COVID-19: Vague estivale d’infections au Royaume-Uni

De nouvelles vagues d’infections par le virus COVID-19 apparaissent au Royaume-Uni cet été, alimentées par de nouveaux variants du coronavirus SARS-CoV-2 à l’origine de la maladie.

Selon l’étude ZOE Health Study, qui encourage les utilisateurs de téléphones intelligents à soumettre leur état de santé, 52.375 cas symptomatiques de COVID ont été signalés le 3 août, ce qui permet de prévoir jusqu’à 805.411 cas symptomatiques actuels au Royaume-Uni. Au total, quelque 4.817.218 utilisateurs contribuent aux données de ZOE.

L’application ZOE [Photo: screenshot: covid.joinzoe.com]

La plupart des cas sont actuellement signalés dans le Suffolk et le Leicestershire, alors qu’il y a quelques jours, le Sud-Ouest et le Pays de Galles enregistraient les chiffres les plus élevés. Les chiffres de ZOE font état d’une augmentation de 30 pour cent des cas depuis le début du mois de juillet, bien que les chiffres globaux restent, jusqu’à présent, bien inférieurs à ceux de la vague d’Omicron de l’année dernière, qui a plafonné à plus de 3,8 millions de cas.

Témoignant de la démolition des tests systémiques à l’échelle communautaire, le tableau de bord du gouvernement conservateur pour la seule Angleterre fait état d’un chiffre bien inférieur de 4.076 nouveaux cas au cours de la semaine du 29 juillet, soit une augmentation de 27,8 pour cent. Le tableau de bord fait état de 1.438 admissions à l’hôpital, soit une augmentation de 40 pour cent. Les derniers chiffres hebdomadaires concernant les décès font état de 63 cas, soit une réduction de 22 pour cent, mais ils datent de la semaine du 7 juillet. En Écosse, au cours de la semaine du 30 juillet, on a eu 118 admissions et cinq décès jusqu’au 8 juillet. Au Pays de Galles, on a eu 44 hospitalisations et 69 autres cas de contamination à l’hôpital. Trois patients sont en soins intensifs.

Selon Worldometers, il y a eu 228.429 décès dus au COVID en Grande-Bretagne.

Christina Pagel, professeur de recherche opérationnelle à l’University College London, qui commentait les implications de l’absence de tests, a déclaré au Guardian que la Grande-Bretagne «volait à l’aveuglette». Pagel a averti qu’une nouvelle vague d’infection semblait être en cours et qu’elle pourrait s’accélérer à l’automne.

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Pagel a appelé à la réintroduction de masques de haute qualité dans les établissements de soins de santé, ainsi qu’au rétablissement d’un suivi national des infections. À défaut, les analyses des eaux usées, également suspendues, devraient être rétablies. Pagel s’est inquiétée d’une «répétition de la crise du NHS [National Health Service] de l’hiver dernier cet hiver encore, où le COVID, la grippe et le VRS [virus respiratoire syncytial] avaient frappé à peu près en même temps».

L’Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA) a mis en place un programme de dépistage des eaux usées non traitées en prélevant des échantillons trois fois par semaine dans plus de 300 stations d’épuration en Angleterre. Des programmes similaires ont été mis en place en Écosse et au Pays de Galles, à la recherche de fragments d’ADN de coronavirus libérés dans les matières fécales, donnant ainsi un large indicateur des niveaux de COVID-19 dans la population. Le gouvernement britannique a mis fin aux prélèvements en 2022, dans le seul but d’empêcher le public de connaître les niveaux d’infection, et en particulier d'avertir de l’apparition de vagues d’infection. Un certain niveau d’échantillonnage est maintenu au Pays de Galles et en Écosse.

Le professeur d’épidémiologie Rowland Kao, de l’université d’Édimbourg, a commenté dans le même article la signification de la levée délibérée de la surveillance. «Avec la grippe saisonnière, nous disposons bien sûr d’une certaine prévisibilité grâce aux nombreuses années de données. Cependant, avec le Covid, maintenant que nous ne disposons plus de ces multiples sources de données, c’est plus difficile de dire ce qui se passe».

Kao a expliqué que le COVID-19 ne suivait pas des schémas saisonniers simples et que le calendrier et l’impact des variants du COVID étaient inconnus.

Actuellement, deux variants d’Omicron émergent au Royaume-Uni, représentant près de la moitié de tous les cas britanniques: Eris et Arcturus. Eris, ou EG.5.1 a été détecté pour la première fois en Asie au début du mois de juillet de cette année. Au Royaume-Uni, il a été classé comme variant le 10 juillet, date à laquelle il représentait 11,8 pour cent des cas. Ce chiffre est passé à 14,6 pour cent. Arcturus est apparu en avril et est à l’origine de 39,4 pour cent des infections.

