Après la mort de Thomas dans une bagarre dans une fête de village à Crépol suite à une provocation d’extrême-droite, une campagne du gouvernement, de l’extrême droite et de médias fascisants attise une atmosphère de guerre civile. En France comme à travers l’Europe, la classe dirigeante provoque les haines ethniques ou raciales afin de minimiser les tensions de classe explosives et l’impopularité du gouvernement.
Trois semaines après la mort de Thomas, Le Parisien et France Info ont accédé à des résultats de l’enquête menée par les gendarmes de la section de Grenoble. Celle-ci remet en cause le narratif du gouvernement et des médias d’extrême droite sur la rixe à Crépol.
Sur les neuf suspects issus d’un quartier de Romans-sur-Isère, quatre sont rentré dans la salle des fêtes de Crépol pour y danser et les cinq autres sont restés sur le parking. Une bagarre a éclaté selon les enquêteurs après qu’un jeune rugbyman de Crépol aurait dit qu’il avait envie de taper des «bougnoules» et après s’en être pris à un jeune de Romans-sur-Isère. Ce dernier aurait été frappé par plusieurs rugbymen. Une deuxième bagarre éclate, plus violente, entre une quinzaine de jeunes du quartier de Romans-sur-Isère et les rugbymen où Thomas est touché par arme blanche au thorax.
L’enquête ne dit pas si Thomas était un sympathisant ou un militant d’extrême-droite. Cependant, il semblerait que sa mort ait été liée à une provocation d’extrême-droite contre ces jeunes de Romans-sur-Isère dans une bagarre à laquelle il aurait participé.
Dans un premier temps la mort de Thomas d’un coup de couteau est floue, mais neuf jeunes, tous nés dans la ville voisine de Romans-sur-Isère sauf un, ont été mis en examen pour «meurtre en bande organisée», «tentatives de meurtre» ou «violences volontaires commises en réunion». Six d’entre eux ont été incarcérés.
Très vite, une campagne du gouvernement et de l’extrême droite est mise en place. Le 27 novembre, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran en déplacement dans la Drôme déclare : « Ce n’est pas une simple rixe. Ce n’est pas une bagarre, mais certaines personnes qui ont agressé d’autres personnes ». Véran a déclaré qu’il y a une «risque de basculement de la société».
La chaine d’info Cnews du milliardaire Bolloré, proche du candidat présidentiel pétainiste Eric Zemmour, impose un récit, faisant du drame de Crépol l’illustration des thèses qu’ils défendent, sur un « conflit de civilisation » opposant « deux Frances ».
Le 30 novembre, le dirigeant du RN Jordan Bardella parle lui aussi de « bascule à portée de main » et appelle « à un sursaut sécuritaire, politique et migratoire ».
Zemmour, président du parti Reconquête, a dit sur BFM-TV : « Moi, ce que je condamne, c’est la mort de Thomas, ce que je condamne, c’est l'ultra-racaille, l'ultra-immigration et je dirais l'ultra-foutage de gueule des médias et des politiques dans cette histoire ». Pour le monarchiste Philippe de Villiers, « Crépol révèle les faillites de l’État, de l’école, de la justice et des élites. On passe d’une sauvagerie qu’on connaît à quelque chose de plus gratuit et grave : la haine de la France.»
Des manifestations très isolées de quelques centaines de membres de l’extrême-droite ont eu lieu à Paris, à Reims ou à Laval. A Romans-sur-Isère, dans le quartier de la Monnaie d’où seraient originaires les suspects du meurtre de Thomas, le 25 novembre l’extrême-droite a tenté de lancer une action punitive contre les supposés responsables de la mort du jeune Thomas.
Bien que cette expédition punitive ait été présentée comme une simple manifestation, le parquet de Valence a ouvert une enquête sur les fuites au sein de la police. En effet, des agents auraient livré à des militants d’extrême-droite, pressés d’en découdre, la liste détaillée des suspects impliqués dans la mort de Thomas selon l’Humanité.
