Les travailleurs de GM votent contre l’accord UAW dans les usines de propulsion du Michigan

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Les travailleurs des usines de General Motors Romulus Powertrain et Flint Engine ont voté ces derniers jours pour un rejet de l'accord de principe UAW-GM. L’échec de cet accord dans les deux principales usines de propulsion du Michigan est un puissant coup porté à la bureaucratie du syndicat automobile United Auto Workers et à l’administration Biden, qui tentent d’accélérer la ratification des accords par 146 000 travailleurs de GM, Ford et Stellantis.

Mardi, la section locale 163 de l'UAW a annoncé que les travailleurs de Romulus avaient voté à 51 pour cent contre 49 pour cent en faveur de rejeter l'accord. Près de 1 200 travailleurs de l'usine produisent des moteurs V6 et des transmissions à 10 vitesses utilisés dans une variété de véhicules Chevrolet, Buick, GMC et Cadillac.

Les résultats affichés montrant le rejet par les travailleurs de GM Romulus de l'accord de principe de l'UAW

Cinquante-deux pour cent des travailleurs de la production ont voté contre l'accord à l'usine de moteurs de Flint, où 650 travailleurs fabriquent des moteurs pour les voitures particulières de GM et ses pick-up Silverado et Sierra, les plus vendus. Les responsables de la section locale 659 de l'UAW, qui couvre également l'usine d'emboutissage et les centres de distribution de pièces situés à proximité, affirment que l'accord a été adopté à 63 pour cent dans la section locale fusionnée.

Les responsables de la section locale 22 de l'UAW ont rapporté que les travailleurs de la production avaient voté à 54 pour cent pour et 46 pour cent contre pour ratifier l'accord à Factory Zero, dans l'enclave de Hamtramck à Détroit.

Malgré les affirmations constantes de Fain, de l’administration Biden et des grands médias que les accords de principe constituent une «victoire historique» pour les travailleurs, l’opposition à ces accords va grandissant. Les accords ouvriraient la voie à un massacre d’emplois à mesure que l’industrie passe à la production de véhicules électriques, tout en préservant les intérêts financiers et institutionnels de l’appareil de l’UAW.

Vu la longue histoire de manipulation du total des votes par la bureaucratie, il n'y a aucune raison pour que les travailleurs prennent les résultats de l'UAW au pied de la lettre, d'autant plus que les travailleurs de la base n'ont pas supervisé le processus. Néanmoins, même si les chiffres sont valables, le total des votes de ces derniers jours montre une large opposition aux accords de bradage.

La semaine dernière, l'UAW a organisé un vote anticipé à l'usine d'assemblage Ford Michigan – où les travailleurs ont été limités à 500 dollars par semaine d'indemnités de grève pendant six semaines – et a affirmé que l'accord avait été adopté à 80 pour cent. Mais ces derniers jours, 45 pour cent et 43 pour cent des travailleurs des usines d'assemblage de Kansas City et de Chicago ont respectivement voté «non», selon les chiffres officiels de l'UAW. L'accord a été rejeté par 69 pour cent des travailleurs de la section locale 788 d'un centre de distribution de pièces Ford à Lakeland, en Floride.

« Cet accord ne nous rend pas ce que nous avons sacrifié en 2009 »

Un vétéran de GM qui s'est joint à ses collègues pour voter contre l'accord à l'usine de Romulus Powertrain a déclaré au WSWS «ils nous font les poches et on est censé être content ... Nous travaillons six ou sept jours par semaine, et cet accord ne nous rend pas ce que nous avons sacrifié en 2009. Ils font miroiter cette prime à la signature de 5 000 $ pour inciter les jeunes travailleurs à mordre à l’hameçon, mais ça va être imposé à 47 pour cent, et l’UAW va prélever des cotisations dessus. Au bout du compte, on touche environ 30 cents par jour pendant quatre ans et demi ».

«Les travailleurs avec plus d’ancienneté n'ont pas obtenu plus que quelques dollars de l'heure de plus au cours des 20 dernières années. Nous avons accepté une baisse de salaire pour aider l'entreprise. Et qu’est-ce qu’on a eu en retour? Il y a quatre ans en 2019, on a été en grève pour 11 ou 12 semaines et on n'a touché que 150 $ par semaine d'indemnité de grève. Le salaire de Barra [PDG de GM] a augmenté de près de 40 % depuis. Elle gagne plus de 600.000 $ chaque semaine.

