Les autorités sanitaires chinoises mettent en garde contre une nouvelle recrudescence des infections par le virus COVID-19 avec la sous-variante XBB

Lundi, à Guangzhou, capitale de la province de Guangdong dans le sud de la Chine, le Dr Zhong Nanshan, l’un des plus grands spécialistes chinois des maladies respiratoires, a annoncé qu’une vague d’infections par le virus COVID-19, le dernier sous-variant XBB d’Omicron, était en train de se propager en Chine.

Cette vague devrait culminer à la fin du mois de juin, avec une projection d’environ 65 millions d’infections par semaine, soit la deuxième vague en importance du pays pendant la pandémie. Toutefois, compte tenu de l’absence de tests, ces chiffres doivent être considérés comme largement sous-estimés, de même que toutes les données relatives à la pandémie de COVID-19 en cours. Il est à noter que la Chine compte un nombre considérable de personnes âgées et vulnérables qui restent largement non vaccinées.

Comme en Chine, d’autres vagues d’infection frappent les populations d’Asie du Sud-Est, d’Asie du Sud, d’Asie de l’Est et du Brésil. Selon le rapport de situation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), des points chauds subsistent en Thaïlande, en Indonésie et en Inde, où le nombre de décès augmente également.

En Thaïlande, le Dr Tares Krassanairawiwong, directeur général du département de contrôle des maladies, a confirmé qu’entre le 14 et le 20 mai, on a admis 2.632 patients à l’hôpital pour le COVID-19. Parmi eux, 401 souffraient d’infections pulmonaires, 226 ont dû être mis sous respirateur et on a enregistré 64 décès. Le Dr Tares Krassanairawiwong a attribué cette augmentation à la saison des pluies et au début de l’enseignement en classe pour les enfants. Il a appelé à prendre des précautions générales, à porter des masques et à éviter les espaces intérieurs encombrés.

Entretemps au Brésil ― malgré les tentatives de dissimulation de l’état réel de la pandémie ― des rapports récents sur les médias sociaux et les sources en ligne suggèrent que les hôpitaux sont à nouveau débordés par les patients. L’oxygène médicinal fait cruellement défaut. Ces informations ont été corroborées par diverses entités médicales, des médecins locaux et des chercheurs au Brésil.

Les autres pays touchés sont le Viêt Nam, les Philippines, la Mongolie et, dans une moindre mesure, le Japon, la Corée du Sud et l’Australie. On observe également des pics de cas dans les pays africains de la République démocratique du Congo, du Cabo Verde, de l’Ouganda et de l’île Maurice.

Ces développements ne font que confirmer que la déclaration de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon laquelle le moment était venu de mettre fin à l’urgence de santé publique de portée internationale (PHEIC), était prématurée. Plutôt qu’une évaluation sérieuse de l’état de la pandémie, elle ressemble davantage à la déclaration de « mission accomplie » faite par l’ancien président George Bush il y a deux décennies, le 5  juin 2003, lors de la célébration prématurée de la conquête de l’Irak par l’impérialisme américain.

Alors que les guerres menées par l’impérialisme américain au cours du dernier quart de siècle ont tué plus de 4 millions de personnes, la décision délibérée des élites dirigeantes de laisser libre cours à cet agent pathogène mortel et contagieux, qui aurait pu être éradiqué en peu de temps, est responsable de 20 millions de morts et de graves conséquences pour la santé de dizaines de millions d’autres personnes.

Selon les autorités sanitaires chinoises, début mai, les nouveaux sous-variants XBB, nés de la recombinaison de deux souches Omicron antérieures, représentaient 84 pour cent de tous les virus du SRAS-CoV-2 séquencés, contre un minuscule 0,2  pour cent à la mi-février. Il convient de rappeler que lorsque les autorités chinoises ont levé leur politique Zero-COVID à la fin de l’année dernière, un tsunami d’infections par le sous-variant BA.5 d’Omicron a frappé l’ensemble du pays, avec des estimations de plus d’un million de décès.

Le fait qu’une nouvelle vague d’infections soit apparue à l’horizon trois mois plus tard ne fait que démontrer de manière flagrante la capacité d’invasion immunitaire. On voit aussi que la contagion de ces souches est en constante évolution. Voilà l’irresponsabilité criminelle de la décision de mettre fin à la politique Zero-COVID.

On voit la file d’attente pour les tests COVID de masse à Shanghai il y a un an, avant l’abandon de la politique Zero-COVID. [AP Photo/Chen Si, File]

Shanghai, qui avait vaincu la sous-variant BA.1 il y a un peu plus d’un an, est maintenant confronté aux sous-variants  XBB.1.16, XBB.1.16.1.1 (lignée de pangolin  FU.1), XBB.1.5, XBB.1.9.1 et à de multiples ramifications du sous-variant  BA.5.

La Commission nationale chinoise de la santé, à l’instar de toutes les autres institutions sanitaires nationales, continue de minimiser les conséquences de cette nouvelle poussée. Elle affirme à maintes reprises que la pathogénicité des nouveaux variants n’a pas changé de manière significative. Mais elle appelle à « développer des vaccins plus efficaces ». Les autorités chinoises reconnaissent en fait les dangers croissants auxquels la population se trouve exposée. Une étude du Centre chinois de contrôle des maladies (CDC) a récemment montré que sur un échantillon de 368 infections par le COVID-19, 104 étaient des réinfections. La majorité des personnes réinfectées avaient déjà reçu un vaccin de rappel.

