Les syndicats britanniques annulent les grèves du Service national de santé pour entamer des négociations au rabais

La bureaucratie syndicale britannique a annulé toutes les grèves prévues cette semaine par les travailleurs du Service national de santé (NHS). Cela fait partie d'un effort concerté pour mettre fin à des mois de grèves dans les secteurs public et privé grâce à des accords salariaux inférieurs à l'inflation.

Une vague de grèves de huit mois commencée l'été dernier a vu des mouvements sociaux des cheminots et des postes, des travailleurs des télécommunications, des enseignants et universitaires et d’autres membres du personnel des universités, des fonctionnaires, des soignants, des ambulanciers et des gestionnaires d'appels d’urgence.

Soignants du NHS sur le piquet de grève à Bournemouth pendant la grève nationale des soignants

Les grèves sont annulées sans même une offre concrète du gouvernement. Vendredi, le syndicat GMB a mis fin aux grèves de 13 000 ambulanciers prévues les 6 et 8 mars. Unison, le plus grand syndicat du NHS, a annulé les grèves de 32 000 travailleurs de la santé, dont 25 000 ambulanciers, prévues pour le 8 mars.

Les seules grèves qui devaient avoir lieu parmi les ambulanciers la semaine prochaine concernaient le syndicat Unite, le 6 mars. Mais dimanche, quelques heures avant qu'ils ne fassent grève dans les régions des West Midlands, du Nord-Ouest, du Centre-Sud, de la côte sud et des Midlands de l'Est, leur action a été annulée. La grève du 8 mars du personnel ambulancier du Yorkshire a également été annulée.

L’Association de physiothérapie, qui représente 64 000 physiothérapeutes agréés, étudiants en physiothérapie et travailleurs annexes, a annulé sa grève prévue le 22 mars pour se joindre aux pourparlers.

La bureaucratie syndicale avait déjà saboté une grève commune de 48 heures du 1er au 3 mars qui aurait également impliqué des centaines de milliers de soignants dans plus de 100 administrations du NHS en Angleterre. Le Royal College of Nursing (syndicat des soignants) a annulé cette grève le mois dernier, sans offre salariale du gouvernement, en vue de «pourparlers intensifs» qui se termineront par une trahison.

La bureaucratie syndicale a procédé à ses dernières annulations après que le ministère de la Santé et des Affaires sociales (DHSC) ait appelé le conseil du personnel du NHS – représentant tous les syndicats de la santé – à entamer des discussions officielles sur les salaires à condition que toutes les actions revendicatives à venir soient annulées «avec effet immédiat».

Les syndicats de la santé affirment que le gouvernement a changé sa position selon laquelle la revendication salariale actuelle pour 2022-2023 est fixée à 4 pour cent. Mais tout ce qui est proposé est tout au plus un minuscule paiement forfaitaire unique. Quel que soit l'accord concocté, il sera toujours nettement inférieur à l'inflation.

Le syndicat GMB a affirmé en entamant les pourparlers: « C'est un énorme changement de la part du gouvernement ». Le syndicat Unison a déclaré: « Le gouvernement a finalement promis un investissement supplémentaire dans les salaires pour les deux années. »

Rien de tout cela n'est vrai. Le mois dernier, le gouvernement a recommandé un accord salarial de seulement 3,5 pour cent pour les soignants en Angleterre pour 2023-2024, à partir d'avril. Cela sera rapidement englouti par la flambée des prix des aliments, de l'énergie et du carburant.

Que les travailleurs n’ont rien à attendre de pourparlers est confirmé par l'expérience de la British Medical Association, BMA (médecins généralistes et internes). Celle-ci a engagé des pourparlers avec le gouvernement après que le syndicat des soignants RCN eut ouvert les vannes. La BMA représente 47 600 jeunes internes qui ont récemment voté en faveur de la grève à une majorité de 98 pour cent. Les médecins, qui commencent avec des salaires compris entre 25 000 et 30 000 £, ont connu une baisse du salaire réel de plus de 26 pour cent depuis le krach financier mondial de 2008.

La BMA n'avait pas d'autre choix que de sanctionner une grève, avec un débrayage de 72 heures signalé pour le 13 mars – la toute première fois que des médecins déclarent une grève de trois jours. Mais la BMA a ensuite accepté des pourparlers le 2 mars sans aucune concession proposée par le gouvernement. Le coprésident du comité des jeunes médecins de la BMA, le Dr Vivek Trivedi, a déclaré: «Cette réunion est l'occasion pour le secrétaire d'État d'éviter ces grèves et d'agir pour garder les jeunes médecins et protéger l'avenir du NHS et les soins qu'il offre aux patients. » Le secrétaire à la Santé, Steve Barclay, n'a rien offert à la BMA, les pourparlers ayant échoué en quelques heures.

