Non aux réformes de Macron! Les travailleurs n'ont pas à payer pour la guerre!

Aujourd’hui des millions de travailleurs se mobilisent en France contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron. Alors que 60 pour cent des Français appellent de leur vœux que les travailleurs bloquent l’économie pour imposer une défaite à Macron, la pause aux grèves organisée par les appareils syndicaux pendant les vacances scolaires de février a pris fin. Les appels à la grève dans la métallurgie et dans les lycées et les universités, comme aux grèves reconductibles dans l’énergie et les raffineries, se généralisent.

Dans toute grande lutte historique de la classe ouvrière, il y a des moments où la réalité et les enjeux de la situation émergent plus clairement. Le rejet de l’augmentation de deux ans de l’âge minimal de la retraite en France cristallise des colères sociales bien plus larges. L’appel des masses au blocage de l’économie, c’est-à-dire, à la grève générale, est un signe avant-coureur d’une épreuve de force révolutionnaire qui se profile à l’échelle européenne et mondiale, entre la classe ouvrière d’un côté et les États capitalistes et l’oligarchie financière de l’autre.

Alors que les gouvernements de l’Otan et de la Russie se livrent la plus grande guerre en Europe depuis la chute du régime nazi, une vague internationale de luttes secoue l’Europe. Des millions de travailleurs sont en grève en Allemagne et au Royaume-Uni pour les salaires et contre l’inflation, ou se mobilisent et défilent pour défendre l’hôpital public en Espagne. Des grèves nationales du rail éclatent cette semaine en Italie, en Belgique, et en Grèce. Au Portugal, une puissante grève centrée sur un mouvement des enseignants mobilise des centaines de milliers de travailleurs.

Une situation objectivement révolutionnaire émerge. Ce ne sont une série de luttes syndicales, dont l’issue sera négociée chacune entre l’État capitaliste et des bureaucrates syndicaux sur le sol national. Une seule lutte politique internationale traverse toute l’Europe: les ouvriers se mobilisent contre la crise inflationniste du capitalisme mondial, l’austérité, la crise sanitaire, et la montée du militarisme et de la répression. Ils sont d’emblée confrontés à une violente répression policière par tous les gouvernements d’Europe.

Un chiffre résume l’absurdité d’un système capitaliste en perdition: Les 13 milliards d’euros que Macron veut ôter aux retraites des Français sont moins du tiers de l’augmentation annuelle du patrimoine d’un seul milliardaire, Bernard Arnault.

La classe capitaliste a perdu la tête et, enivrée par sa richesse répugnante, s’enfonce obstinément dans une politique suicidaire. L’intensité des inégalités sociales atteint ces pics grotesques. Mais les apprentis sorciers à Washington et dans les capitales européennes sabrent dans les dépenses sociales afin de trouver des centaines de milliards pour intensifier une guerre entre puissances nucléaires qui risque d’embraser l’Europe et le monde.

Ceci présente un défi politique et historique aux masses de travailleurs en France, en Europe et à travers le monde qui se mobilisent aujourd’hui. Il est impossible de résoudre ces multiples crises internationales dans l’intérêt de l’écrasante majorité de l’humanité sans anéantir le pouvoir économique de l’oligarchie financière. Ceci imposera aux travailleurs une profonde réorientation politique.

Les luttes ouvières en Europe et à l’international prennent inéluctablement le chemin vers le blocage de l’économie. Mais que faire une fois l’économie bloquée, et la démonstration de l’énorme puissance de la classe ouvrière faite? Il n’y aura pas d’autre issue progressiste que la lutte pour le pouvoir ouvrier, l’expropriation de l’oligarchie financière, et la révolution socialiste – c’est-à-dire, pour les travailleurs de prendre le contôle de l’outil économique et industriel international, et l’utiliser pour répondre aux besoins sociaux.

Les dirigeants syndicaux mènent dans le dos des travailleurs des tractations avec des politiciens capitalistes réactionnaires qui déclarent leur volonté de faire adopter la réforme. Alors que Laurent Berger de la CFDT rencontre le parlementaires de droite Aurélien Pradié, Philippe Martinez évoque les «appels de courtoisie» qu’il échange avec la première ministre, Elisabeth Borne. En même temps, l’appareil de la CGT adopte des déclarations en faveur de l’Otan en Ukraine.

