L'État policier de Macron lance une répression brutale contre les manifestants français

Les affrontements entre les manifestants et la police se sont poursuivis dans toute la France au cours du week-end, à la suite du meurtre par la police de Nahel M., 17 ans, à Nanterre, en banlieue parisienne, mardi dernier. Dimanche soir, le président Emmanuel Macron a tenu un conseil des ministres d'urgence en réponse à la crise actuelle.

Des policiers patrouillent devant l'Arc de Triomphe sur les Champs Elysées à Paris, le samedi 1er juillet 2023. [AP Photo/Christophe Ena]

L'assassinat, mais aussi la tentative des policiers impliqués de couvrir le meurtre en invoquant la légitime défense — avant qu'une vidéo de l'incident ne montre qu'ils ont tiré sur les jeunes à bout portant sans que leur vie ne soit menacée — ont suscité une immense vague de colère en France et dans le monde entier.

Non seulement le meurtre, mais aussi la tentative des officiers impliqués de couvrir le meurtre en légitime défense — avant qu'une vidéo de l'incident ne montre qu'ils ont tiré sur le jeune à bout portant sans que leur vie ne soit menacée — ont suscité une immense vague de colère en France et dans le monde entier.

Samedi, les funérailles de Nahel ont eu lieu à Nanterre en présence de milliers de manifestants pacifiques.

De violents affrontements à travers la France ont donné lieu à l'arrestation de 1 300 personnes dans la nuit de vendredi à samedi, puis de 719 autres dans la nuit de samedi à dimanche. Cette répression fait suite à l'arrestation de milliers de personnes par la police française lors de la mise en œuvre antidémocratique de la réduction des retraites par Macron ce printemps. 

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Les principales villes ont été assiégées par des forces de police lourdement armées, équipées d'hélicoptères, de voitures blindées et d'armes à feu « anti-émeutes ». Vendredi, samedi et dimanche soir, 45 000 policiers ont été mobilisés au niveau national et 7 000 autres ont été envoyés en renfort à Paris chaque nuit.

Au cours du week-end, des unités spécialisées du RAID, qui occupent les quartiers avec des voitures blindées, ont été déployées à Marseille et à Lyon. Les tristement célèbres unités BRAV-M, qui ont provoqué et terrorisé les manifestants à Paris en avril lors des manifestations contre la réforme des retraites de Macron, ont également été déployées.

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Malgré les efforts du gouvernement Macron pour censurer les preuves de la violence policière sur les médias sociaux, des vidéos montrent des charges policières violentes contre des manifestants pour la plupart sans défense. D'autres vidéos montrent les efforts de la police pour empêcher les journalistes d'enregistrer les affrontements.

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Des batailles rangées entre policiers et manifestants, pour la plupart jeunes, ont eu lieu dans de nombreuses villes. Des commissariats ont été incendiés dans les villes de Nemours, de Pau et de Combs-la-Ville. Des bâtiments publics ont été incendiés à Paris, à Marseille et à Lille. À Aubervilliers, dans la banlieue nord de Paris, une gare routière a brûlé et 12 bus ont été détruits. À Lyon, des groupes ont attaqué un véhicule de police transportant des armes et des balles réelles qui n'ont pas encore été récupérées.

Vendredi et samedi soir, les services de tramway et de bus ont été annulés dans toute la France à partir de 21 heures sur ordre du ministre de l'intérieur Gérald Darmanin. Cette mesure a été étendue au métro parisien dimanche. Au cours du week-end, à Lille, à Marseille et à Lyon, les transports publics ont été supprimés et les réunions en groupe ont été interdites à partir de la fin de l'après-midi. Des mesures similaires ont été prises dans des villes moins importantes du territoire qui ont été le théâtre d'affrontements en début de semaine.

La colère contre la répression policière et les conditions sociales s'est étendue à la Belgique et à la Suisse. Dans la ville suisse de Lausanne, sept personnes ont été arrêtées dans la nuit de samedi à dimanche. Les territoires d'outre-mer de la Réunion et de la Guyane française ont également été le théâtre d'affrontements importants. Reflétant la nervosité internationale face à la situation en France, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu'il « observait la situation avec inquiétude ».

Un incident qui donne un aperçu de la haine populaire des politiciens capitalistes français s'est produit dans la petite ville de L'Haÿ-Les-Roses où une voiture en feu a été poussée dans l'allée d'un maire local, membre Les Républicains, parti politique de droite. La Première ministre française Elisabeth Borne s'est précipitée sur les lieux et a publiquement assuré les responsables que le gouvernement et la police les protégeraient de leurs électeurs.

