Recrudescence des cas de COVID au Québec et retour saisonnier des autres infections respiratoires

Avec l’arrivée de l’hiver, les urgences du Québec débordent, mettant en péril la santé et la vie des Québécois. Il s’agit d’une répétition de la situation vécue en novembre et décembre 2022. Depuis quelques semaines, les urgences présentent des taux d’occupation de plus de 100%. Lundi, le taux moyen à travers la province était de 128% et dépassait 200% dans plusieurs hôpitaux.

La raison immédiate de cette situation de crise est la «triple épidémie» de virus respiratoires qui frappe la province: comme en 2022, l’influenza, la COVID-19 et le virus respiratoire syncytial (VRS) infectent les Québécois en masse. Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), chaque jour environ 130.000 Québécois contractent un virus respiratoire.

Un patient amené par des ambulanciers attend sur une civière [Photo: FIQ/Twitter]

La COVID-19 serait responsable du tiers de ces infections, même si les chiffres officiels (4.987 nouveaux cas pour la semaine du 26 novembre) continuent de sous-estimer le nombre de cas puisqu’ils sont basés sur les tests PCR, accessibles à une minorité de personnes. Ces chiffres officiels incomplets et les déclarations volontaires de tests rapides positifs sont en augmentation constante depuis la fin du mois de septembre.

Par ailleurs, plus de 2.200 personnes sont hospitalisées avec la COVID-19, un nombre qui dépasse ce qui s’est vu en 2020 et 2021 avant l’arrivée de la vague Omicron. Cela démontre que la politique d’infection de masse qui a alors été adoptée par la classe dirigeante a permis à la maladie de s’installer de façon permanente avec une base de référence très élevée.

La COVID continue aussi de tuer. Les 70 personnes décédées entre le 26 novembre et le 2 décembre au Québec portent le total à 19.084 décès depuis 2020. À la fin novembre, Statistiques Canada a publié son rapport annuel sur l’espérance de vie au Canada. Pour la troisième année consécutive, l’espérance de vie au pays a diminué, de 82,3 ans en 2019 à 81,3 en 2022.

On y révélait aussi que la COVID-19 a causé plus de décès au pays l’année dernière que durant n’importe quelle autre année de la pandémie. Avec plus de 19.700 décès qui lui sont attribuables en 2022, la COVID-19 est la troisième cause de mortalité au pays, responsable d’environ 6% de tous les décès. Au Québec et en Ontario, les deux provinces les plus populeuses, la mortalité causée par la COVID-19 a augmenté de 38% en 2022 par rapport à 2021.

Le gouvernement de droite de la Coalition avenir Québec (CAQ), avec la complicité des grands médias capitalistes et du gouvernement libéral fédéral, fait tout en son pouvoir pour empêcher le public de prendre conscience des immenses dangers auxquels il est confronté. Son but est de poursuivre la politique délibérée d’infection de masse.

L’urgence sanitaire a été levée au Québec le 1er juin 2022 et toutes les mesures, y compris le port obligatoire du masque dans les centres de soins de santé, ont été éliminées. Le suivi même de l’évolution de la COVID-19 est devenu presque impossible en raison du manque de données.

Dans l’exemple le plus récent, le 6 décembre l’INSPQ a annoncé discrètement sur son site Internet que les données sur les hospitalisations liées à la COVID étaient aussi devenues imprécises avec la fin de l’obligation pour les hôpitaux d’enregistrer certaines informations. Il ne sera notamment plus possible de connaitre le nombre de patients atteints de la COVID qui sont hospitalisés aux soins intensifs.

La propagande gouvernementale et médiatique qui minimise les dangers liés à la COVID a aussi causé un effondrement du nombre de Québécois qui mettent leur vaccination à jour. À peine 900.000 personnes, soit environ 14% de la population, ont reçu une dose de rappel conçue pour lutter contre le sous-variant Omicron XBB.1.5, depuis le début de la campagne de vaccination en octobre.

Les données sont toutes aussi inquiétantes pour les personnes plus vulnérables, les seules à qui le gouvernement et l’INSPQ recommandent officiellement le vaccin, alors que les taux de vaccination sont de 39,1% chez les plus de 60 ans, dont à peine 50,5% chez les plus de 80 ans et 45,8% chez les 70 à 79 ans.

Mettant en garde contre un «cocktail de COVID-19 et de grippe pour Noël», le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, qui a été placé à ce poste par le premier ministre François Legault en raison de sa complaisance envers les politiques meurtrières du gouvernement, continue de minimiser les dangers. Il se contente de «presser» les plus de 70 ans de se faire vacciner et de recommander aux gens de se laver les mains et de porter un masque lorsqu’ils présentent des symptômes.

Selon le Dr Boileau, les cas d’influenza, dont la souche principale cette année est H1N1 particulièrement dangereuse pour les enfants, sont aussi en hausse marquée au Québec, alors que le taux de positivité est passé de 3,9% à près de 7,3% en l’espace d’une semaine et que plusieurs adultes atteints de la grippe sont hospitalisés aux soins intensifs. Les autorités craignent que l’évolution de la situation suive ce que l’on voit en Alberta ou le taux de positivité est passé de 3% à 33% en un mois.

Les causes plus profondes de la crise continuelle dans les urgences et, de façon plus générale, dans le système de santé, sont aussi bien connues: les coupures sauvages effectuées depuis des décennies par les gouvernements successifs du Parti québécois et du Parti libéral du Québec; et le renouvellement de l’austérité capitaliste par la CAQ qui a annoncé dans son budget du mois de mars dernier une augmentation des dépenses en santé inférieure à l’inflation lorsqu’on déduit les dépenses non récurrentes liées à la COVID-19.

Pendant ce temps, les «solutions» du ministre de la Santé Christian Dubé à la crise dans les urgences s’effondrent lamentablement les unes après les autres. À la fin novembre, les deux seules infirmières à plein temps de la première clinique d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS) ont démissionné en citant des «enjeux apportant des impacts sur la qualité et la sécurité des soins», dont le manque de matériel.

Cette clinique avait été ouverte en grande pompe à la suggestion de la «cellule de crise» mise sur pied par Dubé en décembre 2022 alors que les urgences étaient en crise aigüe. Elle devait soulager les urgences et les hôpitaux en traitant des cas moins urgents.

De la même façon, la ligne Info-Santé (811) où les personnes malades sont censées pouvoir parler à un professionnel et être orientées vers une solution alternative aux urgences si leur cas n’est pas trop grave, est elle-même débordée et les gens doivent parfois patienter plusieurs heures.

Pendant la première semaine de décembre, 42,3% des appelants au 811 ont raccroché avant d’avoir obtenu une réponse. Malgré cela, Dubé a répété la semaine dernière que les gens devraient éviter les urgences si possible, encourageant ainsi les personnes malades à autodiagnostiquer la gravité de leur maladie pour décider s’ils ont «le droit» de se rendre à l’urgence.

La crise du système de santé et l’indifférence de la classe dirigeante sont une grave menace pour la vie des Québécois. À preuve, les médias ont révélé que deux personnes étaient mortes à l’urgence de l’hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay près de Montréal, les 29 et 30 novembre derniers.

Bien que les autorités aient refusé de donner des détails sur ces incidents tragiques au prétexte que des enquêtes administratives sont en cours, il appert qu’une personne est morte après avoir attendu 12 heures, alors qu’elle devait voir un médecin dans les 30 minutes suivant son arrivée selon l’examen préliminaire effectué au triage. Le taux d’occupation sur civière de l’hôpital Anna-Laberge était alors de 184%.

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