A la suite des rassemblements d’extrême-droite, Darmanin a « proposé » le 28 novembre la dissolution de trois « groupuscules » d’extrême-droite, dont le groupe Division Martel.
C’est une provocation de la part du ministre de l’Intérieur qui n’a rien à voir avec une lutte pour défendre la démocratie contre l’extrême-droite. En effet, celui-ci est notoirement connu pour être sympathisant d’Action française, parti d’extrême-droite historiquement antisémite et pour avoir dénoncé la présence d’aliments casher et halal dans les supermarchés.
Le mouvement trotskiste n’accorde aucun soutien à la dissolution des groupes d’extrême-droite par l’État, expliquant que la tâche de la lutte contre l’extrême-droite revient à la classe ouvrière. Les forces répressives de l’État capitaliste sont dirigées surtout contre les travailleurs de gauche. Arrivés au pouvoir en Allemagne, les nazis utilisèrent des lois adoptées prétendument pour lutter contre l’extrême-droite afin d’interdire les organisations de gauche et d’enfermer leurs membres dans les camps de concentration.
Alors que les mensonges politiques et médiatiques sur Crépol perdaient toute crédibilité, Darmanin a tenté de se poser en défenseur de l’unité nationale contre le communautarisme. Il s’est félicité de la fermeté des préfets et des forces de l’ordre contre les tentatives d’expédition punitive des néofascistes. « Parce qu’elle a été ferme, la France a évité le scénario de petite guerre civile », a-t-il déclaré.
En réalité, la mort de Thomas a démasqué le gouvernement Macron et sa collusion avec des forces d’extrême-droite fascisantes. En France et à travers l’Europe, les gouvernements insistent sur la menace de guerre civile, mais ce sont eux qui attisent les haines ethniques ou raciales afin d’essayer de faire oublier les tensions de classes explosives qui montent à l’échelle internationale.
La campagne d’extrême-droite du gouvernement s’inscrit dans le contexte international des guerres de l’OTAN et surtout du soutien de l’OTAN au génocide israélien contre Gaza. Macron, ses ministres et les médias ont fait une propagande antipalestinienne et prosioniste pour traiter tout défenseur des Palestiniens de terroriste, d’antisémite et de génocidaire. Cette propagande racialiste s’est muée, suite aux événements à Crépol, en une propagande gouvernementale incitant à la guerre civile à l’intérieur de la France même.
Si on regarde les grandes expériences de cette année rien qu’en France, le gouvernement Macron a été confronté à une lutte sur les retraites, que les forces de l’ordre ont violemment attaquée avec la complicité passive des chefs syndicaux qui avaient négocié la réforme avec Macron. Quelques semaines plus tard, la mort de Nahel tué par un policier a entraîné des émeutes pendant 6 jours. Totalement impopulaire, le gouvernement de l’oligarchie financière s’appuie sur Darmanin et des bandes fascisantes pour le protéger contre la colère ouvrière qui monte de partout.
Le renforcement de l’extrême-droite par l’État soulève la faillite de la perspective historique et politique des organisations syndicales, staliniens et sociaux-démocrates et leurs satellites politiques de pseudo-gauche. Ces organisations tentent d’endormir les travailleurs en affirmant que le fascisme a été vaincu et que leurs négociations avec l’État capitaliste garantissent la démocratie. La crise à Crépol donne raison au mouvement trotskyste : la défense des droits démocratiques nécessite la mobilisation de la classe ouvrière en lutte pour faire chuter le régime capitaliste.
Seule une mobilisation révolutionnaire des travailleurs contre le capitalisme, rappelant la mobilisation contre l’Occupation nazie mais menée sur une perspective trotskyste pour une lutte internationale pour prendre le pouvoir, permettra de mener une vraie lutte contre l’extrême-droite.