En dehors du NHS, samedi, l'Educational Institute of Scotland (EIS) a annulé sa prochaine série de grèves continues qui devait commencer le 13 mars et durer jusqu'au 21 avril. Il recommande aux membres d’approuver un accord inférieur à l'inflation, imposé sur une période de 24 mois, avec un rappel d’augmentation de 7 pour cent depuis avril dernier, tombant à 5 pour cent en avril et finalement à 2 pour cent en janvier 2024. L'EIS avait organisé son premier vote de grève affirmant qu'il réclamait une hausse de salaire de 10 pour cent pour l'année en cours.

La troisième plus importante grève nationale en cours après le conflit des soignants et celui des fonctionnaires est celle de 115 000 postiers du Royal Mail du Syndicat des travailleurs de la communication CWU. Depuis l'automne dernier, les postiers ont débrayé pendant 18 journées. Ils ont renouvelé un mandat de grève de six mois le 21 février, comme l'exige la loi, à une majorité de 96 %.

En réponse, Royal Mail exigeant un accord salarial inférieur à l'inflation, la destruction des conditions de travail et 10 000 suppressions d'emplois possibles, la bureaucratie syndicale s’est précipitée pour reprendre des pourparlers. Le premier accord pourri issu de ces pourparlers a émergé jeudi dernier ; le syndicat accepte les «révisions» en cours des conditions des travailleurs imposées par la direction pendant le conflit.

On a changé les débuts des horaires de travail des postiers et leur a donné des tournées plus longues et des charges de travail insupportables, les obligeant à terminer plus tard dans la journée. S'adressant aux membres du syndicat la semaine dernière, le chef du CWU, Dave Ward, a reçu un accueil hostile sur les réseaux sociaux lorsqu'il a déclaré que le syndicat avait « accepté de déployer la phase actuelle des révisions en cours dans tout le pays d’ici la fin de l'exercice financier », ajoutant, « nous attendons de nos délégués partout qu'ils puissent se remobiliser dans les révisions ». Les changements avaient été convenus « pour essayer d'améliorer la situation financière de l'entreprise », a-t-il déclaré.

Les travailleurs du NHS et des millions d'autres qui sont systématiquement trahis par la bureaucratie syndicale doivent se tourner vers une perspective d’alternative basée sur la lutte des classes, et non sur la collaboration avec le gouvernement et les employeurs.

Les travailleurs de tous les secteurs doivent exiger la fin des pourparlers, le rejet de tout accord sordide qui en résulterait et la reprise de l'action revendicative jusqu'à ce que la lutte soit gagnée. Cela signifie surtout que les travailleurs prennent le contrôle du déroulement de leurs grèves par la formation de comités de la base, démocratiquement élus, sur chaque lieu de travail.

Dans sa déclaration du 9 février, « Quelle sera la prochaine étape pour les travailleurs du National Health Service du Royaume-Uni ? Un bilan des grèves jusqu'à présent » (article en anglais), NHS FightBack (Riposte NHS) a averti que la lutte des travailleurs de la santé courait le danger d’une trahison imminente.

Il expliquait que la lutte ne pouvait « pas être gagnée sur la base d'une stratégie limitée à des grèves occasionnelles d'un ou deux jours visant à faire pression sur le gouvernement pour qu'il fasse des concessions sur les salaires. Elle ne pouvait pas non plus être laissée entre les mains d'une bureaucratie syndicale qui cherche délibérément à trahir ce combat historique ».

Le gouvernement, poursuivait-il, était sur le pied de guerre à l'étranger avec des livraisons d’armes à hauteur de milliards de livres: « les travailleurs doivent comprendre que la guerre de fait avec la Russie et son escalade par l'OTAN excluent toute possibilité de ‘‘compromis’’ alléguée par la bureaucratie syndicale ».

Une prochaine revue de la Défense prévoit de remettre les clés du Trésor au ministère de la Défense. La déclaration disait: « La guerre n'est pas compatible avec une politique de réforme sociale, ni avec la préservation des droits démocratiques. Elle exige une austérité sans précédent et une répression brutale. Les travailleurs doivent répondre aux graves menaces auxquelles ils sont confrontés en menant une lutte contre le capitalisme, contre la guerre et pour le socialisme.

Travailleurs du NHS , contactez et rejoignez NHS FightBack

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