Vague de COVID à travers le Canada alors que les hôpitaux abandonnent le port du masque obligatoire

Alors que le nouveau et très infectieux variant XBB.1.16, ou «Arcturus», du virus SARS-CoV-2 balaie le monde, le Canada, comme tous les pays capitalistes, est terriblement mal préparé à faire face à de nouvelles vagues de la pandémie de COVID-19.

Une infirmière enfile un nouveau masque N95 (on peut voir les marques laissées par le masque qu’elle vient d’enlever) après avoir quitté la chambre d’un patient COVID-19 dans l’unité de soins actifs du Harborview Medical Center, le vendredi 14 janvier 2022, à Seattle.

La résurgence du COVID est avant tout due à la politique d’infection de masse du «Covid perpétuel» menée par les gouvernements provinciaux et fédéral, à l’image de leurs homologues internationaux. Le gouvernement libéral de Trudeau a été le fer de lance de cette politique, notamment en accédant aux demandes du Convoi de la liberté d’extrême droite au début de l’année 2022 de démanteler toutes les mesures de santé publique restantes. Les libéraux ont reçu le soutien indéfectible des syndicats, qui ont réprimé tous les efforts déployés par les travailleurs pendant la pandémie pour résister à des conditions de travail dangereuses.

Plusieurs provinces ont récemment connu une augmentation du nombre d’hospitalisations et de décès liés au COVID-19. Au cours de la semaine précédant le 12 mai, le Manitoba a enregistré 41 hospitalisations liées au COVID-19, soit 16 de plus que la semaine précédente. Le nombre d’admissions en unité de soins intensifs a également augmenté, passant à 11, et deux personnes sont décédées des suites de la maladie.

Au cours de la même semaine, la Nouvelle-Écosse a signalé huit décès dus au COVID-19, les autorités sanitaires s’empressant de souligner qu’il s’agissait de décès qui n’avaient pas été signalés auparavant et qui s’étaient «très probablement produits» au cours des semaines et des mois précédents.

Cela ne fait que souligner à quel point tout semblant de collecte de données sur la pandémie a été démantelé par tous les niveaux de gouvernement, à l’exception de la surveillance des eaux usées. En substance, l’ensemble des 38 millions d’habitants du pays vole à l’aveuglette à travers une pandémie en cours, les seules analyses et interprétations systématiques des données étant effectuées par des groupes de bénévoles tels que COVID-19 Resources Canada, qui compile un indice de risque national mensuel et suit à la fois les hospitalisations et les décès.

Le variant XBB.1.16 serait originaire d’Inde et a entraîné une augmentation massive du nombre d’infections et d’hospitalisations dans ce pays. Pour la seule journée du 11 avril, le pays a enregistré 5,5 millions de nouvelles infections, ce qui est très certainement une sous-estimation compte tenu de la minimisation notoire du COVID-19 par le Premier ministre Narendra Modi, qui a tristement juré de sauver le pays non pas du virus lui-même, mais des «confinements».

XBB.1.16 est une combinaison des variants BA.2.10.1 et BA.2.75 et présente une mutation supplémentaire sur sa protéine de pointe. Des études de laboratoire ont montré que cette mutation pouvait potentiellement accroître l’infectiosité et la gravité de la maladie. Néanmoins, le gouvernement et les autorités sanitaires du Canada ont allègrement écarté le danger que représente le nouveau variant. En cela, ils se sont inspirés de la mal nommée Organisation mondiale de la santé, qui a récemment mis fin à sa désignation de la pandémie comme urgence sanitaire mondiale, une concession faite aux marchés financiers.

On s’attendait à ce que le nouveau variant représente au moins un tiers de toutes les nouvelles infections en Ontario à la mi-avril. Les taux de positivité ont commencé à augmenter dans la province après avoir atteint leur niveau le plus bas en un an il y a deux semaines. La province a enregistré 16 décès dus au COVID au cours de la deuxième semaine de mai, bien que le nombre d’hospitalisations soit inférieur au niveau le plus bas atteint en juin 2022.

Plusieurs évolutions inquiétantes laissent présager un nouvel affaiblissement de la protection collective contre le coronavirus, ce qui entraînera une augmentation des infections, des hospitalisations et des décès.

La grande majorité des établissements de soins de santé au Canada ont abandonné le port du masque, tant pour les patients que pour le personnel. Il s’agit notamment des hôpitaux et des cliniques communautaires. Dans le même temps, les messages publics émanant des capitales provinciales et de leurs autorités sanitaires font porter la responsabilité du port du masque aux personnes elles-mêmes, rendant ainsi les personnes responsables si elles contractent le COVID, et non sur les politiques de santé publique capitalistes conçues pour infecter l’ensemble de la population.

La rhétorique qui guide cette campagne est dégénérée et politiquement malhonnête. Elle émane de responsables provinciaux de la santé publique et de cadres du secteur de la santé dont la conduite tout au long de la pandémie a directement conduit à la mort de dizaines de milliers de personnes. En fait, il s’agit de criminels politiques qui tentent de blanchir leur complicité dans des politiques de mort massive.

