12 000 ambulanciers entament une nouvelle série de grèves en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord et sont isolés par le syndicat des soignants qui annule sa grève

Les ambulanciers d'Angleterre, du Pays de Galles et d'Irlande du Nord font de nouveau grève cette semaine pour une augmentation de salaire et pour protester contre l'insuffisance des effectifs et les dangers pour la sécurité des patients.

Au moment de faire grève, ils ont reçu un coup de poignard dans le dos de la part du syndicat des soignants RCN (Royal College of Nursing)(article en anglais) qui a annoncé mardi soir qu’il annulait sa grève prévue pour la semaine prochaine, sous le prétexte cynique que le Premier ministre conservateur Rishi Sunak avait accepté de commencer des négociations salariales.

Des ambulanciers au piquet de grève à la station d'ambulance centrale de Manchester, le 11 janvier 2023

La grève des ambulanciers est la dernière d'une série de grèves menées depuis décembre contre l'accord salarial imposé aux travailleurs du NHS (Service national de la santé) par le gouvernement conservateur, d'environ 4 pour cent pour 2022/2023. Une « offre améliorée » de 3 pour cent supplémentaires de l'Assemblée galloise, dirigée par les travaillistes, a été catégoriquement rejetée par les ambulanciers la semaine dernière.

Mais les syndicats de la santé continuent de diviser l'opposition et de saboter une contre-offensive générale des travailleurs du NHS.

Même la grève des ambulanciers de lundi était dispersée. Il y eut une grève de 24 heures de 10 000 syndiqués du GMB dans sept des dix centrales d'ambulance en Angleterre et de 1 500 au Pays de Galles. Les syndiqués d’Unite eux, faisaient grève dans le nord-est et les East Midlands. La grève de trois jours d'un millier d’ambulanciers du Pays de Galles elle, s’est poursuivie jusqu'à mercredi, accompagnée d’un jour de grève dans le nord-ouest de l’Angleterre, le même jour.

Mercredi, le personnel ambulancier d'Irlande du Nord a fait grève un jour dans le cadre d'une grève de 4 000 travailleurs de la santé et des services sociaux membres du syndicat Unite, aux côtés de milliers d'autres travailleurs du NHS et enseignants en grève pour une demi-journée.

La grève des ambulanciers du Pays de Galles n’a eu lieu qu'après que la bureaucratie syndicale de la santé eut tenté en vain d'imposer une offre de 3 pour cent du gouvernement décentralisé gallois, dirigé par le Parti travailliste, dont une prime de 1,5 pour cent.

Le syndicat GMB a suspendu la grève, mais les deux tiers de ses membres et 92 pour cent des membres d’Unite ont rejeté l’offre. Malgré le rejet catégorique de cette offre dérisoire, le responsable du GMB, Nathan Holman, « a remercié le gouvernement gallois d'avoir effectivement entamé des pourparlers ».

Le RCN avait déjà suspendu la grève des soignants les 6 et 7 février au Pays de Galles pour mettre l'accord au rabais au vote, qui se clôturera le 27 février.

La dirigeante du RCN, Pat Cullen, a unilatéralement abandonné le mandat donné par ses membres pour « une rémunération de rattrapage » de 19 pour cent. Elle a signalé que si le gouvernement conservateur voulait seulement proposer une offre semblable à celle accordée par le gouvernement d’Écosse dirigé par le Parti national écossais, de 7,5 pour cent en moyenne, cela servirait de prétexte pour annuler de nouvelles grèves et se mettre à la table de négociation. Une déroute organisée par les syndicats Unison et Unite, qui ont imposé l'accord écossais à leurs adhérents.

Le RCN ignore ouvertement le mandat pour une grève des soignants, qui ont rejeté l’offre. Le GMB et le syndicat des sage-femmes RCM ont également ignoré la volonté de lutte de leurs adhérents, tout en rejetant l'offre. Les trois syndicats ont « suspendu » la grève et entamé des négociations précoces sur un accord salarial pour 2023/2024, à condition que toute offre améliorée paierait le différentiel par rapport à l' offre de l'an dernier pour ses trois derniers mois à partir de janvier.

Le RCN recommande l'acceptation d'une offre au rabais proposée par le gouvernement écossais aux travailleurs du NHS, représentant 6,5 pour cent et associée à des primes forfaitaires.

La semaine dernière, le RCN avait confirmé tardivement une nouvelle grève des soignants en Angleterre, dans plus de 100 services, à partir du 1er mars, avec pour la première fois une grève continue de 48 heures. Mais ce retard était toujours censé donner au RCN le temps de trouver un prétexte pour éviter la grève. Ce qu’il a fait mardi, malgré que le gouvernement conservateur n'offrît rien que des discussions.

