Le centre-ville de Moscou a été attaqué dimanche par des drones ukrainiens qui ont endommagé le Centre d'affaires international de la capitale russe.

Les façades de deux immeubles de bureaux ont été endommagées et une personne a été blessée. La zone environnante a été évacuée et les vols à destination et en provenance de l’aéroport international Vnukovo de Moscou ont été temporairement suspendus.

Cette dernière attaque montre qu'après le sommet de l'OTAN tenu à Vilnius, qui a considérablement renforcé les préparatifs de l'alliance en vue d'une guerre mondiale, le conflit en Ukraine continue de s'intensifier.

Il s’agit de la troisième attaque de drone contre Moscou au cours du mois écoulé. La première attaque de drone ukrainienne sur Moscou a eu lieu en mai et visait la résidence du président russe Vladimir Poutine, au Kremlin.

Bien qu’ils n’aient pas officiellement admis leur responsabilité dans les attaques de ce week-end, les responsables ukrainiens se sont clairement vantés de leur capacité à frapper la capitale russe.

«La guerre touche désormais ceux qui ne s’en préoccupaient pas», a déclaré le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Yurii Ihnat. «Les autorités russes ont beau vouloir fermer les yeux en disant qu’elles ont tout intercepté, quelque chose frappe».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, faisant clairement référence à l’attaque contre Moscou, a déclaré dans son discours de dimanche soir que «progressivement, la guerre revient sur le territoire de la Russie», notamment par des frappes sur des centres «symboliques». «Il s’agit d’un processus inévitable, naturel et absolument juste», a-t-il ajouté.

Alors même que l’offensive terrestre ukrainienne ne progresse pas de manière significative, l’Ukraine se montre de plus en plus audacieuse dans ses attaques contre des cibles russes, que les États-Unis – qui financent et dirigent la guerre – affirment publiquement ne pas soutenir.

Au début du mois, l’armée ukrainienne a attaqué le pont de Kertch, qui relie la Crimée à la Russie continentale. L’attaque, exécutée par deux drones kamikazes, a provoqué la mort de deux civils et la destruction d’une travée du pont. Une jeune fille a été grièvement blessée.

Lors d’une autre attaque, le ministère russe de la Défense a déclaré que l’Ukraine avait lancé 25 drones sur la péninsule de Crimée, que les autorités russes affirment avoir toutes interceptés.

Dans une autre attaque encore, des missiles ukrainiens ont frappé la ville portuaire russe de Taganrog, à environ 30 miles [48 km] de la frontière contrôlée par la Russie avec l’est de l’Ukraine. À sa suite, neuf personnes ont été hospitalisées.

Selon le New York Times, cette dernière frappe de missiles signifie que «l’Ukraine intensifie ses attaques à l’intérieur de la Russie au moment même où sa contre-offensive sur le champ de bataille entre dans une phase plus intense».

Ces frappes interviennent alors que les médias américains ont annoncé la semaine dernière une nouvelle étape dans l’offensive ukrainienne, qui a débuté le mois dernier. Jusqu’à présent, l’offensive a été un désastre sanglant, des milliers de soldats ukrainiens étant sacrifiés pour des gains territoriaux négligeables.

La presse américaine continue d’évoquer l’état désastreux de l’offensive. Dimanche, le Times a admis que «les unités ukrainiennes subissent de lourdes pertes».

Le Times relate ainsi la tentative désastreuse de prendre une tranchée russe:

«Les tranchées étaient minées», a déclaré le commandant de l’assaut, qui utilise le pseudonyme de Voskres, abréviation de Résurrection. «Nos hommes ont commencé à sauter dans les tranchées et à les faire exploser», ajoute-t-il. Les forces russes observaient la situation et ont fait exploser les mines à distance.

Ceux qui ont réussi à éviter les mines ont été attaqués par de nombreux drones kamikazes russes. «On aurait dit qu’ils avaient un drone pour chaque soldat», a-t-il déclaré. «La quantité d’équipement dont disposent les Russes, si nous l’avions su, c’était comme une mission impossible.

Alors que l’ampleur du désastre de l’offensive ukrainienne devient évidente, les États-Unis sont de plus en plus pressés d’intervenir directement.

Dans un geste inquiétant qui n'a été rapporté par aucun média, le Pentagone a approuvé ce mois-ci le versement d'une prime de risque aux troupes américaines servant en Ukraine.

La prime de risque est généralement approuvée dans les zones de combat actives, comme lors des guerres du Vietnam, d’Irak et d’Afghanistan.

Cette décision a été rendue publique après qu’une lettre l’annonçant ait été publiée en ligne dans un groupe de discussion sur Facebook.

La lettre du bureau du secrétaire adjoint à la Défense, datée du 13 juillet, annonçait que les troupes américaines déployées en Ukraine recevraient une prime de risque rétroactivement au 24 avril 2022.

La véracité de la lettre a été confirmée par un responsable américain qui s'est entretenu avec le Military Times.

En novembre le porte-parole de l’armée de l’air, le général de brigade Pat Ryder, a reconnu lors d’un briefing officiel que le personnel militaire d’active n’était pas seulement déployé en Ukraine, mais qu’il opérait loin de l’ambassade des États-Unis à Kiev.

Ryder a déclaré: «Nous avons de petites équipes composées de membres du personnel de l’ambassade qui procèdent à des inspections de l’assistance à la sécurité dans divers endroits».

En avril 2023, une série de mémos internes du Pentagone avait quantifié la présence des troupes américaines en Ukraine. Ces mémos notaient que 97 membres des troupes d’opérations spéciales de l’OTAN étaient actuellement déployées en Ukraine ainsi qu’un total de 100 membres du personnel américain, dont 71 personnels militaires.

En avril, ABC News avait rapporté qu’«en plus de fournir une assistance pour la supervision des équipements et fournitures américains envoyés en Ukraine, l’équipe assiste les planificateurs militaires ukrainiens à mener des opérations qui font des centaines, voire des milliers de victimes dans les rangs de l’armée russe».

(Article paru d’abord en anglais le 31 juillet 2023)