Macron fait passer une loi anti-immigration fasciste en alliance avec Le Pen

Le président français Emmanuel Macron s’est allié au Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, parti d’extrême droite, et aux Républicains (LR) conservateurs pour faire passer un projet de loi fasciste sur le contrôle de l’immigration. Alors qu’une minorité de 69 députés du parti présidentiel Renaissance (RE) a voté contre ou s’est abstenue, l’extrême droite et les conservateurs ont voté à l’unanimité en faveur de la loi, qui a été adoptée par l’Assemblée nationale mardi soir avec 349 voix pour et 186 contre.

Le président de la France et candidat aux prochaines élections présidentielles, Emmanuel Macron, dimanche 10 avril 2022, et la candidate d’extrême droite Marine Le Pen qui s’exprime lors de l’émission «La France face à la guerre» à Paris, lundi 14 mars 2022

La loi détruit des droits démocratiques fondamentaux et fait revivre les politiques répressives utilisées par le régime collaborationniste de Vichy à l’encontre des Juifs qui avaient facilité leur déportation vers les camps de concentration et d’extermination.

Le projet de loi a été adopté malgré une large opposition populaire à la politique illégitime de Macron. Des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes de France après une année marquée par des luttes de la classe ouvrière sur la scène nationale et internationale. Pendant la lutte contre la réforme des retraites, deux tiers des Français voulaient faire chuter Macron en bloquant l’économie. En juillet, après le meurtre de l’adolescent de 17 ans Nahel par des policiers, des émeutes ont éclaté durant plusieurs jours. Le génocide des Palestiniens par le régime sioniste et son appui par Macron suscitent une vaste opposition des jeunes et des travailleurs radicalisés à travers la France et le monde.

Face à situation politique et sociale explosive, Macron cherche une alliance avec la droite et l’extrême droite comme base de sa politique en ayant recours à un régime autoritaire. Le projet de loi avait dans un premier temps été rejeté par une motion des écologistes appuyée par la Nupes de Jean-Luc Mélenchon et une fraction des macronistes, rendant caduque cette version du texte, car ils comprenaient que cette loi susciterait une large indignation. Cependant Macron s’est allié avec LR et le RN pour que la commission paritaire mixte durcisse le projet de loi proposé à l’Assemblée nationale et qu’il soit cette fois-ci approuvé par LR et le RN.

La loi rend plus difficile l’accès des étrangers aux prestations sociales et introduit ainsi le principe de la «préférence nationale», une revendication centrale de l’extrême droite. Elle vise à dissuader les migrants de venir en France, facilite leur expulsion et rend plus difficiles le regroupement familial et la naturalisation.

Un jeune né et ayant grandi en France ne recevra plus automatiquement la nationalité française à l’âge de 18 ans. Le Parlement doit fixer des quotas annuels d’immigration. Les étrangers résidant en France ne pourront demander le regroupement familial pour leurs proches que s’ils peuvent prouver qu’ils vivent en France depuis 24 mois et que leur situation financière est «stable et suffisante» et «régulière».

Les binationaux condamnés pour agression contre la police perdront leur nationalité française et deviendront donc expulsables. Le séjour illégal en France deviendra une infraction pénale. Les étudiants étrangers non originaires de l’UE devront verser une caution avant de s’inscrire, caution qu’ils ne récupéreront qu’une fois qu’ils auront quitté le pays. Et ce ne sont là que quelques-unes des mesures prévues par la loi.

Macron est allé à la télévision pour légitimer ce projet de loi fasciste, affirmant que la loi passerait par le Conseil constitutionnel, qui est composé de fonctionnaires des mêmes partis que ceux qui ont voté pour le texte. Macron a reconnu que le projet de loi «est le fruit d’un compromis» et a ajouté avec cynisme : «Lutter contre le RN, ce n’est pas refuser de s’attaquer aux problèmes qui le nourrissent. Il y a un problème d’immigration dans le pays. Le projet de loi, a-t-il dit, «est le bouclier qui nous manquait».