«Cet accord est particulièrement mauvais pour les travailleurs vétérans. Même si on est censé bénéficier de 200 heures de congés après 20 ans de travail, si on prend un jour de vacances un vendredi ou un lundi, au retour on doit travailler six jours de suite au taux horaire de base. C'est comme si on leur donnait notre travail pour rien.

« Ils essaient de vendre ça [l’accord] aux travailleurs temporaires, mais il y a tellement d’échappatoires dans l’accord qui permettent à l'entreprise de les licencier avant qu'ils soient intégrés comme travailleurs permanents. Fain et l'UAW tentent de vendre cet accord en nous disant qu’on devrait être contents. Au début, beaucoup ont pensé que c'était génial, mais ils ont ensuite commencé à se parler, surtout sur les réseaux sociaux, et ont commencé à lire eux-mêmes l'intégralité de l’accord. Ils sont allés aux réunions d'information et ont posé des questions pour obtenir des éclaircissements. Ensuite, nous l’avons rejeté. »

Ce travailleur a également dit sa colère face à la collusion de Fain avec le président Biden qui a interdit la grève des cheminots l’an dernier et envoie des milliards de dollars d’armes à Israël pour qu’il mène sa guerre génocidaire contre les Palestiniens à Gaza.

«En fin de compte, ce sont les États-Unis qui financent tout cela. Bush a menti sur les armes de destruction massive pour envahir l’Irak. Et c’est à la classe ouvrière qu’on demande de payer pour ces guerres. Il n’y a pas vraiment de différence entre les démocrates et les républicains, ils sont tous favorables aux riches comme Mary Barra. Les gens commencent à dirent ce qu’ils pensent et à ne plus l’accepter. »

Des travailleurs de GM à l’usine de Delta Township, près de Lansing, Michigan

Mercredi, les partisans du réseau des Comités de base des travailleurs de l'automobile ont distribué la déclaration (article en anglais) « Votez NON aux accords au rabais de l'UAW chez Ford, Stellantis et GM ! » aux travailleurs au changement d’équipe chez GM Lansing Delta Township. Il y a eu dans cette usine une opposition écrasante à l’accord de la part des travailleurs de la base. En réponse au vote des usines Flint Engine et Romulus Powertrain, un travailleur a déclaré: «Moi aussi, je vote ‘non’ ».

Sentant l'opposition grandissante, le président de l'UAW Shawn Fain a organisé un autre événement en direct mercredi après-midi pour tenter à nouveau de vendre les accords. Il a répété sa fausse affirmation que sa «politique de la grève debout» – qui a maintenu les deux tiers des travailleurs au travail, produisant ainsi des bénéfices pour l'entreprise – avait «forcé les Trois Grands [constructeurs] à mettre plus d'argent sur la table qu'on ne les avait forcé à le faire depuis très longtemps ».

Montrant l'abandon par l'UAW des principales revendications des travailleurs, comme des augmentations de 46 pour cent, le rétablissement des retraites versées par l'entreprise et des prestations de santé des retraités, l'élimination des paliers de salaires ou une forte hausse des pensions des retraités, Fain a déclaré: «Nous n'avons pas gagné chaque bataille. Nous avons fait des progrès dans la plupart de ces domaines, mais nous n’avons pas obtenu tout ce que nous souhaitions.» Il a ensuite demandé aux travailleurs d’attendre le prochain cycle de négociations, en 2028.

Le réseau des comités de base des travailleurs de l’automobile encourage vivement les travailleurs à prendre les mesures suivantes pour vaincre cette capitulation :

  • Échangez des informations entre vous sur les clauses cachées de l’accord, notamment sur les suppressions d'emplois, la poursuite du travail temporaire, les changements punitifs dans la politique d’assiduité et d'autres domaines.

  • Aux prochaines «réunions d'information», les travailleurs doivent exiger le droit de s'exprimer et d'obtenir des réponses à toutes leurs questions.

  • Les travailleurs devraient proposer et voter une résolution exigeant une semaine supplémentaire pour examiner et discuter des accords..

  • Lors des réunions, des comités formés de travailleurs de confiance devraient être élus pour superviser le processus de ratification et empêcher toute manipulation des votes.

  • Des résolutions devraient également être proposées et adoptées déclarant que l'échec des accords ne serait-ce que chez l'un des constructeurs automobiles entraînera une grève totale immédiate des 146 000 travailleurs de GM, Ford et Stellantis.

(Article paru en anglais le 9 novembre 2023)

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