Unifor annonce un accord de trahison pour 5600 travailleurs de Ford au Canada

Tard dans la soirée de mardi – quelque 21 heures après avoir ignoré la date limite de grève fixée au lundi 18 septembre à 23 h 59 – Unifor a annoncé qu’il avait conclu une entente de principe couvrant 5600 travailleurs de la production, des métiers spécialisés et des bureaux de Ford Canada.

L’accord est manifestement une capitulation, qui vise à bloquer le développement d’une lutte unifiée des 18.000 travailleurs du Big 3 au Canada et de leurs 150.000 homologues américains.

Avec les 329 mots de sa mise à jour sur les négociations annonçant l’entente de principe, Unifor a atteint un nouveau record de bassesse, même pour un syndicat qui est connu pour tenir les travailleurs dans l’ignorance des négociations et pour faire passer des accords de principe en claironnant les «points saillants» trompeurs du contrat.

La mise à jour ne contient aucune information sur les conditions de l’accord. Même la durée du contrat proposé, de trois, quatre ou cinq ans, n’est pas indiquée.

Au lieu d’informations concrètes sur l’accord proposé, qui, selon Unifor, servira de «modèle» pour les contrats des travailleurs de GM et de Stellantis Canada, la mise à jour fournit sans vergogne une image trompeuse, enjolivée, de l’entente.

Il affirme qu’Unifor a obtenu «des gains fondamentaux et transformateurs qui répondent à nos priorités essentielles que sont les pensions, les salaires et la transition vers les véhicules électriques», mais ne dit rien sur la nature de ces «gains».

Il est significatif qu’aucun des mots «clause de coût de la vie» ou «COLA», «salaires à plusieurs vitesses», «travailleurs temporaires», «emplois» ou «protection de l’emploi» ne soit mentionné. Tout cela dans des conditions où les salaires des travailleurs ont été fortement attaqués par l’inflation, où une grande partie de la main-d’œuvre est employée sur une grille multi-niveaux à bas salaires, où un pourcentage croissant est employé de manière précaire en tant que «travailleurs temporaires», et où Ford et les autres constructeurs automobiles prévoient d’utiliser la transition vers les véhicules électriques pour supprimer des emplois en masse.

Les bureaucrates d’Unifor ne tarissent cependant pas d’éloges sur eux-mêmes. La mise à jour fait l’éloge de «l’engagement exceptionnel de votre comité de négociation» dont le «travail minutieux» «a permis de faire avancer les négociations».

Pour couronner le tout, la mise à jour affirme mensongèrement: «Nous avons utilisé l’arme la plus puissante de notre syndicat: le droit de grève.» En réalité, Unifor a saboté la grève qui devait commencer lundi soir, ce qui a provoqué une avalanche de messages de colère sur les médias sociaux de la part des travailleurs de la base. En effet, la dernière fois qu’Unifor ou son prédécesseur, les Travailleurs canadiens de l’automobile, ont déclenché une grève contre l’un des trois constructeurs de Detroit au cours d’un cycle de négociations cadre, c’était en 1996.

Aussi silencieuse que soit la mise à jour sur l’entente de principe, elle fournit un élément d’information tout à fait prévisible mais vital. Unifor, conformément à sa pratique antidémocratique, a l’intention de garder le projet d’accord secret jusqu’aux réunions de «ratification», qui se tiendront probablement ce week-end. En d’autres termes, si Unifor obtient ce qu’il veut, les travailleurs seront poussés à voter sur leurs conditions d’emploi pour les années à venir, sans avoir la possibilité d’étudier ou même de voir le contrat dans son intégralité. Le syndicat, déclare la mise à jour, «va maintenant se préparer à présenter cette entente de principe approuvée à l’unanimité dans tous ses détails aux membres lors des prochaines réunions de ratification».

Les travailleurs de Ford Canada et des autres usines canadiennes des trois grands de Detroit doivent prendre des mesures immédiates pour s’opposer à cette capitulation et à l’intention d’Unifor d’utiliser les travailleurs canadiens comme des briseurs de grève contre leurs frères et sœurs de classe aux États-Unis.

Pour prendre la lutte en main, les travailleurs de l’automobile du Canada doivent créer des comités de base dans chaque usine. Grâce au Réseau des Comités de base des travailleurs de l’automobile, créé par les comités de base de diverses usines américaines, les travailleurs canadiens de l’automobile peuvent unifier leur lutte avec celle de leurs frères et soeurs américains. Ce n’est qu’en développant une telle contre-offensive internationale contre le programme axé sur le profit des grands patrons et de leurs alliés au sein du gouvernement et des bureaucraties d’Unifor et de l’UAW que les travailleurs pourront obtenir des augmentations salariales supérieures à l’inflation, l’abolition des salaires à plusieurs vitesses, l’absence de licenciements ou de fermetures d’usines pendant la période de transition vers les véhicules électriques, et le maintien des retraites.

(Article paru en anglais le 20 septembre 2023)

Loading