L’OMS déclare que XBB.1.16 «Arcturus» est le prochain variant d’Omicron «à surveiller».

Comme l’a souligné la semaine dernière la Dre Maria Van  Kerkhove, responsable technique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le COVID-19, la pandémie de coronavirus continue de se propager à travers le monde et tue entre 5.000 et 10.000  personnes chaque semaine. «Ce sont principalement de personnes d’un certain âge et il est possible qu’elles ne soient pas vaccinées ou n’aient pas reçu le nombre total de doses nécessaires à leur âge», a-t-elle déclaré.

Elle a ensuite souligné que la menace subsistait parce que le virus ne s’était pas installé dans un schéma prévisible, ce qui signifiait qu’à mesure qu’il évoluait malgré l’immunité de la population, il pouvait développer des formes plus virulentes.

Elle a notamment averti que le variant actuellement suivi, désigné sous le nom de XBB.1.16 et surnommé «Arcturus» par les traqueurs de variants, est le plus transmissible à ce jour. Présentant un profil similaire à celui de son prédécesseur XBB.1.5, cette mutation supplémentaire s’est révélée plus infectieuse et pathogène en laboratoire, bien que les données préliminaires n’indiquent pas qu’elle provoque une maladie plus grave chez ceux qu’elle infecte. Elle a cependant noté que «c’est celui qu’il faut surveiller».

En effet, la mutation inquiétante K478R de la protéine de pointe du SRAS-CoV-2 rend le nouveau variant plus apte à éviter les anticorps provenant d’une immunité antérieure due à la vaccination ou à l’infection. Cette mutation renforce également son pouvoir infectieux et sa virulence. Depuis que le XBB.1.6 est apparu, il a vite dépassé le XBB.1.5 car il se propage presque deux fois plus vite.

La semaine dernière, seules 800  séquences de XBB.1.16 avaient été analysées, la plupart provenant de l’Inde où ce variant hautement infectieux est désormais dominant. Mais on l’a trouvé dans au moins 23  autres pays.

Des personnes portant des masques attendent les tests COVID-19 dans un site de dépistage des coronavirus à Pékin, jeudi  17  novembre 2022.

Ce variant est un nouveau venu sur la liste de l’OMS où il a été ajouté pour la première fois le 22  mars 2023. Mais en raison d’une baisse significative de la surveillance du COVID-19 et de la soumission de séquences, on ne sait pas exactement quand il est apparu pour la première fois.

Aux États-Unis, XBB.1.5 reste la version dominante, représentant  88 pour cent de tous les variants séquencés dans la première semaine d’avril, selon les CDC (Centres de contrôle et prévention des maladies). Ceux-ci n’ont pas mentionné la version  XBB.1.16 dans leurs mises à jour, mais étant donné qu’ils ont précédemment dissimulé ces données jusqu’à ce qu’un lanceur d’alerte leur eut forcé la main, il est possible que des manigances similaires soient à nouveau en jeu.

Selon Raj Rajnarayanan, doyen adjoint de la recherche et professeur associé à l’université d’État de l’Arkansas, 18  États américains ont détecté «Arcturus». En outre, 14  États ont détecté son descendant, le variant  XBB.1.16.1. Actuellement, les variants  XBB.1.16 et XBB.1.16.1 sont regroupés sous le nom de XBB jusqu’à ce qu’ils atteignent le seuil de 1 pour cent de tous les variants dans le pays, les CDC étant alors tenus de les répertorier séparément.

Outre les États-Unis, la propagation de XBB.1.16 couvre la quasi-totalité du globe. On le trouve au Canada, en Australie, au Japon, en Corée du Sud, en Afrique du Sud, en Israël, au Royaume-Uni et dans la plupart des grands pays d’Europe où la surmortalité est restée obstinément élevée.

Bien que tous les décès ne soient pas dus au COVID-19, un nombre plus élevé d’affections préexistantes sous-jacentes sont exacerbées, ce qui peut être directement imputable à l’impact des infections par le COVID-19 sur la population. Ces problèmes sont encore aggravés par la pression chronique exercée sur les systèmes de santé en raison des politiques de «laisser sévir» qui ont permis à des vagues répétées d’infections d’inonder les hôpitaux.

En Inde, malgré la faible quantité de tests et de suivi, le ministère fédéral de la Santé a enregistré plus de 3.000  cas de COVID-19 en 24  heures jeudi dernier, le chiffre le plus élevé depuis plus de six mois. Le nombre des nouveaux cas a plus que quadruplé en un mois. Selon le ministre de la Santé de New Delhi, Saurabh Bhardwaj, le taux de positivité a dépassé les 10  pour cent. «Nous avons émis un avis», a-t-il déclaré aux journalistes. «Nous avons demandé aux gens de porter des masques s’ils présentent des symptômes grippaux et dans les hôpitaux».

