Au cours des deux dernières semaines, des milliers de personnes ont participé à des dizaines de manifestations et de veillées dans tout le Canada pour protester contre l’assaut génocidaire d’Israël contre les Palestiniens de Gaza, lancé le 8 octobre à la suite d’une attaque du Hamas.

Au moins 1000 personnes ont participé à une manifestation d’urgence devant le consulat d’Israël dans le centre-ville de Toronto mardi soir, à la suite de l’attaque aérienne israélienne contre l’hôpital baptiste Al-Alhi à Gaza, où des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants s’étaient réfugiés. L’attaque a fait des centaines de morts.

Des manifestants portant le drapeau palestinien et scandant «Free, free Palestine» ont fermé le grand carrefour Yonge et Bloor pendant plusieurs heures sous la surveillance de centaines de policiers anti-émeutes, qui ont finalement arrêté une personne sur la base d’accusations non spécifiées.

Des centaines de personnes se sont également rassemblées mardi soir dans la ville voisine de Mississauga pour protester contre le massacre de l’hôpital et exiger la fin du siège de Gaza par Israël, un crime de guerre pleinement soutenu par le gouvernement libéral de Justin Trudeau ainsi que par l’administration Biden à Washington DC.

La maire néo-démocrate de Toronto, Olivia Chow, a dénoncé les premières manifestations pro-palestiniennes du 9 octobre, les qualifiant d’appui au Hamas, et a promis de dépêcher la police pour «traiter tout incident suspect de haine».

À Montréal, plus de 1500 personnes ont également manifesté mardi soir devant le consulat des États-Unis, rue Sainte-Catherine, aux cris de «Solidarité avec la Palestine», avant de se rendre au consulat d’Israël, situé à proximité.

«Nous voulons voir la fin de cette campagne de génocide qui se déroule actuellement», a déclaré Sarah Shamy, du Mouvement de la jeunesse palestinienne, à la Montreal Gazette. «Nous voulons que cesse la complicité des États occidentaux, principalement le Canada et les États-Unis, qui envoient chaque année des milliards de dollars d’aide militaire.»

Le 9 octobre, 300 personnes se sont rassemblées sur les marches de la Vancouver Art Gallery pour réclamer la liberté pour la Palestine. «Mon peuple est opprimé depuis plus de 75 ans et je suis ici principalement avec ma famille, mes parents et mes deux sœurs», a déclaré à CBC News Nasser Najjar, un habitant de Vancouver dont la famille est piégée à Gaza.

Le maire de Vancouver, Ken Sim, a qualifié le rassemblement d’«anti-israélien» et a annoncé qu’il enverrait la police pour menacer les manifestants. «Lorsque j’ai été informé de ces rassemblements, je me suis entretenu avec le VPD et j’ai confiance qu’il enquêtera sur tout incident de nature haineuse et y remédiera», a déclaré le maire dans un communiqué.

Une grande participation était attendue pour d’autres rassemblements pro-palestiniens jeudi soir devant l’hôtel de ville de Vancouver et samedi à la galerie d’art de Vancouver.

Des centaines de personnes ont participé à une manifestation d’urgence devant l’Assemblée législative de l’Alberta à Edmonton mercredi, après une manifestation dimanche où les manifestants ont bordé la 97e rue avec des drapeaux palestiniens pour soutenir un cessez-le-feu. Une manifestation a également eu lieu dimanche à Calgary devant l’hôtel de ville pour demander la fin de l’opération militaire israélienne. «Je suis contre les guerres et les tueries parce que la plupart du temps, il s’agit de personnes innocentes», a déclaré à CTV News Miriam Meir, membre de l’association Jews for Palestine, qui a vécu en Israël. «C’est une situation très tragique qui se produit.»

Des manifestations et des veillées ont également eu lieu dans la capitale nationale, Ottawa, où une grande foule s’est rassemblée dimanche devant le Parlement ; à Windsor, en Ontario, où un millier de personnes ont manifesté mardi ; à St Johns, à Terre-Neuve, où une centaine de personnes se sont rendues dimanche au Colonial Building ; et à Whitehorse, au Yukon, où un petit groupe a défilé dans le centre-ville pour demander la fin du génocide.