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Jusqu’à présent, Eris n’a pas suscité autant d’inquiétudes qu’Omicron. L’Organisation mondiale de la santé classe actuellement Eris dans la catégorie des «variants sous surveillance», plutôt que dans celle des «variants préoccupants». S’adressant au Guardian, Danny Altmann, de l’Imperial College London, a mis en garde contre les périodes de plus en plus longues entre les vaccinations: «Les mutations immuno-résistantes continuent d’émerger et la protection semble de plus en plus précaire pour de nouveaux variants. Entre-temps, l’immunité au-delà d’un an diminue sensiblement».

L’augmentation rapide des ventes de trousses de test de flux latéral en pharmacie est une autre indication de l’émergence d’une vague britannique et de l’inquiétude générale du public. Boots a indiqué que les ventes avaient augmenté de 33 pour cent au cours de la semaine qui s’est achevée le 22 juillet, par rapport aux trois semaines précédentes. Boots demande 9,85 livres sterling pour des tests qui étaient auparavant gratuits, tandis que Lloyds vend des tests individuels pour 1,89 livre sterling. Les tests PCR par écouvillonnage, également gratuits auparavant, coûtent 62 livres chez Boots et 67 livres chez Lloyds – des coûts dévastateurs pour les ménages de la classe ouvrière dans un contexte de flambée du coût de la vie.

D’autres variants continuent d’apparaître. Le mois dernier, le Daily Mail a fait état d’une mutation du virus, prélevée sur l’écouvillon d’un patient en Indonésie, comportant 113 mutations uniques. 37 d’entre elles affectent la protéine «spike», qui joue un rôle central dans le taux élevé de transmission du SRAS-COV-2. La protéine «spike» est également la cible de la plupart des vaccins mis au point, ce qui fait craindre une réduction de l’efficacité des vaccins. On ne sait pas si cette mutation constitue une menace, mais l’émergence d’innombrables variants est inévitable étant donné le vaste niveau d’infection dans le monde, dans l’indifférence calculée de la classe capitaliste.

Commentant la vague actuelle au Royaume-Uni, Stephen Griffin, professeur de virologie à l’université de Leeds, a déclaré que si les chiffres semblent augmenter moins rapidement que lors des vagues précédentes, le faible niveau de dépistage signifie que c’est difficile de le confirmer. Il a averti: «Plus d’infections signifiera aussi plus de COVID longue durée, ce qui reste une préoccupation majeure et est pourtant souvent négligé lorsque l’on tient compte de l’impact des vagues d’infection».

Une étude sur le COVID longue durée publiée le 21 juillet dans The Lancet par le King’s College de Londres, qui a exploré l’impact du Covid sur les fonctions cérébrales, a révélé que «les déficits consécutifs à l’infection par le SRAS-CoV-2 étaient détectables près de deux ans après l’infection, et [étaient] plus importants chez les personnes présentant des symptômes plus longs, des symptômes continus ou une infection plus grave». Les tests utilisés ont mesuré la mémoire, l’attention, le raisonnement, la vitesse de réaction et la coordination motrice.

L’étude, réalisée en 2021, a révélé que les personnes atteintes d’une infection au Covid-19 enregistraient des scores cognitifs inférieurs, en particulier si les symptômes persistaient depuis plus de 12 semaines. L’impact a été décrit comme étant «comparable aux symptômes détectés à l’hôpital pendant la maladie, à une augmentation d’âge d’environ 10 ans ou à des symptômes légers ou modérés de détresse psychologique». Les tests ont été effectués sur 3.335 personnes ayant été infectées par le SRAS-CoV-2.

Selon l’Office des statistiques nationales du Royaume-Uni, 1,9 million de personnes, soit 2,9 pour cent de la population, présentaient des symptômes du COVID longue durée en mars 2023. Décrits comme des «symptômes qui persistent pendant plus de quatre semaines après la première infection confirmée ou suspectée de coronavirus (COVID-19) et n’ayant pas d’autre explication», la fatigue, les douleurs musculaires et l’essoufflement sont les symptômes les plus fréquemment signalés.

La propagation de la maladie en Grande-Bretagne, dans la quatrième année de la pandémie, se reflète dans d’autres pays, notamment aux États-Unis – où des données indiquent que le niveau de particules virales du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées des États-Unis a augmenté de 125 pour cent au cours des six dernières semaines – et en Australie, où l’on a constaté une forte augmentation du nombre de décès au cours des derniers mois.

Ces développements réfutent les mensonges du gouvernement selon lesquels le COVID-19 n’est pas inquiétant, qu’il est désormais «endémique» et qu’il équivaut à un rhume ou à une grippe. Tout indique que le virus mortel continue à muter rapidement, plus de deux fois plus vite que la grippe ordinaire. De nouveaux variants capables de résister à l’immunité menacent de déclencher des vagues répétées d’infections, d’hospitalisations et de décès.

(Article paru en anglais le 8 août 2023)

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