Le SEP (Sri Lanka) dénonce les agressions violentes perpétrées contre ses membres par des hommes de main du parti au pouvoir

Indika Perera et Suranga Piyawardena, président et secrétaire du Podujana Pragathishili Sevaka Sangamaya (PPSS) ou la section syndicale du Peoples Progressive Employees Union de l’université de Moratuwa, ont violemment attaqué deux membres du Socialist Equality Party (Parti de l’égalité socialiste, SEP) jeudi soir.

Le PPSS est un syndicat dirigé par le parti de droite Sri Lanka Podujana Peramuna (SLPP), mené par l’ancien président et premier ministre Mahinda Rajapakse, qui a élu l’actuel président Ranil Wickremesinghe.

L’un des membres du SEP grièvement blessé lors de l’attaque est Dehin Wasantha. Il fait partie des employés non enseignants à l’Université de Moratuwa depuis plus de 25 ans. Wasantha est membre du Syndicat des agents techniques du Sri Lanka et est bien connu parmi les travailleurs et les étudiants de l’université comme un militant pour leurs droits et des politiques socialistes. L’autre membre du SEP qui a été attaqué est Lakshman Fernando, un employé à plein temps du parti.

Le SEP dénonce cette attaque brutale et appelle les travailleurs, les jeunes et les étudiants du Sri Lanka et du monde entier à défendre le droit démocratique de notre parti à s’engager librement dans ses activités politiques. Le SEP est la section sri lankaise du Comité international de la Quatrième Internationale.

Nous exigeons que les coupables subissent toutes les conséquences de leurs actes prévues par la loi.

L’attaque a eu lieu alors qu’une équipe du SEP faisait campagne devant la porte arrière du campus de Moratuwa pour les prochaines réunions publiques auxquelles Joseph Kishore, le secrétaire national du SEP (États-Unis), s’adresserait. Ils distribuaient une annonce intitulée « Le secrétaire national du SEP (États-Unis) se rendra au Sri Lanka pour parler du centenaire du trotskisme » (article en anglais) ».

Un membre du SEP fait campagne parmi les étudiants de l’université de Moratuwa

Les camarades du SEP étaient sur le point de conclure leur campagne vers 18h car il y avait peu de va-et-vient d’étudiants.

Comme indiqué plus tard dans une plainte officielle déposée auprès de la police, les deux dirigeants syndicaux, Perera et Piyawardena, sont arrivés dans un taxi à trois roues, armés de longs bâtons de bois.

Ils se sont précipités sur Wasantha en criant : «Nous allons vous achever aujourd’hui. Nous ne vous laisserons plus revenir sur le campus.» Perera a tenté de frapper la tête de Wasantha avec son bâton, ce qui aurait pu être un coup mortel.

Wasantha a esquivé l’attaque, mais un autre coup lui a blessé la main gauche, fracturant deux doigts (fractures des 4e et 5e métacarpiens). Piyawardena a aussi attaqué Wasantha, fracassant ses lunettes.

Dehin Wasantha, membre du SEP blessé lors de l’attaque

Lakshman a également été attaqué, subissant une blessure au cou, et des contusions et égratignures à l’arrière du corps.

Les deux hommes de main sont partis lorsque d’autres membres du SEP sont arrivés.

Cette attaque était planifiée à l’avance. Les sbires savaient que les membres du SEP faisaient campagne ce jour-là grâce à certains de leurs complices étudiants, qui les accompagnaient et qui ont assisté à l’attaque violente contre nos camarades.

Les assaillants connaissaient très bien Wasantha en tant que militant de la politique socialiste internationale du SEP. Il est l’un des principaux activistes pour les droits des employés non enseignants, dénonçant les politiques pro-gouvernementales et pro-capitalistes de la bureaucratie syndicale.

Lors des réunions syndicales, ces bureaucrates ont régulièrement tenté de l’empêcher de parler, essayant parfois aussi de l’attaquer physiquement. En particulier, ils ont exprimé leur hostilité à l’égard de la campagne de Wasantha visant à établir des comités d’action ouvriers indépendants.

