Selon les responsables chinois: Les plans de guerre américains menacent de provoquer une «confrontation» dans le Pacifique

En réponse à la guerre commerciale et à l'escalade militaire des États-Unis contre la Chine, les autorités chinoises ont averti que les relations entre les deux plus grandes économies du monde étaient en train de «dérailler».

«Les pays occidentaux, sous la houlette des États-Unis, ont mis en œuvre une politique d’endiguement, d’encerclement et de répression à l’égard de la Chine, ce qui a entraîné des défis graves et sans précédent pour le développement de notre pays», a déclaré Xi.

Mardi, le nouveau ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a poursuivi en avertissant qu’à moins que les États-Unis ne changent de cap, «il y aura certainement un conflit et une confrontation».

Le porte-avions de classe Nimitz USS Abraham Lincoln en formation lors des exercices Rim of the Pacific le 28 juillet 2022. (Photo des Forces armées canadiennes par le Cpl. Djalma Vuong-De Ramos) 220728-O-CA231-2003 [Photo: Canadian Armed Forces photo by Cpl. Djalma Vuong-De Ramos]

«Si les États-Unis n’appuient pas sur le frein, mais continuent à rouler à toute allure sur la mauvaise voie, aucun garde-fou ne pourra empêcher le déraillement et un conflit et une confrontation en résultera avec certitude».

Au cours de l’année écoulée, les États-Unis ont lancé une campagne sur plusieurs fronts qui vise à étouffer la croissance économique de la Chine par une guerre commerciale, à armer Taïwan dans le cadre de leur renforcement militaire dans le Pacifique et à mener une campagne raciste et xénophobe pour diaboliser la Chine au sein de la population américaine.

Ces actions de pouvoir «de l'ordre de la persuasion» se sont durcies le mois dernier, lorsque les États-Unis ont abattu ce que la Chine affirmait être un ballon de recherche non manœuvrable qui avait survolé les États-Unis, dans un contexte d’hystérie médiatique ininterrompue qui accuse la Chine d’espionnage.

En réponse aux déclarations des responsables chinois, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a répondu que «rien dans notre approche de cette relation bilatérale des plus importantes ne devrait laisser penser à quiconque que nous souhaitons un conflit».

Les déclarations publiques de Kirby sont en totale contradiction avec la doctrine militaire américaine actuelle, qui appelle les États-Unis à se préparer, selon les termes du dernier document stratégique de l’OTAN, à une guerre totale avec des «concurrents visant la parité» dotés de l’arme nucléaire.

«Nous … mettrons en œuvre l’éventail complet de nos forces pour une guerre de haute intensité et multidomaine contre des concurrents nucléaires visant la parité», déclare le document de stratégie de l’OTAN publié le 30 juin.

En octobre dernier, Biden a déclaré que les États-Unis se trouvaient au milieu d’une «décennie décisive» au cours de laquelle le pays doit «gagner la compétition pour le XXIe siècle».

En mars de l’année dernière, Biden a déclaré que le monde était au bord d’un «nouvel ordre mondial» et que «nous devons le diriger».

En janvier, le général Mike Minihan, chef du commandement de la mobilité aérienne, a envoyé une lettre à ses subordonnés. Dans cette lettre il déclarait: «Mon instinct me dit que nous nous battrons en 2025» et les invitait à mettre de l’ordre dans leurs «affaires personnelles» afin de se préparer à un conflit avec la Chine.

La doctrine du «conflit entre grandes puissances», initiée pour la première fois en 2018 dans le cadre de la stratégie de défense nationale du gouvernement Trump a d’abord été largement mise en pratique à l’insu du public. Mais de plus en plus de médias américains commencent à parler ouvertement de la possibilité d’une «guerre sur deux fronts» entre les États-Unis et l’OTAN d’une part, et la Chine et la Russie d’autre part.

Dans un long article intitulé: «Les États-Unis ne sont pas encore prêts à entrer dans l’ère du conflit entre “grandes puissances” avec la Chine et la Russie». Michael R. Gordon, le célèbre propagandiste qui a colporté les fausses affirmations sur les armes de destruction massive irakiennes, documente les jeux de guerre auxquels se livre actuellement l’armée américaine pour se préparer à une guerre avec la Chine:

Lorsque le «Centre d’études stratégiques et internationales», un groupe de réflexion de Washington, a organisé l’année dernière un wargame qui simule une attaque amphibie chinoise sur Taïwan, les États-Unis se sont retrouvés à court de missiles de croisière antinavires à longue portée en l’espace d’une semaine.

L'article de Godon poursuit:

Si un conflit avec la Chine donnait à la Russie la confiance nécessaire pour poursuivre son action en Europe de l’Est, les États-Unis et leurs alliés devraient mener une guerre sur deux fronts. La Chine et la Russie sont toutes deux des puissances nucléaires. L’action pourrait s’étendre à l’Arctique, où les États-Unis sont à la traîne de la Russie en matière de brise-glace et de ports, alors que Moscou semble prête à accueillir l’aide de Pékin dans la région.

En réponse aux déclarations des responsables chinois, Kirby a ajouté: «Nous ne soutenons pas l’indépendance de Taïwan. Nous avons été très clairs à ce sujet. Nous ne voulons pas non plus que le statu quo de l’autre côté du détroit soit modifié unilatéralement».

Kirby était parfaitement conscient du fait qu’il prononçait ces paroles à la suite de l’adoption, l’année dernière, de la loi sur l’autorisation de la défense nationale (National Defense Authorization Act) qui prévoit pour la première fois la possibilité pour les États-Unis d’armer directement Taïwan — qu’ils considéraient depuis des décennies comme faisant partie de la Chine — mettant ainsi fin à la politique d’une seule Chine.

En février, le Wall Street Journal a rapporté que les États-Unis prévoyaient de quadrupler le nombre de troupes stationnées sur l’île et d’entraîner directement les troupes taïwanaises sur le territoire américain.

La semaine dernière, la commission spéciale de la Chambre des représentants sur la concurrence stratégique entre les États-Unis et le Parti communiste chinois a tenu sa première audition. Au cours de l’audition, le président de la commission, Michael Gallagher, a déclaré: «Il s’agit d’une lutte existentielle pour savoir à quoi ressemblera la vie au XXIe siècle. Les libertés les plus fondamentales sont en jeu».

Mercredi matin, la commission organisera une nouvelle audition, qui visera cette fois à promouvoir la fausse affirmation selon laquelle le COVID-19 a été créé par des scientifiques en Chine. L’audition invitera comme témoin principal Nicholas Wade. Ce dernier est un défenseur notoire de la pseudoscience raciste qui a affirmé l’«adaptation génétique des Juifs au capitalisme» et dont les travaux ont été salués par l’ancien Grand sorcier du Ku Klux Klan, David Duke.

(Article paru d’abord en anglais le 8 mars 2023)

Loading