Netanyahou promet qu’Israël «ne s’arrêtera pas», tandis que la crise humanitaire à Gaza s’aggrave

Des Palestiniens pleurent leurs proches tués lors du bombardement israélien de la bande de Gaza à Rafah, mardi 7 novembre 2023.

Des centaines de milliers de civils restent pris au piège dans le nord de la bande de Gaza, que les forces israéliennes ont pratiquement bouclé dans le cadre de leur attaque génocidaire contre les Palestiniens. Les événements de ces derniers jours montrent de plus en plus clairement que le régime d’extrême droite de Netanyahou mène une campagne brutale de nettoyage ethnique des régions du nord de Gaza, tout en étendant ses opérations militaires en Cisjordanie et à la frontière nord d’Israël avec le Liban.

«L’offensive militaire israélienne a provoqué le plus grand déplacement massif de Palestiniens en si peu de temps depuis la Nakba de 1948: environ 1.500.000 personnes, soit 65 pour cent de la population de Gaza, sont désormais déplacées à l’intérieur de la bande de Gaza», ont indiqué trois groupes de défense des droits des Palestiniens, Al-Mezan, Al-Haq et le Centre palestinien pour les droits de l’homme, dans un communiqué.

Des reportages publiés mardi ont révélé qu’en raison du manque de farine et de carburant, qu’Israël refuse d’autoriser à entrer dans Gaza depuis le début de ses bombardements, aucune grande boulangerie ne fonctionne au nord de la ligne établie par l’armée israélienne pour couper Gaza en deux. Dans des conditions où le pain est l’une des principales denrées alimentaires pour les personnes qui n’ont ni électricité ni eau pour cuisiner, cela équivaut à affamer des centaines de milliers de personnes qui restent confinées dans la ville de Gaza et les zones environnantes.

La situation n’est guère meilleure plus au sud, où les frappes aériennes israéliennes continuent de s’abattre sans discernement sur des zones densément peuplées. Des frappes intenses ont eu lieu sur le camp de réfugiés d’al-Shati mardi soir, et des troupes israéliennes se seraient rassemblées à sa périphérie.

Le Croissant-Rouge palestinien signale qu’en moyenne 33 camions d’aide sont entrés dans Gaza depuis l’Égypte chaque jour depuis le 21 octobre, soit moins de 10 pour cent des 500 camions qui entraient chaque jour avant l’assaut israélien.

Les Forces de défense israéliennes ont ouvert un corridor «humanitaire» pour permettre aux civils palestiniens de se déplacer vers le sud. Toutefois, nombre d’entre eux ont choisi de rester sur place en raison des risques élevés associés au voyage. Les hommes, les femmes et les enfants doivent marcher pendant au moins 5 kilomètres le long d’une route contrôlée par Israël, sous la menace constante de bombardements ou de tirs, avant de pouvoir être transportés plus au sud par des charrettes tirées par des ânes ou des camions. Un journaliste d’Al-Jazeera, qui s’est entretenu avec certains d’entre eux ayant réussi à accomplir ce voyage périlleux, a donné un aperçu de l’horreur de la scène: «Ils nous ont dit [que] sur le chemin du sud ou du point de contrôle israélien, ils pouvaient voir beaucoup de corps, beaucoup de gens coupés en morceaux […] des voitures en feu, et personne n’est [en mesure d’atteindre] ces corps pour les emmener à l’hôpital ou pour les enterrer».

Face à cette souffrance humaine, les déclarations des principaux responsables du gouvernement israélien ont souligné que l’attaque militaire féroce se poursuivra et sera même intensifiée. Le premier ministre Benjamin Netanyahou a déclaré qu’Israël assumerait «la responsabilité globale de la sécurité» à Gaza pour «une période indéterminée». Lors d’une allocution télévisée mardi soir, il a affirmé que l’attaque contre Gaza avait tué «des milliers de terroristes, en surface et sous terre», et a juré: «Nous ne nous arrêterons pas».

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui a décrit les Palestiniens comme des animaux humains» le mois dernier, s’en est pris aux appels de plus en plus nombreux en faveur d’un cessez-le-feu, déclarant: «Il n’y aura pas de pause humanitaire sans le retour des otages». Les troupes israéliennes «resserrent l’étau» sur Gaza, que Gallant décrit comme «la plus grande base terroriste que l’humanité ait jamais construite».

Le chef de l’Unité nationale, Benny Gantz, qui a rejoint le gouvernement Netanyahou au début de la guerre, a déclaré qu’Israël se trouvait dans une «guerre à plusieurs fronts». Outre Gaza, il a évoqué le front nord avec le Liban, où les frappes aériennes israéliennes ont été intensifiées contre le Hezbollah. Il a également vaguement parlé d’«autres régions» où la guerre fait rage, une référence probable à la Cisjordanie, où plus de 100 Palestiniens ont été tués par les troupes israéliennes et des bandes de colons depuis le 7 octobre.

Le régime israélien d’extrême droite se sent capable d’une telle sauvagerie parce que ses dirigeants savent qu’ils bénéficient du soutien inconditionnel des grandes puissances impérialistes. Les États-Unis se sont engagés à fournir une aide militaire supplémentaire de 14 milliards de dollars à Israël, en plus des dizaines de milliards de dollars qui, ces dernières années, ont contribué à financer le stock d’armes de grande puissance de l’État sioniste, qui sont maintenant larguées sur des civils sans défense. Le gouvernement Biden a déployé dans la région deux groupes d’attaque aéronavals avec 15.000 militaires et, plus récemment, un sous-marin doté d’armes nucléaires, soulignant ainsi sa volonté de mener une guerre plus large contre les obstacles régionaux à l’hégémonie incontestée de Washington, dont l’Iran qui est au premier rang. Les puissances européennes, notamment la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, ne sont pas moins directes dans leur soutien au génocide israélien.