Nos camarades, accompagnés de l’avocat du parti, se sont rendus au commissariat de Moratuwa et ont porté plainte. Leur état étant grave, la police les a emmenés à l’hôpital public voisin de Lunawa. Comme il n’y avait pas de service de radiographie sur place, le lendemain, Wasantha a été envoyé à l’hôpital universitaire de Colombo Sud, où des fractures ont été constatées à sa main gauche.

Samedi, les deux camarades sont sortis de l’hôpital, mais il leur a été conseillé de limiter leur activité. La main gauche de Wasantha a été bandée et ne peut pas être utilisée jusqu’à ce que les fractures guérissent. Il doit se rendre dans une clinique pour un traitement ultérieur. Des pansements ont été placés sur le visage, le cou et le dos de Lakshman.

Lakshman Fernando, membre du SEP, a été blessé au visage et au dos lors de l’attaque.

Les deux responsables syndicaux ont été arrêtés et placés en détention provisoire vendredi. Cependant, malgré l’obligation judiciaire de le faire, la police n’a pas perquisitionné le taxi utilisé pour transporter les sbires, bien que l’avocat leur ait fourni le numéro.

Perera et Piyawardena se sont présentés samedi devant un magistrat par intérim à Moratuwa.

Lors de l’enquête du magistrat, l’avocat du SEP a expliqué que les deux hommes avaient violé de manière flagrante le droit fondamental garanti par la constitution du pays, à savoir la liberté d’expression. Il a déclaré qu’ils avaient utilisé leurs liens étroits avec le parti au pouvoir pour conspirer contre les membres du SEP et organiser une agression physique qui aurait pu être mortelle.

Au tribunal, l’avocat a présenté le tract distribué par l’équipe du SEP. Il a expliqué que le SEP n’était pas seulement un parti politique national reconnu par la commission électorale du pays, mais aussi une section du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), connu dans le monde entier pour ses principes politiques.

L’avocat a réitéré que l’agression contre les membres de ce parti doit être considérée comme une attaque criminelle contre les droits démocratiques fondamentaux de toute personne et de la société dans son ensemble à participer à la politique.

Expliquant comment les dirigeants syndicaux jouent le rôle de sbires soutenus par le parti au pouvoir, il a souligné qu’il ne s’agissait pas d’une attaque spontanée. Il s’agissait d’un crime prémédité, car les hommes avaient loué le taxi à trois roues, obtenu des manches de pioche comme armes, suivi les membres du SEP et les avaient attaqués au milieu de la route.

L’avocat a fait valoir que la libération de Perera et Piyawardena serait préjudiciable aux membres du SEP, dans la mesure où les deux hommes pourraient tirer parti de leurs liens politiques étroits avec le parti au pouvoir.

La police a minimisé l’incident, déclarant au magistrat par intérim que les victimes avaient été légèrement blessées, ouvrant ainsi la voie à la libération sous caution de Perera et Piyawardena. Le magistrat a interrogé les policiers sur les raisons pour lesquelles ils n’avaient pas perquisitionné le taxi.

L’avocat a déclaré au WSWS que la police avait fait preuve de partialité en faveur des deux sbires.

Le magistrat par intérim a accordé une libération sous caution aux accusés, sous réserve de conditions strictes, notamment la provision de 500.000 roupies (1523 dollars) en deux cautions personnelles et de se rendre dans un commissariat tous les dimanches.

Les accusés ont été avertis de ne pas perturber les activités politiques du SEP.

Le SEP et l’International Youth and Students for Social Equality (IYSSE, le Mouvement international des jeunes et des étudiants pour l’égalité sociale) feront campagne pour défendre nos camarades et le droit démocratique du parti à poursuivre ses activités politiques.

Ces dirigeants syndicaux du campus de Moratuwa font partie des escouades de sbires du SLPP, qui opèrent dans de nombreux lieux de travail pour faire taire l’opposition parmi les travailleurs.