Marine Le Pen a célébré l’adoption de la loi comme une «victoire idéologique» : «Je ne vois pas comment demain les élus de la majorité, président de la République en tête, pourront nous reprocher de défendre la priorité nationale, puisqu’ils intègrent l’idée qu’elle peut être appliquée. Ils l’appliquent a minima mais, sur le principe, ce concept est validé.»

L’alliance entre Macron et l’extrême droite démasque l’escroquerie politique avancée par la pseudo-gauche en 2017 et 2022. Au second tour des deux élections présidentielles, ils ont insisté sur le fait qu’il fallait voter pour Macron contre Le Pen pour faire barrage à l’extrême droite et défendre les droits démocratiques et les droits des immigrés.

Seul le PES, la section française du CIQI, a appelé à un boycott actif du second tour afin de se préparer à la lutte contre le futur président. Le PES a averti que les politiques de Macron ne se distingueraient pas de celles de Le Pen et qu’il lui ouvrirait la voie vers le pouvoir. L’adoption du projet de loi anti-immigration démontre que c’est désormais Le Pen qui détermine la politique du gouvernement.

L’alliance entre Macron et l’extrême droite n’est pas un évènement surprenant. Macron cultive des forces néofascistes dans son gouvernement. Il n’est pas un secret que, dans son gouvernement, les écrits de Maurras, dirigeant monarchiste de l’Action Française qui a été à la base de la politique de Vichy, sont étudiés. Le ministre de l’Intérieur Darmanin a été membre de l’Action Française en 2008.  L’ancien porte-parole du gouvernement Macron, Benjamin Griveaux, avait paraphrasé Maurras en 2018. Alors que Macron se préparait à être confronté au mouvement des gilets jaunes, il avait salué «le soldat Pétain».

Cette loi anti-immigrée renoue avec des politiques répressives de l’État collaborationniste de Vichy. En 1940 Pétain a promulgué une loi qui annulé les naturalisations accordées par son prédécesseur sous une Troisième République libérale. Environ 15.000 personnes, dont un nombre disproportionné de Juifs, ont été déchues de leur nationalité entre 1940 et 1944. Cela facilita leur déportation dans les camps de concentrations et d’extermination. Sur les 75.721 juifs déportés entre 1942 et 1944, seulement 2566 ont survécu, soit environ 3 % des déportés.

Nul doute que les travailleurs s’opposeront aux implications de cette loi fascisante. Les travailleurs ne peuvent se faire d’illusion sur les appareils bureaucratiques. Dans le cadre du dialogue social, les appareils syndicaux sont des rouages de la politique du grand patronat et de l’État. Sophie Binet, la secrétaire de la CGT, appelle à la « désobéissance civile ». Mais lors de la lutte contre la réforme des retraites de cette année, les appareils syndicaux ont mené vers une impasse un immense mécontentement social. Craignant d’être dépassés par les mobilisations, les appareils syndicaux se sont tournés vers Elisabeth Borne pour négocier l’imposition de la réforme, laissant le soin à la police de réprimer les manifestations.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la lutte contre le nazisme a pris la forme d’une insurrection révolutionnaire de la classe ouvrière internationale. Les travailleurs entraient en grève dans les usines en Italie, aux Pays-Bas et en France, et rejoignaient la résistance. La lutte contre la loi sur l’immigration et les politiques autoritaires de Macron exige des travailleurs qu’ils renouent avec leurs traditions révolutionnaires, mais sur la base d’une perspective trotskiste, dans une lutte internationale pour la prise du pouvoir. En effet, la seule perspective pour les travailleurs est la mobilisation révolutionnaire pour renverser Macron. Pour cela, les travailleurs doivent construire le Parti de l’égalité socialiste, section française du Comité international de la Quatrième Internationale.

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