Les étudiants qui retournent en cours font face à la plus profonde crise internationale du système capitaliste depuis les deux guerres mondiales du 20e siècle. Cette crise soulève de brûlantes questions de perspective politique devant les travailleurs et les jeunes.
Déjà, des centaines de milliers de personnes sont mortes en une guerre entre l’OTAN et la Russie en Ukraine, qui menace d’embraser l’Europe et le monde. Washington et les puissances impérialistes européennes renforcent leurs armées afin de mener des guerres entre grandes puissances. Les États de l’OTAN qui font la guerre à l’extérieur attaquent ensuite les travailleurs à l’intérieur, comme lors de la réforme des retraites de Macron au printemps: en effet, cette réforme a servi à financer une augmentation du budget militaire français de 100 milliards d’euros jusqu’en 2030.
La nécessité de stopper un conflit OTAN-Russie qui menace de provoquer une guerre nucléaire impose aux travailleurs et aux jeunes d’adopter une stratégie et une perspective politiques renouant avec les traditions révolutionnaires internationalistes de la classe ouvrière. En effet, ils ne peuvent stopper, ni même ralentir significativement la guerre en faisant «pression» sur les gouvernements de l’OTAN via des mobilisations contrôlées par les bureaucraties syndicales.
Les gouvernements impérialistes de l’OTAN font fi de la pression populaire et intensifient la guerre et les attaques sociales en foulant aux pieds l’opposition ouvrière. Ils n’hésitent pas à gouverner ouvertement contre le peuple. Soutenu par les marchés financiers et le commandement militaire de l’OTAN, Macron a imposé sa réforme des retraites en avril-mai face à l’opposition de trois-quarts des Français.
Le Parti de l’égalité socialiste (PES), section française du Comité international de la IVe Internationale (CIQI), a expliqué pendant la mobilisation contre la réforme des retraites qu’il était essentiel de mobiliser la classe ouvrière en lutte politique contre Macron. Ce n’était qu’en luttant pour faire chuter Macron qu’on bloquerait d’une réforme réactionnaire négociée entre Macron et les bureaucraties syndicales au services des banques. Une pareille lutte impliquait nécessairement une lutte de la classe ouvrière pour le pouvoir et pour construire le socialisme.
A présent, face à la guerre OTAN-Russie, un sursaut politique en France et à travers l’Europe et le monde est essentiel. Il faut alerter les travailleurs et les jeunes de la réalité politique cachée par des médias au service des banques et des gouvernements bourgeois. Le capitalisme plonge à nouveau, comme au 20e siècle, dans une guerre mondiale et la réaction d’extême-droite.
De vastes tâches incombent aux travailleurs et aux jeunes. Le caractère de cette guerre émerge dans l’ovation unanime accordée par le parlement canadien la semaine dernière à un membre ukrainien des Waffen-SS nazies, Yaroslav Hunka, âgé de 98 ans.
Pourquoi tous les partis parlementaires canadiens ont-ils applaudi un collaborationniste en tant que héros d’une prétendue libération nationale antirusse? D’abord, l’OTAN mène sa guerre en s’alliant à l’extrême-droite ukrainienne, comme le Bataillon Azov et d’autres milices qui admirent Stepan Bandéra, le chef de la collaboration ukrainienne avec le nazisme. La présentation que concoctent les grands médias de cette guerre en tant que lutte démocratique n’est qu’un fatras de mensonges.
Plus largement, afin se réarmer pour des nouvelles guerres de haute intensité entre grandes puissances et de réprimer l’opposition sociale en Europe, l’impérialisme ne trouve pas d’autre voie politique que de légitimiser l’affreux héritage du fascisme. Ceci va de pair avec la consolidation de partis néofascistes et d’Etats-policiers répressifs à travers l’Europe.
Comme les réforme de Macron, cette évolution fait face à l’opposition d’une écrasante majorité des travailleurs et des jeunes en France et au-delà. Mais aucun parti de l’élite dirigeante ni du milieu politique de pseudo-gauche lié aux bureaucraties syndicales ne mobilise cette opposition. Tous se plient aux mensonges médiatiques impérialistes qui font passer cette guerre pour une lutte «démocratique» de l’Ukraine contre la Russie.