Xie Xiaoliang, un chimiste biophysicien à l’université de Pékin, a déclaré lors d’une récente conférence universitaire : « Les données mondiales montrent que les mutations du virus peuvent déclencher par intermittence plusieurs séries de pics d’infection, environ une fois tous les cinq mois. Les chercheurs doivent donc se préparer à un éventuel pic d’épidémies cet hiver ».

Xie Liangzhi, président de la société SinoCellTech, basée à Pékin, a déclaré au Global Times : « Les vaccins basés sur les variants originaux ne sont pas conçus afin de prévenir l’infection par les nouveaux variants. Les premiers ne peuvent pas induire des anticorps neutralisants suffisamment efficaces contre la souche mutée, alors que la nouvelle génération de vaccins plus ciblés peut induire des anticorps suffisants et efficaces ».

Même le groupe consultatif technique de l’Organisation mondiale de la santé sur la composition du vaccin COVID-19 a reconnu que l’efficacité des vaccins actuels contre la maladie symptomatique était limitée. Elle baissait avec les lignées XBB.1. Il recommande de modifier la formulation destinée à ces souches ― telles que XBB.1.5 ou XBB.1.16 ― et de passer à des formulations monovalentes, en éliminant le vaccin contre la souche d’origine puisqu’elle ne circule plus.

De tels aveux ne font que souligner l’échec persistant de la stratégie de vaccination exclusive contre laquelle l’OMS elle-même avait déjà mis en garde. Elle avait ouvertement déclaré que la vaccination, si elle n’était pas accompagnée d’une atténuation maximale de la maladie, n’était pas une stratégie viable pour lutter contre la pandémie. L’adoption de cette stratégie par l’OMS constitue une régression scientifique et une capitulation face aux pressions politiques auxquelles l’agence est confrontée depuis le début de la pandémie.

La seule solution viable à la calamité pandémique actuelle est la remise en œuvre des stratégies de santé publique fondamentales qui se sont avérées efficaces depuis des siècles. Il s’agit des éléments tels que les quarantaines, l’isolement et le masquage, en même temps que tous les efforts sont dirigés vers le développement de vaccins contre le pan coronavirus et les muqueuses et vers la planification de thérapeutiques et d’infrastructures qui visent à garantir que la qualité de l’air intérieur soit exempte d’agents pathogènes.

Une étude publiée la semaine dernière dans Nature par les laboratoires Sato de l’université de Tokyo a donné un aperçu des caractéristiques virologiques de la variante XBB du SRAS-CoV-2. Comme indiqué précédemment, le XBB est issu de la recombinaison de deux lignées BA.2, BJ.1 et BM.1.1.1, dont la circulation ensemble l’été dernier avait constitué « événement marquant de la pandémie », selon le Dr Rajeev Jayadevan, coprésident du groupe de travail national COVID de l’IMA et ancien président de l’Association médicale indienne. Pour l’essentiel, tous les variants précédents impliquaient des mutations individuelles. Le XBB représente un changement qualitatif, car des voies évolutives convergentes permettent au coronavirus de développer des capacités d’adaptation plus complexes.

Comme le soulignent les auteurs du rapport : « à notre connaissance, il s’agit du premier exemple documenté d’un variant du SRAS-CoV-2 qui augmente sa capacité d’adaptation par recombinaison plutôt que par substitution ». Ils ont également constaté que XBB.1 présentait une « profonde résistance à l’immunité humorale antivirale induite par la vaccination ou les infections de rupture des sous-variants Omicron antérieurs, ce qui est conforme aux rapports d’autres groupes ».

Il convient d’ajouter que, bien que la pathogénicité de XBB reste similaire à celle de ses prédécesseurs, cela ne garantit pas que cette situation reste vraie avec les futurs variants. Une possibilité existe que de nouveaux variants vont évoluer vers des versions plus létales. Des événements recombinants pourraient très bien relier un variant hautement transmissible comme le XBB à un variant qui a un tropisme similaire dans les tissus pulmonaires profonds comme le Delta. Cela pourrait conduire à un variant qui présente les deux caractéristiques : une plus grande infectiosité et une plus grande létalité. Le fait que cela ne se soit pas encore produit est simplement un coup aveugle du hasard.

Comme l’a noté l’OMS, les deux premières années de la pandémie de COVID-19 ont effacé 337 millions d’années de vie pour la population humaine mondiale. Plus inquiétant encore, les statistiques mondiales annuelles montrent également que les maladies non transmissibles telles que les maladies cardiaques, le diabète et le cancer représentent une menace croissante. La contribution directe et indirecte de COVID-19 dans ce domaine n’est plus à démontrer.

Tous les progrès réalisés en matière de santé publique au cours des deux premières décennies du XXIe siècle sont en train de disparaître rapidement. L’espérance de vie mondiale s’est effondrée. Des maladies comme le VIH, le choléra, la tuberculose et le paludisme progressent à nouveau alors que l’accès aux soins de santé nécessaires se trouve détruit par le capitalisme. Entre-temps, la menace que représentent les nouveaux agents pathogènes pandémiques émergents n’a fait que croître face à l’inaction des gouvernements du monde entier et à la disparition de systèmes de santé publique efficaces.

(Article paru d’abord en anglais le 25 mai 2023)

Loading