Le gouvernement Macron a déployé des efforts considérables pour nier la nature ouvertement politique de ces manifestations, qui découlent directement de la lutte pour la réduction des retraites. Samedi, Macron a déclaré : « Nous avons vu des rassemblements violents organisés sur plusieurs [plateformes de médias sociaux], mais aussi une forme de mimétisme de la violence... vivant les jeux vidéo qui les ont intoxiqués ».

Cela fait écho à la déclaration de Macron lors des manifestations des Gilets jaunes, lorsqu'il a blâmé Facebook pour l'opposition massive à sa présidence.

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a ensuite tenté de présenter les manifestations comme l'œuvre de criminels endurcis et apolitiques : « il n’y a pas de message politique. Quand vous pillez un magasin Foot Locker, Lacoste ou une boutique Sephora, il n’y a pas de message politique. C’est du pillage ».

Si les jeunes Français se sentent obligés de recourir à la violence pour exprimer leur mécontentement, ce n'est pas à cause des médias sociaux ou des jeux vidéo, mais à cause des terribles conditions sociales dans lesquelles ils vivent et du manque d'alternatives politiques offertes par les partis politiques établis. Dans les banlieues de Paris, de Lyon et de Marseille, où se sont concentrés les affrontements les plus violents, la pauvreté et le chômage sont endémiques.

La réalité à laquelle sont confrontés les jeunes des quartiers populaires est celle d'une jeunesse sans emploi, sans accès à une éducation de qualité et soumise à un harcèlement permanent - quand ce n'est pas une menace mortelle comme dans le cas de Nahel - de la part des flics. Comme l'a montré leur rôle traître dans la lutte contre la réforme des retraites, les partis de la pseudo-gauche et les bureaucraties syndicales qui prétendent s'opposer à Macron n'offrent aucune opposition réelle au système capitaliste qui a condamné ces jeunes hommes et ces jeunes femmes à vivre dans la pauvreté.

Les arrestations massives du week-end font suite au communiqué commun fasciste des syndicats de police publié vendredi, déclarant « nous sommes en guerre » et menaçant de « mettre hors d'état de nuire ceux que nous arrêterons ». Le communiqué commun poursuivait : « Face à ces hordes sauvages, il ne suffit plus de demander le calme, on doit l’imposer. ... [il est temps] de combattre ces vermines ».

Des pans entiers de la classe politique se sont solidarisés avec la « guerre » de la police contre la « vermine » et ont exigé une réponse encore plus sévère. Dans un discours vidéo diffusé dimanche, la chef de file de l'extrême droite, Marine Le Pen, a dénoncé « l'anarchie » qui règne en France et a appelé les autorités à décréter l'état d'urgence ou le couvre-feu. Le chef du parti conservateur Les Républicains, Eric Ciotti, a déclaré : « Je soutiens la police de toutes mes forces, les gendarmes et ceux qui les commandent ».

Tous deux ont dénoncé Jean Luc Mélenchon, leader de l'alliance de pseudo-gauche NUPES. Ciotti l'a qualifié de « danger pour la république » parce que Mélenchon avait qualifié la police « d'incontrôlée », un euphémisme énorme après des mois de répression violente contre des manifestations pacifiques et la tentative de couvrir l'assassinat brutal d'un jeune homme de 17 ans.

Mélenchon représente tout sauf un danger pour la Cinquième République capitaliste, qu'il a soutenue à travers la crise électorale de 2022 et la lutte contre la réforme des retraites de Macron. Il représente une aile de la bourgeoisie qui craint la réaction sociale que la criminalité éhontée de la police et de ses sponsors politiques pourrait provoquer, tout en restant organiquement hostile aux aspirations sociales de la classe ouvrière.

Sa réponse à la crise n'a pas été d'appeler à la chute du gouvernement Macron et de son État policier, mais de produire une « déclaration d'urgence » édentée dont les principales demandes sont une meilleure formation de la police et la formation d'une série de commissions de contrôle indépendantes. L'idée absurde qu'une force ultra-violente de policiers qui se déclarent « en guerre » contre la « vermine » puisse être « réformée » est un autre exemple de la faillite politique de la pseudo-gauche française.

Les suites des manifestations de George Floyd, où le Parti démocrate américain s'est solidarisé avec les manifestants contre la violence policière pour ensuite augmenter massivement le financement et la militarisation de la police après l'arrivée de Biden au pouvoir, devraient servir d'avertissement à la population française : ni Mélenchon ni aucun autre politicien bourgeois ne lancera une lutte contre la police ou le système capitaliste qu'ils défendent.

Le Parti de l'égalité socialiste appelle à la construction de comités de base indépendants des partis de pseudo-gauche et des bureaucraties syndicales pro-Macron. Seule une mobilisation de masse de la classe ouvrière française et européenne peut défendre les travailleurs et la jeunesse contre les violences policières et faire tomber le gouvernement détesté de Macron.

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