutionnaires se préparent.

Dans ce contexte, le rôle du PES est d’expliquer aux travailleurs la nécessité de construire un mouvement politique pour transférer le pouvoir aux organisations qu’ils créeront pour lutter contre le capitalisme et l’establishment politique. Il appelle les travailleurs et les jeunes qui sont d’accord avec cette perspective de soutenir son travail et d’aider à construire le PES en tant qu’avant-garde trotskyste parmi les travailleurs et les jeunes.

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