Le CIQI et, en France, le PES mènent la lutte pour armer les travailleurs et les jeunes avec une perspective historique et politique révolutionnaire capable d’unifier les travailleurs en lutte contre la guerre et les gouvernements de l’OTAN et les régimes ex-staliniens russe et ukrainien. Il faut briser le carcan qu’imposent les médias officiels et la classe politique à l’opposition ouvrière à la guerre et à la réaction sociale. Ceci nécessite l’organisation de réunions et de discussions très larges parmi les travailleurs et les jeunes pour les armer politiquement et préparer le mouvement.
La guerre OTAN-Russie est le produit de l’action réactionnaire conjointe de l’impérialisme et du stalinisme. En 1991, la bureaucratie stalinienne a dissous l’Union soviétique créée par la révolution d’octobre 1917, restauré le capitalisme et lancé les républiques capitalistes nationales qui à présent se font la guerre. La dissolution du principal contrepoids militaire et politique à l’OTAN a inauguré 30 années de guerre impérialistes: Irak, Yougoslavie, Afghanistan, Libye, Syrie, Mali.
Ceci met en avant l’importance titanesque de Trotsky, dirigeant de la révolution d’octobre, opposant révolutionnaire de la bureaucratie stalinienne et fondateur de la IVe Internationale. Son opposition marxiste au capitalisme et aussi à la bureaucratie soviétique contre-révolutionnaire fournit les bases politiques d’une opposition à la fois à l’OTAN et aux régimes russe et ukrainien. Afin de mobiliser les travailleurs contre l’OTAN, Poutine et Zelensky, le PES souligne la l ›importance des anniversaires historiques du mouvement trotskyste cette année.
Il y a 100 ans, en 1923, Trotsky a fondé l’Opposition de gauche à la bureaucratie stalinienne naissante en Union soviétique, qui se fondait sur la théorie nationaliste et fausse du «socialisme en un seul pays.» Cette réaction stalinienne contre la Révolution permanente, base théorique de la révolution d’octobre, a ouvert le chemin aux Purges staliniennes et finalement à la dissolution de l’URSS. Contre le stalinisme, Trotsky a défendu la continuité de l’internationalisme marxiste.
Il y a 70 ans, en 1953, le CIQI a fait scission avec une tendance petite-bourgeoise pro-stalinienne qui avait émergé au sein de la IVe Internationale, dirigée par Michel Pablo et Ernest Mandel. Cette tendance s’adaptait aux bureaucraties qui avaient étranglé le mouvement insurrectionnel des travailleurs européens lors de la résistance au fascisme, pour le subordonner aux manœuvres de Staline avec Washington et Londres. Cette scission a fondé la lutte du CIQI contre le révisionnisme antimarxiste petit-bourgeois.
On peut commencer à comprendre l’importance de cette scission en examinant un fait marquant. Alors que les sections du CIQI s’opposent à l’impérialisme et à Poutine, les descendants du pablisme colportent le mensonge selon lequel la guerre serait une lutte démocratique de l’OTAN et de l’Ukraine contre Poutine. Ceci donne raison à l’analyse du CIQI que le milieu de pseudo-gauche dont fait partie le pablisme joue un rôle contre-révolutionnaire.
Une situation internationale objectivement révolutionnaire se profile. En Afrique, les masses de travailleurs et de jeunes se mobilisent contre l’impérialisme français et l’OTAN. Au printemps, des grèves de masse ont secoué l’Europe. A ce moment, deux-tiers des Français, y compris une écrasante majorité des travailleurs, voulaient passer outre l’obstacle à la lutte que pose le «dialogue social» entre les bureaucraties syndicales et Macron. Ils voulaient bloquer l’économie pour stopper les réformes de Macron, c’est-à-dire, faire chuter Macron par la grève générale.
Mais l’escalade militaire en Ukraine est un avertissement. Il n’y a pas de temps à perdre pour lancer une contre-offensive révolutionnaire pour unifier les travailleurs contre l’impérialisme, la guerre et les oligarchies capitalistes post-soviétiques. Le PES demande aux étudiants qui reprennent les cours de l’aider à mener cette lutte auprès des travailleurs et des jeunes, et à organiser sur les universités et les lieux de travail des conférences sur la lutte contre la guerre et la légitimation du fascisme.