En réalité, toute possibilité s’épuise pour les travailleurs de se défendre via les appareils syndicaux et les mécanismes de leur «dialogue social» officiel avec Macron. Il n’y a rien à négocier avec Macron, ni de «réforme» progressiste à obtenir de lui, et ceux qui essayeront de le faire finiront inmanquablement par trahir les masses. Son but est d’imposer, par l’action conjointe de parlementaires capitalistes, de CRS qui répriment les manifestants, et de bureaucrates syndicaux véreux, une réduction durable des niveaux de vie du peuple.

C’est la seule façon pour Macron, sans exproprier les milliardaires qu’il enrichit, de trouver les 413 milliards d’euros qu’il veut dépenser sur les armées alors que l’Otan fait la guerre à la Russie.

La question décisive est la mobilisation et l’organisation internationale de la classe ouvrière, indépendamment des appareils syndicaux, pour lutter contre l’austérité, la guerre et le capitalisme. Pour ceci, le Comité international de la IVe Internationale (CIQI) et sa section française, le Parti de l’égalité socialiste (PES), appellent à la construction de comités de la base sur les lieux de travail, les lycées et les universités, et les quartiers populaires.

La construction de ces organisations, pour mener la mobilisation des travailleurs en lutte et à la soustraire de l’influence des appareils corrompus, est inséparable d’une lutte politique. Il faut discréditer la politique procapitaliste des bureaucraties syndicales et de leurs défenseurs politiques dans les directions d’organisations telles que La France insoumise, le NPA ou Révolution permanente. La classe ouvrière doit être saturée de la conscience du caractère révolutionnaire de la situation et de la nécessité d’une transformation ouvrière et socialiste de la société.

Ceci nécessite une lutte politique irréconciliable contre la pseudo gauche. Juan Chingo, un dirigeant du groupe Révolution permanente, expose assez clairement la perspective qui anime le grand nombre d’organisations qui descendent de divers renégats petit-bourgeois qui ont rompu avec le trotskysme. Dans une interview ce week-end, il a insisté: «La situation n’est pas révolutionnaire, je suis d’accord avec cela.»

Sa perspective est de lutter pour la démocratie à l’intérieur du capitalisme. Il propose de «développer des éléments d’un tel programme démocratique, comme la création d’une Assemblée unique, à la fois législative et exécutive». Son but, dit-il, est d’aider «le mouvement de masse à faire une expérience avec la démocratie représentative bourgeoise et … développer la conscience de l’auto-organisation, qui constitue à mes yeux la seule perspective démocratique viable.»

Or, la bourgeoisie en 2023 ne représente plus le peuple, pas plus que ne le représentait l’aristocratie féodale en 1789. La lutte pour la démocratie est inséparable d’une lutte révolutionnaire pour l’expropriation de l’oligarchie financière et la construction du socialisme. Ce n ’est qu ’ainsi que l ’on trouvera les milliards d’euros nécessaires à créer des niveaux de vie, des retraites, et des salaires décents, et des services publics de qualité.

La dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991 n’a pas mis fin à la lutte marxiste, ouverte par la révolution d’octobre 1917 dirigée par Lénine et Trotsky en Russie, pour le socialisme. Toutes les questions essentielles qu’il a soulevées, la lutte contre la guerre mondiale, le fascisme, et pour l’internationalisme révolutionnaire, sont d’une actualité brûlante. La tâche décisive est de forger, dans la magme révolutionnaire de la classe ouvrière en mouvement, une avant-garde révolutionnaire capable de continuer cette tradition de lutte.

Le PES en appelle aux travailleurs et aux jeunes qui sont d’accord avec cette perspective à accorder leur soutien au PES et au CIQI, à sa publication internationale, le World Socialist Web Site, et à inviter des militants du PES à s’exprimer sur leurs lieux de travail ou d’éducation.

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