Au milieu de la vague d’opposition à l’assaut d’Israël au Canada, l’ensemble de l’establishment politique, des conservateurs, dirigés par Pierre Poilievere, partisan d’extrême droite du Convoi de la liberté, au NPD et au Bloc Québécois, s’est rallié à l’attaque contre Gaza et a dénoncé avec amertume tout soutien aux Palestiniens. Leurs tentatives de discréditer tout soutien aux Palestiniens en les qualifiant d’«antisémites» sont particulièrement hypocrites étant donné que des représentants de tous les partis politiques se sont levés comme un seul homme à la Chambre des communes il y a moins d’un mois pour applaudir le criminel de guerre nazi Yaroslav Hunka.

Le gouvernement du premier ministre conservateur de l’Ontario, Doug Ford, a décidé de censurer la députée néo-démocrate Sarah Jama et de l’empêcher de s’exprimer devant l’assemblée législative après qu’elle a publié sur X (Twitter), la semaine dernière, une déclaration exprimant son soutien à un cessez-le-feu immédiat et à une désescalade. «Nous devons chercher la solution à ce cycle sans fin de mort et de destruction ; mettre fin à l’occupation des terres palestiniennes et à l’apartheid», a écrit Jama.

Ford et son parti ont réagi avec fureur, exigeant que la députée supprime son message et démissionne. Une motion du Parti progressiste-conservateur accuse Jama de «déclarations antisémites et discriminatoires» qui «défendent le Hamas». De son côté, la chef du NPD de l’Ontario, Marit Stiles, a dénoncé la déclaration de Jama, estimant qu’elle ne correspondait pas aux positions du parti, et lui a demandé de s’excuser pour conserver sa place au sein du caucus.

Heather McPherson, porte-parole du NPD en matière d’Affaires étrangères, a publié vendredi 13 octobre une déclaration misérabiliste qui rend les deux parties responsables de la catastrophe humanitaire et des souffrances massives à Gaza, causés par des décennies de répression israélienne brutale, et insiste seulement pour que le gouvernement Trudeau appelle au «respect du droit international».

L’élite dirigeante du Québec a également fait savoir qu’elle soutenait l’assaut d’Israël, le premier ministre de la CAQ, François Legault, qualifiant les manifestations pro-palestiniennes de «honteuses».

L’impérialisme canadien entretient depuis des décennies un partenariat militaro-stratégique avec les États-Unis, ayant contribué aux occupations néocoloniales sanglantes de l’Afghanistan et de l’Irak, ainsi qu’à la guerre de changement de régime menée par l’OTAN en Libye.

Le Canada joue actuellement un rôle majeur dans la guerre contre la Russie en Ukraine, qu’il a contribué à préparer politiquement et militairement, notamment en fournissant de l’entraînement et des équipements aux forces fascistes et à des sections plus larges de l’armée ukrainienne. Trudeau s’est entretenu lundi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour lui assurer que, même si le Canada se joint aux autres puissances de l’OTAN et du G-7 pour soutenir Israël dans la mise en œuvre de ses menaces de reconfiguration sanglante du Moyen-Orient, il continuera d’aider l’Ukraine à faire la guerre à la Russie «aussi longtemps qu’il le faudra». Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Canada a fourni à Kiev plus de 2 milliards de dollars en armement et 9 milliards de dollars en soutien général.

Le Canada a joué un rôle important dans l’armement d’Israël pour la répression des Palestiniens et pour servir d’avant-poste stratégique à l’impérialisme américain et canadien au Moyen-Orient. Selon Global Affairs Canada, le gouvernement canadien a fourni plus de 21 millions de dollars en matériel militaire en 2022, après un record de 26 millions de dollars en 2021.

(Article paru en anglais le 20 octobre 2023)