L’intersyndicale veut étouffer la lutte contre Macron en attendant jusqu'au 6 juin pour se mobiliser

La décision de l’intersyndicale d’attendre le 6 juin avant la prochaine mobilisation contre Macron et entre-temps de relancer le dialogue avec lui est une trahison de la classe ouvrière.

La volonté de lutte ouvrière et la défiance populaire contre Macron restent intactes malgré la validation de la réforme des retraites. Une écrasante majorité des Français rejette cette loi scélérate de Macron, qui gouverne contre le peuple, et les deux-tiers des Français veulent bloquer l’économie pour faire chuter Macron. Mais loin de continuer la lutte, l’intersyndicale fait tout son possible pour étouffer et démobiliser la lutte politique qui se profile entre les travailleurs et un État qui tente d’imposer au peuple un diktat illégitime.

Cela confirme l'analyse du PES: pour lutter contre Macron, les travailleurs doivent construire leurs propres organisations de lutte, des comités d'action de la base, afin de se mobiliser indépendamment des appareils syndicaux.

Dans son communiqué l’intersyndicale avoue qu’une large opposition se mobilise contre Macron, puisque 2,3 millions de personnes ont défilé le 1er mai. Mais elle propose une perspective impuissante pour relancer les négociations avec Macron, tout en faisant semblant de faire pression sur l'Assemblée pour s’opposer à nouveau à la réforme en juin. Evoquant un texte législatif critiquant la réforme de Macron qui dévrait être déposé à l’Assemblée en juin, le communiqué déclare:

«Cette proposition de loi permettra pour la première fois à la représentation nationale de se prononcer par un vote sur la réforme des retraites. Nous appelons unitairement nos organisations à aller rencontrer les députés partout pour les appeler à voter cette proposition de loi. Dans ce cadre, l’intersyndicale appelle à multiplier les initiatives avec notamment une nouvelle journée d’action commune, de grèves et de manifestions le 6 juin prochain permettant à l'ensemble des salariés de se faire entendre des parlementaires.»

Cette proposition est impuissante, car l’Assemblée nationale s’est déjà avérée être hostile à la majorité des Français qui s’opposent à la réforme de Macron. En mars, elle a décidé de ne pas censurer Macron quand il a imposé cette réforme des retraites via le 49.3 sans vote à l’Assemblée. Ainsi l’Assemblée a indiqué que dans sa majorité, elle soutient la réforme illégitime de Macron.

En réalité, l’intersyndicale fait tout son possible pour enfermer les travailleurs politiquement dans une posture impuissante, dans l'expectative d'une opposition à l'Assemblée et dans la soumission politique à l’État capitaliste.. Mais il n’y a rien à négocier avec Macron, ni avec les parlementaires bourgeois dans l’Assemblée. La lutte contre la réforme ces derniers mois a démontré clairement que la classe ouvrière est dans une lutte politique contre l’ensemble de l’État capitaliste en France.

L’intersyndicale déclare, par contre, qu’elle va relancer ses négociations avec Macron, sans donner d'horaire précis. En clair, les appareils syndicaux rejoignent le reste de l'appareil d’État capitaliste qui tente d'imposer la réforme aux Français. Ils écrivent:

«Le gouvernement a annoncé l’ouverture d’un cycle de concertations sans que l’objet ni le cadre ne soient précisément fixés. Les organisations syndicales de salarié.e.s rappelleront leur refus de la réforme des retraites.
«Elles travailleront à des propositions intersyndicales communes mettant à contribution les employeurs, pour que les préoccupations des salarié.e.s soient enfin prises en compte, en matière de salaires, de conditions de travail, de santé au travail, de démocratie sociale, d’égalité F/H (femme-homme) et d’environnement notamment. La défiance est profonde et le dialogue ne pourra être rétabli que si le gouvernement prouve sa volonté de prendre enfin en compte les propositions des organisations syndicales.»

Le PES a souligné que la situation était objectivement révolutionnaire, en raison du conflit inconciliable entre la classe ouvrière et Macron, mais aussi parce que cette lutte se déroule sur fond d’une vague de grèves de millions de travailleurs en Allemagne, au Royaume-Uni, au Portugal, en Belgique et au-delà. L’OTAN et la Russie vont rapidement vers une escalade majeure de la guerre, et les gouvernements sont discrédités. Pour stopper la politique de Macron, il faut le faire chuter.

L’intersyndicale, par contre, veut relancer les négociations directement avec Macron. Il est évident à présent qu'ils n'osaient pas le faire avant, non pas parce qu'ils refusent de négocier avec un dictateur qui foule aux pieds la volonté du peuple, mais parce qu'ils craignaient d'être débordés par les travailleurs s'ils le faisaient.

L’hostilité des appareils syndicaux envers les intérêts et la lutte de la classe ouvrière démasque ces organisations étroitement liées à l’État. Dans le cadre du dialogue social, les appareils syndicaux imposent l’appauvrissement des travailleurs dans le but piller les richesses créées par les travailleurs pour l’aristocratie financière et financer les préparatifs de guerre de Macron. La réduction des dépenses sociales réalisée par cette réforme servira à financer l’augmentation du budget de l’armée d’environ 90 milliards d’euros avant 2030.

Cette politique n’est pas le résultat d’une erreur tactique des chefs syndicaux ou le produit de la corruption personnelle d’un ou autre dirigeant syndical. C’est le reflet de leurs intérêts matériels en tant que couche petite-bourgeoise hostile à la lutte des classes révolutionnaire et étroitement lié à l’État via le «dialogue social».

En échange des services rendus, l’État et le patronat versent des milliards d’euros chaque année aux appareils syndicaux qui permettent des rémunérations plusieurs fois supérieures aux salaire moyen d’un ouvrier pour les hauts responsables syndicaux. Dans son rapport de 2012 sur le financement des appareils syndicaux, le député Perruchot a écrit:

«On le voit, presque 4 milliards d’euros qui sont vraisemblablement consacrés annuellement à l’activité syndicale en France. L’essentiel de ces moyens (90 pour cent) semble provenir de l’exercice du droit syndical dans les entreprises et la fonction publique, tandis que les contributions directes des syndiqués sous forme de cotisations n’en représenteraient, après déduction de l’aide fiscale, que 3 à 4 pour cent».

La trahison de la bureaucratie syndicale met à nu la faillite des organisations de la pseudo-gauche petite-bourgeoise comme le NPA, Révolution Permanente ou LO, qui supplient les dirigeants syndicaux de fournir un «plan de bataille» aux travailleurs contre Macron. Ils rejettent toute mesure révolutionnaire, défendant un programme national subordonné à l’État capitaliste «démocratique». Ce n’est finalement qu’un mince vernis de pseudo-gauche appliqué à une politique de subordination de la classe ouvrière à leurs négociations avec Macron et son État policier.

Il faut continuer et étendre les grèves contre l’austérité et la guerre, y compris au-delà des frontières de la France, indépendamment des appareils syndicaux pro-capitalistes et leurs alliés politiques. Pour cela les travailleurs doivent créer leurs propres comités d’action, rompant avec les appareils syndicaux afin de prendre le contrôle de leurs luttes. C’est la seule façon de continuer la lutte déjà entamée contre Macron, stopper le sabotage de cette lutte par les dirigeants syndicaux, et de stopper les attaques de Macron en le faisant chuter.

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