Le parti au pouvoir est désespéré car il est totalement discrédité parmi les masses. Le régime SLPP de l’ancien président Gotabhaya Rajapakse fut renversé l’année dernière par un soulèvement populaire de millions de travailleurs, de pauvres des zones rurales et de jeunes. Des masses de gens sont descendues dans la rue, dénonçant le régime qui leur impose les conséquences désastreuses d’une crise économique capitaliste sans précédent.

L’ancien Premier ministre Mahinda Rajapakse ordonna à des milliers d’hommes de main, y compris des membres de ses syndicats, de déclencher la violence contre les manifestants occupant Galle Face Green, à Colombo, le 9 mai de l’année dernière.

Cependant, face à l’indignation populaire, son gouvernement s’est effondré. Discrédité, Gotabhaya Rajapakse a fui le pays et a démissionné de la présidence. Exploitant la trahison de la mobilisation des travailleurs par les bureaucraties syndicales et les groupes de pseudo-gauche, le SLPP a conspiré avec des sections de l’élite dirigeante pour installer le larbin pro-américain Wickremesinghe à la présidence exécutive.

Wickremesinghe et le SLPP mettent en œuvre impitoyablement le programme d’austérité dicté par le Fonds monétaire international (FMI), sabrant les emplois, les salaires et les retraites, privatisant des entreprises, réduisant les infrastructures sociales, notamment la santé publique et l’éducation, et augmentant les prix des produits de première nécessité à des niveaux insupportables.

En conséquence, le régime de Wickremesinghe se heurte à une énorme opposition de la part des travailleurs, des étudiants et des pauvres de la campagne. Tout en cherchant à bloquer cette opposition de masse en utilisant les bureaucraties syndicales, il libère également l’appareil policier et militaire répressif et les escadrons de nervis pour écraser l’opposition montante.

Le gouvernement et ses partisans, y compris les bureaucraties syndicales, sont particulièrement nerveux face à l’influence grandissante du programme socialiste avancé par le SEP parmi les travailleurs et les étudiants contre ses attaques sur les conditions de vie et la répression des droits démocratiques.

Le tract du SEP distribué par les militants du parti expliquait :

L’éruption de la guerre impérialiste, y compris le siège meurtrier de Gaza par l’État sioniste d’Israël contre les Palestiniens, met la classe ouvrière internationale et la jeunesse au défi de résoudre tous les problèmes non résolus du 20e siècle. Tous les problèmes brûlants auxquels sont confrontés les travailleurs et les masses opprimées – les inégalités sociales, la guerre, la pandémie de COVID-19, le changement climatique, la répression étatique et la montée de l’autoritarisme et du fascisme – sont des problèmes internationaux et nécessitent une solution mondiale et révolutionnaire de la part de la classe ouvrière.

L’ensemble de la région de l’Asie du Sud, y compris le Sri Lanka, a été entraîné dans un tourbillon mondial de tensions géopolitiques, alors que l’impérialisme américain intensifie ses préparatifs de guerre contre la Chine. Ce qu’il faut, c’est un puissant mouvement socialiste et mondial anti-guerre de la classe ouvrière.

C’est là le programme sur lequel le SEP est fondé. Nous encourageons vivement les travailleurs, les jeunes et les étudiants à envoyer des lettres de protestation condamnant cette attaque et exigeant des mesures contre les coupables aux autorités compétentes du Sri Lanka.

Les lettres devraient être envoyées aux adresses suivantes (avec copie à l’adresse e-mail du SEP : wswscmb@sltnet.lk )

1.Professeur principal ND Gunwaedena , vice-chancelier, Université de Moratuwa
Courriel : vc@uom.lk ou ndg@uom.lk 

2.Procureur général, M. Sanjay Rajaratnam
Courriel : agdurgentmotions@gmail.com

Nous appelons également les travailleurs et les jeunes à assister à nos importantes réunions publiques tenues en présence du camarade Joseph Kishore, secrétaire national du SEP des États-Unis, à Peradeniya, le 7 décembre à 15h, dans le Hall no. 86, Département de Sciences politiques de l’Université de Peradeniya et de Colombo, le 10 décembre à 15h au Nouvel Hôtel de Ville.

(Article paru en anglais le 5 décembre 2023)

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