La Dre Bonnie Henry, responsable provincial de la santé en Colombie-Britannique, qui a supervisé la réouverture des écoles au cours de la première année de la pandémie et a refusé catégoriquement de considérer le SRAS-CoV-2 comme un agent pathogène transmissible par l’air, a affirmé que la province ne «vous dit pas de ne pas porter de masque, ce que nous disons, c’est que ce n’est plus obligatoire...»

Le Dr Alon Vaisman, médecin spécialiste de la lutte contre les infections à l’University Health Network de Toronto, en Ontario, a eu le culot de prétendre que l’épuisement professionnel des travailleurs de la santé, causé par les politiques d’infection de masse qui ont poussé le système de santé au point de rupture et poussé des légions de travailleurs à quitter l’industrie, était en fait causé par le port du masque.

«… S’il y a quelque chose que nous pouvons faire pour essayer d’atténuer le stress», a commencé Vaisman, «si on peut lever le port du masque là où il n’est plus nécessaire et où le risque est extrêmement faible... c’est très utile pour réduire l’épuisement professionnel».

La réaction de la bureaucratie syndicale canadienne est révélatrice de sa position tout au long de la pandémie, qui a consisté à soutenir les campagnes de réouverture des lieux de travail et des écoles et les politiques d’infection massive des gouvernements, tout en sabotant toute opposition des travailleurs.

Mark Hancock, président national du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), a réagi à la nouvelle de la levée de l’obligation de porter le masque dans les hôpitaux en s’exclamant qu’il n’était «pas acceptable que les gouvernements autorisent les employeurs à “faire porter la responsabilité de la sécurité du lieu de travail aux travailleurs de première ligne”».

Mais c’est précisément ce que le SCFP et tous les autres syndicats du pays ont permis à ces gouvernements de faire pendant plus de trois ans. Chaque fois que des travailleurs, y compris des enseignants, des infirmières et des ouvriers d’usine, se sont levés pour renverser les conditions dangereuses de la pandémie et instaurer de meilleures protections, les bureaucrates syndicaux se sont empressés d’étouffer ces initiatives. Dans les négociations collectives qui se sont succédé, les syndicats ont visiblement omis de mentionner le COVID-19, tout en travaillant en coulisses avec la direction pour ratifier des contrats bourrés de reculs.

En plus de la levée du port du masque dans les établissements de santé en difficulté du pays, la distribution gratuite des tests rapides a pris fin ou est en train de prendre fin dans tout le pays. Le Québec vient de retirer les tests rapides gratuits des rayons des magasins, et l’Ontario suit rapidement. Ces tests sont en soi un piètre substitut aux tests de réaction en chaîne par polymérase (PCR), plus précis, qui sont refusés depuis plus d’un an à tous les patients, à l’exception des plus vulnérables sur le plan médical.

La Dre Tara Moriarty, responsable de COVID-19 Resources Canada, a récemment souligné la chute brutale des vaccinations au sein de la population. Selon la Dre Moriarty, seulement 12,8 % de la population a terminé sa première série de vaccins COVID ou a reçu une nouvelle dose au cours des six derniers mois. Ce chiffre passe à 30 % pour les personnes âgées de 70 ans ou plus, mais la vulnérabilité de l’ensemble de la population expose les personnes âgées à un risque accru de contracter la maladie, en particulier dans les établissements de soins de santé où aucune mesure d’atténuation n’est mise en place.

Le système de santé publique du Canada, déjà fragilisé par des décennies de coupes budgétaires avant la pandémie, est en train d’être ébranlé dans ses fondements mêmes. Ce fait a été mis en évidence par une lettre ouverte rédigée par un groupe de médecins du Surrey Memorial Hospital, en Colombie-Britannique, qui mettait désespérément en garde «le public contre les conditions dangereuses qui existent dans notre hôpital et le manque de communication sur cette crise auprès des patients et du public».

La lettre dépeint un tableau macabre de la médecine de couloir dans le service d’urgence le plus fréquenté de la province, où des patients attendent des jours sur un brancard avant d’être vus par un médecin, certains mourant au cours du processus. Si l’exemple du Surrey Memorial est illustratif, les travailleurs de tout le Canada connaissent des histoires d’horreur similaires dans leur propre région.

Même si les admissions en unité de soins intensifs pour pneumonie grave induite par COVID sont inférieures à celles de l’hiver 2021-2022, alimenté par Omicron, au moins 52.000 Canadiens parmi les plus vulnérables sur le plan médical sont morts de ce qui est une maladie tout à fait évitable.

En d’autres termes, si une solide stratégie d’élimination du COVID-19 avait été mise en place dès le début de la pandémie et coordonnée au niveau mondial, des dizaines de milliers de personnes seraient encore en vie. Et cela, sans même prendre en compte les quelque 15 % de la population qui souffrent des effets du COVID long, qui pourrait s’avérer être un handicap à vie pour les personnes touchées.

(Article paru en anglais le 23 mai 2023)

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