Plus de 150.000 personnes manifestent à Londres pour s’opposer à la guerre d’Israël contre les Palestiniens

Plus de 150.000 personnes ont manifesté samedi dans le centre de Londres pour exiger la fin de la guerre menée par Israël contre les Palestiniens.

La «Marche pour la Palestine, la fin de la violence, la fin de l’apartheid» était un acte collectif de défi face à l’implacable campagne de propagande pro-israélienne menée par les médias, le gouvernement conservateur et le Parti travailliste, ainsi qu’aux menaces d’arrestations massives brandies par la police métropolitaine. Après des années de propagande incessante et de chasse aux sorcières décrivant l’opposition aux crimes de guerre israéliens comme de l’«antisémitisme de gauche», ce fut une puissante démonstration d’un authentique sentiment populaire.

Une partie des manifestants de la «Marche pour la Palestine» lors du rassemblement devant la résidence du Premier ministre à Downing Street.

La marche est partie de Broadcasting House, le siège de la BBC (British Broadcasting Corporation) à Portland Place, et a traversé le centre de Londres jusqu’à un rassemblement près de la résidence du Premier ministre Rishi Sunak, au 10 Downing Street.

Les manifestants portaient des drapeaux palestiniens en masse, une courageuse rebuffade à l’exigence de la ministre de l’Intérieur Suella Braverman qu’on fasse de cet acte un délit, et on entonné le chant «De la rivière à la mer, la Palestine sera libre». Lors du rassemblement, les manifestants ont scandé «BBC, honte à vous».

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La police métropolitaine de Londres a mis sur pied une vaste opération d’intimidation, à laquelle ont participé plus de 1.000 agents. Vendredi soir, elle a annoncé sur X/Twitter qu’une ordonnance au titre de l’article 12 de la Loi de 1986 sur l’ordre public (Public Order Act 1986) avait été autorisée à partir de samedi midi, avertissant que «Aucune personne participant ou associée à la manifestation de la campagne de solidarité avec la Palestine ne doit pas s’écarter de l’itinéraire ci-dessous [de Portland Place à Regent’s Street, Piccadilly, Trafalgar Square et Whitehall], sous peine d’être arrêtée».

Une partie de Kensington High Street, où se trouve l’ambassade d’Israël, a été entièrement fermée ; la police a averti que «toute personne se rassemblant ici… afin de participer ou de s’associer à la manifestation londonienne sur la Palestine ou à la campagne de solidarité avec la Palestine peut être arrêtée». Selon Sky News, le Service des poursuites judiciaires de la Couronne» (Crown Prosecution Service – CPS)… a également veillé à ce que du personnel supplémentaire soit disponible ce week-end pour conseiller la police en matière d’inculpation, le cas échéant».

La police a procédé à 15 arrestations ce jour-là.

La police surveille un Downing Street barricadé lors du rassemblement de la «Marche pour la Palestine».

Le gouvernement a intensifié ses mesures d’intimidation dimanche. Braverman a écrit sur X/Twitter: «À tous ceux qui ont jugé bon de promouvoir le génocide, de glorifier le terrorisme et de se moquer du meurtre de Juifs, y compris de femmes et de bébés, la police ira vous chercher».

Les organisateurs de la manifestation ont indiqué qu’une autre manifestation aurait lieu samedi prochain, le 21 octobre.

Les principaux orateurs étaient associés à la coalition Stop the War (‘Arrêtez la guerre’). Jeremy Corbyn, l’ex-leader du Parti travailliste, a prononcé un discours typiquement anodin qui n’a même pas mentionné Sir Keir Starmer, le leader du Parti travailliste qui soutient les crimes de guerre. Il a conclu son discours par un appel banqueroutier « aux dirigeants politiques de ce pays. Ne fermez pas les yeux sur les crimes de guerre, ne fermez pas les yeux sur la famine et le refus de fournir des médicaments aux personnes désespérées de Gaza ou d’ailleurs. Si vous croyez au droit international, si vous croyez aux droits de l’homme, alors vous devez condamner ce qui se fait à Gaza de la part de l’armée israélienne».

Jeremy Corbyn s'adressant au rassemblement de la Marche pour la Palestine.

Linday German, animateur de la coalition Stop the War et présenté comme «le leader du mouvement anti-guerre en Grande-Bretagne aujourd’hui», a insisté pour dire que la principale tâche des participants était d'aller chercher le soutien des députés travaillistes. Pas un seul député travailliste du Socialist Campaign Group, prétendument «de gauche», n’a participé à la manifestation.

Tout en décrivant Starmer comme une honte et un complice de Sunak dans les crimes de guerre israéliens, German a déclaré que «si les habitants de Gaza et de la Cisjordanie et tous les Palestiniens font preuve d’un courage extraordinaire, j’aimerais qu’on puisse en dire autant de nos hommes politiques. Même ceux qui disent soutenir la Palestine, où sont les députés travaillistes dans cette manifestation? Ils ne sont pas là et cela rend les manifestations plus difficiles. Je dirais donc aux députés travaillistes d’avoir une colonne vertébrale et de participer à la prochaine manifestation».

Pendant la manifestation, les journalistes du World Socialist Web Site ont parlé à Katy, de Hastings, qui a déclaré: «Je suis ici pour protester contre le génocide. Je suis ici parce que je ne veux pas qu’un million d’enfants soient affamés en mon nom. Je ne veux pas qu’une population de 2,3 millions d’habitants soit punie et qu’un génocide se produise sans que je fasse entendre ma voix ».

Katy, devant à gauche

«Je suis juive. J’ai été élevée dans l’ombre de l’Holocauste, et on nous a dit «plus jamais ça», ce qui veut dire plus jamais ça pour personne. La cause profonde de cette situation est l’occupation, l’apartheid. Nous devons y mettre un terme dès maintenant.

