Québec: une réunion du Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public condamne les contrats à rabais des syndicats

Pour participer au Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec, vous pouvez envoyer un courriel à cbsectpub@gmail.com, ou cliquer sur le bouton «Nous contacter» à la fin de cet article.

Le Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec a tenu sa plus récente réunion le dimanche 7 janvier afin d'élaborer une stratégie pour faire échec aux tentatives des syndicats de court-circuiter la lutte militante que mènent depuis des mois 600.000 travailleurs de l'éducation, de la santé et d'autres services sociaux contre le gouvernement de droite de la CAQ (Coalition Avenir Québec).

Des dizaines de travailleurs du secteur public ont participé à l'événement en ligne, qui a élaboré la nécessité d’une contre-offensive ouvrière contre l'austérité et la guerre et la création de comités de base dans chaque lieu de travail pour l’organiser et la diriger.

Les participants ont adopté à forte majorité une résolution qui dénonce les efforts du Front commun intersyndical et de la FAE (Fédération autonome de l'enseignement) pour saboter leur lutte en mettant fin à la grève et en faisant passer à toute vapeur des contrats remplis de concessions.

Voici le texte complet de cette résolution:

Cette réunion du Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public condamne les ententes à rabais signées dans le dos des travailleurs entre les syndicats du secteur public et le gouvernement Legault.

Si les chefs syndicaux ont laissé filtrer peu de détails, c’est que ces ententes représentent une trahison des principales demandes des travailleurs concernant les salaires et les conditions de travail.

Elles sont le résultat de la politique syndicale consistant à diviser et à démobiliser les membres de la base afin d’imposer les attaques exigées par le gouvernement et la grande entreprise.

Les chiffres qui ont fuité sur les hausses salariales par exemple (17,4% sur cinq ans) indiquent un net recul par rapport à la propre demande initiale des syndicats (21% sur trois ans), elle-même déjà insuffisante.

Cette réunion exige la divulgation immédiate et complète des ententes pour donner aux membres de la base assez de temps pour analyser, échanger et questionner.

Et surtout, cette réunion s’engage à tout faire pour mobiliser l’appui populaire massif dont jouissent les travailleurs du secteur public, en passant par-dessus la tête des syndicats qui sont en connivence avec le gouvernement.

La menace d’une loi spéciale souligne la nécessité de mener notre lutte sur une base radicalement différente en tant que lutte politique des travailleurs.

Il faut l’élargir et l’étendre au reste de la classe ouvrière – pas juste dans la province, mais dans tout le Canada – afin d’en faire un défi explicite au programme d’austérité et de guerre de la classe dirigeante.

Pour ce faire, il faut intensifier le travail de ce comité de coordination afin de construire un réseau de comités de base, indépendants des appareils syndicaux. Sa tâche sera de préparer une contre-offensive ouvrière pour la défense des conditions de travail et des services publics de tous.

La réunion a débuté par une présentation de Laurent Lafrance, technicien en éducation spécialisée avec plus de 12 ans d'expérience, et auteur de nombreux articles sur le World Socialist Web Site concernant les luttes des travailleurs de l'éducation et du secteur public en général.

Dans ses remarques, Laurent a appelé les participants à rejeter les ententes à rabais signées par les bureaucraties syndicales. Sachant que les travailleurs étaient prêts à poursuivre la lutte jusqu'à ce que leurs revendications soient satisfaites, les syndicats du Front commun ont annoncé leur intention de faire traîner le processus de vote pendant plus d'un mois, tout en gardant secrets les principaux détails des conventions collectives de cinq ans proposées – tout cela, dans le but de démobiliser la base et de manipuler le processus de ratification.

Laurent a souligné que les travailleurs sont confrontés à une lutte politique contre le programme d'austérité et de guerre poursuivi par le gouvernement caquiste du Premier ministre François Legault au nom de la classe dirigeante canadienne.

L'étroite collaboration des syndicats avec le gouvernement, a-t-il poursuivi, va de pair avec leur intégration, depuis des décennies, à l'État et à la grande entreprise en tant que «partenaires» du gouvernement et des chefs d’entreprise. Pour s'y opposer, les travailleurs doivent prendre les choses en main en rejetant le corporatisme et le nationalisme québécois promus par les syndicats, et en se tournant plutôt vers la mobilisation de la classe ouvrière au Québec et à travers le Canada dans une contre-offensive sur les lieux de travail et au niveau politique.

