Mobilisons les travailleurs d’Amérique du Nord pour défendre les débardeurs du Canada et vaincre les mesures antigrèves du gouvernement!

Êtes-vous un docker en Colombie-Britannique? Contactez-nous ici pour vous exprimer anonymement sur vos conditions de travail et exprimer votre point de vue sur la façon dont votre lutte peut être gagnée. Nous nous battons pour la création de comités de grève composés de membres de la base, afin que les travailleurs puissent rallier le soutien de la classe ouvrière et faire échouer les plans du gouvernement libéral et des entreprises canadiennes, qui veulent utiliser une loi d’urgence de retour au travail pour briser la grève.

Les travailleurs de toute l’Amérique du Nord doivent se mobiliser pour défendre les 7400 dockers canadiens de la côte ouest.

En raison de leur lutte pour des augmentations de salaire au moins égales à l’inflation et une meilleure protection de l’emploi – des exigences partagées par tous les travailleurs, du secteur privé comme du secteur public – les dockers se retrouvent dans une confrontation politique directe avec le gouvernement libéral, l’appareil répressif de l’État capitaliste et l’ensemble des entreprises du Canada.

Des membres de la section locale 500 de l’ILWU sur le piquet de grève mardi [Photo: ILWU Canada ]

Mercredi matin, un peu plus de 12 heures après que la pression exercée par la base ait contraint l’appareil de l’International Longshore and Warehouse Union (ILWU) à sanctionner la reprise de la grève, le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a déclaré le débrayage «illégal» et a ordonné au syndicat de demander aux dockers de la Colombie-Britannique de reprendre immédiatement le travail.

À peine le CCRI avait-il rendu sa décision que le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, publiait un tweet affirmant que la reprise de la grève des dockers «est illégale». La veille, tard dans la soirée, O’Regan avait publié un communiqué de presse déplorant la reprise de la grève et s’engageant à faire en sorte que «nos ports fonctionnent» immédiatement.

Le CCRI a justifié sa décision antidémocratique en affirmant que le syndicat n’avait pas donné le préavis de grève requis de 72 heures. Il s’agit d’une imposture. Si les travailleurs ont repris le travail, c’est uniquement parce que les dirigeants de l’ILWU ont cédé à l’intimidation de l’État.

Le 13 juillet, ils ont accepté un accord de principe pro-patronal, dicté par le gouvernement en vertu d’une disposition peu utilisée du Code du travail, et ont ordonné aux travailleurs de reprendre le travail sans aucun vote. Aujourd’hui encore, les travailleurs n’ont toujours pas été informés des termes de l’accord que le comité de négociation du syndicat a tenté de leur imposer.

Pourtant, tout cela était «légal» dans le cadre du système de négociation collective truqué et favorable aux employeurs, appliqué par le CCRI.

L’ILWU s’est maintenant conformé à l’ordre du CCRI et, sur ses instructions, les travailleurs ont levé leurs piquets de grève. Mais les travailleurs étant furieux de l’attaque de l’État contre leurs droits et des tentatives des médias, reprenant la propagande de la direction, de les dénigrer en les qualifiant de «surpayés» et de «privilégiés», le syndicat a dû émettre un avis de grève de 72 heures mercredi matin. Il a demandé aux travailleurs de se préparer à relancer une grève légale, à partir de samedi à 9h, heure du Pacifique. Quelques heures plus tard, le président de l’ILWU Canada, Rob Ashton, a publié un message d’une phrase annonçant que l’avis de grève avait été retiré «avec effet immédiat», laissant les travailleurs dans l’incertitude.

Élargissez la lutte: créez des comités de grève composés de membres de la base!

Si les travailleurs veulent l’emporter dans leur lutte, ils doivent faire appel au soutien de l’ensemble de la classe ouvrière nord-américaine pour faire face à la double menace qui pèse sur eux. D’une part, toute nouvelle grève sera déclarée illégale, peut-être même avant qu’elle ne commence; d’autre part, l’appareil de l’ILWU, qui, au cours de la semaine écoulée, a cédé à deux reprises à l’intimidation de l’État ou à la violation pure et simple de la grève, utilisera la menace d’une intervention gouvernementale pour tenter de faire passer un nouvel accord de capitulation.

Pour mobiliser le pouvoir social de la classe ouvrière nord-américaine dans leur défense, les dockers de la Colombie-Britannique doivent prendre le contrôle de leur lutte en créant des comités de grève composés de membres de la base. La bureaucratie de l’ILWU, qui est étroitement alliée au Congrès du travail du Canada (CTC) et au NPD, est implacablement opposée à la mise en place d’une offensive industrielle et politique de masse de la classe ouvrière contre le gouvernement Trudeau, qu’ils soutiennent tous au motif qu’il représente une solution «progressiste» à Pierre Poilievre et à ses conservateurs.