«J’ai des amis à Gaza en ce moment même, qui ont encore la vie sauve, Dieu merci. Mais beaucoup ne le sont pas, la situation est terrible. Ils s’abritent dans leurs maisons, mais ils n’ont ni eau ni nourriture. Chaque nuit, les enfants sont terrifiés par les bombardements. Leurs amis et leurs familles sont ensevelis sous les décombres. Nous assistons à une atrocité d’une ampleur inimaginable».

«Je suis choquée par nos médias, qui n’ont pas protesté contre cette situation. Je suis choquée par nos dirigeants, nos prétendus dirigeants. Les gens doivent se lever, se faire entendre et exiger un cessez-le-feu, une aide humanitaire, la fin de l’occupation, parce que la sécurité de personne n’est assurée par davantage de violence. Personne n’est en sécurité tant que l’État d’apartheid existe».

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«Vous imaginez, 2,3 millions de personnes ont été dans un camp de concentration pendant 16 ans. Maintenant, elles sont dans un camp d’extermination. Ce sera une tache sur nous tous en tant qu’êtres humains, à moins que nous ne fassions quelque chose pour l'arrêter».

Stan, un manifestant, a dénoncé le leader du Parti travailliste Sir Keir Starmer pour son soutien à la guerre d'Israël contre les Palestiniens. Voir ci-dessous.

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Angela, retraitée, a déclaré: «Je suis pro-palestinienne depuis mon enfance, lorsque j’ai vu ces jeunes jeter des pierres sur les chars des FDI. J’étais horrifiée et j’ai demandé à mes parents ce qui se passait. Je pensais que la Seconde Guerre mondiale avait mis fin à toutes les guerres et je me suis rendu compte qu’il y avait une bataille permanente en Palestine pour que les gens récupèrent leurs terres. Ils ont été poussés dans un camp de concentration à Gaza. La moyenne d’âge est extrêmement jeune. Et pendant toutes ces années, ils ont vécu des scènes horribles.

Angela

«Nous avons une Cour pénale internationale, mais il semble que certains pays en soient exemptés. Ils vont probablement nous considérer comme des antisémites parce que les sionistes présentent la situation comme si tous ceux qui défendent les Palestiniens étaient des antisémites ou des anti-juifs, ce qui n’est pas vrai. La presse diffuse les mêmes idées».

«Israël commet des crimes de guerre. À quoi servent les Nations Unies, la Cour pénale internationale, si son gouvernement n’est pas tenu responsable»?

«Si la vérité éclate et que les gens voient le contexte dans lequel ce conflit est né, ils ne vont pas aller soutenir l’oppresseur. Les médias veulent que nous soutenions à chaque fois l’oppresseur et l’agresseur. La guerre rapporte beaucoup d’argent et certains pays, comme les États-Unis et nous-mêmes, sont très investis dans l’État israélien et [ses] services de renseignements. C’est donc évident qu’ils veulent que la population britannique agite des drapeaux israéliens alors qu’il s’agit de criminels de guerre».

«Le seul moyen est de faire éclater la vérité, comme l’a dit Julian Assange, de faire connaître à la population l’histoire, le contexte de la situation. Pour que les gens ne se contentent pas de croire ce que disent les médias, qui sont aujourd’hui tellement contrôlés. Ils ne servent pas l’intérêt public. Ils servent la politique étrangère et ce sont les gouvernements qui décident de la politique étrangère».

Samal, une mère de deux enfants, a déclaré: «Il y a tellement d’enfants dans les hôpitaux. Personne ne peut les aider, il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, pas de nourriture. Ils n’ont pas le droit de se déplacer. Personne n’est autorisé à aider qui que ce soit. Nous devons être là et les regarder mourir.

«Maintenant, ils demandent aux Palestiniens d’aller à Rafa et en Égypte. Pourquoi? C’est leur terre et vous les tuez. Pas question! Nous ne bougerons pas, nous n’irons nulle part. Nous préférons mourir sur notre terre».

«Trop c’est trop. Vous appelez le Hamas des tueurs, mais les mains d’Israël sont couvertes de sang. Du sang de petits enfants».

Alamandur brandit une affiche avec un extrait de la déclaration de la rédaction internationale du WSWS intitulée «Les États-Unis et les puissances européennes sont pleinement impliqués dans les meurtres de masse commis par Israël». On pouvait lire: «La seule perspective viable n’est pas une solution mythique à deux États, mais un État socialiste unifié des travailleurs juifs et arabes».

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«Je suis triste et bouleversé par le fait que la tuerie ne va pas changer les choses. Nous devons nous joindre à ces manifestations et si un grand nombre de personnes le font, le gouvernement sera obligé d’écouter. Beaucoup de gens en parlent maintenant et cela a fait évoluer les consciences », déclare-t-il.

« Il suffit de regarder ce qu’ils ont fait à l’Irak, à l’Afghanistan et à la Libye. Ils ont détruit ces pays pour faire de l’argent avec la guerre. Je me souviens des manifestations massives contre la guerre en Irak et je sais que cela n’a pas empêché la guerre, mais il est important de faire que nous puissions changer les choses aujourd'hui».

Riley a déclaré: «J’ai fait ce panneau qui dit “Paix”, car c’est le message le plus important. Parce qu’il y a tellement d’argent dans la guerre, les pouvoirs en place ne sont pas intéressés par la paix et ne s’intéressent pas à nous, le peuple. La définition donnée aux choses dépend entièrement de ce qui les arrange et de leur agenda, pas de la vérité. Les crimes de guerre sont des choses commises par d’autres, pas par ceux qu’ils soutiennent».

(Article paru d’abord en anglais le 17 octobre 2023)

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