Le Dr Rahul Sharma, pneumologue et médecin en soins intensifs à l’hôpital Fortis de Noida, a confirmé: «On observe une augmentation soudaine du nombre de cas dans toute l’Inde. La principale raison en est le nouveau variant préoccupant du COVID-19. Les symptômes sont bénins, mais de nombreux patients présentent une pneumonie superposée. Une autre raison fréquente est la faible couverture du vaccin préventif (de rappel) dans la population, qui est inférieure à 30  pour cent».

Dans une interview accordée au magazine Fortune, Ryan Gregory, professeur de biologie à l’université de Guelph, dans l’Ontario (Canada), a expliqué qu’en dépit de «l’importante immunité de la population» de l’Inde la pandémie prenait de l’ampleur, ce qui était préoccupant. On ne savait pas encore quelle serait l’ampleur de cette flambée, mais selon lui «les grandes vagues ne sont plus le principal schéma des cas de COVID. C’est le niveau de base élevé et constant qui ne veut pas baisser».

En effet, depuis décembre 2019, les décès officiels dus au COVID-19 ont atteint près de 6,9  millions, tandis que l’estimation centrale de la surmortalité mondiale s’élève à 21,3  millions, soit 3,1  fois les décès officiels dus au COVID-19. Et si les décès hebdomadaires officiels diminuent lentement, les morts excédentaires hebdomadaires ont, elles, augmenté de 33  pour cent depuis la fin de février.

Aux États-Unis, selon le système de suivi COVID du New York Times, le taux quotidien moyen de décès dus au COVID-19 n’est jamais descendu en dessous de 250 depuis mai 2022. Cela représente environ 100.000  décès évitables par an, soit deux fois plus que la saison grippale la plus meurtrière des deux dernières décennies. Depuis le 1er  janvier 2023, en l’espace de trois mois, près de 34.000  personnes sont décédées.

La vague de XBB.1.16 (.1), qui pourrait devenir dominante aux États-Unis, aura des conséquences potentiellement importantes pour la classe ouvrière lorsque l’ensemble du dispositif de lutte contre la pandémie COVID-19 sera démantelé. Les travailleurs devront choisir entre travailler tout en étant infectés ou être licenciés pour avoir pris les précautions nécessaires. De nombreux travailleurs infectés font déjà état de difficultés à obtenir le traitement antiviral fabriqué par Pfizer, le Paxlovid, auprès de leurs fournisseurs. Les pharmacies ne fournissent pas les traitements sans ordonnance médicale.

Le COVID-19 a été tellement minimisé par le gouvernement et les médias que les pharmacies et les systèmes de soins de santé considèrent peu urgent de répondre aux besoins des personnes infectées. Les traitements antiviraux qui contribuent à réduire le risque de maladie grave et de COVID longue durée doivent être administrés dans les jours qui suivent l’apparition des symptômes, faute de quoi leurs effets bénéfiques sont amoindris.

De plus, la fin de l’urgence sanitaire pour le COVID-19 le mois prochain signifie que l’accès aux «tests à domicile» individuels deviendra plus coûteux et plus difficile à obtenir. Il sera essentiel de s’appuyer sur la surveillance des eaux usées pour suivre l’évolution de la prochaine vague d’infections. Mais cela nécessite un financement et une coordination au niveau national pour que la surveillance du COVID-19 et d’autres agents pathogènes infectieux soit réellement efficace.

Face à la menace actuelle que représentent le COVID-19 et les épidémies répétées d’agents pathogènes hautement infectieux et potentiellement mortels, les États et le gouvernement fédéral montrent un mépris total pour toute initiative réelle en matière sanitaire. Cela a d’immenses implications pour la classe ouvrière qui, jusqu’à présent, a été dépendante du gouvernement pour veiller à son bien-être.

L’abandon des fonctions élémentaires de protection sanitaire de la population témoigne du dysfonctionnement complet de l’appareil d’État et du mépris pour la vie de ceux qui produisent la richesse des élites dirigeantes. La pandémie de COVID-19, en tant qu’événement déclencheur de l’histoire, a révélé la faillite des rapports capitalistes et a mis en évidence l’importance centrale de la lutte des classes et la nécessité d’une transformation socialiste de la société.

(Article paru d’abord en anglais le 4 avril 2023)

Loading