Les dockers de Colombie-Britannique devraient lancer un appel spécial au soutien de leurs frères et sœurs de classe qui travaillent dans les ports de la côte ouest des États-Unis. Membres de l’ILWU, ils sont sans contrat depuis un an et sont également confrontés à la menace d’une intervention gouvernementale visant à criminaliser toute grève.

Une action unifiée des dockers canadiens et américains permettrait de contrer les plans des géants mondiaux du transport maritime visant à réacheminer les marchandises par les ports américains, et renforcerait la position des grévistes canadiens dans leur lutte pour défier une loi de retour au travail. La direction politique et la coordination organisationnelle d’une telle lutte internationale peuvent être assurées par l’Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC), qui se bat pour mobiliser les travailleurs en opposition aux bureaucraties syndicales nationalistes sur la base d’une perspective internationaliste et socialiste.

Il est tout aussi important que les postiers, les travailleurs de la santé, les travailleurs de l’industrie manufacturière, les travailleurs de l’automobile et d’autres personnes à travers le Canada s’unissent aux dockers pour s’opposer à l’abrogation par le gouvernement Trudeau des droits démocratiques et sociaux des travailleurs.

Tous les travailleurs du Canada ont un intérêt direct à faire échouer une loi de retour au travail ou toute autre forme de règlement imposé par l’État, puisque des méthodes similaires ont été et seront utilisées contre eux. Ces dernières années, la législation antigrève a été utilisée pour criminaliser les grèves et imposer les conditions exigées par les patrons aux travailleurs de la construction du Québec, aux postiers fédéraux, aux travailleurs de l’éducation de l’Ontario et aux dockers de Montréal, pour n’en citer que quelques-uns.

Les conditions sont extrêmement favorables au développement d’un mouvement d’une telle ampleur au sein de la classe ouvrière. Une vague de grèves se développe actuellement en Amérique du Nord, avec notamment des grèves de dizaines de milliers de scénaristes et d’acteurs américains, de 1400 travailleurs de National Steel Car à Hamilton, en Ontario, et de 1400 travailleurs de Wabtec à Erie, en Pennsylvanie. Le contrat de plus de 300.000 travailleurs d’UPS expire dans un peu plus d’une semaine, et il reste moins de deux mois avant l’expiration des contrats de 170.000 travailleurs de l’automobile des deux côtés de la frontière canado-américaine.

La logique de la lutte pour mobiliser les travailleurs nord-américains en soutien aux dockers canadiens est le développement d’une contre-offensive de masse menée par les travailleurs contre l’austérité capitaliste et la guerre impérialiste. Contrer la campagne de l’élite dirigeante visant à utiliser le pouvoir de l’État pour imposer de bas salaires, des conditions de travail dangereuses et des méthodes d’exploitation brutales nécessite une lutte politique pour le pouvoir ouvrier. Cela permettra de redistribuer les ressources de la société afin de garantir des emplois décents et sûrs pour tous et de mettre un terme aux profits effrénés des entreprises au détriment de la santé et du bien-être des travailleurs et de leurs familles.

Trudeau convoque un comité ministériel d’urgence pour comploter contre les dockers

Le gouvernement Trudeau prépare depuis longtemps le terrain politique pour réunir le parlement et adopter une loi antigrève draconienne. Les nombreuses déclarations de Trudeau, de la ministre des Finances Chrystia Freeland, d’O’Regan et d’autres ministres, accusant les travailleurs de «perturber» l’économie et déclarant que les «limites» de la «négociation collective» ont été atteintes, indiquent qu’une telle attaque n’est plus qu’à quelques heures de se produire.

Mercredi en fin d’après-midi, la chaîne CBC a révélé que Trudeau avait convoqué une réunion du Groupe d’intervention en cas incident de son cabinet, un organe officiellement décrit comme un «comité d’urgence qui se réunira en cas de crise nationale ou lors d’incidents survenus ailleurs et ayant des conséquences majeures pour le Canada».

Entre-temps, les grandes entreprises, le chef de l’opposition conservatrice, Poilievre, et de nombreux premiers ministres de droite réclament la fin de la grève. L’administration Biden, qui est préoccupée par l’impact de la grève sur l’économie américaine (les ports de la Colombie-Britannique représentent 15 % du transport maritime américain) et qui craint son impact sur les dockers de la côte ouest des États-Unis, fait sans aucun doute pression sur Trudeau pour qu’il criminalise la lutte des dockers.