Pendant ce temps, le gouvernement utilise sa majorité parlementaire pour imposer de nouveaux « services minimums » qui entraveront gravement les droits démocratiques des travailleurs et saperont la capacité des travailleurs de la santé à mener une grève efficace.

Comme lors des précédentes grèves des ambulanciers, ceux-ci ont mis en place une couverture d'urgence pour garantir une réponse pour les cas de Catégorie 1 où la vie est en danger. Le gouvernement déploie une fois de plus du personnel de l'armée pour conduire des ambulances, non pour sauver des vies mais pour justifier l'intervention de l'État contre des travailleurs essentiels en grève.

Une vingtaine de militaires devaient par exemple être déployés dans la zone couverte par l'East Midlands Ambulance Service (EMAS). Son directeur des opérations, Ben Holloway, avait déclaré avant la grève : « ils ne seront pas utilisés pour répondre aux appels d'urgence, mais s’occuperont « des patients dont l'acuité est moindre ».

Comme leurs collègues du NHS, les ambulanciers sont confrontés depuis des années aux coupes et à l’aggravation des conditions de travail. En plus d'augmenter les pressions sur ce personnel vital de première ligne, cela a entraîné des temps d'attente dangereux pour les patients. Les délais moyens de réponse aux appels de catégorie 1 les plus urgents, avec situation de danger immédiat, sont retombés à 8,5 minutes (contre un objectif de 7 minutes). Pour les appels de catégorie 2, qui peuvent toujours concerner des situations graves et potentiellement mortelles comme un AVC, l’attente est en moyenne de 32 minutes, deux fois l'objectif de 18 minutes.

Le service ambulancier a reçu 20 pour cent d'appels en plus en janvier par rapport au mois de janvier 2020.

Quiconque pense que les travailleurs du NHS s'en tireraient mieux sous un gouvernement travailliste devrait tenir compte des commentaires d'un porte-parole du gouvernement travailliste du Pays de Galles, qui a qualifié l'offre de 1,5 à 3 pour cent supplémentaires pour le personnel du NHS d’« offre solide », la « meilleure qu’on puisse faire ».

Le chef du Parti travailliste, Sir Kier Starmer, s'est rendu à Kiev la semaine dernière pour promettre qu'un futur gouvernement sous sa direction continuerait à déverser des milliards de livres d’armement en Ukraine. Pour les financer, on imposera des milliards de livres de coupes budgétaires de plus au NHS et à d'autres services publics vitaux.

La guerre à l'extérieur signifie la guerre des classes à l’intérieur. Fin janvier, dans le Daily Telegraph, Starmer avait promis le soutien de son parti à la privatisation du NHS. Rien n'était «tabou» lorsqu'il s'agissait d'attaquer le NHS, qu’on ne devait pas «traiter comme un sanctuaire», avait-il dit, reprenant l’expression utilisée plus tôt par son porte-parole de la Santé Wes Streeting.

Nous encourageons vivement les travailleurs de la santé à lire la déclaration du NHS FightBack (Riposte NHS), « Where next for the UK's National Health Service Workers» [Quelle voie à suivre pour les travailleurs du NHS] qui appelle les travailleurs à « enlever le contrôle » de leurs luttes « à l'appareil syndical ». Des comités de la base, élus démocratiquement, doivent être formés sur chaque lieu de travail, pour unifier la vague croissante de luttes pour faire tomber les conservateurs. Il faut mener ce combat sciemment comme une partie de l'éruption de luttes de classe en Europe et à l’international contre la politique d'austérité et de guerre des gouvernements, qui comprend les manifestations et grèves de masse en France et les grèves générales en Italie, en Belgique et en Grèce. L'unification de ces luttes est la tâche à laquelle se consacre l'Alliance internationale des travailleurs des comités de base.

« Cette offensive sociale doit être liée à la demande d'élections générales immédiates. Les travailleurs comprennent qu’il est hors de question de laisser les conservateurs au pouvoir. Mais beaucoup savent aussi que le Parti travailliste n'offre aucune véritable alternative. Il n'y a aucun moyen de contourner cette crise politique. Il est urgent de construire une nouvelle direction socialiste pour la classe ouvrière afin d'organiser politiquement le mouvement de masse nécessaire contre l'austérité, pour défendre le NHS, garantir un salaire décent à tous, éliminer le COVID-19 et mettre fin à la guerre. Le Parti de l'égalité est cette direction. »

(Article paru d’abord en anglais le 21 février 2023)

Loading