Dans ses commentaires aux médias mardi, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, a rejeté toute restriction aux bombardements israéliens. À la question de savoir si la Maison-Blanche n’avait toujours pas de «lignes rouges» pour Israël face au nombre croissant de civils tués, il a répondu: «C’est toujours le cas». Il a ajouté, en faisant référence à la fourniture d’armes par les États-Unis: «Nous allons continuer à nous assurer qu’ils disposent des outils et des capacités dont ils ont besoin pour se défendre contre ce qui était clairement une menace existentielle pour leur société et leur peuple».

Autre signe de l’implication étroite du gouvernement Biden dans l’attaque du régime israélien au niveau opérationnel, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a confirmé que le directeur de la CIA, William Burns, avait rencontré le chef d’état-major israélien, Herzi Halevi, mardi dernier. Excluant tout cessez-le-feu, Hagari a insisté sur le fait que «nous allons de l’avant».

Ces remarques démontrent que le gouvernement Biden participe au génocide commis par Israël et que ses principaux responsables, dont Biden lui-même, sont des criminels de guerre qui méritent de comparaître sur le banc des accusés aux côtés de Netanyahou.

La carte blanche donnée par les impérialistes au régime de Netanyahou pour faire ce qu’il veut s’est traduite par des actes de punition collective et d’autres violations éhontées du droit international, sans précédent depuis les crimes des nazis. Environ 40 pour cent des 10.300 victimes officiellement recensées à Gaza sont des enfants.

Mardi, un journaliste de l’agence de presse palestinienne Wafa a été tué avec 42 membres de sa famille à son domicile dans ce qui semble être un assassinat ciblé. Depuis le début de la guerre, 37 professionnels des médias ont été tués en Israël et à Gaza, dont 31 à Gaza. Reporters sans frontières a publié un communiqué avertissant que tous les journalistes qui continuent à couvrir les événements sur le terrain à Gaza sont en «danger de mort constant et imminent». En Cisjordanie, une équipe de reportage de la chaîne publique allemande ARD a été tenue en joue par des soldats israéliens pendant près d’une heure dimanche.

Un camion de la Croix-Rouge livrant des fournitures médicales d’urgence à l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza a également été la cible de tirs mardi, un chauffeur ayant été légèrement blessé. L’armée israélienne a menacé à plusieurs reprises de prendre Al-Shifa pour cible et a largué des bombes à proximité, affirmant, sans aucune preuve crédible, qu’il s’agissait d’une couverture pour un centre de commandement du Hamas.

L’opposition à la barbarie du gouvernement israélien, soutenue par l’impérialisme, est en hausse parmi les travailleurs et les jeunes du monde entier. Des millions de personnes ont participé à des manifestations sur tous les continents habités le week-end dernier, tandis que les travailleurs de Barcelone et de la côte ouest des États-Unis ont commencé à appeler au blocage des navires transportant du matériel militaire vers la région.

L’assaut féroce du régime israélien contre la population de Gaza se heurte également à une opposition croissante au sein même d’Israël. Mardi, un mois s’était écoulé depuis le soulèvement palestinien massif mené par le Hamas contre 75 ans d’oppression israélienne brutale, au cours duquel quelque 1.400 Israéliens ont été tués. Une veillée organisée près de la Knesset a rassemblé des centaines de parents des personnes décédées et de celles prises en otage à Gaza par le Hamas. Les organisateurs de l’événement ont blâmé le gouvernement Netanyahou pour le 7 octobre et ont déclaré leur opposition explicite à l’assaut sur Gaza.

«Un mois s’est écoulé et Netanyahou n’a participé à aucun enterrement, n’est venu à aucune Shiv’ah, n’a pas appelé les familles», a déclaré à la foule Maoz Inon, dont les parents ont été tués le 7 octobre. Certaines personnes en deuil se sont engagées à rester devant la Knesset dans une tente de deuil pour protester contre la guerre jusqu’à ce que le gouvernement tombe. «La guerre ne s’arrêtera jamais tant que Netanyahou sera à son poste», a-t-il ajouté sur le lieu de la manifestation. «C’est pourquoi je crie au monde: “Ne soutenez pas Netanyahou. Ne nous envoyez pas d’armes. Ne nous envoyez pas de navires de guerre.”»

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La tâche essentielle qui incombe à tous ceux qui s’opposent au génocide des Palestiniens est de se tourner vers la classe ouvrière. On n’obtiendra rien en faisant appel aux mêmes puissances impérialistes des États-Unis et de l’Europe qui soutiennent inconditionnellement Israël pour obtenir un cessez-le-feu. Ce qu’il faut, c’est la mobilisation de la classe ouvrière dans le cadre d’une grève générale politique pour stopper toutes les fournitures militaires à Israël, en soutenant l’appel lancé le mois dernier par les syndicats palestiniens, et arrêter toute production d’armes et d’équipements connexes qui alimentent le massacre.

(Article paru en anglais le 8 novembre 2023)

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