La classe dirigeante impérialiste du Canada considère la grève des dockers comme une perturbation intolérable des chaînes d’approvisionnement dont elle et son allié impérialiste américain dépendent pour mener la guerre contre la Russie et préparer la guerre contre la Chine. Ils sont également déterminés à renforcer la «compétitivité mondiale», c’est-à-dire la rentabilité du capitalisme canadien, en intensifiant l’exploitation de la classe ouvrière, en imposant des baisses de salaire réel et en recourant à la sous-traitance et à l’automatisation pour supprimer des emplois et imposer des cadences plus élevées. C’est ce qu’O’Regan voulait dire lorsqu’il a déclaré la semaine dernière que la grève des dockers de Colombie-Britannique menaçait «l’intérêt national».

S’ils veulent réussir à défier une loi de retour au travail ou un contrat imposé par le gouvernement par d’autres moyens, les dockers devront confronter leurs faux alliés.

Les premiers sont les dirigeants de l’ILWU Canada et de l’ILWU International. Ils ont systématiquement minimisé la menace d’une loi gouvernementale briseuse de grève et ont refusé d’avancer une stratégie viable, basée sur la classe ouvrière, pour défier et vaincre une telle loi. Tout en faisant de grandes déclarations contre l’intervention du gouvernement, le président de l’ILWU Canada, Rob Ashton, et ses acolytes de la direction internationale ont plié sans combattre face à l’ultimatum d’O’Regan d’accepter le contrat dicté par le gouvernement. Seule la force de l’opposition de la base a contraint la bureaucratie à relancer la grève, un geste qu’elle jugeait nécessaire pour garder le contrôle de la situation.

Les dirigeants de l’ILWU ont également tout fait pour que les luttes des dockers canadiens et américains restent hermétiquement séparées les unes des autres. Aux États-Unis, l’ILWU s’est entendu avec l’administration Biden pour imposer une entente de principe secrète à 22.000 dockers afin de les empêcher d’être en mesure de faire grève en même temps que leurs collègues canadiens. Plus d’un mois après l’annonce de cet accord, les travailleurs ne savent toujours pas ce qu’il contient.

Tout en prononçant des paroles apaisantes de «solidarité», le reste de la bureaucratie syndicale s’efforcera de bloquer toute action de défense des dockers. Le Congrès du travail du Canada, qui prétend parler au nom de millions de travailleurs, et Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé du pays avec plus de 300.000 membres, sont les plus fervents partisans du même gouvernement libéral de Trudeau qui s’attaque aux droits et aux conditions des dockers.

Le NPD s’est également posé en adversaire d’une loi gouvernementale de retour au travail, lançant des appels creux au gouvernement pour qu’il respecte la «libre négociation collective». Mais si le gouvernement libéral est en mesure d’appliquer aussi impitoyablement les diktats des entreprises canadiennes, c’est avant tout parce que le NPD le soutient au Parlement, en lui garantissant une majorité lors des votes clés, depuis 2019.

Au printemps 2022, le NPD a codifié cet arrangement en concluant un accord de «confiance et d’approvisionnement» avec les libéraux qui équivaut presque à une coalition gouvernementale. L’accord, négocié par le Congrès du travail du Canada, engage le NPD à maintenir Trudeau au pouvoir jusqu’en juin 2025, alors qu’il impose les coûts de la guerre de l’impérialisme canadien dans le monde entier sur le dos des travailleurs.

Les travailleurs doivent répudier l’alliance entre les syndicats, le NPD et les libéraux et se forger une force politique indépendante en opposition au grand capital, à tous ses représentants politiques et à son programme de guerre impérialiste, d’intensification de l’exploitation des travailleurs et de réaction. Cela nécessite avant tout une lutte politique pour l’adoption d’un programme socialiste et internationaliste par les dockers et leurs partisans dans l’ensemble de la classe ouvrière. Ce n’est que par la lutte pour placer le pouvoir politique entre les mains de la classe ouvrière et pour la transformation socialiste de la société qu’il sera possible de mettre fin à l’inégalité sociale, à la pauvreté et à l’insécurité économique, à la répression étatique et à la guerre. Tel est le programme que défend le Parti de l’égalité socialiste (Canada) en étroite collaboration avec ses co-penseurs du Comité international de la Quatrième Internationale. Nous invitons tous ceux qui sont d’accord avec ce programme à nous contacter dès aujourd’hui et à rejoindre le SEP.

(Article paru en anglais le 20 juillet 2023)

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