La police française abat une femme voilée dans les transports parisiens

Vers 9h ce matin, la police a ouvert le feu et grièvement blessé une femme dans la station Bibliothèque François Mitterrand de la ligne C du RER à Paris. Toutes les informations proviennent à l’heure actuelle des forces de l’ordre, qui n’ont pas identifié la victime sauf pour préciser qu’elle était âgée de 39 ans.

De source policière, des usagers du RER C ont contacté les forces de l’ordre pour signaler une femme à bord du RER C qui aurait menacé de faire «péter» des stations de la ligne et tenu des propos faisant l’apologie du terrorisme.

Les forces de l’ordre ont réagi en lançant une intervention massive contre cette femme apparemment sans armes ni explosifs, mais qui aurait été intégralement voilée. Les unités de la Brigade Anti-Criminalité (BAC) et du Groupe de soutien opérationnel de la police de Paris, armés de fusils d’assaut ont établi un périmètre de sécurité autour de la station, qu’ils ont fait évacuer, et isolé la victime. Au motif qu’elle aurait refusé d’obtempérer aux ordres des unités d’intervention, celles-ci ont ouvert le feu, la touchant à l’abdomen.

Pour le moment, et jusqu’à une déclaration contradictoire de la part des proches de la victime, il est impossible de se fier aux données fournies par les forces de l’ordre. Leurs déclarations initiales, dans de pareilles situations, sont habituellement truffées de mensonges.

En effet, peu après l’assassinat de Nahel par les forces de l’ordre cet été, qui a provoqué une vague d’émeutes à travers la France, les flics prétendaient avoir agi pour se défendre contre un conducteur qui refusait d’obtempérer et essayait de les tuer en les écrasant avec sa voiture. Ce n’est qu’après, avec la publication d’une vidéo montrant les flics qui tiraient sur Nahel avec des fusils d’assaut à bout portant dans une voiture immobile, que la vérité a fait surface.

Cependant, les déclarations des forces de l’ordre laissent entendre qu’ils ont déployée une force énorme pour abattre une femme sans savoir clairement qui elle était, ni quelle menace elle aurait pu poser à qui que ce soit. Ce qui émerge de ces informations est encore une fois que l’État donne aux forces de l’ordre un pouvoir de vie et de mort sur les masses qui est incompatible avec les droits démocratiques les plus fondamentaux.

Les médias concordent pour dire que les démineurs envoyés sur place n’ont trouvé aucun explosif. Aucune mention n’est faite, non plus, d’une éventuelle arme que la femme aurait pu avoir et qui aurait menacé les forces d’intervention lourdement armées qui l’entouraient. Selon le site Web Actu-Forces de l’ordre, qui cite le parquet et les forces de police, «Les motivations de la suspecte restent à déterminer, tout comme son profil.» 

Aucun élément publié jusqu’ici ne justifierait la décision de tirer un coup potentiellement mortel sur la victime. Tous sont extrêmement vagues. On ne sait pas ce qu’elle aurait menacé de «péter», ni comment elle a refusé d’obtempérer aux injonctions des forces de l’ordre, sauf peut-être en refusant de se taire ou de les suivre.

Avant tout, cet événement se déroule dans l’atmosphère profondément réactionnaire provoqué en France par le soutien du gouvernement à l’offensive génocidaire du régime israélien contre les Palestiniens à Gaza. Toute déclaration de soutien aux civils palestiniens sans défense qui meurent sous les bombs est automatiquement dénoncée comme une prétendue «apologie du terrorisme.» 

Toutes sortes de propos auraient pu provoquer, dans ce contexte anti-palestinien et islamophobe, des accusations qu’ils constituaient une apologie du terrorisme, sans pour autant qu’ils menacent la sécurité des usagers des transports parisiens.

Loading