La présentation a été suivie de questions et de contributions parmi les dizaines de travailleurs du secteur public présents.

Samuel, qui travaille, ainsi que sa femme, dans le secteur de la santé depuis plus de 15 ans, a dit: «Ces négociations-là se font à chaque quatre ans, un an en retard en plus. On voit vraiment que le gouvernement rit de nous autres à chaque quatre ans».

Mathieu, un autre travailleur de la santé, a dit: «Les dirigeants syndicaux nous disent chaque fois qu’on va se reprendre la prochaine fois». Il a parlé des concessions, y compris des réductions de salaires réels imposées par les syndicats aux travailleurs lors des négociations précédentes. Il a ajouté que les travailleurs devraient garder ça en tête lorsque les chefs syndicaux cherchent à faire miroiter des «gains historiques».

Sterling, un travailleur de l'éducation de l'Ontario qui a participé à la grève de 55.000 membres du personnel de soutien scolaire en novembre 2022, a envoyé un message de solidarité à la réunion. «Les travailleurs québécois doivent tirer les leçons des luttes menées par d'autres travailleurs au Canada et à l'étranger», a-t-il écrit.

Cela comprend la grève des travailleurs de l'éducation de l'Ontario de novembre 2022 contre le gouvernement ultra-droitier de Doug Ford. Ford a tenté de bafouer les droits démocratiques des travailleurs en utilisant la clause «dérogatoire» de la constitution pour interdire notre grève de manière préventive et imposer un contrat pro-gouvernemental. Les travailleurs ont courageusement résisté à cet assaut en débrayant au mépris de l'interdiction de grève de Ford. Mais nous avons finalement été trahis par les bureaucrates de la Fédération du travail de l'Ontario et du Syndicat canadien de la fonction publique. Ils ont mis fin à un mouvement grandissant de grève générale à l'échelle de la province et nous ont ordonné de retourner au travail sans qu'aucune de nos revendications ne soit satisfaite, puis ils nous ont imposé un contrat truffé de concessions.

Sterling a conclu son message en soulignant que l'expérience de l'Ontario mettait en évidence la nécessité de créer des comités de base pour permettre aux travailleurs de remporter la victoire.

Frédéric, un étudiant de l'Université de Montréal, et Richard Dufour, un reporter du WSWS, ont aussi contribué à la discussion.

Frédéric a fait le lien entre la réponse «désastreuse» de l'élite dirigeante à la pandémie de COVID-19 et la lutte des travailleurs du secteur public. La politique d'infection et de mort en masse de l'élite dirigeante a eu un impact dévastateur «autant sur nos infrastructures que sur la qualité des services publics et sur les travailleurs de première ligne», a-t-il expliqué.

Richard a souligné la nécessité pour les travailleurs d'adopter une perspective internationale dans un contexte où les travailleurs du monde entier sont engagés dans d'importantes luttes de classe sur des questions similaires à celles auxquelles sont confrontés les travailleurs du Québec.

Il a souligné que la question d’unir les travailleurs du Québec à leurs frères et sœurs de classe d’Amérique du Nord et d’outremer était «une tâche historique qui est posée par toute la situation objective, pas juste ici au Québec et au Canada, mais sur une échelle internationale». Cette situation est caractérisée d'une part par une éruption de la barbarie, exprimée dans le génocide israélien soutenu par l'impérialisme contre les Palestiniens, et d'autre part par une poussée mondiale de la lutte des classes qui doit prendre un caractère anticapitaliste et socialiste.

La réunion s'est terminée par un appel à toutes les personnes présentes à s'impliquer dans le travail du Comité de coordination en distribuant la résolution, en constituant des comités de base sur leurs lieux de travail et en adhérant au Comité. Pour le faire, il suffit d’envoyer un courriel à cbsectpub@gmail.com ou de cliquer sur le bouton «Nous contacter» à la fin de cet article.

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